[1] (p. 475) Ὁ πιστὸς καὶ φρόνιμος οἰκονόμος (ἐκ γὰρ τῶν ἀνεγνωσμένων
ἀπὸ τοῦ θείου εὐαγγελίου προοιμιάζομαι), ὃν κατέστησεν ὁ κύριος ἐπὶ τῆς
οἰκετίας ταύτης τοῦ διδόναι ἐν καιρῷ
τοῖς οἰκονομουμένοις τὸ σιτομέτριον, καλῶς ἐν τῷ πρὸ
τούτου χρόνῳ καταδικάσας τὴν ἀφωνίαν τοῦ λόγου, καλῶς
τοῦ μεγέθους τῆς συμφορᾶς ἐπαισθόμενος καὶ τιμήσας τῇ
ἡσυχίᾳ τὸ πένθος, οὐκ οἶδ´ ὅπως ἐν τῷ παρόντι συλλόγῳ
πάλιν ἐπανάγει τῇ ἐκκλησίᾳ τὸν λόγον αὐτὸς ἀναλύων τὴν
ἰδίαν κατὰ τοῦ λόγου ψῆφον· καίτοι γε σφόδρα θαυμάζων τῆς
συνέσεως ἐν πολλοῖς τὸν διδάσκαλον ἐν τούτῳ μάλιστα πλέον
ὑπερεθαύμασα ὡς καλῶς ἐν τῇ συμφορᾷ τὸν λόγον κατασιγάσαντα.
προσφυὲς γάρ μοι δοκεῖ καὶ κατάλληλον εἶναι τοῖς
πενθοῦσι φάρμακον ἡ σιγὴ τὸ διοιδοῦν τῆς ψυχῆς χρόνῳ καὶ
κατηφείᾳ δι´ ἡσυχίας ἐκπέττουσα. ὡς εἴ γέ τις ἔτι τὴν
ψυχὴν τοῦ πάθους ὑποθερμαίνοντος ἀνακινοίη τὸν λόγον,
(p. 476) δυσαλθέστερον τὸ τῆς λύπης τραῦμα γενήσεται τῇ μνήμῃ
τῶν ἀλγεινῶν οἷόν τίσιν ἀκάνθαις ἐπιξαινόμενον. εἰ δὲ μὴ
λίαν ἐστὶ τολμηρὸν κἀμέ τι τῶν τοῦ διδασκάλου προσδιορθώσασθαι,
τάχα καλῶς ἔσχε μέχρι τοῦ νῦν κατακρατεῖν ἡμῶν
τὴν ἡσυχίαν, ὡς ἂν μὴ πρὸς τὸ πάθος ὁ λόγος καθελκυσθεὶς
τὴν ἀκοὴν ἀνιάσειεν. οὔπω γὰρ τοσοῦτος ὁ ἐν τῷ μέσῳ
χρόνος ὥστε προσεθίσαι τῷ κακῷ τὴν διάνοιαν· ἔτι νέον ἐν
τῇ ψυχῇ τὸ πάθος (τάχα δὲ καὶ ἀεὶ νέον ἔσται τῷ βίῳ τὸ
ἄλγημα), ἔτι ταράσσεται ἡμῶν ἡ καρδία καὶ καθάπερ τις
θάλασσα κυματουμένη τῇ λαίλαπι τῆς συμφορᾶς ἐκ βυθῶν
ἀναστρέφεται, ἔτι διοιδοῦσιν οἱ λογισμοὶ πρὸς τὴν μνήμην
τῶν κακῶν ἀναζέοντες. ἀστατούσης οὖν τῷ τοιούτῳ κλύδωνι
τῆς ψυχῆς πῶς ἔστι προαγαγεῖν ἐπ´ εὐθείας τὸν λόγον οἷόν
τινι καταιγίδι τῷ πάθει τῆς λύπης ἐγχειμαζόμενον;
| [1] Le dispensateur fidèle et prudent (je commence par les paroles mêmes qu’on nous a lues
dans le saint Evangile), le dispensateur que le Seigneur a établi à la tête de cette famille pour
donner la nourriture à ceux qui lui sont confiés m’avait ordonné, et pour de justes motifs, de
contenir ma voix et de garder le silence, voulant dignement honorer par là le deuil d’une si
grande perte, aussi j’ignore pourquoi il rend aujourd’hui la parole à l’Eglise, enfreignant
lui-même la défense qu’il avait faite de parler. Toutefois, si dans bien des circonstances j’ai béni
la sagesse de ce chef, je l’ai surtout admirée lorsque, sous l’impression de la perte que nous
déplorons, il nous a ordonné le silence, car le silence me paraît être un remède pour ceux qui
pleurent. En effet, c’est par lui, c’est par le recueillement profond, qu’après s’être quelque
temps abandonnée à sa douleur, l’âme sent diminuer les chagrins qui la déchiraient et la
rendaient inconsolable. Si vous parlez à l’âme abattue par quelque malheur, sa douleur
devient plus difficile à calmer, aigrie qu’elle est par ses pénibles souvenirs, comme une plaie
qu’envenimeraient des épines. Aussi, excusez ma hardiesse ; pardonnez-moi de m’écarter un
peu de l’opinion de notre pasteur suprême, je crois qu’il aurait mieux valu peut-être
persévérer encore quelques jours dans notre silence, de peur qu’en rappelant notre malheur, ce
discours n’augmente nos pénibles regrets. Car, dans ce court intervalle, le coeur n’a pu
s’accoutumer à ce douloureux souvenir. Ce coup terrible est encore trop récent ; peut-être le
sera-t-il toujours ainsi pour nous ; notre âme est encore péniblement agitée. Semblables à une
mer troublée par la tempête et bouleversée dans ses plus profonds abîmes, nos pensées se
raniment et s’aigrissent aux souvenirs du malheur. Lorsque l’âme est ballottée, pour ainsi dire,
par cette tempête, comment la raison, devenue le jouet des flots, pourrait-elle suivre le vrai
chemin ?
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