[3,11] Ὡς δὲ καὶ χάσμης ἀδημονούσης ἀνάπλεως
ἐφαίνετο, τότε δὴ καὶ τοῖς ἄλλοις τῶν παρόντων κατάδηλος
ἦν οὐχ ὑγιαίνων ὥστε καὶ τὸν Χαρικλέα καθεωρακότα τὸ
ἀνώμαλον ἡσυχῇ πρός με εἰπεῖν »ἀλλ´ ἦ καὶ τοῦτον βάσκανος
εἶδεν ὀφθαλμός, καὶ ταὐτόν μοι δοκεῖ πεπονθέναι
τῇ Χαρικλείᾳ.« »Ταὐτὸν« ἔφην ἐγὼ »νὴ τὴν Ἶσιν,
ὀρθῶς τε καὶ οὐκ ἀπεικότως εἴπερ καὶ ἐν τῇ πομπῇ μετ´
ἐκείνην διέπρεπε.« Ταῦτα μὲν ἡμεῖς, ἐπεὶ δὲ τὰς
κύλικας ἔδει περιάγεσθαι, προέπινεν ὁ Θεαγένης καὶ ἄκων
ἑκάστῳ φιλοτησίαν· ὡς δὲ εἰς ἐμὲ περιῆλθεν, »ἔχω τὴν
φιλοφρόνησιν« εἰπόντος ὑποδεξαμένου δὲ οὐδαμῶς, ὀξύ
τε καὶ διάπυρον ἐνεῖδεν, ὑπερορᾶσθαι προσδοκήσας. Συνεὶς
οὖν ὁ Χαρικλῆς »οἴνου καὶ ἐδεσμάτων« εἶπε »τῶν ἐνεψυχωμένων
ἀπέχεται.« Τοῦ δὲ τὴν αἰτίαν ἐρομένου »Μεμφίτης
ἐστὶν« εἶπεν »Αἰγύπτιος καὶ προφήτης τῆς Ἴσιδος.«
Ὁ δὴ Θεαγένης ὡς τὸν Αἰγύπτιον καὶ τὸν
προφήτην ἤκουσεν, ἡδονῆς τε ἀθρόον ἐνεπλήσθη καὶ ὥσπερ
οἱ θησαυρῷ τινι προστυχόντες ὀρθώσας ἑαυτὸν ὕδωρ τε αἰτήσας
καὶ πιὼν »ὦ σοφώτατε« εἶπεν »ἀλλὰ σύ γε ταύτην
δέχου τὴν φιλοτησίαν ἣν ἀπὸ τῶν ἡδίστων σοι προέπιον, καὶ
φιλίαν ἡμῖν ἥδε ἡ τράπεζα σπενδέσθω.« »Ἐσπείσθω«
ἔφην »καλὲ Θεάγενες, ἐμοὶ καὶ πάλαι οὖσα πρός σε«, καὶ
ὑποδεξάμενος ἔπινον. Καὶ τότε μὲν εἰς ταῦτα ἔληξε
τὸ συμπόσιον καὶ ἀπηλλαττόμεθα ἐπ´ οἶκον τὸν ἴδιον ἕκαστος,
πολλά με τοῦ Θεαγένους καὶ θερμότερα ἢ κατὰ τὴν
προϋπάρχουσαν γνῶσιν κατασπασαμένου. Ἐπεὶ δὲ ἦλθον οὗ
κατηγόμην ἄυπνος τὰ πρῶτα διῆγον ἐπὶ τῆς εὐνῆς ἄνω
καὶ κάτω τὴν περὶ τῶν νέων φροντίδα στρέφων καὶ τοῦ
χρησμοῦ τὰ τελευταῖα τί ἄρα βούλοιτο ἀνιχνεύων. Ἤδη
δὲ μεσούσης τῆς νυκτὸς ὁρῶ τὸν Ἀπόλλω καὶ τὴν Ἄρτεμιν
ὡς ᾤμην, εἴ γε ᾤμην ἀλλὰ μὴ ἀληθῶς ἑώρων· καὶ ὁ μὲν τὸν
Θεαγένην ἡ δὲ τὴν Χαρίκλειαν ἐνεχείριζεν· ὀνομαστί τέ
με προσκαλοῦντες »ὥρα σοι« ἔλεγον »εἰς τὴν ἐνεγκοῦσαν
ἐπανήκειν, οὕτω γὰρ ὁ μοιρῶν ὑπαγορεύει θεσμός.
Αὐτός τε οὖν ἔξιθι καὶ τούσδε ὑποδεξάμενος ἄγε, συνεμπόρους
ἴσα τε παισὶ ποιούμενος, καὶ παράπεμπε ἀπὸ
τῆς Αἰγυπτίων ὅποι τε καὶ ὅπως τοῖς θεοῖς φίλον.«
| [3,11] Comme il était évident que Théagène était distrait
et inquiet, les autres assistants finirent, eux aussi, par se
rendre compte qu'il n'était pas bien, de telle sorte que
Chariclès également s'aperçut de son humeur bizarre
et me dit à part : « Tiens, lui aussi a été vu par le mauvais
oeil; je crois bien qu'il lui est arrivé la même chose
qu'à Chariclée. — La même chose, répondis-je, précisément,
par Isis! Et c'est naturel, puisque, après elle,
c'était lui le plus remarquable de la procession. » Tels
étaient nos propos, et, lorsque fut venu le moment de
faire circuler les coupes, Théagène but à la santé de
chaque convive, bien qu'il n'en eût pas envie. Lorsqu'il
fut arrivé à moi : « Je te remercie de l'intention », lui
dis-je, sans prendre la coupe. Alors, il me jeta un regard
pénétrant et irrité, s'imaginant que je voulais l'insulter.
Chariclès comprit et dit : « Il s'abstient de vin et de
nourriture qui a été vivante. » Et comme Théagène
demandait pourquoi, Chariclès répondit : « Il est de
Memphis d'Egypte, et c'est un prêtre d'Isis. » Théagène,
en apprenant que j'étais égyptien et prêtre fut rempli
d'une joie soudaine, comme s'il avait trouvé un trésor.
il se leva, demanda de l'eau et, après en avoir bu, rne
dit : « Très sage, accepte du moins cette coupe d'amitié,
dont j'ai bu les premières gouttes, et remplie du breuvage
que tu préfères; que cette table marque solennellement
le début de notre amitié! — Soit! dis-je, beau Théagène
le début d'une amitié que, depuis longtemps, j'éprouvais
envers toi. » Et, acceptant la coupe, je bus à mon
tour. Sur ce, le festin se termina et nous rentrâmes chacun
chez soi, non sans que Théagène m'embrassât avec une
chaleur que ne justifiait pas le caractère récent de nos
relations. Une fois chez moi, je demeurai longtemps sans
dormir sur mon lit, tournant et retournant dans tous
les sens l'histoire des deux jeunes gens et cherchant à
deviner ce que signifiait la fin de l'oracle. La nuit était à
moitié écoulée lorsque je vis Apollon et Artémis, ou
je crus les voir, si du moins c'était une illusion et non
une apparition réelle; le dieu tenait Théagène par la
main, la déesse, Chariclée; ils m'appelèrent par mon
nom et me dirent : « Le moment est venu pour toi de
retourner dans ta patrie, tel est l'ordre du Destin. Pars
donc et prends avec toi ces jeunes gens, fais-en tes
compagnons de voyage, comme s'ils étaient tes enfants,
ensuite, tu leur feras quitter l'Egypte au moment où
les dieux le voudront, et de la manière qu'ils voudront.»
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