[7,26] Τοῦτ´ ἐκεῖνο νομίσασα εἶναι ἡ πρεσβῦτις καὶ
ὑποπεπτωκέναι τὸν Θεαγένην ἀπήγγειλέ τε πρὸς τὴν
Ἀρσάκην καὶ μετὰ δεῖπνον ἄγειν τὸν νεανίαν ἀκούσασα
οὕτως ἔπραττε. Καὶ ἡσυχίαν παρασχεῖν τῇ δεσποίνῃ τοὺς
παρεδρεύοντας κελεύσασα καὶ μὴ παρενοχλεῖν τοῖς περὶ τὸν
θάλαμον, παρεισῆγε τὸν Θεαγένην, τῶν μὲν ἄλλων οἷα δὴ
νυκτὸς ὑπὸ σκότους κατεχομένων καὶ λαθεῖν παρεχόντων
μόνον δὲ τὸν θάλαμον λύχνου καταυγάζοντος, καὶ εἰσάγουσα
ὑπέστελλεν ἑαυτήν. Ἀλλ´ ὁ Θεαγένης ἐπεῖχέ τε
«Παρέστω καὶ ἡ Κυβέλη τὸ παρόν, ὦ δέσποινα» εἰπών,
«οἶδα ὡς τὸ πιστὸν ἔχει φυλακῆς τῶν ἀπορρήτων»· καὶ
ἅμα τῶν χειρῶν τῆς Ἀρσάκης λαβόμενος «Ὦ δέσποινα»
ἔλεγεν «οὔτε πρότερον ἀπαυθαδιαζόμενος πρὸς τὸ βούλημα
τὸ σὸν ὑπερεθέμην τὸ κελευόμενον ἀλλ´ ὅπως ἂν
ἀσφαλῶς γένοιτο πρυτανευόμενος· νῦν τε ἐπειδή με καὶ
δοῦλον τάχα καλῶς ποιοῦσα ἡ τύχη σὸν ἀπέφηνε, πολὺ
πλέον εἰς πάντα ἕτοιμος εἴκειν. Ἕν μοι μόνον παρασχέσθαι
νεῦσον, καίτοι πολλὰ καὶ μεγάλα ὑποσχομένη·
ἄπειπε τὸν γάμον Ἀχαιμένει τὸν Χαρικλείας· τῶν γὰρ
ἄλλων σιωπωμένων, τὴν εὐγενείᾳ τῇ μεγίστῃ κομῶσαν οἰκότριβι
συνοικεῖν ἀθέμιτον· ἢ ἐπόμνυμί σοι θεῶν τὸν κάλλιστον
ἥλιον καὶ θεοὺς τοὺς ἄλλους ὡς οὔτε ὑπείξω τῷ σῷ
βουλήματι καὶ εἰ γένοιτό τι πρὸς βίαν εἰς τὴν Χαρίκλειαν
ἐπόψει με πρότερον ἐμαυτὸν διαχρησάμενον.» Καὶ ἡ
Ἀρσάκη «Μὴ ἀπίστει» ἔφη «βούλεσθαί με πάντα σοι
χαρίζεσθαι, ἥτις καὶ ἐμαυτὴν ἕτοιμος ἐκδιδόναι· ἀλλὰ προληφθεῖσα
ἐπώμοσα ἐκδώσειν Ἀχαιμένει τὴν σὴν ἀδελφήν.»
«Εὖ» ἔφη «ὦ δέσποινα· τὴν ἀδελφὴν τοίνυν ἥτις ἐστὶν
ἐκδίδου· μνηστὴν δὲ τὴν ἐμὴν καὶ νύμφην καὶ τί γὰρ ἄλλο
ἢ γαμετὴν οὔτε θελήσεις, εὖ οἶδα, οὔτε θέλουσα ἐκδώσεις.»
«Πῶς» ἔφη «λέγεις;» Ὁ δὲ «Τὰ ὄντα» ἀπεκρίνατο·
«οὐ γὰρ ἀδελφὴν ἔχω τὴν Χαρίκλειαν ἀλλὰ νύμφην
ὥσπερ ἔλεγον, ὡς λελύσθαι μέν σοι τὸν ὅρκον ἐξεῖναι δέ,
εἰ βούλοιο, καὶ ἄλλην ἔχειν ἀπόδειξιν τοὺς γάμους, ὅταν
κρίνῃς, ἐμοῦ τε κἀκείνης εὐωχοῦσαν.» Ὑπεκνίσθη
μὲν νύμφην οὐκ ἀδελφὴν εἶναι τὴν Χαρίκλειαν οὐκ ἄνευ
ζηλοτυπίας ἀκούσασα, πλὴν ἀλλ´ «Ἔσται οὕτως» εἶπεν
ἡ Ἀρσάκη «καὶ Ἀχαιμένην ἡμεῖς ἑτέρῳ γάμῳ παραμυθησόμεθα.»
«Ἔσται καὶ τὰ παρ´ ἐμοῦ» φησι «πρὸς
σὲ» ὁ Θεαγένης «τούτων διακριθέντων»· καὶ ἅμα προσῄει
ὡς τὰς χεῖρας φιλήσων. Ἡ δὲ προσκύψασα καὶ
τὸ στόμα ἀντὶ τῶν χειρῶν προβαλοῦσα ἐφίλησε καὶ ἐξῆλθεν
ὁ Θεαγένης φιληθείς, οὐ μὴν αὐτός γε φιλήσας· καὶ τῇ
Χαρικλείᾳ καιροῦ λαβόμενος ἅπαντα ἐξεῖπεν, οὐκ ἄνευ
ζηλοτυπίας οὐδὲ ἐκείνης ἔνια μανθανούσης· καὶ τῶν ἀτόπων
τῆς ἐπαγγελίας τὸν σκοπὸν προσέθηκεν καὶ ὡς πολλὰ
δι´ ἑνὸς ἀνύοιτο. «Ἀχαιμένει τε γὰρ ὁ γάμος διασεσόβηται
καὶ τῇ κατ´ Ἀρσάκην ἐπιθυμίᾳ πρόφασις τὸ παρὸν
ὑπερθέσεως ἐπινενόηται· καὶ τὸ δὴ κεφάλαιον ὡς εἰκὸς
τὸν Ἀχαιμένην ἅπαντα ταραχῆς ἐμπλήσειν, ἀνιώμενον μὲν
ἐφ´ οἷς ἀποτυγχάνει προσδοκήσας ἀγανακτοῦντα δὲ ἐφ´
οἷς ἠλάττωται παρὰ τῇ Ἀρσάκῃ διὰ τὴν εἰς ἐμὲ χάριν.
Οὐ γὰρ δὴ λήσεται αὐτὸν οὐδὲν τῆς μητρὸς ἐξαγορευούσης,
ἣν ἐπίτηδες παρεῖναι τοῖς λεγομένοις προὐνόησα,
μηνυθῆναί τε ταῦτα τῷ Ἀχαιμένει βουλόμενος καὶ
μάρτυρα τῆς ἄχρι λόγων πρὸς τὴν Ἀρσάκην ὁμιλίας ποιούμενος.
Ἀρκεῖ μὲν γὰρ ἴσως καὶ τὸ μηδὲν ἑαυτῷ συνειδότα
φαῦλον εὐμενείᾳ τῇ παρὰ τῶν κρειττόνων ἐπελπίζειν·
καλὸν δὲ καὶ ἀνθρώπων τοὺς συνόντας πείθοντα σὺν παρρησίᾳ
τὸν ἐπίκαιρον τοῦτον βίον διάγειν.» Προσετίθει
δὲ κἀκεῖνα, ὡς σφόδρα χρὴ προσδοκᾶν καὶ ἐπιβουλεύσειν
τῇ Ἀρσάκῃ τὸν Ἀχαιμένην, ἄνδρα δοῦλον μὲν τὴν
τύχην (ἀντίθετον δὲ ὡς ἐπίπαν τῷ κρατοῦντι τὸ κρατούμενον),
ἀδικούμενον δὲ καὶ εἰς ὅρκους ἀθετούμενον ἐρῶντα
δὲ καὶ ἄλλους ἑαυτοῦ προτετιμῆσθαι πυθόμενον, συνειδότα
δὲ τὰ πάντων αἴσχιστα καὶ παρανομώτατα καὶ οὐδὲν εἰς
τὴν ἐπιβουλὴν πλάσασθαι δεόμενον, οἷα δὴ πολλοὶ πολλάκις
ἀνιαθέντες ἐτόλμησαν, ἀλλὰ καὶ ἐκ τῶν ἀληθῶν ἔχοντα
πρόχειρον τὴν ἄμυναν.
| [7,26] A ces mots, la vieille crut que c'était fait et elle
alla annoncer à Arsacé que Théagène avait succombé;
Arsacé lui dit de faire venir le jeune homme après le
dîner. Ce qu'elle fit. Après avoir ordonné aux suivants
d'Arsacé de laisser la maîtresse tranquille et de ne pas
faire de bruit autour de la chambre, tout le reste de
l'appartement plongé dans l'obscurité, ce qui permettait
de passer inaperçu, avec, seulement, une lampe allumée
pour éclairer la chambre, elle introduisit Théagène et se
retirait, lorsque Théagène la retint : « Que Cybèle
reste maintenant avec nous, maîtresse, dit-il, je sais
qu'elle garde fidèlement tous tes secrets »; ce disant, il
prenait les mains d'Arsacé : « O maîtresse, continuait-il,
ce n'était pas arrogance de ma part, devant ta volonté,
si j'ai commencé par tenter de différer l'exécution de tes
ordres, mais parce que je me demandais comment je
pourrais le faire sans risques. Mais maintenant que la
Fortune, dans sa bonté, m'a rendu ton esclave, je serai
d'autant mieux disposé à t'obéir en tout. Je te demande
seulement de m'accorder encore une chose, bien que tu
m'aies déjà comblé de tes faveurs; renonce au mariage
d'Achaeménès et de Chariclée; pour ne rien dire du reste,
unir cette fille, qui est de la plus haute naissance, à un
simple domestique serait un scandale; autrement, je
jure, par le soleil, le plus beau des dieux, et par tous les
dieux, que je ne céderai pas à tes désirs, et que si l'on
fait quelque violence à Chariclée, tu me verras d'abord
me tuer moi-même. » A quoi Arsacé répondit : « Sois
bien persuadé que je suis prête à te faire plaisir en tout,
puisque je suis pr^te me donner à toi; mais j'ai déjà
juré de donner ta soeur à Achaemenès. - Très bien
maîtresse, répondit-il, donne-lui ma soeur, quelle qu'elle
soit; mais ma fiancée, celle qui doit être ma femme, je
devrais dire, celle qui est ma compagne légitime, tu ne
voudras pas, j'en suis sûr, et, le voudrais-tu, que tu
ne le feras pas. — Que dis-tu? » s'écria-t-elle. Et lui :
« La vérité répondit-il; Chariclée n'est pas ma soeur,
mais ma fiancée, comme je te l'ai dit; aussi as-tu le
droit de te délier de ton serment et la possibilité, si tu
le veux, de t'en assurer de façon plus certaine, en célébrant,
lorsque tu le jugeras bon, notre mariage à tous
deux. » Arsacé fut un peu piquée de jalousie en apprenant
que Chariclée était la fiancée de Théagène, et non
sa soeur, mais elle dit : « Soit. Bien. Nous donnerons
à Achaeménès une autre femme pour le consoler.
— Entendu aussi, alors, pour ce qui nous concerne toi
et moi, dit Théagène, puisque la chose est réglée comme
cela. » Et, ce disant, il s'avança pour lui baiser les mains.
Mais elle se pencha et, lui offrant sa bouche au lieu de
ses mains, lui donna un baiser. Théagène s'en alla avec
ce baiser, mais ne le rendit point. Dès qu'il en trouva
l'occasion, il raconta toute l'histoire à Chariclée, qui
l'écouta non sans éprouver quelque jalousie à certains
détails; il ajouta dans quel but il avait fait cette promesse
inconvenante et comment il avait atteint, de la sorte,
plusieurs résultats : Achaeménès, verrait ainsi, par suite
des menaces de Théagène, son mariage lui échapper; quant
au désir d'Arsacé, il devenait possible d'opposer, pour
le moment, un excellent prétexte, grâce à ce stratagème,
et, le plus important de tout, il était vraisemblable
qu'Achaeménès s'attacherait à tout brouiller, furieux
de ne pas obtenir ce qu'il désirait et indigné d'être supplanté
par Théagène dans les bonnes grâces d'Arsacé.
« Car, ajoutait celui-ci, il n'ignorera rien; sa mère le
mettra entièrement au courant; j'ai eu la précaution de
la faire assister à notre entretien, parce que je voulais
qu'elle allât raconter la chose à Achaeménès et qu'elle
fût témoin que mon entrevue avec Arsacé s'est entièrement
borné à une conversation. Peut-être suffit-il à
l'homme qui a la conscience pure de s'en remettre à la
récompense que lui donneront les dieux; mais il est
bien, aussi, de persuader de son innocence ceux avec
qui l'on vit, afin de passer notre vie éphémère dans une
atmosphère de franchise. » Il ajouta encore qu'il fallait
s'attendre, selon toute vraisemblance, à ce qu'Achaeménès
intriguât aussi contre Arsacé et à ce que cet homme,
de condition servile — et l'on sait que, le plus souvent,
l'inférieur nourrit une haine profonde pour son supérieur —
à ce que cet homme, donc, victime d'une injustice
et d'une violation de serment, de plus, amoureux,
et pensant qu'on en préférait d'autres à lui, et qui, enfin,
était au courant d'agissements honteux et criminels,
n'eût aucun besoin de rien imaginer pour monter une
intrigue, comme le font si souvent tant de gens qui ont à
se plaindre d'un autre, mais utilisât les moyens de vengeance
qui étaient à sa disposition.
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