[3,12] Ταῦτα εἰπόντες οἱ μὲν ἀπεχώρησαν ὅτι μὴ
ὄναρ ἦν ἡ ὄψις ἀλλ´ ὕπαρ ἐνδειξάμενοι· ἐγὼ δὲ τὰ μὲν ἄλλα
συνίειν ὡς ἑωράκειν, εἰς τίνας δὲ ἀνθρώπους ἢ εἰς τίνα γῆν
παραπέμπεσθαι τοὺς νέους τοῖς θεοῖς φίλον ἠπόρουν.» Καὶ
ὁ Κνήμων «ταῦτα μὲν» ἔφη «ὦ πάτερ, εἰς ὕστερον
αὐτός τε ἔγνως ἐρεῖς τε πρὸς ἡμᾶς· ἀλλὰ τίνα δὴ τρόπον
ἔφασκες ἐνδεδεῖχθαί σοι τοὺς θεοὺς ὅτι μὴ ἐνύπνιον ἦλθον
ἀλλ´ ἐναργῶς ἐφάνησαν;» «Ὃν τρόπον» εἶπεν «ὦ
τέκνον, καὶ ὁ σοφὸς Ὅμηρος αἰνίττεται, οἱ πολλοὶ δὲ τὸ
αἴνιγμα παρατρέχουσιν·
Ἴχνια γὰρ μετόπισθεν
ὡς ἐκεῖνός που λέγει
ποδῶν ἠδὲ κνημάων
ῥεῖ´ ἔγνων ἀπιόντος, ἀρίγνωτοι δὲ θεοί περ.»
«Ἀλλ´ ἦ καὶ αὐτὸς ἔοικα τῶν πολλῶν εἶναι καὶ τοῦτο
ἴσως ἐλέγχειν, ὦ Καλάσιρι, βουλόμενος τῶν ἐπῶν ἐμνημόνευσας,
ὧν ἐγὼ τὴν μὲν ἐπιπολῆς διάνοιαν ὅτε περ καὶ
τὴν λέξιν οἶδα ἐκδιδαχθεὶς τὴν δὲ ἐγκατεσπαρμένην αὐτοῖς
θεολογίαν ἠγνόηκα.»
| [3,12] Après ces paroles, ils s'en allèrent, me laissant
certain que ce n'était pas un rêve, mais une vision réelle
que j'avais eue. Je pensais avoir compris ce qu'elle signifiait,
mais j'ignorais chez quels peuples et dans quel
pays les dieux voulaient que je conduise les jeunes gens. »
Alors Cnémon l'interrompit : « Tu l'as compris plus tard,
Père, et tu me le diras; mais comment les dieux, ainsi que
tu l'affirmes, t'ont-ils indiqué qu'ils ne t'étaient pas
apparus en rêve, mais qu'ils s'étaient montrés à toi réellement?
— De la façon, mon enfant, me répondit-il, que laisse entendre
le savant Homère, mais l'allusion échappe au vulgaire :
« Les traces de ses pas et de ses jambes », dit-il quelque
part, « je les connus aisément, lorsqu'il partit, car il est facile
de connaître les dieux. »
— Eh bien, dit Cnémon, je crois bien, moi aussi, appartenir
au vulgaire, et c'est sans doute parce que tu voulais
me le prouver que tu as rappelé ce vers, dont je connais le
sens apparent, depuis que je sais parler, mais dont
j'ignore le contenu théologique caché.
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