[6,12] Κἀπειδὴ τὰ τῆς ὑποκρίσεως αὐτοῖς διηκρίβωτο,
μικρὰ καὶ ἐπισκώψαντες εἰς ἀλλήλους καὶ ὡς πρέποι τὸ
σχῆμα θάτερος θατέρῳ ἐπιχλευάσαντες τόν τε εἰληχότα
δαίμονα στῆσαι τὰ δεινὰ μέχρι γοῦν τούτων καὶ ἀρκεσθῆναι
παρακαλέσαντες, ἔσπευδον ἐπὶ Βήσσαν τὴν κώμην οὗ τὸν
Θεαγένην καὶ τὸν Θύαμιν εὑρήσειν ἐλπίσαντες ἀπετύγχανον.
Ἄρτι γὰρ τῇ Βήσσῃ περὶ δύσιν ἡλίου πλησιάζοντες
πλῆθός τι κείμενον νεκρῶν ὁρῶσι νεοσφαγῶν, τῶν
μὲν πλειόνων Περσῶν εἶναι τῇ στολῇ τε καὶ καθοπλίσει
γνωριζομένων ὀλίγων δὲ τινῶν ἐγχωρίων· καὶ πολέμου μὲν
εἶναι τὸ δρᾶμα εἴκαζον, τίνων δὲ ἢ πρὸς τίνας ἠπόρουν, ἕως
ἐπιπαριόντες τοὺς νεκροὺς καὶ ἅμα περισκοποῦντες μή
πού τις κεῖται καὶ τῶν οἰκείων - δειλαὶ γὰρ αἱ ψυχαὶ περὶ
τοῖς φιλτάτοις τὰ δεινότερα μαντεύεσθαι - γυναίῳ προστυγχάνουσι
πρεσβυτικῷ, σώματι τῶν ἐγχωρίων προσπεφυκότι
καὶ παντοίους ἐγείροντι θρήνους. Ἔγνωσαν οὖν
ἐπιχειρεῖν τι παρὰ τῆς πρεσβύτιδος, εἰ οἷόν τε, ἐκμανθάνειν·
καὶ παρακαθισάμενοι πρῶτα μὲν παραμυθεῖσθαί τε καὶ
καταστέλλειν τὸν ἄγαν θρῆνον ἐπειρῶντο· ἔπειτα προσιεμένης,
ὅντινα πενθοίη καὶ τίς ὁ πόλεμος ἠρώτων, τοῦ Καλασίριδος
πρὸς τὸ γύναιον αἰγυπτιάζοντος. Ἡ δὲ ἔλεγεν ἅπαντα
ἐπιτέμνουσα· ἐφ´ υἱῷ μὲν εἶναι κειμένῳ τὸ πένθος καὶ ἐπιτετηδευκέναι
τὴν εἰς τοὺς νεκροὺς ἄφιξιν εἴ πή τις διελάσας
τοῦ ζῆν ἀπαλλάξειε, τέως μέντοι τὰ νομιζόμενα τῷ παιδὶ
ἐκ τῶν ἐνόντων δακρύουσάν τε καὶ θρηνοῦσαν ἐπιφέρειν.
| [6,12] Lorsqu'ils eurent achevé de se déguiser, ils se
plaisantèrent réciproquement en se disant, pour se
taquiner, à quel point le personnage qu'ils jouaient leur
allait bien, à l'un et à l'autre et supplièrent le démon
entre les mains duquel était placé leur sort, de limiter
leurs épreuves à ceci et de s'en contentera. Après quoi
ils se dirigèrent, sans plus tarder, vers le village de Bessa,
où ils espéraient trouver Théagène et Thyamis. Mais
ils devaient être déçus. Comme ils approchaient en effet
de cessa vers le coucher du soleil, ils virent sur le sol un
grand nombre d'hommes récemment égorgés, dans la
plupart desquels ils reconnurent des Perses à leur costume
et à leur armement, et aussi un petit nombre d'indigènes.
Ils supposèrent que c'était là le résultat de quelque
rencontre belliqueuse, mais quels avaient été les combattants,
ils l'ignoraient. Ils se mirent à aller d'un
cadavre à l'autre, tout en examinant s'il n'y avait pas
là quelqu'un de leur connaissance — car les âmes sont
promptes à imaginer le pire à propos de ceux qu'elles
aiment — et, ce faisant, ils rencontrèrent une petite
vieille qui tenait embrassé l'un des cadavres en costume
indigène et poussait des lamentations de toutes sortes.
Ils eurent l'idée d'essayer de tirer quelque chose de la
vieille, si possible, et, pour cela, s'installèrent près d'elle
et tentèrent de la consoler et d'apaiser son grand chagrin.
Puis, comme elle se laissait faire, Calasiris lui
demanda en égyptien qui elle pleurait et quel était ce
combat. Et elle leur raconta tout brièvement : celui
qu'elle pleurait était son fils, qui était tué; elle avait fait
exprès de venir parmi les cadavres pour être attaquée et
délivrée de la vie; en attendant, elle rendait les derniers
devoirs à son fils comme elle le pouvait, avec des larmes
et des lamentations.
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