[7,27] Τοιαῦτα πολλὰ διελθὼν πρὸς τὴν Χαρίκλειαν
καὶ τὰ μέτρια θαρσεῖν παρασκευάσας, εἰς τὴν ἑξῆς ὑπηρετησόμενος
ταῖς τραπέζαις ὑπὸ τοῦ Ἀχαιμένους ἤγετο,
προστεταγμένον τοῦτο παρὰ τῆς Ἀρσάκης· καὶ ἐσθῆτα
Περσικὴν τῶν πολυτελῶν ἀποστειλάσης ταύτην τε μετημφιέννυτο
καὶ στρεπτοῖς τε χρυσοῖς καὶ περιαυχενίοις λιθοκολλήτοις
ἑκών τε τὸ μέρος καὶ ἄκων ἐκοσμεῖτο. Καὶ
τοῦ Ἀχαιμένους ἀποδεικνύναι τι καὶ ὑφηγεῖσθαι τῶν οἰνοχοϊκῶν
πειρωμένου προσδραμὼν ὁ Θεαγένης ἑνὶ τῶν κυλικοφόρων
τριπόδων καὶ φιάλην τῶν πολυτίμων ἀνελόμενος
«Οὐδὲν» ἔφη «δέομαι διδασκάλων, ἀλλ´ αὐτοδίδακτος
ὑπουργήσω τῇ δεσποίνῃ τὰ οὕτω ῥᾷστα μὴ θρυπτόμενος·
σὲ μὲν γάρ, ὦ βέλτιστε, ἡ τύχη εἰδέναι τὰ τοιαῦτα καταναγκάζει,
ἐμοὶ δὲ ἡ φύσις τὰ πρακτέα καὶ ὁ καιρὸς ὑπαγορεύει.»
Καὶ ἅμα προσέφερε τῇ Ἀρσάκῃ προσηνὲς
κερασάμενος εὔρυθμόν τέ τι καὶ ἄκροις τοῖς δακτύλοις
ἐποχῶν τὴν φιάλην. Ἐκείνην μὲν οὖν πλέον ἢ πρότερον τὸ
ποτὸν ἐξεβάκχευσεν, ἐπιρροφοῦσάν τε ἅμα καὶ ἀκλινῶς
εἰς τὸν Θεαγένην ἀτενίζουσαν καὶ τοῦ ἔρωτος πλέον ἢ τοῦ
κράματος ἕλκουσαν καὶ τὴν φιάλην ἐπίτηδες οὐκ ἐκπίνουσαν
ἀλλὰ σὺν τέχνῃ καὶ διὰ μικροῦ τοῦ λειψάνου τῷ Θεαγένει
προπίνουσαν. Ἀντιτέτρωτο δὲ ἐκ θατέρων ὁ Ἀχαιμένης
καὶ ὀργῆς ἅμα καὶ ζηλοτυπίας ἐμπλησθείς, ὡς μηδὲ
λανθάνειν τὴν Ἀρσάκην, ὑποβλέψαντά τε καί τι πρὸς τοὺς
παρόντας ἠρέμα διαγογγύσαντα. Ἤδη δὲ διαλυομένου τοῦ
συμποσίου «Πρώτην αἰτῶ χάριν, ὦ δέσποινα» ἔφη ὁ
Θεαγένης «ὑπηρετοῦντά με μόνον ἀμφιέννυσθαι ταύτῃ
τῇ στολῇ κέλευσον.» Ὡς δὲ ἐπένευσεν ἡ Ἀρσάκη τὰ συνήθη
μεταμφιασάμενος ἐξῄει. Συνεξῄει δὲ καὶ ὁ Ἀχαιμένης,
πολλὰ τῆς προπετείας τὸν Θεαγένην ὀνειδίζων καὶ
ὡς μειρακιῶδες εἴη τὸ πρόχειρον καὶ ὡς τὴν μὲν πρώτην
ἡ δέσποινα τὸ ξένον καὶ ἄπειρον ὑπερεῖδεν, εἰ δὲ ἐπιμένοι
βλακευόμενος οὐ χαιρήσει καὶ ὅτι φίλος ὢν ταῦτα συμβουλεύοι
μᾶλλον δὲ ὀλίγον ὕστερον καὶ εἰς γένος συναφθησόμενος
καὶ ἀδελφῆς τῆς ἐκείνου καθ´ ὑπόσχεσιν τῆς δεσποίνης
ἀνὴρ ἐσόμενος. Καὶ πολλὰ τοιαῦτα ἐκεῖνος μὲν ἔλεγεν,
ὁ δὲ οὐδὲ ἀκούοντι προσεοικὼς κάτω νεύσας ἀντιπαρῄει,
μέχρις οὗ συνέβαλεν αὐτοῖς ἡ Κυβέλη κατευνάσαι τὴν δέσποιναν
τὸ μεσημβρινὸν ἐπειγομένη. Καὶ ἰδοῦσα σκυθρωπὸν
τὸν υἱὸν ἠρώτα τὴν αἰτίαν. Ὁ δὲ «Τὸ ξένον μειράκιον»
ἔφη «προτετίμηται ἡμῶν, καὶ χθὲς καὶ τήμερον
παρεισδεδυκὸς οἰνοχοεῖν ἐπιτέτραπται καὶ τοῖς ἀρχιτρικλίνοις
ἡμῖν καὶ ἀρχιοινοχόοις πολλὰ χαίρειν φράσαν ὀρέγει
φιάλην καὶ παρίσταται πλησίον βασιλικοῦ σώματος τὸ
μέχρις ὀνόματος ἡμῶν ἀξίωμα παραγκωνισάμενον. Καὶ
τὸ μὲν τοῦτον τιμᾶσθαι μετέχοντα καὶ τῶν μειζόνων καὶ
κοινωνοῦντα καὶ τῶν ἀπορρητοτέρων διότι γε κακῶς ποιοῦντες
ἡμεῖς σιωπῶμεν καὶ συμπράττομεν ἧττόν ἐστι δεινόν,
καίπερ ὂν δεινόν· ἀλλ´ ἐκεῖνό γε ἐξῆν, ἄνευ ὕβρεως τῆς εἰς
ἡμᾶς τοὺς συνεργοὺς καὶ ὑπουργοὺς τῶν καλῶν πράξεων
τὰ τοιαῦτα γίνεσθαι.»
| [7,27] A force de lui tenir un tel langage, il parvint à
rassurer quelque peu Chariclée. Le lendemain, il fut
emmené par Achaeménès pour servir à table, conformément
aux ordres d'Arsacé. Elle lui avait fait porter
un vêtement perse des plus somptueux; il le revêtit
et se para de chaînes d'or et de colliers de gemmes — et
cela, malgré lui, mais non sans quelque plaisir. Et
lorsque Achaeménès essaya de lui montrer l'art de servir
à boire et de lui donner des conseils, Théagène le
devança vers l'un des dressoirs portant les vases; il y
prit l'une des coupes les plus précieuses et dit : « Je
n'ai pas besoin de maîtres; j'apprendrai tout seul à
servir la maîtresse, et il n'y a pas besoin de faire des
manières pour une chose aussi facile. Toi, mon cher,
ta condition te force à connaître tout cela, moi, mon
instinct et la circonstance m'enseignent ce que je dois
faire. » En même temps, il prépara un mélange délicieux
et le porta à Arsacé d'un pas bien mesuré, en
tenant la coupe du bout des doigts. Celle-ci se trouva
encore, par ce breuvage, plus excitée qu'elle ne l'était
auparavant, et, tout en buvant, elle regardait fixement
Théagène, absorbant à longs traits autant l'amour
que le vin, et elle ne vida pas la coupe jusqu'au bout,
mais laissa exprès quelques gouttes pour en faire hommage
à Théagènei. Achaeménès fut doublement blessé
et rempli à la fois de colère et de jalousie, si bien
qu'Arsacé elle-même ne fut pas sans remarquer ses
regards en-dessous et la façon dont il murmura
quelque chose à l'oreille des assistants. Lorsque le banquet
fut terminé, Théagène dit : « La première grâce
que je te demande, maîtresse, c'est de ne m'obliger à
mettre ce vêtement que lorsque je suis de service. »
Arsacé le lui accorda d'un geste; alors il remit ses vêtements
ordinaires et sortit. Achaeménès sortit avec lui,
adressant de nombreux reproches à Théagène sur son
étourderie, lui disant à quel point son attitude était
celle d'un gamin, et comment la maîtresse, pour une
première fois, pourrait avoir égard au fait qu'il était
étranger et sans expérience, et lui pardonner, mais que,
s'il continuait à se montrer insolent, il ne s'en féliciterait
pas; quant à lui, il lui donnait tous ces conseils par
amitié, et parce qu'il devait bientôt devenir son parent,
puisque la maîtresse lui avait promis de lui donner sa
soeur en mariage. Achaeménès parla longuement sur ce
thème, tandis que Théagène, sans même se donner l'air
d'écouter, marchait à côté de lui la tête baissée. A un
moment donné, ils rencontrèrent Cybèle qui se hâtait
d'aller mettre sa maîtresse au lit pour la sieste. En voyant
l'air sombre de son fils, elle lui en demanda la raison.
Et lui : « C'est ce jeune étranger, répondit-il; on l'honore
plus que nous; il est arrivé d'hier ou d'avant-hier et on
lui confie le soin de servir à boire, et nous, qui étions
maître d'hôtel en chef et premier échanson, il nous envoie
promener, il tend lui-même la coupe et se tient à côté
de la personne royale, et nous bouscule, sans nous
laisser de la fonction autre chose que le titre. Qu'il
soit couvert d'honneurs et plus en faveur que nous,
qu'il y ait entre elle et lui des secrets intimes, parce que
nous nous taisons — et nous avons tort — et parce que
nous nous faisons leur complice, soit, je l'admets, bien
que la chose soit déjà grave. Mais il devrait être possible,
au moins, d'épargner les outrages à des serviteurs dévoués
comme nous, et toujours prêts à servir quand il s'agit
de choses honnêtes, lorsqu'on se permet de se conduire
comme elle le fait.
|