HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

HÉLIODORE, Théagène et Chariclée, livre VII

Chapitre 14

  Chapitre 14

[7,14] Οὐκ ἐκαρτέρησεν Κυβέλη τούτων εἰρημένων ἀλλὰ καὶ τῇ διαχύσει τοῦ προσώπου κατάδηλος ἐγεγόνει σφόδρα ὑπερησθεῖσα πρὸς τὴν ἀκοὴν τῶν ἀδελφῶν, ἐνθυμουμένη μηδὲν κώλυμα μηδὲ ἐμπόδιον ἕξειν πρὸς τὰ ἐρωτικὰ τῆς Ἀρσάκης τὴν Χαρίκλειαν. Καὶ « κάλλιστε νεανιῶν» ἔφη «οὐκ ἂν εἴποις ταῦτα περὶ Ἀρσάκης ἐπειδὰν εἰς πεῖραν ἔλθῃς τῆς γυναικός· κοινόν τι χρῆμά ἐστι πρὸς πᾶσαν τύχην καὶ πλέον ἐπίκουρος γίνεται τοῖς παρ´ ἀξίαν ἔλαττον πράττουσι· καὶ Περσὶς οὖσα τὸ γένος σφόδρα ἑλληνίζει τὴν γνώμην χαίρουσα καὶ προστρέχουσα τοῖς ἐντεῦθεν, ἦθός τε καὶ ὁμιλίαν τὴν Ἑλληνικὴν εἰς ὑπερβολὴν ἠγάπηκε. Θαρσεῖτε οὖν, ὡς σὺ μὲν ὅσα εἰς ἄνδρας καθήκει πράξων καὶ τιμηθησόμενος, ἀδελφὴ δὲ σὴ συμπαίστριά τε καὶ συνόμιλος ἐσομένη. Ἀλλὰ τίνα ὑμῶν ὀνόματα χρὴ προσαγγέλλειν;» Ὡς δὲ ὅτι Θεαγένην καὶ Χαρίκλειαν ἤκουσεν, «αὐτοῦ με περιμένειν» εἰποῦσα ὡς τὴν Ἀρσάκην ἀπέτρεχεν, ἐπιστείλασα πρότερον πρὸς τὴν θυρωρόν - ἦν δὲ καὶ αὕτη γραῦς - εἴ τις βούλοιτο παρεισιέναι μηδαμῶς ἐπιτρέπειν ἀλλὰ μηδὲ ἐξιέναι ποι συγχωρεῖν τοῖς νέοις. Τῆς δὲ «Μηδ´ ἂν παῖς σὸς Ἀχαιμένης παραγένηται;» ἐρωτησάσης «ἄρτι γὰρ καὶ μετὰ τὴν σὴν εἰς τὸν νεὼν πρόοδον ἐξελήλυθεν ἐναλειψόμενος τὼ ὀφθαλμώ· οἶσθα γὰρ ὡς φέρει τι μικρὸν ἔτι κακώσεως.» «Μηδὲ ἐκεῖνος» ἀπεκρίνατο «ἀλλ´ ἐπικλεισαμένη τὰς θύρας καὶ τὴν κλεῖν αὐτὴ κατέχουσα φάσκε ἐμὲ κομίζεινΟὕτως ἐγένετο καὶ οὔπω τι σχεδὸν τῆς Κυβέλης χωρισθείσης καιρὸν μόνωσις τῷ Θεαγένει καὶ τῇ Χαρικλείᾳ θρήνων τε καὶ ὑπομνήσεως τῶν καθ´ ἑαυτοὺς ὑπηγόρευεν, ἀπὸ τῶν αὐτῶν τε σχεδόν τι ῥημάτων καὶ νοημάτων ἀπωλοφύραντο, μὲν « Θεάγενες» δὲ « Χαρίκλεια» συνεχῶς ἐπιστένοντες, καὶ μὲν «τίς ἄρα τύχη πάλιν κατείληφεν ἡμᾶς;» δὲ «ὁποίοις ποτὲ ἄρα συντευξόμεθα πράγμασι;» καὶ ἐφ´ ἑκάστῳ συνησπάζοντο ἀλλήλους καὶ δακρύσαντες ἀνάπαλιν ἐφίλουν. Καὶ τέλος τοῦ Καλασίριδος ὑπομνησθέντες εἰς πένθος τὸ ἐκείνου τοὺς θρήνους κατέστρεφον καὶ πλέον Χαρίκλεια, ἅτε καὶ πλείονι τῷ χρόνῳ μείζονος τῆς ἀπ´ αὐτοῦ σπουδῆς τε καὶ εὐνοίας πεπειραμένη καὶ « τὸν Καλάσιριν» ἀνεκάλει κωκύουσα, «τὸ γὰρ χρηστότατον ὄνομα καλεῖν ἀπεστέρημαι πατέρα, τοῦ δαίμονος πανταχόθεν μοι τὴν τοῦ πατρὸς προσηγορίαν περικόψαι φιλονεικήσαντος. Τὸν μὲν φύσει γεννήσαντα οὐκ ἔγνωκα, τὸν δὲ θέμενον Χαρικλέα, οἴμοι, προδέδωκα, τὸν δὲ διαδεξάμενον καὶ τρέφοντα καὶ περισῴζοντα ἀπολώλεκα, καὶ οὐδὲ θρηνῆσαι τὰ νενομισμένα ἔτι κειμένῳ τῷ πτώματι πρὸς τοῦ προφητικοῦ συγκεχώρημαι. Ἀλλ´ ἰδού σοι, τροφεῦ καὶ σῶτερ, προσθήσω δὲ καὶ πάτερ κἂν δαίμων μὴ βούληται, ἔνθα γοῦν ἔξεστι καὶ ὡς ἔξεστιν ἀποσπένδω τῶν ἐμαυτῆς δακρύων καὶ ἐπιφέρω χοὰς ἐκ τῶν ἐμαυτῆς πλοκάμωνΚαὶ ἅμα ἀπεσπάραττεν ὡς ὅτι πλείστας τῶν ἑαυτῆς τριχῶν. Καὶ μὲν Θεαγένης ἐπεῖχεν ἐπιλαμβανόμενος σὺν ἱκεσίαις τῶν χειρῶν, δὲ ἐπετραγῴδει «Τί γὰρ καὶ δεῖ ζῆν ἔτι;» λέγουσα, «εἰς ποίαν ἀφορῶντας ἐλπίδα; χειραγωγὸς τῆς ξένης, βακτηρία τῆς πλάνης, ξεναγὸς τῆς ἐπὶ τὴν ἐνεγκοῦσαν, τῶν φύντων ἀναγνωρισμός, παραψυχὴ τῶν δυστυχημάτων, εὐπορία καὶ λύσις τῶν ἀμηχάνων, πάντων τῶν καθ´ ἡμᾶς ἄγκυρα Καλάσιρις ἀπόλωλε, τὴν ἀθλίαν ἡμᾶς ξυνωρίδα πηρὸν ὥσπερ τῶν πρακτέων ἐπὶ τῆς ἀλλοδαπῆς καταλιπών. Πᾶσα μὲν ἡμῖν ὁδοιπορία πᾶσα δὲ ναυτιλία ὑπ´ ἀγνωσίας ὑποτέτμηται· οἴχεται σεμνὴ καὶ μείλιχος, σοφὴ καὶ πολιὰ τῷ ὄντι φρήν, τῶν εἰς ἡμᾶς εὐεργεσιῶν οὔτε αὐτὴ τέλος εὑραμένη[7,14] Cybèle, en l'écoutant, ne put s'empêcher de laisser paraître ses sentiments; son visage s'épanouit et montra toute la satisfaction qu'elle éprouvait d'apprendre que Théagène et Chariclée étaient frère et soeur; elle pensait que Chariclée ne serait pas un obstacle ni une gêne pour les amours d'Arsacé. Alors : « O, le plus beau des jeunes hommes, dit-elle, tu ne parlerais pas ainsi d'Arsacé si tu la connaissais; elle sait se mettre à la portée de toute condition, et elle est, surtout, secourable à ceux envers qui le sort se montre injuste; bien qu'elle soit perse de naissance, elle est très favorable aux Grecs; elle aime à retrouver avec les gens de là-bas; elle les recherche. Les moeurs et la compagnie des Grecs lui plaisent plus que tout. Ayez confiance, toi, tu seras traité comme doit l'être un homme et l'on aura pour toi des égards; ta soeur deviendra sa compagne et son amie. Mais sous quels noms dois-je vous annoncer? » Lorsqu'ils lui eurent répondu : « Théagène et Chariclée, restez ici », leur dit-elle, puis elle courut chez Arsacé, après avoir recommandé à la gardienne de la porte (qui était, elle aussi, une vieille) de ne permettre à personne d'entrer et de ne pas non plus laisser sortir les deux jeunes gens. Et l'autre : « Même si c'est ton fils Achaeménès qui vient? demanda-t-elle; peu de temps après ton départ pour le temple, il est sorti pour se faire soigner les yeux; tu sais qu'il en souffre encore un peu. — Même pas lui, dit l'autre; dis-lui que j'ai fermé la porte à clef et emporté moi-même la clef. » L'autre obéit, et Cybèle les avait encore à peine quittés que Théagène et Chariclée, profitant de l'occasion que leur offrait leur solitude, se mirent à se lamenter et à penser à leurs malheurs, et leurs plaintes et leurs réflexions étaient à peu près identiques. Elle répétait : « O Théagène! », et lui : « O Chariclée », et tous deux gémissaient; et l'un disait : « Quel nouveau malheur s'est abattu sur nous ? », et l'autre : « Quelles nouvelles diffcultés allons-nous rencontrer? » Et, chaque fois, ils s'embrassaient, et, tout en pleurant, recommençaient à se donner des baisers. Enfin, la pensée de Calasiris leur revint et leurs lamentations exprimèrent le deuil qu'ils ressentaient de sa perte; surtout Chariclée, qui le connaissait depuis plus longtemps, qui avait été, de sa part, l'objet de plus de soins et qui connaissait sa bonté : O, Calasiris, s'écriait-elle en sanglotant, je ne puis t'appeler de ce très doux nom de père, puisque la divinité s'est fait un malin plaisir de me priver chaque fois du droit de prononcer ce nom. Celui qui a été mon père selon la nature, je ne l'ai pas connu; celui qui m'avait adopté, Chariclès, hélas! je l'ai trahi; celui qui m'avait recueillie, nourrie, sauvée, je l'ai perdu, et je ne puis même donner les lamentations rituelles à son cadavre encore étendu sur le lit, les lois qui régissent les prêtres me l'interdisent. Mais voici, ô toi qui m'as nourrie, toi qui m'as sauvée, et j'ajouterai toi, ô mon père, même si la divinité me le refuse, ici, du moins, j'ai un droit et j'en use : je t'offre mes larmes comme libations, et comme offrandes, des mèches de mes cheveux. » Et, en même temps, elle se préparait à s'arracher des touffes de cheveux. Mais Théagène l'en empêcha, en lui prenant les mains et en la suppliant, et elle continuait son monologue pathétique : « Pourquoi donc continuer à vivre? Quel espoir ai-je donc devant les yeux? Notre guide sur cette terre étrangère, le bâton de notre course errante, lui qui devait nous conduire vers notre patrie, celui qui devait nous faire reconnaître de nos parents, la consolation de nos infortunes, notre bonheur, notre sauveur dans nos difficultés, notre ancre au milieu de toutes les tempêtes qui nous assaillaient, Calasiris est mort. Nous ne sommes plus qu'un attelage en détresse, abandonné sur une terre étrangère. Toutes les routes de la terre et les chemins de la mer nous sont fermés par notre ignorance; elle est partie, cette âme sainte et douce, sage et vénérable, sans avoir pu voir elle-même le résultat de ses bienfaits. »


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Dernière mise à jour : 8/03/2007