HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

HÉLIODORE, Théagène et Chariclée, livre IV

Chapitre 10

  Chapitre 10

[4,10] Μεταστησάμενος οὖν τοὺς παρόντας καὶ μηδένα διοχλεῖν ἐπιστείλας ὡς δή τινας εὐχὰς καὶ ἐπικλήσεις τῇ κόρῃ προσάξων »Ὥρα σοι« ἔφην » Χαρίκλεια, λέγειν πάσχεις, οὕτω γὰρ ὑπέσχου τῇ προτεραίᾳ, καὶ μὴ κρύπτειν ἄνδρα σοί τε εὔνουν καὶ γνῶναι τὰ πάντα καὶ σιωπώσης οὐκ ἀδύνατον δὲ λαβομένη μου τῆς χειρὸς ἐφίλει τε καὶ ἐπεδάκρυε καὶ » σοφὲ Καλάσιρι, τοῦτο πρῶτον εὐεργέτησον« ἔλεγεν, »ἔασόν με σιωπῶσαν δυστυχεῖν, αὐτὸς ὡς βούλει γνωρίσας τὴν νόσον, καὶ τὴν γοῦν αἰσχύνην κερδαίνειν, κρύπτουσαν καὶ πάσχειν αἰσχρὸν καὶ ἐκλαλεῖν αἰσχρότερον. Ὡς ἐμέ γε λυπεῖ μὲν καὶ νόσος ἀκμάζουσα, πλέον δὲ τὸ μὴ κρατῆσαι τῆς νόσου τὴν ἀρχὴν ἀλλ´ ἡττηθῆναι πάθους ἀπειρημένου μὲν ἐμοὶ τὸν πρὸ τούτου πάντα χρόνον λυμαινομένου δὲ καὶ μέχρις ἀκοῆς τὸ παρθενίας ὄνομα σεμνότατονἘπιρρωννὺς οὖν αὐτὴν » θύγατερ« ἔφην »δυοῖν ἕνεκεν εὖ ποιεῖς ἀποκρύπτουσα τὰ κατὰ σαυτήν· ἐγώ τε γὰρ οὐδὲν δέομαι μανθάνειν πάλαι παρὰ τῆς τέχνης ἔγνωκα σύ τε εἰκότα πάσχεις ἐρυθριῶσα λέγειν γυναιξὶ κρύπτειν εὐπρεπέστερον. Ἀλλ´ ἐπειδήπερ ἅπαξ ἔρωτος ἐπῄσθου καὶ φανείς σε Θεαγένης ᾕρηκε, τοῦτο γὰρ ὀμφή μοι θεῶν ἐμήνυσε, σὺ μὲν ἴσθι μὴ μόνη καὶ πρώτη τὸ πάθος ὑποστᾶσα ἀλλὰ σὺν πολλαῖς μὲν γυναιξὶ τῶν ἐπισήμων σὺν πολλαῖς δὲ παρθένοις τῶν τὰ ἄλλα σωφρόνων· μέγιστος γὰρ θεῶν Ἔρως καὶ ἤδη καὶ θεῶν αὐτῶν ποτε κρατεῖν λεγόμενος. Ἐπισκόπει δὲ ὅπως ἄριστα διαθήσῃ τὰ παρόντα, ὡς τὸ μὲν ἀπείρατον γενέσθαι τὴν ἀρχὴν ἔρωτος εὔδαιμον, τὸ δὲ ἁλόντα πρὸς τὸ σῶφρον τὸ βούλημα περιποιῆσαι σοφώτατον· δὴ καὶ σοὶ βουλομένῃ πιστεύειν ἔξεστι καὶ τὸ μὲν ἐπιθυμίας αἰσχρὸν ὄνομα διώσασθαι τὸ δὲ συναφείας ἔννομον συνάλλαγμα προελέσθαι καὶ εἰς γάμον τρέψαι τὴν νόσον[4,10] Je fis sortir tous les assistants, demandant que personne ne nous dérangeât pendant que je prononcerais certaines prières et certaines invocations pour la jeune fille. « Le moment est venu, dis-je alors à Chariclée, de me faire connaître ton mal; tu me l'as promis hier, ne cache rien à un homme qui te veut du bien et qui n'est pas incapable de tout savoir, même si tu ne lui dis rien. » Elle me prit alors la main et l'embrassa, tout en pleurant, puis : « Savant Calasiris, dit-elle, rends-moi d'abord le service de me laisser être malheureuse en silence; apprends par toi-même, comme tu le veux, quelle est ma maladie, mais épargne-moi du moins la honte et permets-moi de dissimuler un mal qu'il est honteux d'éprouver, plus honteux encore de révéler. Oui, je souffre maintenant de la maladie, qui est dans toute sa force, mais plus encore de ne pas avoir maîtrisé mon mal dès son début, d'avoir succombé à une passion que j'avais toujours refusée dans le passé et qui souille, rien que par son nom, le mot sacré de vierge. » Alors, pour la consoler : « Ma fille, dis-je, tu fais bien, pour deux raisons, de ne vouloir rien me dire sur toi-même; car je n'ai aucun besoin que tu m'apprennes ce que je sais depuis longtemps par mon art, et toi, de ton côté, il est tout naturel que tu rougisses de dire ce que les convenances imposent aux femmes de dissimuler. Mais, puisque tu as éprouvé l'amour, et qu'en paraissant à tes yeux, Théagène t'a fait prisonnière — les dieux m'en ont donné la révélation — sache bien que tu n'es ni la seule ni la première à succomber à cette passion, mais que tu es en compagnie des plus illustres parmi les femmes et aussi de beaucoup de vierges, fort vertueuses d'ailleurs. Car l'Amour est le plus grand des dieux et l'on dit même qu'il a parfois remporté la victoire sur les dieux. Réfléchis donc à la meilleure façon de te conduire, dans les circonstances présentes : ne jamais éprouver la puissance de l'Amour est heureux, mais une fois pris, conformer sa volonté au parti le plus raisonnable et ce qu'il y a de plus sage; et, si tu veux m'en croire, tu peux le faire et éviter ce que le désir a de honteux en préférant une union légitime et en guérissant ta maladie par le mariage. »


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Dernière mise à jour : 15/02/2007