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[61] LXI. <1> Θαυμαστὸν ἡ ἐγκράτεια καὶ ὀλιγάρκεια καὶ τὸ μὴ κρατεῖσθαι
τῶν ἡδονῶν, μηδ' ὡς ὑπὸ πικρᾶς καὶ ἀνελευθέρου δεσποίνης, τῆς
γαστρός, ἄγεσθαι. Τίς οὕτω μᾶλλον ἄτροφος ἦν, οὐ πολὺ δὲ εἰπεῖν, καὶ
ἄσαρκος; Τὰς μὲν γὰρ πλησμονὰς καὶ τοὺς κόρους τοῖς ἀλογωτέροις
ἀπέρριψε καὶ ὧν ἀνδραποδώδης καὶ κάτω νενευκὼς ὁ βίος. <2> Αὐτὸς δὲ
οὐδὲν ᾔδει μέγα τῶν μετὰ τὸν λαιμὸν ὁμοτίμων, ἀλλὰ τοῖς ἀναγκαίοις διέζη
μόνον ἕως ἐξῆν, καὶ μόνην ᾔδει τρυφήν, τὸ μὴ τρυφῶν φαίνεσθαι, μηδὲ διὰ
τοῦτο δεῖσθαι πλειόνων· ἀλλὰ πρὸς τὰ κρίνα βλέπειν καὶ τὰ πτηνά, οἷς
ἄτεχνον τὸ κάλλος καὶ σχέδιος ἡ τροφή, κατὰ τὴν μεγάλην παραίνεσιν τοῦ
ἐμοῦ Χριστοῦ, καὶ σάρκα δι' ἡμᾶς πτωχεύσαντος, ἵν' ἡμεῖς πλουτισθῶμεν
θεότητα. <3> Ἐντεῦ θεν αὐτῷ τὸ ἓν χιτώνιον καὶ τριβώνιον καὶ ἡ χαμευνία καὶ
ἡ ἀγρυπνία καὶ ἡ ἀλουσία, τὰ ἐκείνου σεμνολογήματα· καὶ τὸ ἥδιστον
δεῖπνον καὶ ὄψον, ὁ ἄρτος καὶ οἱ ἅλες, ἡ καινὴ καρυκεία· καὶ ποτὸν
νηφάλιόν τε καὶ ἄφθονον, ὃ γεωργοῦσι πηγαὶ μηδὲν πονουμένοις. Ἐξ ὧν ἢ
μεθ' ὧν νοσοκομίαι καὶ ἰατρεῖαι, τὸ κοινὸν ἡμῶν ἐμφιλοσόφημα· ἔδει γάρ με
τῶν ἀνιαρῶν τὸ ἶσον ἔχειν, τοῖς ἄλλοις λειπόμενον.
| [61] LXI. <1> C'est une chose admirable que la tempérance et la frugalité,
de ne pas se laisser vaincre par les plaisirs et, comme à un maître cruel et
dégradé, de résister à son ventre. Qui fut plus que lui étranger à la
nourriture, pourrait-on dire sans exagération, et dépouillé de chair?
L'excès et la satiété, il l'abandonna à ceux qui ont perdu toute raison, et
dont la vie est faite de servilisme et d'abjection. <2> Quant à lui, il n'attachait
point de prix à des choses qui, le gosier franchi, ont une égale valeur,
mais il se contentait du nécessaire pour vivre, aussi longtemps qu'il le put;
le seul luxe qu'il connût, c'était de montrer qu'il se passait de luxe, et que
pour ce motif il n'avait pas des besoins étendus; et il regardait les lis et les
oiseaux, dont la beauté est sans artifice et la nourriture à portée, suivant
la grande recommandation de mon Christ (?atth. vi, 26 suiv.), qui alla
jusqu'à se faire pauvre de chair, pour nous faire riches de divinité. <3> Aussi
n'avait-il qu'une seule tunique, un seul manteau, la terre comme lit, les
insomnies, la privation de bains : c'était son faste à lui. Son repas et son
mets favori, c'était le pain et le sel, raffinement nouveau ; sa boisson
frugale et abondante, c'était ce que produisent les fontaines sans exiger
de fatigue. C'est de cela, ou avec cela, que nous venaient les remèdes et
la guérison, objet commun de nos préoccupations : car je devais
égaler ses souffrances, tout en le cédant à lui sur les autres points.
| [62] LXII. <1> Μέγα παρθενία καὶ ἀζυγία καὶ τὸ μετ' ἀγγέλων τετάχθαι καὶ
τῆς μοναδικῆς φύσεως· ὀκνῶ γὰρ εἰπεῖν Χριστοῦ, ὃς καὶ γεννηθῆναι
θελήσας διὰ τοὺς γεννητοὺς ἡμᾶς ἐκ παρθένου γεννᾶται, παρθενίαν
νομοθετῶν ὡς ἐνθένδε μετάγουσαν καὶ κόσμον συντέμνουσαν, μᾶλλον δὲ
κόσμον κόσμῳ παραπέμπουσαν, τὸν ἐνεστῶτα τῷ μέλλοντι. <2> Τίς οὖν
ἐκείνου μᾶλλον ἢ παρθενίαν ἐτίμησεν, ἢ σαρκὶ ἐνομοθέτησεν, οὐ τῷ καθ'
ἑαυτὸν ὑποδείγματι μόνον, ἀλλὰ καὶ οἷς ἐσπούδασε; <3> Τίνος οἱ
παρθενῶνες, καὶ τὰ ἔγγραφα διατάγματα, οἷς πᾶσαν μὲν αἴσθησιν
ἐσωφρόνιζε, πᾶν δὲ μέλος ἐρύθμιζε, καὶ ὄντως παρθενεύειν ἔπειθεν, εἴσω
τὰ κάλλη στρέφων ἀπὸ τῶν ὁρωμένων ἐπὶ τὰ μὴ βλεπόμενα· καὶ τὸ μὲν
ἔξωθεν ἀπομαραίνων, καὶ τὴν ὕλην ὑποσπῶν τῆς φλογός, τὸ δὲ κρυπτὸν
τῷ Θεῷ δεικνύς, ὃς μόνος τῶν καθαρῶν ψυχῶν ἐστι νυμφίος, καὶ τὰς
ἀγρύπνους ἑαυτῷ συνεισάγει ψυχάς, ἐὰν μετὰ λαμπρῶν τῶν λαμπάδων
αὐτῷ καὶ δαψιλοῦς τῆς τοῦ ἐλαίου τροφῆς ἀπαντήσωσιν;
<4> Τοῦ τοίνυν ἐρημικοῦ βίου καὶ τοῦ μιγάδος μαχομένων πρὸς
ἀλλήλους ὡς τὰ πολλὰ καὶ διϊσταμένων, καὶ οὐδετέρου πάντως ἢ τὸ καλὸν
ἢ τὸ φαῦλον ἀνεπίμικτον ἔχοντος· ἀλλὰ τοῦ μὲν ἡσυχίου μὲν ὄντος μᾶλλον
καὶ καθεστηκότος καὶ Θεῷ συνάγοντος, οὐκ ἀτύφου δὲ διὰ τὸ τῆς ἀρετῆς
ἀβασάνιστον καὶ ἀσύγκριτον· τοῦ δὲ πρακτικωτέρου μὲν μᾶλλον καὶ
χρησιμωτέρου, τὸ δὲ θορυβῶδες οὐ φεύγοντος, καὶ τούτους ἄριστα
κατήλλαξεν ἀλλήλοις καὶ συνεκέρασεν· <5> ἀσκητήρια καὶ
μοναστήρια δειμάμενος μέν, οὐ πόρρω δὲ τῶν κοινωνικῶν καὶ μιγάδων,
οὐδὲ ὥσπερ τειχίῳ τινὶ μέσῳ ταῦτα διαλαβὼν καὶ ἀπ' ἀλλήλων χωρίσας,
ἀλλὰ πλησίον συνάψας καὶ διαζεύξας· ἵνα μήτε τὸ φιλόσοφον ἀκοινώνητον
ᾖ μήτε τὸ πρακτικὸν ἀφιλόσοφον· ὥσπερ δὲ γῆ καὶ θάλασσα τὰ παρ'
ἑαυτῶν ἀλλήλοις ἀντιδιδόντες, εἰς μίαν δόξαν Θεοῦ συντρέχωσι.
| [62] LXII. <1> C'est une grande chose que la virginité et le célibat ; de
prendre rang avec les anges et la nature simple, je n'ose dire avec le
Christ qui, ayant consenti même à être enfanté pour nous, les enfantés,
naît d'une vierge, et donne force de loi à la virginité, par la raison qu'elle
détache d'ici, qu'elle supprime le monde, ou plutôt qu'elle néglige un
monde pour un monde, le présent pour le futur. <2> Dès lors qui a, plus que
Basile, estimé la virginité, ou imposé des lois à la chair, non seulement
par l'exemple de sa personne, mais encore par les œuvres qui firent
l'objet de son zèle ? <3> De qui sont ces asiles de vierges, et ces règles
écrites, par lesquelles il modérait tous les sens, réglait tous les membres,
recommandait la vraie virginité, faisant passer la beauté à l'intérieur, de ce
qu'on voit à ce qu'on ne voit pas ; flétrissant ce qui est du dehors, et
soustrayant à la flamme son aliment, mais montrant à Dieu ce qui est
caché, au seul époux des âmes pures, qui introduit avec lui les âmes
vigilantes, si c'est avec des lampes allumées et abondamment alimentées
d'huile qu'elles viennent à sa rencontre (cf. Matth., xxv, 6 suiv.) ?
<4> Or comme la vie des solitaires et la vie des migades se combattent
l'une l'autre le plus souvent et vont en sens contraire, et qu'elles n'ont ni
l'une ni l'autre d'avantages ou d'inconvénients purs de tout mélange, —
l'une étant plus tranquille, plus stable et unissant à Dieu, mais n'allant pas
sans orgueil, parce que la vertu y échappe à l'épreuve et à la
comparaison ; et l'autre, plus active et plus utile, mais sans échapper à
l'agitation, — il sut très bien les réconcilier et les mélanger l'une avec
l'autre, <5> en faisant bâtir des habitations pour ascètes et pour moines,
mais à peu de distance des cénobites et des migades ; sans mettre non
plus au milieu comme un mur de séparation ni les éloigner les unes des
autres, mais les rapprochant pour les faire contiguës et distinctes, afin
qu'il n'y eût point de philosophie sans vie commune ni de vie active sans
philosophie ; et qu'elles pussent, comme la terre et la mer, se livrer à des
échanges mutuels pour concourir à la seule gloire de Dieu.
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