[6,8] Ὑπολαβὼν δὲ πρὸς ταῦτα ὁ Ναυσικλῆς «Χαρικλείᾳ
μὲν» ἔφη «κατ´ εὐχὰς ἀποβαίη καὶ θεοὶ συνέμποροι
κατὰ τὴν αὐτῆς αἴτησιν γίνοιντο καὶ τοὺς οἰκείους
κομίζοιτο, οὕτως οὖσα γενναία μὲν τὸ λῆμα συνετὴ δὲ τὸ
φρόνημα. Σὺ δέ, ὦ Κνήμων, μήτε εἰ Θίσβην οὐκ ἄγεις εἰς
τὰς Ἀθήνας ἄσχαλλε καὶ ταῦτα ἔχων ὑπόδικον ἐμὲ τουτονὶ
τῆς κατ´ ἐκείνην ἁρπαγῆς καὶ τῆς ἐκ τῶν Ἀθηνῶν ὑπεξαγωγῆς,
ὁ γὰρ ἔμπορος ὁ Ναυκρατίτης ὁ Θίσβης ἐραστὴς
οὗτος ἐγώ, μήτε πενίαν ὀδύρου πτωχεύσειν ἔτι προσδοκήσας·
εἰ γὰρ σοὶ φίλον ὡς καὶ ἐμοὶ φανείη, χρημάτων τε
εὐπορήσεις συχνῶν οἶκόν τε ἀπολήψῃ καὶ πατρίδα τὴν σὴν
ἐμοῦ κατάγοντος, γῆμαί τε βουλομένῳ θυγατέρα ταυτηνὶ
τὴν ἐμὴν ἁρμόζω Ναυσίκλειαν, προῖκα ἐπιδιδοὺς αὐτὸς μὲν
πλείστην ὅσην, τὴν παρὰ σοῦ δὲ πάλιν εἰληφέναι κρίνων
ἐξ οὗ γένος καὶ οἶκον καὶ ἔθνος τὸ σὸν ἐγνώρισα.»
Πρὸς ταῦτα οὐδὲ πρὸς βραχὺ διαμελλήσας ὁ Κνήμων,
ἀλλ´ ἃ πάλαι δι´ εὐχῆς τε καὶ ἐπιθυμίας ἔχων {ἃ} οὐκ ἤλπιζε,
ταῦτα ὑπὲρ εὐχὴν ἀπροσδόκητα λαμβάνων «Ἅπαντα» ἔφη
«δέδεγμαι, ἃ καταγγέλλεις, ἄσμενος»· καὶ ἅμα τὴν δεξιὰν
προτείνοντι τὸ θυγάτριον ὁ Ναυσικλῆς ἐνεχείριζε καὶ
κατηγγύα, καὶ τὸν ὑμέναιον ᾄδεσθαι πρὸς τῶν οἰκείων
ἐγκελευσάμενος χορείας ἐν πρώτοις ἐξῆρχεν εἰς αὐτοσχέδιον
γάμον τὸ παρὸν συμπόσιον ἀναδείξας. Οἱ μὲν δὴ
ἄλλοι πρὸς χοροῖς ἦσαν καὶ τὸν ὑμέναιον ἀπρόσκλητον ἐπὶ
τοῖς θαλάμοις ἐκώμαζον καὶ γαμήλιος παννυχὶς τὴν οἰκίαν
κατέλαμπεν, ἡ Χαρίκλεια δὲ χωρισθεῖσα μόνη τῶν ἄλλων
ἐπὶ τὸ σύνηθες ἔρχεται δωμάτιον καὶ τὰς θύρας εἰς τὸ
ἀσφαλὲς ἐπικλεισαμένη πρὸς οὐδενός τε ὀχλεῖσθαι πιστεύουσα
βάκχιόν τι οἰστρηθεῖσα τάς τε κόμας ἀφειδῶς
λύεται καὶ θοιμάτιον περιρρηξαμένη «Φέρε» ἔφη «καὶ
ἡμεῖς δαίμονι τῷ εἰληχότι χορεύσωμεν κατὰ τὸν ἐκείνου
τρόπον· ᾄσωμεν αὐτῷ θρήνους καὶ γόους ὑπορχησώμεθα
ζόφος δὲ ἐπιχείσθω καὶ νὺξ ἀλαμπὴς ἡγείσθω τῶν δρωμένων,
τοῦδε τοῦ λύχνου τῇ γῇ προσαραχθέντος. Οἵας
γὰρ δὴ καὶ ἐφ´ ἡμῖν τὰς παστάδας ἐπήξατο· οἷον τὸν
θάλαμον ἀνέδειξε· μόνην μὲν ἔχει με καὶ ἀνύμφευτον, τοῦ
δὲ μέχρις ὀνόματος νυμφίου Θεαγένους, οἴμοι, χηρεύει.
Κνήμων γαμεῖ, Θεαγένης δὲ ἀλητεύει καὶ ταῦτα αἰχμάλωτος
ἢ τάχα καὶ δέσμιος· καὶ ταῦτα ἂν εἴη τὰ εὐτυχέστερα,
σῴζοιτο μόνον. Ναυσίκλεια νυμφεύεται κἀμοῦ διέζευκται ἡ
μέχρι τῆς παρελθούσης ὁμόκοιτος, Χαρίκλεια δὲ μόνη καὶ
ἔρημος. Καὶ οὐ τῶν ἐπ´ ἐκείνοις ἡμῖν μέμψις, ὦ τύχη
καὶ δαίμονες, ἀλλὰ καὶ πράττοιεν κατὰ γνώμην, τῶν δὲ
καθ´ ἡμᾶς ὅτι μὴ τούτοις ἡμῖν ἐξ ἴσου κέχρησθε. Οὕτω τὸ
δρᾶμα τὸ περὶ ἡμᾶς εἰς ἄπειρον ἐμηκύνατε καὶ πᾶσαν
λοιπὸν σκηνὴν ὑπερφθέγγεται. Ἀλλὰ τί ταῦτα ἀωρὶ θεηλατοῦμαι;
τελείσθω καὶ τὰ ἑξῆς ὅπη τοῖς θεοῖς φίλον.
Ἀλλ´ ὦ Θεάγενες, ὦ μόνη μοι γλυκεῖα φροντίς, εἰ μὲν
τέθνηκας καὶ τοῦτο πεισθείην ὃ μήποτε γνοίην, τότε μέν
σοι συνεῖναι οὐχ ὑπερθήσομαι· τὸ παρὸν δέ σοι τάσδε ἐπιφέρω
χοάς», καὶ ἅμα ἔτιλλε τὰς τρίχας καὶ ἐπὶ κλίνην
ἐπέβαλλε, «καὶ τάσδε ἀποχέω τὰς σπονδὰς ἐκ τῶν σοι
φίλων ὀφθαλμῶν», καὶ αὐτίκα διάβροχος ἦν ἡ στρωμνὴ τοῖς
δάκρυσιν. «Εἰ δέ μοι περισῴζῃ καλῶς γε ποιῶν, δεῦρο καὶ
συνανάπαυσαι φίλος, ὄναρ γοῦν ὀφθείς· φείδου δὲ καὶ τότε,
ὦ ´γαθέ, καὶ φύλαττε νομίμῳ γάμῳ τὴν σὴν παρθένον· ἰδού
σε καὶ περιπτύσσομαι, παρεῖναι καὶ ὁρᾶν ὑποτιθεμένη.»
| [6,8] Nausiclès repartit : « Chariclée puisse-t-elle obtenir
ce qu'elle désire, et puissent les dieux, comme elle
le demande, être avec elle dans sa route; puisse-t-elle
retrouver ceux qui lui sont chers, car sa volonté est
courageuse et avisé son esprit. Quant à toi, Cnémon
même si tu ne ramènes pas Thisbé à Athènes, ne te
désole pas, car tu as avec toi le responsable de son enlèvement
et de sa fuite d'Athènes : le marchand de Naucratis,
l'amant de Thisbé, c'est moi. Ne te lamente pas
non plus sur ta pauvreté, comme si tu devais t'attendre
à mendier ton pain. Si tu le désires — et j'y souscris
d'avance — je puis t'emmener là-bas où tu ne manqueras
pas d'argent, et où tu retrouveras ta maison et ta
patrie, mais si tu veux te marier, je te donne ma fille
que voici, Nausiclée, en lui assurant une très belle dot;
ton apport, à toi, m'a paru très suffisant depuis que je
sais quelles sont ta famille, ta maison et ta race. » En
entendant cette offre, Cnémon n'eut pas un instant
d'hésitation; voyant que l'objet de ses prières et de
ses désirs, ce qu'il croyait irréalisable, lui était accordé,
au delà de tous ses voeux, et contre toute attente, il
s'écria : « J'accepte avec joie ce que tu m'offres»; et, en
même temps, il tendit la main droite : Nausiclès y mit
celle de sa fille et les déclara solennellement unis; puis
il invita toute la maisonnée à chanter le chant d'hyménée
et ouvrit lui-même les danses, transformant notre
banquet en un repas de noces improvisé. Tout le monde
se mit à danser et à fêter par leurs chants d'hyménée ce
mariage impromptu, et les flambeaux des noces, toute la
nuit, illuminèrent la maison. Mais Chariclée, toute seule,
loin des autres, se retira dans sa chambre habituelle; là,
elle verrouilla solidement les portes pour être sûre de
ne pas être dérangée et s'abandonna à des transports
furieux, s'arrachant les cheveux à poignée et déchirant
ses vêtements : « Eh bien, disait-elle, nous aussi dansons
en l'honneur de la divinité mauvaise qui est notre lot,
de la façon qui lui plaît; chantons-lui des chants de mort,
dansons pour elle la danse des pleurs, que les ténèbres
m'enveloppent, qu'une nuit obscure règne sur cette
fête, et d'abord brisons cette lampe contre le sol. C est
donc là le lit de noces qu'elle a préparé pour nous? La
chambre qu'elle m'a réservée ? En tout cas j'y suis seule,
sans fiancé, et, Théagène, mon mari seulement de nom,
en est, hélas, absent! Cnémon se marie, tandis que Théagène
est errant, prisonnier, peut-être même enchaîné.
Et encore cela serait le mieux qui pût arriver, pourvu
qu'il soit vivant! Nausiclée est mariée, et elle est maintenant
loin de moi, elle qui, jusqu'à hier, partageait
ma chambre; Chariclée, elle, est seule, et abandonnée.
Certes, je ne vous reproche pas ce que vous faites pour
eux, Fortune, et vous, divinités — qu'ils soient aussi
heureux qu'ils le souhaitent! — ce que je vous reproche,
c'est mon propre sort, et de ne pas me traiter comme
vous les traitez, eux. Vous allongez sans fin les aventures
où nous sommes entraînés, et qui surpassent tout
ce que l'on entend au théâtre. Mais pourquoi adresser
aux dieux ces plaintes inopportunes ? Que tout s'accomplisse
à l'avenir selon leur volonté. O, Théagène, ô
mon seul, mon doux souci, si tu es mort et que je l'apprenne
— puissé-je ne jamais le savoir! — alors, je
ne tarderai pas à te rejoindre; pour le moment, voici
les offrandes funèbres que je t'offre », et, tout en parlant,
elle s'arrachait des cheveux et les posait sur son
lit; « et voici les libations en ton honneur, que répandent
ces yeux que tu aimes », et, aussitôt, son lit était humide
de larmes. « Mais, si tu es vivant, par bonheur, viens
ici reposer près de moi, mon chéri, et m'apparaître
en rêve; mais respecte-moi, même alors, ô mon ami,
garde jusqu'au jour de notre vrai mariage la vierge
qui t'appartient. Ah, voici que tu es dans mes bras, tu
es là, il me semble te voir! »
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