[7,15] Καὶ τοιαῦτα ἔτι καὶ ἕτερα πρὸς τούτοις ἐλεεινῶς
ὀδυρομένης καὶ τοῦ Θεαγένους τὰ μὲν συνεξαίροντος
τοῖς παρ´ ἑαυτοῦ τὸν θρῆνον τὰ δὲ φειδοῖ τῆς Χαρικλείας
καταστέλλοντος, ἐφίσταται ὁ Ἀχαιμένης καὶ τὰς θύρας
τοῖς κλείθροις ἐναπειλημμένας καταλαβὼν «Τί ταῦτα;»
τὴν θυρωρὸν ἠρώτα. Ὡς δὲ τῆς αὑτοῦ μητρὸς εἶναι
τὸ ἔργον ἔμαθε, προσεστὼς ταῖς θύραις καὶ τὴν αἰτίαν
διαπορῶν ᾔσθετο τῆς Χαρικλείας ὀδυρομένης καὶ διακύψας
διὰ τῶν ὀπῶν καθ´ ἃς διενήνεκτο τῶν κλείθρων ἡ
ἅλυσις εἶδέ τε τὰ γινόμενα καὶ αὖθις τὴν θυρωρὸν οἵτινες
εἰσὶν οἱ ἔνδον ἠρώτα. Ἡ δὲ τὰ μὲν ἄλλα οὐκ {ἔχειν} εἰδέναι
ἔλεγεν, ὅτι δὲ κόρη καὶ νεανίας ξένοι τινὲς ὡς ἔχοι
εἰκάζειν ἀρτίως παρὰ τῆς αὐτοῦ μητρὸς ἐσῳκισμένοι.
Ὁ δὲ αὖθις διακύψας ἐπειρᾶτο διακριβοῦν τοὺς ὁρωμένους.
Τὴν μὲν δὴ Χαρίκλειαν παντάπασιν ἀγνοῶν ὅμως
τοῦ κάλλους ὑπερεθαύμαζε καὶ τίς ἂν ὀφθείη καὶ ποία μὴ
θρηνοῦσα ἐνενόει καὶ τὸ θαῦμα λανθάνον εἰς ἐρωτικὸν
πάθος αὐτὸν κατέφερε· τὸν δὲ Θεαγένην ἀμυδρῶς τε καὶ
ἀμφιβόλως γνωρίζειν ἐφαντάζετο. Καὶ προσκειμένου
τῇ σκέψει τοῦ Ἀχαιμένους ἐφίσταται ἀναστρέψασα ἡ
Κυβέλη πάντα μὲν τὰ κατὰ τοὺς νέους ὡς ἐγεγόνει διαγγείλασα
πολλὰ δὲ τῆς εὐτυχίας τὴν Ἀρσάκην μακαρίσασα,
ὑφ´ ἧς αὐτῇ τοσοῦτον ἐκ ταὐτομάτου κατώρθωται ὃ βουλαῖς
μυρίαις καὶ μηχαναῖς οὐκ ἄν τις ἤλπισεν, ὡς καὶ
σύνοικον ἔχειν τὸν ἐρώμενον ἐπ´ ἀδείας ὁρῶντα καὶ ὁρώμενον,
καὶ πολλοῖς τοιούτοις τὴν Ἀρσάκην φυσήσασα
μόλις τε ἐπειγομένην πρὸς τὴν θέαν τοῦ Θεαγένους ἐπισχοῦσα
καὶ ὡς οὐ βούλοιτο αὐτὴν ὠχριῶσαν καὶ κυλοιδιῶσαν
πρὸς τῆς ἀγρυπνίας ὀφθῆναι τῷ νεανίᾳ ἀναπαυσαμένην
δὲ τὴν παροῦσαν ἡμέραν καὶ ἀναλαβοῦσαν τὸ σύνηθες
κάλλος, καὶ πολλοῖς τοιούτοις εὔθυμον αὐτὴν καὶ τῶν κατὰ
γνώμην εὔελπιν παρασκευάσασα ἅ τε προσήκει πράττειν
καὶ ὅπως προσφέρεσθαι τοῖς ξένοις παρεγγυήσασα.
| [7,15] Tandis que Chariclée se lamentait de la sorte et
faisait entendre encore bien d'autres plaintes, et que
Théagène gémissait aussi de son côté, mais, pour épargner
Chariclée, modérait sa douleur, voici que survient
Achaeménès, qui trouve la porte fermée à clef. « Qu'est-ce
que cela signifie?» demande-t-il à la gardienne. Lorsqu'elle
lui dit que c'était sa mère qui avait fait cela, il s'approche
de la porte, et, tandis qu'il se demande pourquoi sa mère
a agi de la sorte, il entend les plaintes de Chariclée; alors,
il se penche, regarde par le trou à travers lequel on
manœuvrait les verrous et voit ce qui se passe; de nouveau,
il demande à la gardienne qui étaient les gens qui
se trouvaient à l'intérieur. La vieille répondit qu'elle
n'en savait rien, sinon qu'une jeune fille et un jeune
homme, tous deux étrangers, apparemment, venaient
d'être amenés dans l'appartement par sa mère. Achaeménès
se pencha à nouveau et essaya de voir plus distinctement
les personnages qu'il apercevait: Chariclée lui
était totalement inconnue, mais il conçut la plus vive
admiration pour sa beauté et le spectacle qu'elle devait
présenter lorsqu'elle ne pleurait pas, et l'admiration,
à son insu, l'entraînait vers l'amour. Quant à Théagène,
il eut l'impression de le reconnaître, mais vaguement et
sans en être certain. Achaeménès était encore tout
occupé à regarder lorsque survint Cybèle, qui était
de retour. Elle avait raconté à Arsacé tout ce qu'elle
savait sur les jeunes gens et l'avait chaudement félicitée
de sa chance, qui lui avait spontanément procuré ce que
l'on ne pourrait espérer obtenir au prix de mille ruses
et de mille stratagèmes : avoir son amant à la maison,
le voir et en être vue en toute sécurité. Elle attisa la
passion d'Arsacé par beaucoup d'autres propos et eut
beaucoup de peine à la retenir, car elle n'avait qu'une
hâte, c'était d'aller contempler Théagène; mais Cybèle
ne voulait pas que le jeune homme la vît ainsi pâle et
les yeux gonflés par l'insomnie; elle voulait qu'elle se
reposât cette journée et reprît sa beauté habituelle.
Elle lui prodigua ses encouragements, lui rendit l'espoir
de parvenir à ses fins et lui dit ce qu'elle avait à
faire et la manière dont elle devrait recevoir ses hôtes.
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