[4,13] Ταῦτα ἐκείνη μὲν ἔλεγε καὶ ποιεῖν ἱκέτευεν,
ἐπισκήπτουσά μοι πολλὰ τὸν ἥλιον, ὅρκον ὃν οὐδενὶ σοφῶν
ὑπερβῆναι θεμιτόν· ἐγὼ δὲ ἥκω τὴν ἐνώμοτον ἱκεσίαν
ἐκτελέσων, οὐ διὰ τοῦτο μὲν τὴν ἐπὶ τάδε σπουδάσας
ἄφιξιν θεῶν δὲ ὑποθήκῃ μέγιστον ἐκ τῆς ἄλης τοῦτο
κερδήσας, ἐκ πολλοῦ τε ὡς οἶσθα προσεδρεύω χρόνου, θεραπείας
μὲν τῆς περί σε καὶ πάλαι τῆς πρεπούσης οὐδὲν
ἀπολιπὼν σιωπῶν δὲ τὰ ὄντα, καιροῦ λαβέσθαι καὶ τὴν
ταινίαν μηχανῇ τινι κομίσασθαι εἰς πίστιν τῶν πρός σε
ῥηθησομένων περιμένων. Ὥστε ἔνεστί σοι πειθομένῃ
δρασμόν τε τὸν ἐνθένδε σὺν ἡμῖν αἱρουμένῃ, πρίν τι καὶ
πρὸς βίαν σε τῶν παρὰ γνώμην ὑποστῆναι, τοῦ Χαρικλέους
ἤδη σοι τὸν Ἀλκαμένους γάμον ἐσπουδακότος, γένος μὲν
καὶ πατρίδα καὶ τοὺς φύντας κομίζεσθαι Θεαγένει δὲ ἀνδρὶ
συνεῖναι γῆς ὅποι καὶ βουλόμεθα συνέπεσθαι παρεσκευασμένῳ,
ξένου τε καὶ ὀθνείου γνήσιον καὶ ἄρχοντα βίον ἀνταλλάξασθαι
σὺν τῷ φιλτάτῳ βασιλεύουσαν, εἴ τι δεῖ θεοῖς
τε τοῖς ἄλλοις καὶ τῷ χρησμῷ τοῦ Πυθίου καταπιστεύειν.«
Καὶ ἅμα ὑπεμίμνησκον τὸν χρησμὸν καὶ ὅ τι βούλοιτο
ἔφραζον· οὐ γὰρ ἠγνόητο τῇ Χαρικλείᾳ παρὰ πολλῶν καὶ
ᾀδόμενος καὶ ζητούμενος. Ἐπάγη πρὸς ταῦτα »Κἀπειδὴ
θεοὺς« εἶπεν »οὕτω βούλεσθαι σύ τε φῂς ἐγώ τε πείθομαι,
τί χρὴ πράττειν ὦ πάτερ;« »Πλάττεσθαι« εἶπον
»ὡς ἐπινεύουσαν τὸν Ἀλκαμένους γάμον.«
Ἡ δὲ »Βαρὺ μὲν« ἔφη »καὶ ἄλλως αἰσχρὸν τὸ καὶ μέχρις
ἐπαγγελίας ἕτερον πρὸ Θεαγένους αἱρεῖσθαι, πλὴν ἀλλ´
ἐπεὶ θεοῖς τε καὶ σοί, πάτερ, ἐμαυτὴν ἐπέτρεψα, τίνα
σκοπὸν ἔχει τὸ πλάσμα καὶ τίνα τρόπον ὥστε μὴ εἰς ἔργον
ἀχθῆναι διαλυθήσεται;« »Γνώσῃ τοῖς ἔργοις« ἔφην·
»τινὰ προαγορευόμενα μὲν γυναιξὶν ἔστιν ὅτε καὶ ὄκνον
ἤνεγκεν ἐπιτελούμενα δὲ ἐκ τοῦ παραχρῆμα θαρραλεώτερον
ἠνύσθη πολλάκις· ἕπου μόνον ταῖς ἐμαῖς ὑποθήκαις τά τε
ἄλλα καὶ τὸ παρὸν τῷ Χαρικλεῖ σύντρεχε τὰ πρὸς τὸν
γάμον, ὡς οὐδὲν ἐκείνου πράξαντος ἄνευ τῆς ἐμῆς ὑφηγήσεως.«
Ὡμολόγει ταῦτα καὶ τὴν μὲν ἀπολείπω δακρύουσαν.
| [4,13] Voilà le récit qu'elle me fit et la prière qu'elle
m'adressa en me suppliant, à plusieurs reprises, au nom
du Soleil, serment qu'il est interdit à aucun sage de
transgresser. Et moi je suis venu ici pour accomplir la mission
que j'avais juré d'accomplir, non que cela ait été la
seule raison de ma venue ici, mais, grâce à la volonté
des dieux, c'est le principal bénéfice que j'aie tiré de
mon voyage : voici déjà longtemps, comme tu le sais,
que je réside ici, et, jamais je ne me suis départi du
respect et des soins que je te dois, depuis longtemps
mais je ne t'ai pas révélé la vérité, car j'attendais l'occasion
favorable pour me procurer cette bandelette, par quelque
stratagème, afin de pouvoir confirmer ce que je te dirais.
Si bien que, si tu me crois et si tu acceptes, il t'est
maintenant permis de t'enfuir d'ici avec nous, avant que
l'on ne t'impose, par contrainte, un parti que tu ne
souhaites pas, car déjà Chariclès est fermement résolu
à te faire épouser Alcamène; tu peux retrouver ton rang,
ta patrie, tes parents, et appartenir à Théagène, qui est
tout prêt à te suivre n'importe où au monde, et tu échangeras
une vie à l'étranger, dans une famille qui n'est pas
la tienne, contre une vie de dame noble et puissante, et
destinée à régner auprès de ton bien-aimé — si, du moins,
il faut avoir foi dans les dieux et dans l'oracle d'Apollon. »
En même temps, je lui rappelai cet oracle et lui en
expliquai le sens; Chariclée n'était pas sans le connaître
déjà, car il avait été répété par beaucoup de gens qui
avaient tenté de l'interpréter. Cette révélation la frappa
de stupeur : « Eh bien, répondit-elle, puisque telle est la
volonté des dieux, selon toi, et comme je le crois moi-même
volontiers, que faut-il faire, mon Père? — Faire
semblant, dis-je, de consentir au mariage avec Alcamène. »
Et elle : « Il m'est pénible, dit-elle, et cela
est d'ailleurs peu honnête, d'accepter, même en ne
faisant que le promettre verbalement, un autre homme
que Théagène, mais, puisque, mon Père, je m'en suis
remise de tout aux dieux et à toi, quel est le but de cette
fiction, et comment nous en tirerons-nous sans être
entraînés jusqu'à la consommation? — Tu le sauras par
les faits eux-mêmes, dis-je; souvent, il arrive que des
femmes, qui ont été averties à l'avance de ce qu'elles
auraient à faire, hésitent à agir, mais qui, lorsque la
nécessité s'en impose à elles à l'improviste, trouvent le courage
d'aller jusqu'au bout. Suis seulement mes conseils et,
dans le cas présent, dis comme Chariclès au sujet de
ce mariage, car il ne fera rien que sur mes indications. »
Elle fut d'accord avec moi et je la laissai tout en larmes.
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