[3,6] Ἐπεὶ δὲ ὀψέ ποτε καὶ ὥσπερ βιαίως τῆς κόρης
ἀποσπώμενος ὁ Θεαγένης ὑπέθηκέ τε τὸ λαμπάδιον καὶ τὸν
βωμὸν ἀνῆψεν, ἐλέλυτο μὲν ἡ πομπὴ πρὸς εὐωχίαν τῶν
Θετταλῶν τραπέντων, ὁ δὲ ἄλλος δῆμος ἐπ´ οἶκον τὸν ἴδιον
ἕκαστος ἀπεχώρησεν. Ἡ Χαρίκλεια δὲ ἐφεστρίδα λευκὴν
ἐπιβαλομένη σὺν ὀλίγαις ταῖς συνήθεσιν ἐπὶ τὴν ἐν τῷ
περιβόλῳ τοῦ νεὼ καταγωγὴν ὥρμησεν, οὐδὲ γὰρ ᾤκει σὺν
τῷ νομιζομένῳ πατρὶ τῆς ἁγιστείας ἕνεκεν παντοίως ἑαυτὴν
χωρίζουσα. Περιεργότερος τοίνυν ἐξ ὧν ἠκηκόειν
τε καὶ ἑωράκειν γεγονὼς ἐντυγχάνω τῷ Χαρικλεῖ τοῦτο
σπουδάσας· καὶ ὃς «εἶδες» ἠρώτα «τὸ ἀγλάϊσμα τὸ ἐμόν
τε καὶ Δελφῶν, τὴν Χαρίκλειαν;» «Οὐ νῦν πρῶτον» ἔφην,
«ἀλλὰ καὶ πρότερον πολλάκις, ὁσάκις δή μοι κατὰ τὸν νεὼν
ἐνέτυχεν οὐχ ὡς ἄν τις ἐκ παρόδου - τοῦτο δὴ τὸ λεγόμενον
- ἀλλὰ καὶ συνέθυσα οὐκ ὀλιγάκις καὶ περὶ θείων τε
καὶ ἀνθρωπίνων εἴ τί ποτε διαπορήσειεν ἠρώτησέ τε καὶ
ἔμαθε.» «Τί οὖν δή σοι τὰ νῦν ἔδοξεν, ὦ ´γαθὲ Καλάσιρι;
ἆρά τινα τῇ πομπῇ κόσμον ἤνεγκεν;» «Εὐφήμησον»
εἶπον «ὦ Χαρίκλεις, ὥσπερ καὶ τὴν σελήνην εἰ διαπρέπει
τῶν ἄλλων ἀστέρων ἠρώτας.» «Καὶ μὴν ἐπῄνουν τινὲς»
εἶπε «καὶ τὸν Θετταλὸν νεανίσκον.» «Τὰ δεύτερα» ἦν
δ´ ἐγὼ «καὶ τρίτα νέμοντες, τὴν δὲ κορωνίδα τῆς πομπῆς
καὶ ὀφθαλμὸν ἀληθῶς τὴν σὴν θυγατέρα γνωρίζοντες.»
Ἥδετο τούτοις ὁ Χαρικλῆς καί μοι ὁ σκοπὸς ἐκ τῶν ἀληθῶν
ἠνύετο, θαρσεῖν μοι τὸν ἄνδρα βουλομένῳ παντοίως·
καὶ μειδιάσας «πορεύομαι νῦν ὡς αὐτὴν» ἔλεγεν· «εἰ δέ
σοι φίλον, συμπροθυμήθητι καὶ μή τι πρὸς τῆς ὀχλικῆς
ἀηδίας ἐπιτέτριπται συνεπίσκεψαι.» Χαίρων μὲν ἐπένευον
ἐνεδεικνύμην δὲ ὡς ἀσχολίας ἄλλης προὐργιαίτερον τίθεμαι
τὸ κατ´ αὐτόν.
| [3,6] Une fois que Théagène, qui ne s'était séparé de la
jeune fille qu'après un long moment, et comme en se
faisant violence, eut approché le flambeau et mis le feu
sur l'autel, le cortège se disloqua, les Thessaliens
allèrent participer à un banquet et le reste du peuple
rentra chacun chez soi. Chariclée jeta sur elle un manteau
blanc et, accompagnée de quelques amies, retourna
dans la demeure qu'elle occupait dans l'enceinte du
temple, car elle n'habitait même pas avec celui qui passait
pour son père, et ses devoirs de desservante lui
imposaient de vivre entièrement à part. De plus en plus
intéressé après ce que j'avais entendu et ce que j'avais
vu, voici que je rencontre Chariclès, rencontre dont
j'avais grande envie. Alors lui : « As-tu vu, me demanda-t-il,
mon joyau et celui des Delphiens? As-tu vu
Chariclée? — Ce n'était pas la première fois, répondis-je,
je l'avais déjà vue souvent dans le passé, toutes les fois
que je l'ai rencontrée dans le temple, et non pas en passant,
comme on dit; car j'ai offert des sacrifices avec
elle, et pas seulement une fois, et chaque fois qu'elle
était embarrassée sur quelque sujet concernant ou les
dieux ou les hommes, elle venait m'interroger et s'instruire
auprès de moi. — Que t'en a-t-il semblé, alors,
maintenant, mon cher Calasiris ? Est-ce qu'elle n'a pas
un peu embelli la procession? — Tais-toi! répondis-je,
Chariclès, c'est comme si tu me demandais si la lune ne
fait pas pâlir tous les autres astres ! — Sans doute, mais
il y avait aussi des personnes, répondit-il, pour faire
l'éloge du jeune Thessalien. — Ils lui donnaient, repartis-je,
la seconde ou la troisième place, mais chacun
avouait que la perle du cortège, ce qu'il y avait en lui
de plus précieux, c'était véritablement ta fille. » Chariclès
était ravi, et moi j'avais, sans offenser la vérité, obtenu
le but désiré, car je ne désirais rien tant que lui inspirer
confiance en moi. En souriant, il me dit : « Je vais chez
elle maintenant; si tu le veux, joins-toi à moi et allons
ensemble voir si les désagréments auxquels l'ont exposée
la foule ne l'ont pas trop fatiguée. » J'acceptai avec
plaisir et lui prouvai que je faisais passer toute autre
occupation après le soin de ses intérêts.
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