[7,13] Συνεὶς οὖν τὸ δηλούμενον «Ὦ μῆτερ» ἔφη
«τὸ μὲν Ἕλληνας εἶναι καὶ αὐτή που μαθοῦσα τυγχάνεις.
Ἀδελφοὶ δὲ ὄντες πατέρων ὑπὸ λῃσταῖς ἁλόντων
ἐπὶ ζήτησιν ἐξορμήσαντες χαλεπωτέραις ἐκείνων τύχαις
κεχρήμεθα, ὠμοτέροις ἀνδράσι περιπεσόντες καὶ πάντων
μὲν τῶν ὄντων, πολλὰ δὲ ἦν, ἀποσυληθέντες μόλις δὲ
αὐτοὶ περισωθέντες καὶ κατά τι δεξιὸν βούλημα δαίμονος
τῇ πρὸς τὸν ἥρωα Καλάσιριν συντυχίᾳ χρησάμενοι ἀφιγμένοι
τε ἐνταῦθα ὡς τὸ λοιπὸν τοῦ χρόνου μετ´ αὐτοῦ
βιωσόμενοι, νῦν ὡς ὁρᾷς πάντων ἔρημοι καὶ μόνοι περιλελείμμεθα,
τὸν δοκοῦντα καὶ ὄντα πατέρα μετὰ τῶν ἄλλων
προσαπολωλεκότες. Τὰ μὲν δὴ καθ´ ἡμᾶς ταῦτα· σοὶ
δὲ πλείστη μὲν χάρις καὶ τῆς νῦν δεξιώσεως καὶ
ξεναγίας· χαρίσαιο δ´ ἂν πλέον εἰ καθ´ ἑαυτοὺς ἡμῖν διάγειν
τε καὶ λανθάνειν παράσχοις, τὴν εὐεργεσίαν ἣν ἀρτίως
ἔφασκες, τὸ γνωρίζειν ἡμᾶς πρὸς Ἀρσάκην, ὑπερθεμένη,
μηδὲ ἐπεισάγοις οὕτω λαμπρᾷ καὶ εὐδαίμονι τύχῃ ξένον
καὶ ἀλήτην καὶ στυγνάζοντα βίον. Τὰς γὰρ δὴ γνώσεις
καὶ τὰς ἐντεύξεις ἐκ τῶν ὁμοίων, ὡς οἶσθα, γίνεσθαι καλόν.»
| [7,13] Théagène comprit l'avertissement : « Mère, dit-il,
oui, nous sommes grecs, comme tu l'as appris. Nous
sommes frère et soeur; nos parents ont été enlevés par
des brigands et nous sommes partis à leur recherche,
mais nous avons eu encore moins de chance qu'eux,
car nous sommes tombés sur des hommes très cruels
qui nous ont entièrement dépouillés de notre fortune, et
nous avons eu grand'peine à nous sauver nous-mêmes.
Par un heureux caprice du destin, nous avons rencontré,
le bienheureux Calasiris et nous sommes arrivés ici
dans l'intention de vivre désormais avec lui. Et maintenant,
tu nous vois ici, privés de tout, seuls, abandonnés,
après avoir perdu celui que nous regardions comme un
père et qui en était véritablement un pour nous. Voilà
ce qui nous concerne; quant à toi, nous te savons un
gré infini de ton accueil d'aujourd'hui et de ton hospitalité,
mais tu nous ferais encore bien plus de plaisir
si tu nous procurais un logement où nous pourrions
vivre seuls et inconnus, et si tu renonçais à l'offre
généreuse que tu nous faisais tout à l'heure, de nous
présenter à Arsacé et à introduire dans une existence
aussi brillante et heureuse que la sienne des vagabonds
étrangers aussi tristes que nous. Il ne faut en effet,
comme tu le sais bien, frayer et vivre qu'avec des gens
de même condition que soi-même. »
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