HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

HÉLIODORE, Théagène et Chariclée, livre VI

Chapitre 9

  Chapitre 9

[6,9] Καὶ ἅμα λέγουσα ῥίπτει κατὰ τῆς κλίνης ἐπὶ πρόσωπον ἑαυτὴν ἀθρόον καὶ περιχυθεῖσα περιέβαλλε λύζουσά τε καὶ βρύχιον ἀναστένουσα, ἕως αὐτὴν ὑπὸ τῆς ἄγαν λύπης ἀχλύς τε καὶ ἴλιγγος ὑποδραμὼν καὶ τὸ νοερὸν τῆς ψυχῆς ζοφώσας πρὸς ὕπνον ἔλαθεν ὑποφέρων καὶ εἰς ἡμέραν ἤδη λαμπρὰν κατέχων, ὥστε καὶ Καλάσιρις θαυμάζων καὶ παρά γε τὸ εἰωθὸς οὐχ ὁρωμένην ἐπιζητῶν ἐπὶ τὸν θάλαμον ἀφικόμενος ἔπαιέ τε σφοδρότερον τὰς θύρας καὶ ὀνομαστὶ συνεχῶς Χαρίκλειαν ἀνακαλῶν ἀφύπνιζεν. δὲ πρὸς τὸ αἰφνίδιον τῆς κλήσεως διεταράχθη τε καὶ ὡς κατελήφθη σχήματος ἐπὶ τὰς θύρας ὁρμήσασα τόν τε μοχλὸν παρήνεγκε καὶ πρὸς εἴσοδον τῷ πρεσβύτῃ διέστελλεν. δὲ ὡς εἶδε τῆς τε κόμης τὸ ἄτακτον καὶ τὸν χιτῶνα κατερρωγότα περὶ τοῖς στήθεσι καὶ ὄμμα ἔτι κυμαῖνον καὶ τὸ πρὸ τῶν ὕπνων ἐμμανὲς ἐπισημαῖνον, συνίησι μὲν τὴν αἰτίαν ἀγαγὼν δὲ αὖθις ἐπὶ τὴν κλίνην καὶ καθίσας ἐφεστρίδα τε ἐπέβαλλε καὶ πρὸς τὸ εὔσχημον περιστείλας, «Τί ταῦτα» ἔφη «Χαρίκλεια; τί λίαν οὕτω καὶ ἄμετρα δυσφορεῖς; τί δὲ οὕτως ἐκφρόνως ἥττων γίνῃ τῶν προσπιπτόντων; οὐδέ σε γνωρίζω τὸ παρόν, ἀεὶ γενναίαν καὶ σώφρονα τύχας ἐνεγκεῖν τὸ πρόσθεν ἐγνωκώς. Οὐ παύσῃ τῆς ἄγαν ταύτης ἀνοίας; οὐκ ἐννοήσεις ἄνθρωπος οὖσα, πρᾶγμα ἀστάθμητον καὶ ὀξείας ῥοπὰς ἐφ´ ἑκάτερα λαμβάνον; τί σαυτὴν προαναιρεῖς βελτιόνων ἴσως ἐλπίδων; φεῖσαι καὶ ἡμῶν, τέκνον, φεῖσαι, εἰ μή γε σαυτῆς, ἀλλὰ γοῦν Θεαγένους, βίος σὺν σοὶ μόνος αἱρετὸς καὶ ἐπὶ σοὶ σῳζομένῃ τὸ εἶναι κέρδοςἨρυθρία τούτων ἀκούουσα Χαρίκλεια, καὶ πλέον ἐν οἵοις κατείληπτο ἐννοοῦσα· σιωπήσασά τε ἐπὶ πλεῖστον, ὡς ἐνέκειτο πρὸς τὴν ἀπόκρισιν Καλάσιρις, «Ἀληθῆ μὲν» ἔφη «ἐπιτιμᾷς, ἀλλ´ ἴσως ἐμοὶ συγγνωστά, πάτερ· οὐ γάρ με δημώδης οὐδὲ νεωτερίζουσά τις ἐπιθυμία πρὸς ταῦτα ἐξάγει τὴν ἀθλίαν ἀλλὰ καθαρός τε καὶ σωφρονῶν ἀπειράτου μὲν ἀλλ´ ἔμοιγε ἀνδρὸς πόθος καὶ τούτου Θεαγένους, λυποῦντος μὲν καὶ ὅτι μὴ σύνεστι πλέον δὲ εἰ περίεστιν μή, φοβοῦντος.» «Ἀλλὰ τούτου γε ἕνεκα θάρσει» ἔλεγεν Καλάσιρις, «ὡς ὄντος ἐκείνου καί σοι συνεσομένου θεῶν νευόντων, εἴπερ τι χρὴ τοῖς τε προθεσπισθεῖσι περὶ ὑμῶν (χρὴ δέ) πιστεύειν καὶ τῷ διαγγείλαντι χθιζὸν ὡς εἴληπται ὑπὸ Θυάμιδος εἰς τὴν Μέμφιν ἀναπεμπόμενος. Εἰ δὲ εἴληπται, δῆλον ὡς καὶ σῴζεται φιλίας αὐτῷ πρὸς τὸν Θύαμιν καὶ γνώσεως προϋπαρχούσης. Καιρὸς δὴ μὴ μέλλειν, ἀλλὰ σπευστέον ὡς ἔνεστιν ἡμῖν τάχους ἐπὶ Βήσσαν τὴν κώμην καὶ ἀναζητητέον σοὶ μὲν τὸν Θεαγένην ἐμοὶ δὲ πρὸς τούτῳ καὶ τὸν υἱόν· οἶσθά που πάντως προακηκουῖα παῖδα ἐμὸν εἶναι τὸν ΘύαμινΚαὶ Χαρίκλεια γενομένη σύννους «Εἰ μὲν δὴ» ἔφη «παῖς ἐστί σοι Θύαμις καὶ ἔστιν σὸς ἀλλὰ μὴ ἑτέρου καὶ ἄλλος, νῦν μὲν δὴ τὰ ἡμέτερα πρὸς κίνδυνον ἐλαύνει τὸν μέγιστονΘαυμάσαντος δὲ καὶ τὴν αἰτίαν ἐρομένου τοῦ Καλασίριδος «Οἶσθα» εἶπεν «ὡς αἰχμάλωτος ἐλήφθην ὑπὸ τῶν βουκόλων· ἐκεῖ τοίνυν καὶ τὸν Θύαμιν ἐπηγάγετο πρὸς τὸν κατ´ ἐμοῦ πόθον δυστυχῶς μοι προσεῖναι δοκοῦσα τῶν ὄψεων ὥρα, καὶ δέος, εἰ ἀναζητοῦντες ἐντύχοιμεν, μὴ ὀφθεῖσαν ἐκείνην εἶναί με ταύτην ὑπομνησθείς, τὸν γάμον ὃν τότε μοι προτεινόμενον παρ´ αὐτοῦ διεκρουσάμην ἐπινοίαις εἰς ἔργον ἄγειν βιάσηταιΚαὶ Καλάσιρις «Μὴ οὕτω μέν ποτε» φησὶν «ἐπιθυμία κρατήσειεν ὡς καὶ τὴν πατρῴαν ὄψιν ὁρωμένην ὑπεροφθῆναι καὶ ὄμμα τοῦ φύντος μὴ καταιδέσαι τὸν παῖδα κολάσαι τὴν εἴπερ καὶ ἔστιν οὐκ ἔννομον ὄρεξιν· ὅμως δ´ οὖν, κωλύει γὰρ οὐδέν, τί οὐχὶ καὶ μηχανήν τινα πρὸς περιγραφὴν τῶν φοβούντων ἐπινοεῖς; δεινὴ δέ τις ἔοικας εἶναι σοφιστεῦσαι κατὰ τῶν ἐπιχειρούντων διαδύσεις τε καὶ ὑπερθέσεις[6,9] Tout en parlant, elle se jetait brusquement à plat ventre de tout son long sur le lit et l'embrassait en sanglotant et en poussant de profonds soupirs. Et cela dura jusqu'à ce que l'excès de son chagrin obscurcît son esprit comme d'un brouillard, plongeât son intelligence dans les ténèbres et la fît glisser, à son insu, dans un sommeil, qui s'empara d'elle et dura jusqu'au grand jour. Calasiris, étonné de ne pas la voir à l'heure habituelle, alla la chercher dans sa chambre; il dut frapper très fort à la porte, et l'appeler plusieurs fois par son nom et, ainsi, parvint à l'éveiller. Chriclée, à cet appel soudain, fut troublée et, dans l'état où elle se trouvait courut à la porte, tira le verrou et fit entrer le vieillard. Et lui, lorsqu'il vit le désordre de sa chevelure, et sa tunique déchirée sur la poitrine, ses yeux encore gonflés et témoignant de la folie qui s'était emparée d'elle avant qu'elle ne s'endorme, il en comprit tout de suite la raison; aussi, la ramenant sur son lit, il la fit asseoir et lui mit un manteau sur les épaules, pour qu'elle fût un peu plus présentable. « Qu'est cela, Chariclée? dit-il pourquoi te rendre ainsi malheureuse sans mesure ? Pourquoi te laisser aussi déraisonnablement abattre par les événements? Je ne te reconnais plus telle que tu étais autrefois, toujours vaillante, toujours raisonnable pour supporter les coups du sort, comme je t'ai connue jusqu'ici. Ne vas-tu pas cesser d'avoir aussi peu de raison? Ne veux-tu pas réfléchir que tu es un être humain, que ta condition est instable, et que la balance peut, brusquement, pencher d'un côté comme de l'autre? Pourquoi songer à te supprimer, alors que, peut-être, nous pouvons avoir de l'espoir? Epargne-nous, nous aussi, mon enfant, épargne, sinon toi-même, du moins Théagène, pour qui la vie n'est tolérable que si tu es avec lui, et dont l'existence n'a de prix que si tu es vivante toi-même. » Chariclée rougit à ce discours, et plus encore en pensant à l'état dans lequel elle s'était laissée surprendre; elle demeura longtemps silencieuse, et, comme Calasiris la pressait de répondre : « Tes reproches sont justes, dit-elle, mais peut-être suis-je excusable, mon père; car ce n'est pas un désir vulgaire et non plus un simple caprice qui m'a entraînée, je le regrette, à ces excès, mais un amour pur et sage pour un homme à qui je n'ai pas appartenue, mais qui n'en est pas moins mon mari, à mes yeux, et cet homme, c'est Théagène! Et je souffre de ne pas l'avoir avec moi, et, plus encore, je me demande s'il est encore vivant, ou non, et je tremble. — Rassure-toi, sur ce point au moins, répondit Calasiris, il est vivant, et il reviendra avec toi — les dieux nous l'ont promis, s'il faut avoir foi — et il le faut — dans les oracles rendus à votre sujet, et aussi dans ce que nous a dit l'homme, hier, qui nous a affirmé qu'il avait été capturé par Thyamis alors qu'on l'emmenait à Memphis. S'il a été pris, il est bien évident qu'il a été sauvé, car Thyamis le connaît et lui a déjà témoigné de l'amitié. Ce n'est pas le moment d'hésiter; il faut aller, le plus vite possible, au village de Bessa pour y chercher toi, Théagène, et moi, en outre, mon fils; car tu sais sans doute, pour l'avoir entendu déjà dire, que Thyamis est mon fils ? » Chariclée devint alors songeuse et dit : « Si vraiment Thyamis est ton fils, et non pas quelqu'un d'autre, me voilà maintenant menacée par un terrible danger. » Et, comme Calasiris, étonné, lui demandait pourquoi : « Tu sais, répondit-elle, que j'ai été capturée par les Pasteurs ; or, pendant que j'étais là-bas, Thyamis, lui aussi, a été amené à concevoir une passion pour moi, à cause de cette beauté qui paraît bien m'avoir été donnée pour mon malheur, et j'ai peur, si nous le rencontrons au cours de nos recherches, qu'en me voyant il ne me reconnaisse et ne m'oblige à subir réellement un mariage qu'il me proposait alors mais que j'avais réussi à éviter, par divers stratagèmes. » Alors Calasiris : « Jamais, dit-il, le désir ne saurait prévaloir en lui au point de lui faire mépriser la vue de son père et d'empêcher que le regard de celui à qui il doit la vie n'inspire à cet enfant un sentiment de honte qui le fasse renoncer — si toutefois elle est réelle — à une passion illégitime. Malgré tout, rien ne t'empêche d'imaginer quelque stratagème pour te mettre à l'abri de ce que tu crains. Tu me sembles d'une habileté particulière à inventer, pour déjouer les complots, subterfuges et faux-fuyants. »


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Dernière mise à jour : 28/02/2007