[4,8] Ἐπῄνει ταῦτα καὶ ἧκε φέρων οὐ μετὰ πολὺ
τὴν ταινίαν· ἐνδοῦναι δή μοι σχολὴν πρὸς αὐτὸν εἰπών,
ὡς εἶχον πειθόμενον ἐλθών τε οὗ κατηγόμην οὐδὲ ὅσον
ἐλάχιστον ὑπερθέμενος ἐπελεγόμην τὴν ταινίαν γράμμασιν
Αἰθιοπικοῖς οὐ δημοτικοῖς ἀλλὰ βασιλικοῖς ἐστιγμένην,
ἃ δὴ τοῖς Αἰγυπτίων ἱερατικοῖς καλουμένοις
ὡμοίωται· καὶ ἐπερχόμενος τοιάδε ηὕρισκον τὸ γράμμα
διηγούμενον. »Περσίννα Βασίλισσα Αἰθιόπων τῇ ὅ τι
δὴ κληθησομένῃ καὶ μέχρι μόνων ὠδίνων θυγατρὶ δῶρον
ἔσχατον χαράττω τόνδε τὸν ἔγγραφον θρῆνον.«
Ἐπάγην, ὦ Κνήμων, ὡς τοῦ Περσίννης ὀνόματος ἤκουσα, τὰ
δὲ ἑξῆς ὅμως ἐπελεγόμην ὄντα τοιάδε· »Ὡς μὲν
οὐδὲν ἀδικοῦσα, παιδίον, οὕτω σε γενομένην ἐξεθέμην
οὐδὲ πατέρα τὸν σὸν Ὑδάσπην τὴν σὴν θέαν ἀπεκρυψάμην,
ἐπικεκλήσθω μάρτυς ὁ γενεάρχης ἡμῶν Ἥλιος·
ἀλλ´ ὅμως ἀπολογοῦμαι πρός τε σέ ποτε, θύγατερ, εἰ
περισωθείης, πρός τε τὸν ἀναιρησόμενον, εἴ τινά σοι θεὸς
ἐπιστήσειε, πρός τε αὐτὸν ὅλον τὸν τῶν ἀνθρώπων βίον,
ἀνακαλύπτουσα τὴν αἰτίαν τῆς ἐκθέσεως. Ἡμῖν πρόγονοι
θεῶν μὲν Ἥλιός τε καὶ Διόνυσος ἡρώων δὲ Περσεύς
τε καὶ Ἀνδρομέδα καὶ Μέμνων ἐπὶ τούτοις. Οἱ δὴ
τὰς βασιλείους αὐλὰς κατὰ καιροὺς ἱδρυσάμενοι ταῖς ἀπὸ
τούτων γραφαῖς ἐκόσμησαν· τὰς μὲν δὴ τῶν ἄλλων εἰκόνας
τε καὶ πράξεις ἀνδρῶσί τε καὶ περιδρόμοις ἐνέγραφον,
τοὺς δὲ θαλάμους τοῖς Ἀνδρομέδας τε καὶ Περσέως ἔρωσιν ἐποίκιλλον.
Ἐνταῦθά ποτε ἡμᾶς, δεκάτου παρήκοντος
ἔτους ἐξ οὗ με γαμετὴν Ὑδάσπης ἐγνώρισεν οὔπω τε
παίδων ἡμῖν γεγονότων, ἠρεμεῖν τὸ μεσημβρινὸν συνέβαινεν
ὕπνου θερινοῦ κατακλίναντος, καί μοι προσωμίλει τότε
ὁ πατὴρ ὁ σός, ὄναρ αὐτῷ τοῦτο κελεύειν ἐπομνύμενος,
ᾐσθόμην δὲ παραχρῆμα κυοφορήσασα τὴν καταβολήν.
Ὁ μὲν δὴ μέχρι τοῦ τόκου χρόνος ἑορτὴ πάνδημος
ἦν καὶ χαριστήριοι θυσίαι τοῖς θεοῖς ὡς τοῦ βασιλέως
διάδοχον τοῦ γένους ἐλπίζοντος· ἐπειδὴ δέ σε λευκὴν
ἀπέτεκον, ἀπρόσφυλον Αἰθιόπων χροιὰν ἀπαυγάζουσαν,
ἐγὼ μὲν τὴν αἰτίαν ἐγνώριζον ὅτι μοι παρὰ τὴν ὁμιλίαν
τὴν πρὸς τὸν ἄνδρα προσβλέψαι τὴν Ἀνδρομέδαν ἡ γραφὴ
παρασχοῦσα καὶ πανταχόθεν ἐπιδείξασα γυμνὴν, ἄρτι
γὰρ αὐτὴν ἀπὸ τῶν πετρῶν ὁ Περσεὺς κατῆγεν, ὁμοιοειδὲς
ἐκείνῃ τὸ σπαρὲν οὐκ εὐτυχῶς ἐμόρφωσεν. Ἔγνων
οὖν ἐμαυτήν τε ἀπαλλάξαι τοῦ μετ´ αἰσχύνης θανάτου,
πεπεισμένη τὴν σὴν χροιὰν μοιχείαν ἐμοὶ προσάψουσαν
(οὐ γὰρ πιστεύσειν οὐδένα λεγούσῃ τὴν περιπέτειαν) καὶ
σοὶ τὸ ἐκ τῆς τύχης ἀμφίβολον χαρίσασθαι θανάτου προδήλου
ἢ πάντως ὀνόματος νόθου προτιμότερον· γενομένην
τέ σε τεθνάναι παραχρῆμα πρὸς τὸν ἄνδρα πλασαμένη
λάθρα καὶ ἀπορρήτως ἐξεθέμην, ὅσον πλεῖστον ἠδυνάμην
πλοῦτον τῷ περισῴζοντι μισθὸν συνεκθεμένη ἄλλοις τέ σε
κοσμήσασα καὶ ταινίᾳ τῇδε, {καὶ} ἐλεεινῷ διηγήματι τῷ
σῷ τε κἀμαυτῆς, ἐνειλήσασα, ἣν ἀπὸ δακρύων τῶν ἐπὶ σοὶ
καὶ αἵματος ἐχάραττον ὁμοῦ πρωτοτόκος καὶ πολύθρηνος
γενομένη. Ἀλλ´ ὦ γλυκεῖα καὶ μέχρις ὥρας θύγατερ,
ὅπως εἰ περιγένοιο μεμνήσῃ τῆς εὐγενείας τιμῶσα
σωφροσύνην, ἣ δὴ μόνη γυναικείαν ἀρετὴν χαρακτηρίζει,
καὶ φρόνημα βασίλειον καὶ πρὸς τοὺς φύντας ἀναφέρον
ἀσκοῦσα· μεμνήσῃ δὲ πρὸ πάντων τῶν συνεκτεθέντων σοι
κειμηλίων δακτύλιόν τινα ἐπιζητεῖν καὶ σεαυτῇ περιποιεῖν,
ὃν πατὴρ ὁ σὸς ἐμοὶ παρὰ τὴν μνηστείαν ἐδωρήσατο
βασιλείῳ μὲν συμβόλῳ τὸν κύκλον ἀνάγραπτον λίθῳ
δὲ παντάρβῃ καὶ ἀπορρήτῳ δυνάμει τὴν σφενδόνην καθιερωμένον.
Ταῦτά σοι διείλεγμαι τὸ γράμμα διάκονον
εὑραμένη, τὰς ἐμψύχους καὶ ἐν ὀφθαλμοῖς ὁμιλίας τοῦ
δαίμονος στερήσαντος, τάχα μὲν κωφὰ καὶ ἀνήνυτα τάχα
δὲ καὶ εἰς ὄφελός ποτε ἥξοντα, τὸ γὰρ ἄδηλον τῆς τύχης
ἀνθρώποις ἄγνωστον· καὶ ἔσται σοι τὰ τῆς γραφῆς, ὦ
μάτην ὡραία καὶ ἔγκλημα τὸ κάλλος ἐμοὶ προσάψασα, εἰ
μὲν περισωθείης, γνωρίσματα, εἰ δ´ ὅπερ καὶ ἀκοὴν λάθοι
τὴν ἐμήν, ἐπιτύμβια καὶ μητρὸς ἐπικήδεια δάκρυα.«
| [4,8] Il accepta et revint bientôt avec la bandelette; je
lui demandai de me laisser du temps. Il y consentit et,
aussitôt, je rentrai chez moi, sans m'attarder un instant,
et je déchiffrai l'inscription de la bandelette, qui était
écrite en caractères éthiopiens, non pas avec l'écriture
vulgaire, mais avec l'écriture royale, qui est semblable a
celle que l'on appelle en Egypte l'écriture hiéroglyphique.
Et, poursuivant ma lecture, voici l'histoire que
je trouvai racontée dans ce texte :
« Moi, Persinna, Reine d'Ethiopie, à celle qui n'a pas
encore de nom et qui ne sera ma fille que par les douleurs
de l'enfantement, je dédie comme un présent ultime, le
douloureux récit que j'inscris ici-même. » Je fus saisi
de stupeur, Cnémon, en lisant le nom de Persinna, mais
n'en continuai pas moins ma lecture :
« Ce n'est pas que je sois coupable, petite fille, si je
t'expose ainsi à ta naissance et si je te dissimule même à
la vue de ton père Hydaspe; j'en invoque ici le témoignage
du Soleil, l'ancêtre de notre famille. Cependant, je
dois me justifier devant toi, ma fille, si tu survis, devant
celui qui te recueillera, si la divinité t'envoie un sauveur,
et devant toute la race des hommes, en révélant les
raisons de cet abandon. Nous avons pour ancêtres,
parmi les dieux, le Soleil et Dionysos, et parmi les héros,
Persée et Andromède, ainsi que Memnon. Ceux qui
ont, de loin en loin, contribué à l'édification du palais
royal l'ont orné de tableaux inspirés par l'histoire de
ces ancêtres; on a peint dans les appartements des
hommes et sous les portiques leurs images et leurs exploits
à tous, mais les chambres ont été décorées avec les
amours d'Andromède et de Persée. C'est là, un jour, dix
ans après notre mariage, à Hydaspe et à moi, dix ans
écoulés sans que nous ayons eu d'enfant, c'est là qu'un
jour nous faisions la sieste, endormis dans la chaleur
de l'été; ton père, ce jour-là, s'approcha de moi, me
jurant qu'il le faisait sur l'ordre d'un songe qu'il venait
d'avoir et, aussitôt, je sentis que je commençai d'être enceinte.
Tout le temps qui s'écoula jusqu'à ta naissance se
passa en fêtes publiques et sacrifices d'action de grâces
aux dieux car le roi espérait avoir un héritier pour perpétuer
sa race. Mais lorsque je t'eus mise au monde et
que tu étais blanche, et que ton teint avait une couleur
qui n'était pas celle de la nation éthiopienne, j'en compris
tout de suite la raison : pendant mon union avec mon
mari, j'avais sous les yeux le tableau représentant Andromède,
complètement nue, au moment où Persée la fait
descendre du rocher, et, par une mauvaise chance, le
germe avait pris la forme d'Andromède. Je décidai
alors de me soustraire à une mort infamante, sachant
bien que la couleur de ta peau me ferait accuser d'adultère
(car personne ne me croirait, si je racontais mon
aventure), et toi, de t'abandonner à la Fortune et à ses
risques, mais qui étaient préférables à une mort assurée
ou, tout au moins, à la condition de bâtarde. Je racontai
à mon mari que tu étais morte dès ta naissance et je te
fis exposer en secret, dans le plus grand mystère, déposant
avec toi pour récompenser qui te sauverait tous les
trésors que je pus; je te parai et te mis, notamment
cette bande, pitoyable récit de ton histoire et de la mienne
que j'ai écrit avec les larmes que j'ai répandues sur toi
et le sang d'une mère à qui son premier enfant a coûté
bien des peines. Mais, ma douce enfant, toi qui ne fus
ma fille qu'une heure, si tu survis, souviens-toi de ta
noblesse et sois vertueuse : c'est là la seule qualité qui
fait le mérite d'une femme; fais-toi une âme royale,
digne de ceux qui t'ont mise au monde; et prends soin
de rechercher, parmi tous les objets qui ont été exposés
avec toi, une bague que tu conserveras avec soin pour
toi-même; c'est ton père qui me l'a donnée au moment
de nos fiançailles; l'insigne royal est gravé autour et le
chaton est orné d'une pierre de pantarbe, qui possède
une vertu secrète. Voilà ce que te dit ce message auquel
je dois avoir recours, puisque la divinité me prive de ta
compagnie vivante, et de ta vue; peut-être restera-t-il
muet, inutile, peut-être te sera-t-il un jour de quelque
utilité, car les desseins de la Fortune sont impénétrables
à l'homme. Ce que j'écris ici, ô toi qui es belle en vain
et dont la beauté ne peut être pour moi qu'un motif
de me soupçonner, sera pour toi, si tu survis, un moyen
de te faire reconnaître, mais s'il arrive ce que je prie le
ciel de toujours ignorer, ce sera là ton épitaphe et tu
auras pour présents funèbres les larmes de ta mère. »
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