[7,18] Πρὸς ταῦτα σιγήσαντος τοῦ Θεαγένους καὶ
καθ´ ἑαυτὸν ὡς ἀηδῶν τινῶν καὶ μοχθηρῶν ἐστι δηλωτικὰ
ἐννοοῦντος, ὀλίγον ὕστερον εὐνοῦχοι παρῆσαν λείψανα
μὲν δῆθεν τῆς σατραπικῆς τραπέζης ἐπὶ χρυσῶν τῶν
σκευῶν κομίζοντες πᾶσαν δὲ πολυτέλειαν καὶ χλιδὴν
ὑπεραίροντα καὶ «Τούτοις» εἰπόντες «ἡ δέσποινα
δεξιοῦται καὶ τιμᾷ τὸ παρὸν τοὺς ξένους» καὶ παραθέμενοι
τοῖς νέοις παραχρῆμα ἀπεχώρουν. Οἱ δὲ ἅμα
μὲν τῆς Κυβέλης προτρεπούσης ἅμα δὲ προορῶντες μὴ
δοκεῖν ἐνυβρίζειν τὴν δεξίωσιν ἀπεγεύοντο πρὸς βραχὺ
τῶν παρακειμένων· καὶ τοῦτο καὶ εἰς ἑσπέραν ἐγίνετο
καὶ κατὰ τὰς ἄλλας λοιπὸν ἡμέρας. Τῇ δ´ οὖν ἑξῆς κατὰ
πρώτην που τῆς ἡμέρας ὥραν οἱ συνήθεις εὐνοῦχοι
παρόντες ὡς τὸν Θεαγένην «Μετακέκλησαι, ὦ μακάριε,
πρὸς τῆς δεσποίνης» ἔλεγον «καὶ ὀφθῆναί σε προστετάγμεθα·
καὶ ἧκε τῆς εὐτυχίας ἀπολαύσων ἧς ὀλίγοις
δὴ καὶ ὀλιγάκις μεταδίδωσιν.» Ὁ δὲ μικρὸν ἐφησυχάσας
καὶ οἷον πρὸς βίαν ἑλκόμενος διανέστη τε καὶ
«Μόνον δέ με ἥκειν ἐπέσταλται» πρὸς αὐτοὺς ἔλεγεν
«ἢ καὶ ἀδελφὴν ταυτηνὶ τὴν ἐμήν;» Τῶν δὲ ὅτι μόνον
ἀποκριναμένων, ἐκείνην δὲ καθ´ ἑαυτὴν ὀφθήσεσθαι, νυνὶ
γὰρ συμπαρεῖναι τῇ Ἀρσάκῃ τῶν ἐν τέλει τινὰς Περσῶν
καὶ ἄλλως ἔθος εἶναι ἀνδράσι μὲν ἰδίᾳ γυναιξὶ δὲ καθ´
ἕτερον καιρὸν χρηματίζειν, προσκύψας ὁ Θεαγένης «Οὔτε
καλὰ ταῦτα οὔτε ἀνύποπτα» πρὸς τὴν Χαρίκλειαν ἠρέμα
εἰπών, ἀντακούσας δὲ ὡς δεήσει μὴ ἀντιβαίνειν ἀλλὰ
συντρέχειν τὴν πρώτην καὶ ἐνδείκνυσθαι ὡς πάντα πρὸς
νοῦν τὸν ἐκείνης ποιήσοντα, εἵπετο τοῖς ἄγουσι.
| [7,18] Théagène ne fit aucune réponse, mais il songeait
à part lui à ce que ces paroles annonçaient de déplaisant
et de menaçant. Peu de temps après vinrent des eunuques
apportant dans des plats d'or ce qu'ils présentèrent comme
les restes de la table du satrape et qui était d'une richesse
et d'une délicatesse incomparables. « Voici, dirent-ils,
ce que la maîtresse fait envoyer à ses hôtes, pour leur
témoigner dès maintenant à quel point elle les honore. »
Puis ils déposèrent les plats devant les jeunes gens et
disparurent aussitôt. Théagène et Chariclée, à la fois à
cause de l'insistance de Cybèle et pour ne pas avoir l'air
de mépriser l'accueil qu'on leur faisait, goûtèrent légèrement
à ce qu'on leur avait servi. La même chose
arriva encore le soir et se reproduisit par la suite les
autres jours. Le lendemain, dès le début du jour, les
mêmes eunuques apparurent et dirent à Théagène :
« Tu es prié, heureux homme, de venir chez la Maîtresse;
nous avons reçu l'ordre de t'amener devant elle; viens
jouir d'une chance qui n'est accordée que rarement, et à
peu de gens. » Théagène resta un instant immobile
puis, comme se faisant violence, il se leva et dit aux
eunuques : « Est-ce moi seul qu'elle envoie chercher, ou
bien demande-t-elle aussi ma soeur que voici? » Ils lui
répondirent que c'était lui seul, que la jeune fille aurait
une audience particulière, que, pour l'instant, Arsacé
se trouvait avec de hauts personnages perses et que,
d'ailleurs, la coutume était de recevoir les hommes à
part et les femmes à part, à des moments différents.
Alors, il se pencha vers Chariclée et lui dit tout bas
« Cela n'est ni bien ni clair »; cependant, lorsqu'elle lui
eut répondu qu'il ne fallait pas résister, mais, d'abord, se
montrer docile et témoigner que l'on était disposé à
se conformer à la volonté d'Arsacé, il suivit ses guides.
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