[6,2] Δοκεῖ δέ μοι δι´ ὑποδείγματος ἐναργέστερον ἂν παραστῆσαι
τὸ περὶ τούτων δόγμα. Ὑποθώμεθα γάρ τι ὕδωρ
ἐκ πηγῆς προχεόμενον εἰς διαφόρους ἀπορροὰς κατὰ τὸ
συμβὰν διασχίζεσθαι. Οὐκοῦν ἕως ἂν οὕτω φέρηται, εἰς
οὐδὲν τῶν πρὸς τὴν γεωργίαν χρησίμων ἐπιτήδειον ἔσται,
τῆς εἰς πολλὰ διαχύσεως ὀλίγον τὸ ἐν ἑκάστῳ καὶ ἀδρανὲς
καὶ δυσκίνητον ὑπὸ ἀτονίας ποιούσης· εἰ δέ τις πάσας
αὐτοῦ τὰς ἀτάκτους ἀπορροὰς συναγάγοι καὶ εἰς ἓν ῥεῖθρον
τὸ πολλαχῇ τέως διεσκεδασμένον ἀθροίσειεν, εἰς πολλὰ
ἂν τῶν βιωφελῶν καὶ χρησίμων ἀθρόῳ καὶ συντεταμένῳ
τῷ ὕδατι χρήσαιτο. Οὕτω μοι δοκεῖ καὶ ὁ νοῦς ὁ ἀνθρώπινος,
εἰ μὲν πανταχοῦ διαχέοιτο πρὸς τὸ ἀρέσκον ἀεὶ τοῖς
αἰσθητηρίοις ῥέων καὶ σκεδαννύμενος, μηδεμίαν ἀξιόλογον
δύναμιν σχεῖν πρὸς τὴν ἐπὶ τὸ ὄντως ἀγαθὸν πορείαν·
εἰ δὲ πανταχόθεν ἀνακληθεὶς καὶ περὶ ἑαυτὸν ἀθροισθεὶς
συνηγμένος καὶ ἀδιάχυτος πρὸς τὴν οἰκείαν ἑαυτῷ καὶ
κατὰ φύσιν ἐνέργειαν κινοῖτο, οὐδὲν τὸ κωλύον αὐτὸν
ἔσται πρὸς τὰ ἄνω φέρεσθαι καὶ τῆς ἀληθείας τῶν ὄντων
ἐφάπτεσθαι. Καθάπερ γὰρ τὸ περιεστεγασμένον διὰ σωλῆνος
ὕδωρ ὄρθιον πολλάκις ὑπὸ τῆς ἀναθλιβούσης βίας ἐπὶ
τὰ ἄνω φέρεται, οὐκ ἔχον ὅπῃ διαχυθῇ, καὶ ταῦτα κατωφεροῦς
αὐτῷ τῆς κατὰ φύσιν οὔσης κινήσεως, οὕτω καὶ
ὁ νοῦς ὁ ἀνθρώπινος οἷόν τινος σωλῆνος στενοῦ τῆς
ἐγκρατείας αὐτὸν πανταχόθεν περισφιγγούσης ἀναληφθήσεταί
πως ὑπὸ τῆς τοῦ κινεῖσθαι φύσεως πρὸς τὴν τῶν
ὑψηλῶν ἐπιθυμίαν, οὐκ ἔχων ὅπου παραρρυῇ. Οὔτε γὰρ
στῆναί ποτε δύναται τὸ ἀεικίνητον ὑπὸ τοῦ πεποιηκότος
εἰληφὸς τὴν φύσιν καὶ εἰς τὰ μάταια κεχρῆσθαι τῇ
κινήσει κωλυόμενον ἀμήχανον μὴ πρὸς τὴν ἀλήθειαν πάντως
εὐθυπορῆσαι, τῷ πανταχόθεν ἀπὸ τῶν ἀτόπων ἀπείργεσθαι.
Καὶ γὰρ ἐν ταῖς πολυοδίαις οὕτω μάλιστα τοὺς
ὁδοιπόρους ὁρῶμεν τῆς εὐθείας οὐχ ἁμαρτάνοντας, ὅταν
τὴν ἐν ταῖς ἄλλαις ὁδοῖς πλάνην προμαθόντες ἐκκλίνωσιν.
Ὥσπερ οὖν ὁ τῶν πεπλανημένων τρίβων ἐν τῷ ὁδεύειν
ἀναχωρήσας ἐπὶ τῆς εὐθείας ἑαυτὸν φυλάσσει, οὕτως
ἡμῶν ἡ διάνοια τῇ ἀποστροφῇ τῶν ματαίων τὴν ἐν τοῖς
οὖσιν ἀλήθειαν ἐπιγνώσεται. Ἔοικεν οὖν ταῦτα παιδεύειν
ἡμᾶς ἡ μνήμη τῶν μεγάλων προφητῶν ἐκείνων τὸ μηδενὶ
τῶν ἐν τῷ κόσμῳ σπουδαζομένων ἐμπλέκεσθαι, ἓν δὲ
τῶν σπουδαζομένων ὁ γάμος ἐστί, μᾶλλον δὲ ἀρχὴ
καὶ ῥίζα τῆς τῶν ματαίων σπουδῆς.
| [6,2] Il me semble qu'un exemple éclairerait notre opinion là-dessus.
Supposons en effet une eau qui se répand hors d'une source et qui se divise, selon l'occurrence, en
plusieurs ruisseaux: aussi longtemps qu'elle est ainsi emportée, elle ne sera propre à aucun usage
pour l'agriculture, car sa dispersion en de nombreuses directions fait qu'il ne s'en trouve en chaque
endroit qu'une petite quantité, faible et lente à se mouvoir, en raison d'un débit peu intense. Mais
si on rassemblait tous ces ruisseaux désordonnés et si on ramassait en un seul courant ce qui
jusqu'alors se dispersait de tous côtés, on se servirait pour une foule d'usages utiles à la vie de
cette masse d'eau convergente. Ainsi, me semble-t-il, de l'intelligence humaine: si elle vient à se
répandre de tous côtés, en coulant et se dispersant vers ce qui plaît à chaque instant aux sens, elle
n'a aucune force appréciable pour s'acheminer vers le vrai bien mais si, rappelée de partout,
ramassée sur elle-même rassemblée et non plus répandue, elle est mue vers l'activité qui lui est
propre et conforme à sa nature, rien ne l'empêchera d'être emportée vers les choses d'en haut et
de toucher la réalité des êtres qui existent vraiment. De même en effet que l'eau enfermée dans
une conduite hermétique est souvent portée vers le haut, verticalement, sous la pression
ascendante, faute d'avoir où se répandre, et cela malgré son mouvement naturel qui la porte en
bas; ainsi l'intelligence humaine, étroitement canalisée de partout par la continence, sera comme
enlevée vers le désir des biens supérieurs par sa disposition naturelle à se mouvoir, faute d'issues
où s'égarer, car l'être en mouvement perpétuel qui a reçu de son Créateur une telle nature ne peut
jamais se stabiliser et, s'il est empêché d'utiliser son mouvement dans la direction des vanités, il
n'a d'autres ressources que d'aller droit à la réalité puisque de partout on l'écarte des choses
absurdes: ainsi précisément dans les carrefours, voyons-nous les voyageurs ne point se tromper
sur la route droite, toutes les fois que l'expérience acquise dans leurs autres voyages les détourne
de s'égarer. C'est pourquoi, comme le voyageur, qui dans son itinéraire s'est retiré des sentiers de
l'erreur, se garde sur la route droite, ainsi notre intelligence, se détournant des vanités,
reconnaîtra que la réalité se situe dans les êtres qui existent vraiment. C'est donc cela, semble-t-il,
que nous enseigne la mémoire de ces grands prophètes, à ne nous embarrasser d'aucune des
sollicitudes mondaines: or le mariage est une de ces sollicitudes ou plutôt le principe et la racine de
la sollicitude pour les vanités.
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