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[71] LXXI. <1> Μέγας ὁ Ἀβραὰμ
καὶ πατριάρχης καὶ θύτης καινῆς θυσίας, τὸν ἐκ τῆς ἐπαγγελίας τῷ
δεδωκότι προσαγαγών, ἱερεῖον ἕτοιμον καὶ πρὸς τὴν σφαγὴν ἐπειγόμενον·
ἀλλ' οὐδὲ τὸ ἐκείνου μικρόν, ἑαυτὸν προσήγαγε τῷ Θεῷ καὶ οὐδὲν ὡς
ἰσότιμον ἀντεδόθη· τί γὰρ καὶ ἦν; ὥστε καὶ τελειωθῆναι τὸ καλλιέρημα.
<2> Ἰσαὰκ ἐπηγγέλθη καὶ πρὸ γενέσεως· ὁ δὲ αὐτεπάγγελτος ἦν, καὶ
τὴν Ῥεβέκκαν, λέγω δὴ τὴν Ἐκκλησίαν, οὐ πόρρωθεν, ἀλλ' ἐγγύθεν
ἠγάγετο, οὐδὲ διὰ πρεσβείας οἰκετικῆς, ἀλλ' ἐκ Θεοῦ δοθεῖσαν καὶ
πιστευθεῖσαν· οὐδὲ κατεσοφίσθη περὶ τὴν τῶν τέκνων προτίμησιν, ἀλλ'
ἑκάστῳ τὰ πρὸς ἀξίαν ἀπαραλογίστως ἔνεμε μετὰ τῆς τοῦ Πνεύματος
κρίσεως. <3> Ἐπαινῶ τὴν Ἰακὼβ κλίμακα καὶ τὴν στήλην ἣν ἤλειψε τῷ Θεῷ,
καὶ τὴν πρὸς αὐτὸν πάλην, ἥ τίς ποτε ἦν· οἶμαι δὲ τοῦ ἀνθρωπείου μέτρου
πρὸς τὸ θεῖον ὕψος ἀντιπαρ έκτασις καὶ ἀντίθεσις, ὅθεν καὶ ἄγει τὰ
σύμβολα τῆς ἡττωμένης γενέσεως· <4> Ἐπαινῶ καὶ τὴν περὶ τὰ θρέμματα
τοῦ ἀνδρὸς εὐμηχανίαν καὶ εὐημερίαν, καὶ τοὺς δώδεκα ἐξ αὐτοῦ
πατριάρχας, καὶ τὸν τῶν εὐλογιῶν μερισμὸν σὺν οὐκ ἀγεννεῖ προφητείᾳ
τοῦ μέλλοντος· ἀλλ' ἐπαινῶ καὶ τούτου τὴν οὐχ ὁραθεῖσαν μόνον, ἀλλὰ καὶ
διαβαθεῖσαν κλίμακα ταῖς κατὰ μέρος εἰς ἀρετὴν ἀναβάσεσι, καὶ τὴν
στήλην, ἣν οὐκ ἤλειψεν, ἀλλ' ἤγειρε τῷ Θεῷ, τὰ τῶν ἀσεβῶν στηλιτεύουσαν,
καὶ τὴν πάλην, ἣν οὐκ ἐπάλαισε πρὸς Θεόν, ἀλλ' ὑπὲρ Θεοῦ, τὰ
τῶν αἱρετικῶν καταβάλλουσαν, τήν τε ποι μαντικὴν τοῦ ἀνδρός, ἐξ ἧς
ἐπλούτησε, πλείω τῶν ἀσήμων προβάτων κτησάμενος τὰ ἐπίσημα, τήν τε
καλὴν πολυτεκνίαν τῶν κατὰ Θεὸν γεννηθέντων, καὶ τὴν εὐλογίαν ᾗ πολλοὺς ἐστήριξεν.
| [71] LXXI. <1> Il fut grand, Abraham, patriarche, sacrificateur d'un
sacrifice nouveau, qui vint conduire à celui qui le lui avait donné le fruit de
la promesse, victime préparée et qui se hâte vers l'égorgement ; mais
l'acte de celui-là ne fut pas non plus sans grandeur, quand on le vit s'offrir
en personne à Dieu, sans qu'il lui fût rien substitué à titre de
compensation : où l'aurait-on trouvé ? en sorte que le noble sacrifice fut
consommé.
<2> Isaac fut promis dès avant sa naissance (Gen., xviii, 10 suiv.) ;
celui-ci s'offrit spontanément, et sa Rebecca, je veux dire l'Eglise, il
l'épousa non pas au loin, mais tout près; ni par l'entremise d'une
ambassade domestique, mais par un don et un dépôt reçu de Dieu; il ne
se laissa pas non plus induire en erreur sur la prééminence des enfants,
mais à chacun sans fraude il fit la part de son mérite avec la prudence de
l'Esprit.
<3> Je loue l'échelle de Jacob et la stèle qu'il oignit en l'honneur de
Dieu, et son combat contre lui, quelle qu'en fût la nature (Gen., xxxii, 24
suiv.) (c'est, je pense, l'humaine mesure en parallèle et aux prises avec la
hauteur divine, et qui emporte de là les signes de la défaite de la
créature). <4> Je loue encore, l'habileté de l'homme et son bonheur dans ce
qui concerne ses troupeaux, les douze patriarches sortis de lui, le partage
des bénédictions, avec une prédiction fameuse de l'avenir; mais je
loue aussi chez Basile l'échelle, que non seulement il vit, mais qu'il gravit
aussi par des ascensions graduelles vers la vertu ; la stèle qu'il n'a pas
ointe, mais qu'il a érigée à Dieu, pour y clouer l'impiété ; la lutte qu'il
soutint non pas contre Dieu, mais pour Dieu, en vue d'anéantir l'hérésie ;
et son industrie pastorale, qui l'enrichit en lui faisant gagner plus de brebis
marquées que de brebis non marquées ; et la belle et nombreuse lignée
de ses fils selon Dieu, et la bénédiction dont il fit pour beaucoup un appui.
| [72] LXXII. <1> Ἰωσὴφ ἐγένετο σιτοδότης, ἀλλ' Αἰγύπτου μόνης καὶ οὐ
πολλάκις καὶ σωματικῶς· ὁ δὲ πάντων καὶ ἀεὶ καὶ πνευματικῶς, ὅπερ ἐμοὶ
τῆς σιτοδοσίας ἐκείνης αἰδε σιμώτερον. Μετὰ Ἰὼβ τοῦ Αὐσίτου καὶ
πεπείραται καὶ νενίκηκε καὶ ἀνηγόρευται λαμπρῶς ἐπὶ τέλει τῶν ἄθλων,
μηδενὶ τῶν τινασσόντων πολλῶν ὄντων κατασεισθείς, ἀλλὰ πολλῷ τῷ
περιόντι τὸν πειραστὴν καταπαλαίσας καὶ τῶν φίλων τὴν ἀλογίαν
ἐπιστομίσας ἀγνοούντων τὸ τοῦ πάθους μυστήριον.
<2> Μωϋσῆς καὶ Ἀαρὼν ἐν τοῖς ἱερεῦσιν αὐτοῦ. Καὶ μέγας Μωϋσῆς μὲν
Αἴγυπτον βασανίσας, λαὸν διασώσας ἐν σημείοις πολλοῖς καὶ τέρασι, τῆς
νεφέλης εἴσω χωρήσας, νομοθετήσας τὸν διπλοῦν νόμον, τόν τε τοῦ
γράμματος ἔξωθεν, καὶ ὅσος ἔνδοθεν τὸν τοῦ πνεύματος· <3> Ἀαρὼν δὲ
Μωϋσέως ἀδελφὸς καὶ τὸ σῶμα καὶ τὸ πνεῦμα, τοῦ λαοῦ προθυόμενος καὶ
προευχόμενος, μύστης τῆς ἱερᾶς καὶ μεγάλης σκηνῆς, ἣν ἔπηξεν ὁ Κύριος,
καὶ οὐκ ἄνθρωπος. <4> Τούτων δὲ ἀμφοτέρων ζηλωτὴς
ἐκεῖνος, βασανίζων μὲν οὐ σωματικαῖς μάστιξι, πνευματικαῖς δὲ καὶ
λογικαῖς, ἔθνος αἱρετικὸν καὶ Αἰγύπτιον· ἄγων δὲ λαὸν περιούσιον, ζηλω
τὴν καλῶν ἔργων, ἐπὶ τὴν γῆν τῆς ἐπαγγελίας, πλαξὶ δὲ νόμους ἐγγράφων
οὐ συντριβομέναις, ἀλλὰ σωζομέναις, οὐκ ἔτι σκιοειδεῖς, ἀλλ' ὅλον
πνευματικούς· εἰς δὲ τὰ ἅγια τῶν ἁγίων, οὐχ ἅπαξ τοῦ ἐνιαυτοῦ, πολλάκις
δὲ καὶ καθ' ἑκάστην, ὡς εἰπεῖν, εἰσιὼν τὴν ἡμέραν, ὅθεν τὴν ἁγίαν ἡμῖν
ἀνακαλύπτει Τριάδα, καὶ λαὸν καθαίρων οὐ προσκαίροις ῥαντίσμασιν,
ἀλλ' ἀϊδίοις ἁγνίσμασι.
<5> Τί τὸ κάλλιστον Ἰησοῦ; στρατηγία καὶ κληροδοσία, καὶ γῆς τῆς
ἁγίας κατάσχεσις· ὁ δὲ οὐκ ἔξαρχος; οὐ στρατηγὸς τῶν διὰ πίστεως
σωζομένων; οὐ κληροδότης τῶν διαφόρων παρὰ Θεῷ κλήρων καὶ μονῶν,
ἃς διανέμει τοῖς ἀγομένοις; Ὥστε κἀκείνην δύνασθαι τὴν φωνὴν εἰπεῖν, ὅτι
«Σχοινία ἐπέπεσόν μοι ἐν τοῖς κρατίστοις»· καί· «Ἐν ταῖς χερσί σου οἱ
κλῆροί μου»· κλῆροι τῶν χαμαὶ ἐρχομένων καὶ ἁρπαζομένων πολλῷ
τιμιώτεροι.
| [72] LXXII. <1> Joseph fut distributeur de blé, mais pour la seule Egypte,
rarement et au sens physique (Gen., xii, 40 suiv.) ; celui-ci le fut pour tout
le monde, continuellement et au sens spirituel, ce qui à mes yeux est plus
auguste que cette distribution-là.
Avec Job de la terre de Hus, il fut tenté, eut la victoire et fut
brillamment proclamé à la fin de ses luttes, sans s'être jamais laissé
ébranler par des secousses qui furent fréquentes, et après avoir
surabondamment triomphé du tentateur et fermé la bouche à des amis
irréfléchis qui ignoraient le mystère de son épreuve.
<2> Moïse et Aaron sont parmi ses prêtres (Ps., xcviii, 6). Il est grand,
Moïse, qui a éprouvé l'Egypte, sauvé le peuple par un grand nombre de
signes et de prodiges, pénétré à l'intérieur de la nuée, institué les deux
lois : l'une littérale et extérieure, l'autre intérieure et spirituelle ; <3> et aussi
Aaron, frère de Moïse par le corps et par l'esprit, qui sacrifiait et priait pour
le peuple, myste du saint et grand tabernacle (Ex., vii, 22 suiv.; xxix,
4suiv.) que le Seigneur a dressé, et non pas un homme (Hebr., viii, 2).
<4> De ces deux-ci Basile est l'émule, éprouvant non par des fléaux
corporels, mais par des fléaux de l'Esprit et de la parole la nation
hérétique et égyptienne ; conduisant le peuple choisi et zélé pour les
bonnes œuvres (Tit., II, 14) à la terre de la promesse ; gravant sur des
tables qu'on ne brise pas mais qui se conservent, des lois non plus
semblables à des ombres mais entièrement spirituelles ; et dans le saint
des saints pénétrant, non pas une fois l'an, mais souvent et pour ainsi dire
chaque jour, d'où il nous découvre la sainte Triade ; et purifiant le peuple
non par des ablutions passagères mais par des purifications éternelles.
<5> Qu'y eut-il de plus beau dans Josué ? son commandement
militaire, le partage, et la prise de possession de la terre sainte. Mais
Basile ne fut-il pas chef ? ne fut-il pas stratège de ceux qui se sauvent par
la foi? distributeur des lots et des demeures diverses qui sont auprès de
Dieu et qu'il répartit entre ceux qu'il conduit ? si bien qu'il eût pu
prononcer aussi ce mot-là : « Des parts me sont échues entre les
meilleures » (Ps., xv, 6) ; et : « Mes lots sont dans tes mains » (Ps., xxx,
16), lots d'un bien plus grand prix que ceux qui rampent à terre et qui se
laissent ravir.
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