[4,16] Ἐγὼ δὲ τῷ Θεαγένει συντυχών, ποῦ τυγχάνουσιν
ἐπιδημοῦντες οἱ τὴν πομπὴν αὐτῷ πληρώσαντες ἠρώ
των· ὁ δὲ τὰς μὲν κόρας ἔφασκεν ἐξωρμηκέναι τοῦ σχολαίτερον
βαδίζειν ἕνεκεν προαπεσταλμένας, τοὺς δὲ ἐφήβους
οὐδὲ φέρειν ἔτι δι´ ὄχλου γινομένους καὶ πρὸς τὴν
ἐπάνοδον τὴν οἴκαδε συνελαύνοντας. Ἅπερ ὡς ἔγνων,
παρεγγυήσας τά τε ἐκείνοις ῥητέα καὶ αὐτῷ πρακτέα καὶ τὸ
παρ´ ἐμοῦ δοθησόμενον τοῦ καιροῦ καὶ τῆς ὥρας ἐνδόσιμον
ἐπιτηρεῖν ἐπιστείλας τοῦ μὲν ἀπεχώρουν ἐπὶ δὲ τὸν νεὼν τοῦ
Πυθίου τὴν ὁρμὴν ἐποιούμην, τὸν ἅμα τοῖς νέοις δρασμὸν
ὑφηγήσασθαι χρηστηρίῳ τὸν θεὸν ἱκετεύσων. Ἀλλ´ ἦν
ἄρα καὶ νοῦ παντὸς ὀξύτερον τὸ θεῖον καὶ τοῖς κατὰ βούλησιν
αὐτῷ δρωμένοις ἐπίκουρον γίνεται καὶ ἄκλητον εὐμενείᾳ
πολλάκις φθάνον τὴν αἴτησιν· ὡς δὴ καὶ τότε πρὸς τὴν
οὐδέπω γενομένην πεῦσιν ἔφθη τὴν ἀπόκρισιν ὁ Πύθιος
δούς καὶ τοῖς ἔργοις ἐπεσήμαινε τὴν ὑφήγησιν. Ἐσπουδακότα
γάρ με τὰ φροντιζόμενα καὶ παρὰ τὴν πρόμαντιν,
ὡς ἔφην, ἐπειγόμενον ἐπεῖχέ τις βοὴ παριόντα »Σύσπενδε
ὦ ´γαθέ« ξένων καλούντων· ἔθυον δὲ ἄρα σὺν αὐλήμασιν
Ἡρακλεῖ τὴν εὐωχίαν. Ἐπέσχον τὴν ὁρμὴν ὡς τούτων
ᾐσθόμην, οὐδὲ γὰρ ἦν μοι θεμιτὸν ἱερὰν κλῆσιν παραδραμεῖν,
κἀπειδὴ τοῦ λιβανωτοῦ λαβὼν ἀπέθυσα καὶ ὕδατος
ἔσπεισα, θαυμάζουσι μὲν ἐῴκεσαν τὸ πολυτελὲς τῶν
ἐμῶν θυμάτων ὅμως δ´ οὖν καὶ τῆς εὐωχίας συμμετέχειν ἠξίουν.
Ὑπήκουον καὶ πρὸς τοῦτο, καὶ κατακλιθεὶς
ἐπὶ τῆς στιβάδος ἣν μυρρίναι καὶ δάφναι τοῖς ξένοις
ἐστρώκεσαν τῶν τε ἐξ ἔθους ἀπογευσάμενος »Ἀλλ´ ὦ
´γαθοί« πρὸς αὐτοὺς ἔφην »δαιτὸς μὲν ἡδίστης οὐκ ἐνδεὴς
ἀκοῆς δὲ ἔτι τῆς περὶ ὑμῶν ἀμαθής, ὥστε ὥρα λέγειν
ὑμῖν οἵτινες ἢ ὁπόθεν ἐστέ· δημῶδες γὰρ οἶμαι καὶ τῶν
ἀγροικοτέρων σπονδῶν καὶ τραπέζης κοινωνήσαντας μὴ
οὐχὶ καὶ τὴν περὶ ἀλλήλων γνῶσιν ἔχοντας ἀπελθεῖν, φιλίας
ἀρχὴν ἱεροὺς ἅλας ποιησαμένους.« Ἔλεγον δὴ οὖν
εἶναι μὲν Φοίνικες Τύριοι τέχνην δὲ ἔμποροι πλεῖν δὲ ἐπὶ
Καρχηδόνα τὴν Λιβύων, ὁλκάδα μυριοφόρον Ἰνδικῶν τε
καὶ Αἰθιοπικῶν καὶ τῶν ἐκ Φοινίκης ἀγωγίμων φέροντες,
τὸ δὲ παρὸν Ἡρακλεῖ Τυρίῳ τήνδε νικητήριον ἀποθύειν
τὴν εὐωχίαν, τοῦδε τοῦ νεανίου (δείξαντες τὸν προκατακείμενον)
ἀναδησαμένου τὸν ἀπὸ τῶν παλαιστῶν ἐνθαδὶ
στέφανον καὶ νικῶσαν τὴν Τύρον ἐν Ἕλλησιν ἀναγορεύσαντος.
»Οὗτος γάρ, ἐπειδὴ Μαλέαν ὑπερβαλόντες
ἀνέμοις τε ἐναντίοις χρησάμενοι τῇ Κεφαλληναίων προσέσχομεν,
ὄναρ αὐτῷ προμαντεύειν τὴν μέλλουσαν Πυθιονίκην
τὸν πάτριον ἡμῶν τόνδε θεὸν ἐπομνύμενος ἐκτραπῆναί
τε τοῦ προκειμένου πλοῦ καὶ τῇδε κατᾶραι πείσας
ἔργοις ἐπιστώσατο τὴν μαντείαν καλλίνικος ἡμῖν ὁ τέως
ἔμπορος ἀναδειχθείς. Καὶ τήνδε τὴν θυσίαν ἄγει τῷ
θεῷ τῷ φήναντι νικητήριόν τε καὶ χαριστήριον, ἅμα δὲ καὶ
ἐμβατήριον· εἰς ἕω γὰρ ἀφήσειν, ὦ λῷστε, μέλλομεν, εἰ
τὰ ἐκ τῶν ἀνέμων τῇ βουλήσει συμπνεύσειε.« »Μέλλετε
δῆτα ἀληθῶς;« ἔφην. »Ναὶ μέλλομεν« ἀπεκρίναντο.
»Συνέμπορον ἄρα ἕξετέ με βουλόμενοι, πλοῦς γάρ
μοι πρόκειται κατά τι χρέος εἰς Σικελίαν· ἡ δὲ νῆσος, ὡς
ἴστε, παράπλους ὑμῖν ἐπὶ τὴν Λιβύων ἐσπουδακόσιν.«
»Εἰ γὰρ βουληθείης« ἔλεγον »ἀγαθὸν οὐδὲν ἀπεῖναι
νομιοῦμεν ἀνδρὶ σοφῷ τε καὶ Ἕλληνι καὶ ὡς δίδωσιν ἡ
πεῖρα συμβάλλειν τάχα που καὶ θεοῖς κεχαρισμένῳ συνόντες.«
»Βουλήσομαι« πρὸς αὐτοὺς ἔφην »εἰ μίαν
ἐνδοίητε πρὸς παρασκευὴν ἡμέραν.« »Ἕξεις« ἔφασαν
»τὴν αὔριον· μόνον εἰς ἑσπέραν γοῦν ἐπὶ θάλατταν
εἶναι, πολὺ γάρ τι καὶ νύκτες εἰς πλοῦν ἀνύουσιν ἀπογείοις
αὔραις ἀκύμονα τὰ σκάφη παραπέμπουσαι.« Συνετιθέμην
οὕτω ποιήσειν ὅρκῳ πρότερον ὅτι μὴ προαναχθήσονται
τὴν ἐπαγγελίαν πιστωσάμενος.
| [4,16] Quant à moi, j'allai trouver Théagène et je lui
demandai où se trouvaient ceux qui avaient participé à
sa procession; et il me répondit que les jeunes filles
étaient déjà parties, car on les avait envoyées en avant,
parce qu'elles allaient moins vite, mais que les jeunes
gens ne supportaient plus le moindre retard et qu'ils
étaient impatients de rentrer chez eux. Lorsque je
sus tout cela, je lui indiquai ce qu'il devrait leur dire et
ce qu'il aurait lui-même à faire et lui enjoignis de se
préparer à obéir au signal que je lui donnerais, lorsque
le moment opportun serait venu, puis je le quittai et me
rendis au temple d'Apollon pour supplier le dieu de
bien vouloir me conseiller sur la façon dont nous devrions
nous enfuir, les jeunes gens et moi. Mais, apparemment,
la divinité est plus prompte que la pensée et se montre
secourable à qui agit selon sa volonté et souvent, d'elle-même,
devance par sa bonté nos prières; c'est ainsi que
ce jour-là Apollon me répondit avant même que j'eusse
formulé ma demande et me donna ses conseils sous la
forme d'une aventure qui m'arriva. Comme, tout entier
occupé de mes pensées, je me hâtais, ainsi que je le disais,
vers la prophétesse, je fus arrêté dans ma marche par
un appel. C'étaient des étrangers qui me disaient :
« Viens faire les libations avec nous, mon cher! » Ils
étaient en train de préluder, au son des flûtes, à un banquet
en l'honneur d'Héraclès. J'interrompis ma route en
entendant cet appel, car il aurait été impie de ma part
de négliger l'avertissement divin; lorsque j'eus offert
un peu d'encens sur l'autel, et fait une libation d'eau,
ils eurent l'air un peu surpris du peu de générosité de
mes offrandes, mais ils ne m'en prièrent pas moins de
partager leur festin. J'acquiesçai encore à cette demande
et pris place sur le lit de table que l'on avait jonché de
myrte et de laurier pour les hôtes, et acceptai de goûter
aux plats qui constituaient ma nourriture habituelle.
Puis je leur dis : « Eh bien, mes bons amis, la
bonne chère ne manque pas, mais mon oreille ignore
encore tout de vous, aussi est-ce le moment pour vous
de me dire qui vous êtes et de quel pays vous venez.
Car c'est être vulgaire et grossier que de partager les
libations et la table de quelqu'un et de s'en aller sans se
connaître réciproquement, après avoir inauguré une
amitié en communiant avec le sel sacré. » Ils me dirent
alors qu'ils étaient des Phéniciens de Tyr, négociants
de métier, et qu'ils allaient vers Carthage de Libye avec
un cargo plein de marchandises indiennes, éthiopiennes,
et d'autres en provenance de Phénicie. Pour l'instant, ils
célébraient ce banquet en l'honneur d'Héraclès Tyrien
pour fêter la victoire de ce jeune homme (ils me montraient
un garçon installé en face de moi), qui avait
remporté la couronne à la lutte et fait proclamer, parmi
les Grecs, le succès de la ville de Tyr. « Nous avions déjà
doublé le cap Malée et, gênés par des vents contraires,
nous avions dû relâcher à Céphallénie, lorsqu'un rêve
lui annonça qu'il serait vainqueur aux Jeux Pythiques; il
nous le jura au nom de notre dieu national, que nous
honorons ici, et nous décida à nous détourner de notre
route et à faire escale ici. Les faits ont confirmé la
prophétie, et celui qui, jusqu'ici, n'était qu'un marchand
s'es`t révélé un champion victorieux. Il célèbre aujourd'hui
cette cérémonie en l'honneur du dieu qui lui a
annoncé sa victoire, pour le remercier, et en même temps
pour obtenir une heureuse traversée. Car demain à
l'aube, mon cher, nous devons lever l'ancre, si les vents
consentent à souffler comme nous le désirons. — Vous
allez partir, alors, vraiment? Dis-je. — Oui, nous allons
partir, me répondirent-ils. — Alors, si vous le voulez
bien, vous me prendrez avec vous, car une affaire
m'appelle en Sicile, et cette île, comme vous le savez,
se trouve sur votre chemin pour aller en Afrique. — Si
tu le veux toi-même répondirent-ils nous nous croirons
trop heureux d'avoir pour compagnon un sage,
un Grec et, comme nous le laisse entendre ce que nous
avons vu de toi, qui est sans doute aimé des dieux. —
Je le voudrai, leur dis-je, à la condition que vous me
laissiez un jour, un seul, pour mes préparatifs. — Tu
auras, dirent-ils, tout demain; tu n'as qu'à te trouver
au bord de la mer sur le soir, car les nuits sont très
favorables à la navigation, et les brises de terre font faire
du chemin aux bateaux en leur épargnant les vagues.
Je m'y engageai mais commençai par leur faire promettre,
sous serment, de ne pas partir plus tôt.
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