[7,4] Πρὸς ταῦτα διεταράχθη μὲν καὶ σύμπαν τὸ
Μεμφιτῶν πλῆθος, τόν τε Θύαμιν ἀναγνωρίζοντες καὶ
τῆς ἀπροσδοκήτου φυγῆς αὐτῷ τὴν αἰτίαν ἐν ἀρχῇ μὲν
καὶ ἡνίκα ἐγίνετο ἀγνοήσαντες ἐκ δὲ τῶν λεχθέντων δι´
ὑποψίας τε ἄγοντες καὶ ἀλήθειαν εἶναι πιστεύοντες· ἡ
δὲ Ἀρσάκη πλέον ἢ σύμπαντες συνεχέθη τὴν διάνοιαν καὶ
κλύδωνι φροντισμάτων περιεστοίχιστο. Θυμοῦ μὲν ἐπὶ
τὸν Πετόσιριν πεπληρωμένη καὶ πρὸς τὰ πάλαι συμβάντα
τῇ διανοίᾳ ἀναπεμπάζουσα ὅπως ἂν τιμωρήσαιτο συνετάττετο,
τὸν δὲ Θύαμιν ὁρῶσα καὶ αὖθις τὸν Θεαγένην διεσπᾶτο
τὴν διάνοιαν καὶ ἐμερίζετο εἰς τὴν πρὸς ἑκάτερον
ἐπιθυμίαν, ἔρωτα ἐπ´ ἀμφοτέροις τὸν μὲν ἀνανεουμένη
τὸν δὲ δριμύτερον ἄρτι τῇ ψυχῇ καταβαλλομένη, ὥστε
οὐδὲ τοὺς περιεστηκότας ἔλαθεν ἀδημονοῦσα. Πλὴν
ἀλλὰ μικρὸν δὴ διαλιποῦσα καὶ ὥσπερ οἱ ἐξ ἐπιλήψεως
ἑαυτὴν ἀναλαβοῦσα «Πολέμου μέν, ὦ βέλτιστοι» ἔφη,
«μανίαν ἐνοσήσατε πάντες μὲν Βησσαεῖς οὐχ ἥκιστα δὲ
ὑμεῖς, ἀκμαῖοι καὶ χαρίεντες οὕτω νεανίαι καὶ εὖ γεγονότες
ὡς γινώσκω τε καὶ εἰκάζειν πάρεστιν, εἰς προῦπτον
κίνδυνον ὑπὲρ λῃστῶν καὶ ταῦτα ἑαυτοὺς καθέντες οὐδὲ
πρὸς τὴν πρώτην προσβολὴν εἰ μάχης δεήσειεν ἀρκέσοντες·
μὴ γὰρ οὕτω τὰ τοῦ μεγάλου βασιλέως ἀσθενήσειεν
ὡς, εἰ καὶ τὸν σατράπην ἀπεῖναι συμβαίνει, μὴ διὰ
τῶν λειψάνων γοῦν τῆς ἐνταῦθα στρατιᾶς ἅπαντας ὑμᾶς
σαγηνευθῆναι. Ἀλλ´ οὐδὲν οἶμαι δεῖ τρίβεσθαι τοὺς
πολλούς, καὶ τῆς κατὰ τὴν ἔφοδον προφάσεως ἰδίας
τινῶν οὔσης ἀλλ´ οὐ δημοσίας οὐδὲ κοινῆς, μὴ οὐχὶ καὶ
ἰδίᾳ τὴν ἀμφισβήτησιν κρίνεσθαι καὶ πέρας τὸ ἐκ θεῶν
τε καὶ δίκης αὐτῆς ὁρισθησόμενον ἐκδέχεσθαι. Δοκεῖ δή
μοι» ἔφη «καὶ προστάττω τοὺς μὲν ἄλλους Μεμφιτῶν
τε καὶ Βησσαέων ἡσύχους εἶναι μηδὲ ἀπροφάσιστον ἀλλήλοις
ἐπιφέρειν πόλεμον, τοὺς δὲ τῆς προφητείας ἀμφισβητοῦντας
πρὸς ἀλλήλους μονομαχήσαντας ἔπαθλον τῷ
νικῶντι προθέσθαι τὴν ἱερωσύνην.»
| [7,4] Ce discours provoqua un grand trouble dans tout
le peuple de Memphis, qui reconnut Thyamis, dont le
départ inattendu était, autrefois, resté inexplicable, au
moment où il s'était produit, mais les révélations qu'ils
venaient d'entendre en faisaient soupçonner maintenant
la raison; ils ne doutaient d'ailleurs pas que ce ne fût
la vérité. Arsacé fut plus troublée encore que tous les
autres et son esprit bouleversé par un tourbillon de
pensées. Remplie de colère contre Pétosiris et ramenée
au souvenir de ce qui s'était passé, elle songeait à se
venger; d'autre part, la vue de Thyamis et celle de Théagène
tiraillaient son esprit et le partageaient entre le
désir qu'elle avait pour l'un et pour l'autre, amoureuse
également de tous les deux, d'un amour renaissant
pour l'un, d'un amour soudain, et plus violent pour
l'autre, si bien que même les assistants s'aperçurent de
son trouble. Elle laissa s'écouler quelques instants puis,
se reprenant, comme au sortir d'une défaillance passagère :
« Cette guerre, dit-elle, mes amis, est une tentative
folle de la part des gens de Bessa et surtout de la vôtre,
qui êtes jeunes, charmants, et, je suppose, bien nés,
comme on peut s'en rendre compte, et qui vous exposez,
pour des brigands, à un danger évident, alors que vous
ne pourriez résister même au premier choc s'il fallait
combattre; car les forces du Grand Roi ne sont pas si
réduites que, même s'il se trouve que le satrape est
absent, l'on ne puisse encore, avec ce qui reste, ici, de
soldats, vous passer tous au fil de l'épée. Mais je ne crois
pas nécessaire de faire mourir tant de gens et, étant donné
que la raison de cette attaque est une affaire entre particuliers,
et non une affaire intéressant tout le peuple, il
me paraît convenable que le débat soit jugé entre particuliers
et que l'on accepte la solution que lui donneront
les dieux et la justice. Mon avis est donc le suivant : j'ordonne
que les gens de Memphis et ceux de Bessa se
tiennent tranquilles et ne se livrent pas entre eux une
guerre sans raison et que, d'autre part, que ceux qui se
disputent le sacerdoce combattent seul à seul l'un contre
l'autre; le prix pour le vainqueur étant le sacerdoce. »
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