HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

HÉLIODORE, Théagène et Chariclée, livre IV

Chapitre 19

  Chapitre 19

[4,19] Οἱ μὲν ταῦτα καὶ ἕτερα ἄττα πρὸς τούτοις ἐπὶ μάρτυσι τοῖς θεοῖς ὡμολόγουν ἀλλήλοις, ἐγὼ δὲ ὡς τὸν Χαρικλέα δρομαῖος ἥκων θορύβου τε πλήρη καὶ ὀδυρμοῦ καταλαμβάνω τὴν οἰκίαν, οἰκετῶν τε ἤδη παρ´ αὐτὸν ἀφιγμένων καὶ τὴν τῆς κόρης ἁρπαγὴν ἐξαγγειλάντων καὶ πολιτῶν εἰς πλῆθος συρρεόντων καὶ τὸν Χαρικλέα θρηνοῦντα περιεστοιχισμένων, ἀγνοίᾳ δὲ τῶν γεγονότων καὶ ἀμηχανίᾳ τῶν πρακτέων συνεχομένων. Ἐμβοήσας δ´ οὖν » δυσδαίμονες« ἔφην »ὑμεῖς δὲ ἐνεοῖς προσεοικότες ἄχρι τίνος ἄναυδοι καὶ ἄπρακτοι καθεδεῖσθε ὥσπερ ἅμα τῷ δυστυχεῖν καὶ τὸ φρονεῖν προσαφῃρημένοι; Οὐκ ἐν ὅπλοις ἤδη ἐπιδιώξετε τοὺς πολεμίους; οὐ καταλήψεσθε καὶ τιμωρήσεσθε τοὺς ἐξυβρικότας;« Καὶ Χαρικλῆς »Περιττὸν μὲν ἴσως« ἔφη »διαμάχεσθαι πρὸς τὰ παρόντα, συνίημι γὰρ ὡς ἐκ θεῶν μήνιδος ταυτηνὶ τίνω τὴν δίκην, ἣν ἐξ οὗπερ εἰς τὸ ἄδυτον ἀωρὶ παρελθὼν εἶδον ὀφθαλμοῖς μὴ θέμις θεός μοι προεῖπεν, ἀνθ´ ὧν οὐ προσηκόντως εἶδον τῆς τῶν φιλτάτων ὄψεως στερήσεσθαι. Ὅμως δὲ οὐδὲν κωλύει καὶ πρὸς δαίμονα, φασί, μάχεσθαι, εἰ καὶ τίνα χρὴ μεταθέειν, εἰ τίς τὸν βαρὺν τοῦτον ἐπενεγκὼν πόλεμον ἐγινώσκομεν.« » Θετταλὸς« ἔφην »καὶ παρὰ σοὶ θαυμαστός, ὃν κἀμοὶ φίλον εἰσεποίεις, Θεαγένης ἐστὶ καὶ οἱ σὺν αὐτῷ μείρακες· οὔκουν εὕροις ἄν τινα τούτων κατὰ τὴν πόλιν οἳ μέχρι τῆσδε τῆς ἑσπέρας ἐπεχωρίαζον, ὥστε ἀνίστασο καὶ εἰς βουλὴν κάλει τὸν δῆμονἘγίνετο ταῦτα καὶ οἵ τε στρατηγοὶ σύγκλητον ἐκκλησίαν ἐκήρυττον σάλπιγγι τὸ κήρυγμα πρὸς τὴν πόλιν ἐπισημαίνοντες καὶ δῆμος αὐτίκα παρῆν καὶ τὸ θέατρον ἐγίνετο νυκτερινὸν βουλευτήριον, τε Χαρικλῆς εἰς μέσους παρελθὼν πρὸς οἰμωγήν τε ἀθρόον ἐκίνει τὸ πλῆθος καὶ μόνον ὀφθείς, ἐσθῆτά {τε} μέλαιναν ἀμπεχόμενος, καὶ κόνιν τοῦ τε προσώπου καὶ τῆς κεφαλῆς καταχεάμενος τοιάδε ἔλεγεν. »Ἴσως μέν, Δελφοί, προσαγγεῖλαί με βουλόμενον ἐμαυτὸν ἥκειν εἰς μέσους καὶ ταύτην συγκεκληκέναι τὴν ἐκκλησίαν ἡγεῖσθε, πρὸς τὴν ὑπερβολὴν τῶν ἐμῶν συμφορῶν ἀφορῶντες· ἔχει δὲ οὐχ οὕτως· πράττω μὲν γὰρ θανάτου καὶ πολλάκις ἀξίως {τὸ δὲ νῦν} ἔρημος καὶ θεήλατος, καὶ μόνη λοιπὸν οἰκία πάντων ἅμα τῶν φιλτάτων κεκενωμένη μοι συνομίλων. Ὅμως δ´ οὖν τε κοινὴ πάντων ἀπάτη καὶ μάταιος ἐλπὶς ἔτι με καρτερεῖν ἀναπείθει, τὴν εὕρεσιν τῆς θυγατρὸς ἐνδεχομένην ὑποτιθεμένη, καὶ ἔτι πλέον πόλις ἣν ἰδεῖν πρότερον τιμωρίαν εἰσπεπραγμένην παρὰ τῶν ἐξυβρισάντων ἀναμένω, εἰ μὴ ἄρα καὶ ὑμῶν τὸ φρόνημα τὸ ἐλεύθερον καὶ τὴν ὑπὲρ τῆς ἐνεγκούσης καὶ θεῶν τῶν πατρῴων ἀγανάκτησιν τὰ Θετταλὰ μειράκια προσαφῄρηται. Τὸ γὰρ δὴ πάντων βαρύτατον ὅτι χορευταὶ παῖδες εὐαρίθμητοι καὶ θεωρίας ὑπηρέται πόλιν οἴχονται τῶν Ἑλληνίδων τὴν πρώτην πατήσαντες καὶ τὸν νεὼν τοῦ Πυθίου τοῦ τιμιωτάτου κτήματος ἀποσυλήσαντες, Χαρικλείας οἴμοι τῶν ἐμῶν ὀφθαλμῶν. τῆς ἀμειλίκτου καθ´ ἡμῶν τοῦ δαίμονος φιλονεικίας· τὴν πρώτην μοι καὶ γνησίαν, ὡς ἴστε, θυγατέρα ταῖς νυμφικαῖς λαμπάσι συναπέσβεσε, τὴν μητέρα μοι τὴν ἐκείνης ἐπὶ νεαρῷ τῷ πάθει συναπήγαγεν, ἐμὲ τῆς ἐνεγκούσης ἐξήλασεν. Ἀλλ´ ἦν πάντα φορητὰ μετὰ τὴν Χαρικλείας εὕρεσιν· Χαρίκλειά μοι βίος ἦν, ἐλπὶς καὶ διαδοχὴ τοῦ γένους, Χαρίκλεια μόνη παραψυχὴ καὶ ὡς εἰπεῖν ἄγκυρα· καὶ ταύτην ὑπετέμετο καὶ παρήνεγκεν τί ποτέ ἐστι τὸ εἰληχός με κλυδώνιον οὐχ ἁπλῶς τοῦτο οὐδ´ ὅτε ἔτυχεν ἀλλὰ, καθ´ ὃν εἴωθε καιρὸν ἀωρὶ καὶ ὠμὰ κατ´ ἐμοῦ κωμάζειν, ἀπ´ αὐτῶν μικροῦ τῶν παστάδων, ἄρτι τῶν γάμων ἅπασιν ὑμῖν προκεκηρυγμένων[4,19] Ils se prêtaient, de la sorte, l'un à l'autre ces serments, et d'autres encore, en prenant les dieux à témoins, et moi, de mon côté, je courus chez Chariclès, où je trouvai la maison remplie de trouble et de gémissements, car les serviteurs étaient déjà venus lui annoncer l'enlèvement de la jeune fille; il y avait aussi, autour de Chariclès gémissant, une foule de citoyens, qui ne savaient pas ce qui s'était passé et se demandaient vainement ce que l'on pouvait faire. Je me mis à crier : « Malheureux, vous avez l'air de gens égarés; jusqu'à quand allez-vous rester assis, sans voix, sans agir, comme si le malheur vous avait enlevé aussi la faculté de penser? Vous n'avez pas encore pris les armes et poursuivi l'ennemi ? N'allez-vous pas arrêter et punir les auteurs de cet acte de violence? » Alors Chariclès : « Peut-être est-il superflu de chercher à lutter contre le malheur présent, car je vois bien que je suis frappé par la colère du dieu qui m'inflige ainsi le châtiment qu'il m'a annoncé le jour où j'étais entré dans le sanctuaire à une heure où je ne le devais pas et où j'avais vu, de mes yeux, ce qu'il ne m'était pas permis de voir; il m'avertit alors que, en punition d'avoir vu ce que je n'aurais pas dû voir, je serais privé de la vue de celle que j'aime le plus au monde. Pourtant, rien n'empêche de lutter, comme on dit, même contre la divinité, si du moins nous savons qui il faut poursuivre et qui a entrepris contre nous cette terrible guerre. — C'est le Thessalien, dis-je, celui que tu trouvais si admirable, et dont tu essayais de faire ton ami; c'est Théagène, avec les garçons qui l'accompagnent; on n'en trouverait plus en ville aucun de ceux qui, jusqu'à hier soir, y demeuraient. Aussi, debout! et appelle le peuple au conseil! » Ainsi fut fait; les stratèges chargèrent les hérauts de convoquer à son de trompe une par toute la ville une assemblée extraordinaire; le peuple se rassembla aussitôt, et le théâtre servit de lieu de séance à une assemblée de nuit. Chariclès s'avança et aussitôt tira des lamentations à toute la foule, rien qu'à se montrer, vêtu de noir, avec de la poussière répandue sur le visage et la tête. Puis il prit la parole, disant : « Peut-être, Delphiens, pensez-vous que je m'avance au milieu de vous pour vous parler de moi-même et que c'est la raison pour laquelle j'ai fait convoquer cette assemblée; vous vous dites cela en voyant l'étendue de la catastrophe qui me frappe; mais vous auriez tort de le penser; ce que je souffre aujourd'hui devrait me faire préférer mille fois la mort; je suis désormais seul, maudit par les dieux, ma maison est maintenant vide, privée en une seule fois de tous les êtres chers qui vivaient avec moi. Et pourtant, un espoir illusoire, dont se bercent tous les hommes, me persuade de continuer à supporter mes maux, en me laissant entrevoir que je puis, peut-être, retrouver ma fille; mais c'est surtout pour notre ville que je le fais : je souhaite voir, avant de mourir, qu'elle tire vengeance de ceux qui nous ont outragés, à moins que ces jeunes Thessaliens ne vous aient en même temps enlevé le sentiment de la liberté et la faculté de ressentir les injures faites à votre patrie et aux dieux de vos pères. Car, ce qui est le plus dur à supporter, c'est que quelques figurants de chœur, que l'on peut compter sur les doigts de la main, des valets de députation sacrée s'en aillent en foulant aux pieds la première ville de la Grèce et dérobant au temple d'Apollon Pythien le plus précieux de ses trésors, Chariclée, hélas! la prunelle de mes yeux! O, acharnement inexorable de la divinité contre moi! Ma première fille, vous le savez, la seule qui fût à moi par sa naissance, s'est éteinte en même temps que les flambeaux de ses noces, entraînant avec elle sa mère dans l'excès de sa douleur et me contraignant, moi, a fuir ma patrie. Mais tout cela était tolérable, depuis que j'avais découvert Chariclée; Chariclée était ma vie, mon espoir, l'héritière de ma race, Chariclée était ma seule consolation, et, en quelque sorte, mon ancre; et cette ancre a été arrachée, emportée par la tempête qui est mon lot; et encore le destin ne s'est-il pas contenté de cela, et ne m'a pas frappé n'importe quand; mais, selon son habitude, il s'est joué de moi de la façon la plus inopportune et la plus cruelle; il m'enlève ma fille presque dans sa chambre de noces alors que l'on venait juste de vous annoncer à tous son prochain mariage. »


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Dernière mise à jour : 15/02/2007