HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

HÉLIODORE, Théagène et Chariclée, livre VI

Chapitre 7

  Chapitre 7

[6,7] Μικρὸν δὴ ἐφησυχάσας τοῖς εἰρημένοις Καλάσιρις « Ναυσίκλεις» ἔφη, «σοὶ μὲν ἐπ´ αἰσίοις ἔκπλους στέλλοιτο καὶ Ἑρμῆς μὲν Κερδῷος Ποσειδῶν δὲ Ἀσφάλειος συνέμποροι καὶ πομποὶ γίνοιντο πᾶν μὲν ἐπὶ πέλαγος εὔρουν καὶ εὐήνεμον παραπέμποντες πάντα δὲ ὅρμον εὐλίμενον καὶ πᾶσαν πόλιν εὐπρόσοδον καὶ φιλέμπορον ἀποφαίνοντες, οὕτως ἡμᾶς καὶ παρόντας περιέποντι καὶ ἀπιέναι βουλομένους πέμποντι καὶ τοὺς ξενίους τε καὶ φιλίους θεσμοὺς ἀκριβοῦντι. Ἀλλ´ ἡμῖν ἀλγεινὸν μὲν ἴσως τὸ χωρίζεσθαι σοῦ τε καὶ οἰκίας τῆς σῆς ἣν ἰδίαν ἡμῶν ἡγεῖσθαι παρεσκεύασας, ἀναγκαῖον δὲ καὶ ἀπαραίτητον τῆς τῶν φιλτάτων ἀνευρέσεως παντοίως ἀντιλαμβάνεσθαι. Ἐμοὶ μὲν οὕτω καὶ Χαρικλείᾳ ταύτῃ, Κνήμωνι δὲ τίς ποτε γνώμη καὶ εἴτε συναλητεύειν ἡμῖν καὶ χαρίζεσθαι ἕτοιμος, εἴτε ἄλλῃ πη διέγνωκεν, αὐτὸς ἂν λέγοι παρώνΒουλόμενος δὴ Κνήμων πρὸς ταῦτα ἀποκρίνεσθαι καὶ μέλλων τι ἤδη καὶ φθέγγεσθαι ἔλυξέ τε αἰφνίδιον καὶ ἀθρόον αὐτῷ δάκρυ θερμὸν προχυθὲν ἐπεστόμιζε τὴν γλῶτταν ἕως ὀψέ ποτε τὸ πνεῦμα συλλεξάμενος καὶ ἐπιστενάξας « πάσης» ἔφη «τροπῆς ἀνάμεστον καὶ ἀσταθμητότατον τύχης ἀνθρωπίνης κίνημα· ὅσην παλίρροιαν κακῶν ἐπί τε ἄλλων δὴ πολλῶν πολλάκις καὶ κατ´ ἐμοῦ πεφιλοτίμησαι. Γένους με καὶ οἰκίας πατρῴας ἐστέρησας, πατρίδος καὶ πόλεως τῆς τῶν φιλτάτων ἐξένωσας, Αἰγυπτίᾳ με γῇ πολλὰ τὰ μεταξὺ σιωπῶντα προσώκειλας, λῃσταῖς βουκόλοις παρέδωκας, μικράν τινα χρηστὴν ἐλπίδα ὑπέφηνας ἀνδρῶν συντυχίαν δυστυχῶν μὲν καὶ τούτων πλὴν ἀλλ´ Ἑλλήνων πρυτανεύσασα, μεθ´ ὧν τὸ λειπόμενον τοῦ χρόνου βιώσεσθαι ἤλπιζον, καὶ ταύτην ὡς ἔοικεν ὑποτέμνῃ τὴν παραμυθίαν. Ποῖ γὰρ τράπωμαι; τί δέ με καὶ χρὴ πράττειν; καταλίπω Χαρίκλειαν οὔπω Θεαγένην ἀνευρηκυῖαν; ἀλλὰ δεινόν, γῆ, καὶ ἀθέμιτον· ἀλλ´ ἕπεσθαί με χρὴ καὶ συναναζητεῖν; εἰ μὲν ἐπὶ προδήλῳ τῇ εὑρέσει, καλὸν τὸ μοχθεῖν ἐπ´ ἐλπίδι τοῦ κατορθώσειν· εἰ δὲ ἄδηλον τὸ μέλλον καὶ πλέον τὸ δυσχερές, ἄδηλον ποῖ ποτε καὶ στήσεταί μοι τὰ τῆς ἄλης. Τί δὲ οὐχὶ συγγνώμην παρ´ ὑμῶν τε καὶ θεῶν φιλίων αἰτήσας νῦν γοῦν ποτε τῆς ἐπὶ τὴν πατρίδα καὶ τὸ γένος ἐπανόδου μνησθήσομαι, καιροῦ καὶ ταῦτα εἰς καλὸν ἔκ του θεῶν ὡς ἔοικε παραπεπτωκότος καὶ τουτουὶ Ναυσικλέους, ὡς ἔφη, εἰς Ἕλληνας ἀφήσειν μέλλοντος, μὴ δή μοί τι καὶ τοῦ πατρὸς ἐν τούτῳ παθόντος ἔρημος εἰς τὸ παντελὲς διαδόχου καὶ ἄκληρος οἶκος ἀπολειφθείη; καὶ γὰρ καὶ εἰ πένεσθαι μέλλοιμι, σῴζεσθαι γοῦν τι λείψανον δι´ ἐμοῦ τῷ γένει καλὸν καὶ αὔταρκες. Ἀλλ´ Χαρίκλεια, σοὶ γὰρ προηγουμένως ἀπολογοῦμαι, καὶ συγγνώμην αἰτῶ καὶ δέομαι δός· ἄχρι μὲν τῶν βουκόλων ἕψομαι μικρὸν ἐπιμεῖναι Ναυσικλέα κἂν σφόδρα ἐπείγηται παρακαλέσας, εἴ πώς σε Θεαγένει παρὼν ἐγχειρίσας χρηστὸς μὲν παρακαταθήκης φύλαξ ἀποδειχθείην ἐπὶ χρησταῖς δὲ καὶ αὐτὸς ταῖς μελλούσαις ἐλπίσι μετὰ ἀγαθοῦ τοῦ συνειδότος χωριζοίμην· εἰ δὲ ἀποτύχοιμεν, μὴ γένοιτο, καὶ οὕτω συγγνωστὸς οὔτοι γε δὴ μόνην σε οὐδὲ τότε καταλιπὼν ἀλλ´ ἀγαθόν σοι φύλακα καὶ πατέρα Καλάσιριν τουτονὶ παρακαταστήσας δὲ Χαρίκλεια τόν τε Κνήμωνα ἐκ πολλῶν ἤδη συμβάλλουσα τοῦ Ναυσικλέους ἐπὶ τὸ θυγάτριον ἐπτοημένον, ὀξὺς γὰρ ἐρῶν φωράσαι τὸν ἀπὸ τῶν ἴσων παθῶν κεκρατημένον, καὶ τὸν Ναυσικλέα πρὸς τῶν ὑπ´ αὐτοῦ λεχθέντων συνεῖσα ὡς ἀσμένῳ γένοιτο ἂν τὸ κῆδος καὶ πάλαι τοῦτο πραγματεύεται καὶ τὸν Κνήμωνα ἐμπορεύεται ποικίλως ἐφελκόμενος καὶ ἅμα οὐδὲ εὐπρεπῆ λοιπὸν τῆς ὁδοῦ κοινωνὸν οὐδὲ ἀνύποπτον ἡγουμένη τὸν Κνήμωνα «Ὡς δὴ σοὶ φίλον» ἔφη, «τῆς μὲν ἐπὶ τοῖς προϋπηργμένοις παρὰ σοῦ χρηστοῖς εἰς ἡμᾶς χάριτος κεχρεωστημένης καὶ ὁμολογουμένης, ἐπὶ δὲ τοῖς λειπομένοις οὐ πάντως ἐπούσης ἀνάγκης τὰ ἡμέτερα ἐκφροντίζειν οὐδὲ ἀλλοτρίαις τύχαις καὶ ἄκοντα συναποκινδυνεύειν. Ἀλλὰ σὺ μὲν Ἀθήνας τε τὰς σὰς καὶ γένος καὶ οἶκον τὸν σὸν κομίσαιο, Ναυσικλέα τουτονὶ καὶ τὴν δι´ αὐτοῦ παραπεσοῦσαν, ὡς φής, πρόφασιν μηδαμῶς παρωσάμενος· ἐγὼ δὲ καὶ Καλάσιρις πρὸς τὰ συμπίπτοντα μαχεσόμεθα ἕως ἂν τὸ τέλος τῆς πλάνης εὕρωμεν, εἰ καὶ ἀνθρώπων μηδεὶς συνεφάπτοιτο, θεοὺς συνεμπόρους ἔχειν καταπιστεύοντες[6,7] Après avoir considéré en silence, pendant un moment, ce qu'avait dit Nausiclès, Calasiris répondit : "Nausiclès, puisse ton voyage avoir lieu sous d'heureux auspices; qu'Hermès aux Gains et Poséidon Tutélaire t'accompagnent et te guident; qu'ils te donnent mer libre et bon vent, chaque fois bon mouillage, villes aisément accessibles et accueillantes aux marchands car tu nous as, pendant notre séjour, entouré de tant dé soins, tant tu mets, au moment où nous désirons partir d'amabilité à préparer notre départ et tant tu observes avec scrupule les lois de l'hospitalité et de l'amitié. Nous avons, sans doute, du chagrin à l'idée de te quitter, toi et ta maison, que tu avais réussi à nous faire considérer comme la nôtre, mais il est nécessaire, indispensable que nous entreprenions, par tous les moyens, de retrouver ceux que nous aimons par-dessus tout. Il en va ainsi pour Chariclée et pour moi; maintenant, quel est l'avis de Cnémon, est-il prêt à nous suivre dans notre vie errante, par affection pour nous, ou bien a-t-il quelque autre intention, il est là pour le dire lui-même. » Cnémon voulut répondre, et il était sur le point d'ouvrir la bouche pour parler lorsque, tout soudain, il se mit à sangloter et un déluge de larmes tièdes lui paralysa la langue; finalement, il reprit son souffle et dit en gémissant : "O, vicissitudes infinies, mouvement inlassable de la Destinée humaine! Comme tu t'es plue, Fortune, à m'entraîner, sans trêve, moi et d'autres, dans un flux et un reflux de maux! Tu m'as privé de ma famille et de ma maison paternelle, tu m'as chassé de ma patrie et de la ville où j'ai tous ceux que j'aime, tu m'as jeté sur la terre d'Egypte, après bien des aventures dont je ne dis rien, tu m'as livré à des Pasteurs brigands, tu as fait luire pour moi comme un rayon d'espoir en me donnant des compagnons d'infortune; ils étaient, eux aussi, malheureux, mais ils étaient grecs, et j'espérais vivre le reste de ma vie avec eux, et voici que tu m'arraches même cette consolation. Où me tourner? Que dois-je faire? Abandonner Chariclée, alors qu'elle n'a pas encore retrouvé Théagène? Mais c'est affreux, ô Terre! Ce serait criminel! Alors, je dois la suivre et l'accompagner dans ses recherches? Si c'était pour être sûr de trouver, il serait beau de peiner, avec l'espoir de réussir; mais, si l'avenir est incertain, si les difficultés l'emportent, incertain, aussi, est pour moi le moment où je cesserai d'errer. Pourquoi ne pas vous demander votre permission, à vous et aux dieux de l'amitié et songer, aujourd'hui, à revenir dans ma patrie et ma famille, surtout lorsque le ciel, apparemment, me fournit une occasion splendide, et que Nausiclès, comme il vient de le dire, est sur le point de se rendre en Grèce; je ne voudrais pas que mon père, s'il lui arrivait malheur pendant ce temps, soit entièrement privé d'héritier et que ma maison demeure sans maître. Même si je dois rester sans aucune fortune, le fait que, en moi, soit conservé un survivant de notre race serait déjà à soi seul un beau résultat. Mais, Chariclée, c'est à toi surtout que vont mes excuses, à toi que je demande un pardon que je voudrais que tu m'accordes. Je te suivrai jusque chez les Pasteurs, et demanderai à Nausiclès de m'attendre un petit peu, bien qu'il soit très pressé; si je puis, personnellement, te remettre à Théagène, je me serai montré un bon gardien du dépôt que l'on m'a confié, je pourrai te quitter avec un bon espoir pour l'avenir et une bonne conscience; mais si nous échouons — aux dieux ne plaise! — je serai, même alors, excusable, car je ne t'abandonnerai pas seule, mais je te laisserai sous la garde du meilleur des gardiens, ton père Calasiris. » Chariclée, qui avait deviné, à plus d'un signe, que Cnémon était amoureux de la fille de Nausiclès — car quelqu'un qui aime est prompt à reconnaître une victime du même mal, et qui avait aussi compris, d'après les paroles de Nausiclès, que celui-ci serait satisfait de ce mariage, que, depuis longtemps, il y songeait et qu'il s'ingéniait, fort habilement, à amener Cnémon à conclure l'affaire — donc, Chariclée, estimant que Cnémon ne serait pas, pour le reste de leur voyage, un compagnon bien convenable ni absolument sûr, lui dit : « Fais comme tu le désireras; la reconnaissance que nous te devons pour les excellents services que tu nous as rendus reste entière, mais, dorénavant, il n'y a aucune nécessité à ce que tu t'occupes encore de nos affaires et que tu coures, à contre-coeur, des dangers pour notre compte. Toi, va retrouver Athènes ta patrie, ta famille, ta maison; n'abandonne pas Nausiclès ni l'occasion qu'il t'offre, tu le dis toi-même; Calasiris et moi nous lutterons contre les événements jusqu'à ce que nous ayons atteint le terme de nos courses errantes, et si personne au monde ne nous accompagne, nous avons la ferme conviction que les dieux seront avec nous dans notre route. »


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Dernière mise à jour : 28/02/2007