[6,3] Ἐφ´ οἷς ὁ Ναυσικλῆς μυρίας ἔστρεφε βουλὰς νῦν
μὲν ἐξειπεῖν τὰ ἀμφ´ αὐτῷ τε καὶ τῇ Θίσβῃ διανοούμενος
νῦν δὲ εἰσαῦθις ὑπερθέσθαι κρίνων· καὶ τέλος μόγις ἐπέσχε,
τὸ μέν τι αὐτὸς οὕτω δοκιμάζων τὸ δὲ καὶ ὑπὸ συντυχίας
ἑτέρας ἐμποδισθείς. Ἄρτι γὰρ ἑξήκοντά που στάδια διανύσαντες
καὶ ἤδη τῇ κώμῃ καθ´ ἣν ὁ Μιτράνης διῆγε πλησιάζοντες
γνωρίμῳ τινὶ τῶν Ναυσικλέους ἐντυγχάνουσι
καὶ ὅποι προθυμοῖτο οὕτως ἐσπουδασμένως ἀνηρώτων.
Ὁ δὲ «Ὦ Ναυσίκλεις» ἔφη «τὴν ὁρμὴν ἐκπυνθάνῃ
τὴν ἐμὴν ὥσπερ ἀγνοῶν ὅτι μοι τὸ παρὸν πάντα πρὸς ἕνα
σπουδάζεται σκοπόν, ὅπως ἂν Ἰσιάδι τῇ Χεμμίτιδι τὰ
προσταττόμενα ὑπηρετοίμην· ἐκείνῃ γεωργῶ, πάντα ἐκείνῃ
πορίζω, δι´ ἐκείνην ἀγρυπνῶ νύκτα τε καὶ ἡμέραν οὐδὲν
ἀπαγορεύων - ἀλλά μοι ζημία καὶ μόχθος - ὃ ἄν μοι
ἐπιτάττῃ μέγα ἢ μικρὸν Ἰσιὰς ἐκείνη· καὶ νυνὶ δὲ θέω
ὄρνιν τινὰ τοῦτον, ὡς ὁρᾷς, Νειλῶον φοινικόπτερον τῆς
φιλτάτης ἐπίταγμα κομίζων.» «Ὡς εὐγνώμονι» ἔφη
ὁ Ναυσικλῆς «ἐρωμένῃ συμπέπλεξαι καὶ ὡς μικρὰ λίαν
αὐτῆς τὰ ἐπιτάγματα, εἴ γε φοινικόπτερον ἀλλ´ οὐκ αὐτόν
σοι τὸν φοίνικα τὸν ἐξ Αἰθιόπων ἢ Ἰνδῶν ὡς ἡμᾶς ἀφικνούμενον
ὄρνιν ἐπέταξεν.» Καὶ ὃς «Ταῦτα μὲν ἐκείνη» ἔφη
«χλεύην ἐμὲ συνήθως καὶ τὰ ἐμὰ πεποίηται. Ἀλλὰ ποῖ δὴ
καὶ ὑμεῖς καὶ ἐπὶ τίνα τὴν χρείαν;»
Ὡς δὲ ὅτι «παρὰ τὸν Μιτράνην ἐσπουδάκαμεν» ἀπεκρίναντο,
«Ἀλλὰ μάτην ὑμῖν» ἔφη «καὶ εἰς κενὸν ἡ σπουδή, Μιτράνου τὰ
νῦν κατὰ χώραν οὐκ ὄντος ἀλλ´ ἐπὶ τοὺς Βήσσαν τὴν κώμην
ἐνοικοῦντας βουκόλους ταύτης τῆς νυκτὸς ἐκστρατεύσαντος,
ὅτι δή τινα νεανίσκον αἰχμάλωτον Ἕλληνα πρὸς
Ὀροονδάτην εἰς τὴν Μέμφιν ἀπεσταλκότος, ὡς ἂν ἐκεῖθεν
οἶμαι βασιλεῖ τῷ μεγάλῳ δῶρον ἀναχθείη, Βησσαεῖς καὶ ὁ
τούτων ἔναγχος ἀποδειχθεὶς ἔξαρχος Θύαμις ἐξ ἐπιδρομῆς
ἑλόντες ἔχουσι.»
| [6,3] En l'écoutant, Nausiclès était partagé entre plusieurs projets;
tantôt il avait l'intention de raconter ses propres aventures
et celles de Thisbé, tantôt il décidait
de remettre la chose à plus tard; finalement, il parvint,
non sans peine, à se retenir de parler, à la fois parce qu'il
jugea que cela valait mieux ainsi et aussi parce qu'il en
fut empêché par un incident. Ils avaient parcouru
environ soixante stades et déjà ils approchaient du village
où vivait Mitranès lorsqu'ils rencontrèrent quelqu'un
que connaissait Nausiclès, à qui ils demandèrent
où il allait si vite. Et l'autre répondit : « Nausiclès, tu
me demandes où je cours, comme si tu ne savais pas
que, pour l'instant, je n'ai pas de plus grande préoccupation
que d'obéir, en tout, aux ordres d'Isias de
Chemmis? C'est pour elle que je laboure, c'est elle que
je fournis de tout, c'est à cause d'elle que je ne ferme
l'oeil ni jour ni nuit, sans jamais rien refuser — tout en
n'en retirant que dépenses et fatigues — de ce que m'impose,
grand ou petit, cette Isias-là. Maintenant, je cours
lui porter l'oiseau que voici, un flamand du Nil, que
ma bien-aimée m'a commandé. — Quelle maîtresse
généreuse que la tienne, dit Nausiclès, comme ses ordres
sont vraiment modérés, puisqu'elle ne t'a demandé qu'un
flamant, et non pas le phénix lui-même, qui vient chez
nous d'Ethiopie ou de l'Inde ! » et lui : « Elle se moque
de moi, dit-il, maintenant comme toujours, et de tout
ce que je fais. Mais où allez-vous, vous-mêmes, et pour
quelle affaire? » Et lorsqu'ils lui répondirent : « Nous
nous dépêchons d'aller chez Mitranès. — Eh bien, ce sera
un voyage inutile, et ce n'est pas la peine de vous presser,
répondit-il; Mitranès est absent pour le moment, il
est parti cette nuit en expédition contre les Pasteurs
qui habitent le village de Bessa, parce qu'il avait envoyé
a Oroondatès, à Memphis, un jeune Grec, qu'il avait
fait prisonnier, et qui, de là, devait, je crois, être offert
en présent au Grand Roi, et les habitants de Bessa, avec
le chef qu'ils viennent de se choisir, un nommé Thyamis,
ont enlevé ce prisonnier et l'ont actuellement en leur pouvoir. »
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