HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Grégoire de Nazianze, Discours funèbre en l'honneur de Basile de Césarée

Chapitre 19-20

  Chapitre 19-20

[19] XIX. <1> Ὡς δὲ προϊόντος τοῦ χρόνου τὸν πόθον ἀλλήλοις καθωμολογήσαμεν, καὶ φιλοσοφίαν εἶναι τὸ σπουδαζόμενον, τηνικαῦτα ἤδη τὰ πάντα ἦμεν ἀλλήλοις, ὁμόστεγοι, ὁμοδίαιτοι, συμφυεῖς, τὸ ἓν βλέποντες, ἀεὶ τὸν πόθον ἀλλήλοις συναύξοντες θερμότερόν τε καὶ βεβαιότερον. <2> Οἱ μὲν γὰρ τῶν σωμάτων ἔρωτες, ἐπειδὴ ῥεόντων εἰσί, καὶ ῥέουσιν ἶσα καὶ ἠρινοῖς ἄνθεσιν· οὔτε γὰρ φλὸξ μένει τῆς ὕλης δαπανηθείσης, ἀλλὰ τῷ ἀνάπτοντι συναπέρχεται, οὔτε πόθος ὑφίσταται, μαραινομένου τοῦ ὑπεκκαύματος. Οἱ δὲ κατὰ Θεόν τε καὶ σώφρονες, ἐπειδὴ πράγματος ἑστῶτός εἰσι, διὰ τοῦτο καὶ μονιμώτεροι, καὶ ὅσῳ πλέον αὐτοῖς τὸ κάλλος φαντάζεται, τοσούτῳ μᾶλλον ἑαυτῷ τε καὶ ἀλλήλοις συνδεῖ τοὺς τῶν αὐτῶν ἐραστάς. Οὗτος τοῦ ὑπὲρ ἡμᾶς ἔρωτος νόμος. <3> Αἰσθάνομαι μὲν οὖν ἔξω τοῦ καιροῦ καὶ τοῦ μέτρου φερόμενος, καὶ οὐκ οἶδ' ὅπως εἰς τούτους ἐμπίπτω τοὺς λόγους, οὐκ ἔχω δ' ὅπως ἐμαυτὸν ἐπίσχω τοῦ διηγήματος· ἀεὶ γάρ μοι τὸ παρεθὲν ἀναγκαῖον φαίνεται καὶ κρεῖττον τοῦ προληφθέντος· <4> κἄν μέ τις ἀπάγῃ τοῦ πρόσω τυραννικῶς, τὸ τῶν πολυπόδων πείσομαι, ὧν τῆς θαλάμης ἐξελκομένων προσέξονται ταῖς κοτύλαις αἱ πέτραι, καὶ οὐ πρὶν ἀφεθήσονται παρ' ἀλλήλων τι προσλαβεῖν ἐκ τῆς βίας. Εἰ μὲν οὖν συγχωρήσοι τις, ἔχω τὸ ζητούμενον· εἰ δὲ μή, παρ' ἐμαυτοῦ λήψομαι. [19] XIX. <1> Lorsque, avec le temps, nous nous fûmes avoué mutuellement notre inclination, et que l'objet de notre zèle était la philosophie, désormais nous fûmes tout l'un pour l'autre, ayant même toit, même table, mêmes sentiments, les yeux fixés sur un but unique, sentant chaque jour notre affection mutuelle gagner en chaleur et en force. <2> Les amours charnelles, basées sur ce qui passe, passent aussi comme des fleurs printanières ; car ni la flamme ne résiste quand la matière est consumée : elle disparaît avec le combustible ; ni le désir ne subsiste quand son foyer s'épuise. Mais celles qui sont selon Dieu et chastes, ayant un objet solide, sont par là même plus durables ; et plus la beauté se découvre à eux, plus elle unit à elle et entre eux ceux qui ont les mêmes amours : c'est la loi de l'amour qui est supérieur à nous. <3> Mais je sens que je me laisse emporter au-delà des convenances et de la mesure, et je ne sais comment je tombe dans ces propos ; d'autre part, je ne vois pas le moyen de m'arrêter dans mon récit : car chaque fois ce qui a été omis m'apparaît comme nécessaire, et supérieur à ce qui avait été pris d'abord ; <4> et si on me tyrannise pour m'empêcher de continuer, j'aurai le sort des polypes : si on les arrache de leur gîte, les rochers adhéreront à leurs trompes et on ne les en séparera pas sans que des deux côtés il n'y ait quelque chose d'emporté par la violence. Si donc on me donne la permission, j'ai ce que je demande; sinon, je le prendrai de moi-même.
[20] XX. <1> Οὕτω δὴ τὰ πρὸς ἀλλήλους ἔχοντες, καὶ τοιαύτας ὑποστήσαντες εὐτειχεῖ θαλάμῳ χρυσέας κίονας, φησι Πίνδαρος, οὕτως ᾔειμεν εἰς τὸ πρόσω, Θεῷ καὶ πόθῳ συνεργοῖς χρώμενοι. ! πῶς ἀδακρυτὶ τὴν τούτων ἐνέγκω μνήμην! Ἶσαι μὲν ἐλπίδες ἦγον ἡμᾶς πράγματος ἐπιφθονωτάτου, τῶν λόγων· φθόνος δὲ ἀπῆν, ζῆλος δὲ ἐσπουδάζετο. <2> Ἀγὼν δὲ ἀμφοτέροις, οὐχ ὅστις αὐτὸς τὸ πρωτεῖον ἔχοι, ἀλλ' ὅπως τῷ ἑτέρῳ τούτου παραχωρήσειεν· τὸ γὰρ ἀλλήλων εὐδόκιμον ἴδιον ἐποιούμεθα. Μία μὲν ἀμφοτέροις ἐδόκει ψυχὴ δύο σώματα φέρουσα· καὶ εἰ τό, πάντα ἐν πᾶσι κεῖσθαι, μὴ πειστέον τοῖς λέγουσιν, ἀλλ' ἡμῖν γε πειστέον, ὡς ἐν ἀλλήλοις καὶ παρ' ἀλλήλοις ἐκείμεθα. <3> Ἓν δ' ἀμφοτέροις ἔργον ἀρετή, καὶ τὸ ζῆν πρὸς τὰς μελλούσας ἐλπίδας, πρὶν ἐνθένδε ἀπελθεῖν ἐνθένδε μεθισταμένοις· πρὸς βλέποντες, καὶ βίον καὶ πρᾶξιν ἅπασαν ἀπηυθύνομεν, παρά τε τῆς ἐντολῆς οὕτως ἀγόμενοι καὶ ἀλλήλοις τὴν ἀρετὴν παραθήγοντες καί, εἰ μὴ μέγα ἐμοὶ τοῦτο εἰπεῖν, κανόνες ὄντες ἀλλήλοις καὶ στάθμαι, οἷς τὸ εὐθὲς καὶ μὴ διακρίνεται. <4> Ἑταίρων τε γὰρ ὡμιλοῦ μεν, οὐ τοῖς ἀσελγεστάτοις ἀλλὰ τοῖς σωφρονεστάτοις, οὐδὲ τοῖς μαχιμωτάτοις ἀλλὰ τοῖς εἰρηνικωτάτοις καὶ οἷς συνεῖναι λυσιτελέστατον· εἰδότες, ὅτι κακίας ῥᾷον μεταλαβεῖν ἀρετῆς μεταδοῦναι, ἐπεὶ καὶ νόσου μετασχεῖν μᾶλλον ὑγίειαν χαρίσασθαι. Μαθημάτων δὲ οὐ τοῖς ἡδίστοις πλέον τοῖς καλλίστοις ἐχαίρομεν· ἐπειδὴ κἀντεῦθέν ἐστιν πρὸς ἀρετὴν τυποῦσθαι τοὺς νέους πρὸς κακίαν. [20] XX. <1> C'est dans ces dispositions mutuelles, c'est avec de telles « colonnes d'or comme soutiens d'une chambre aux bons murs », comme dit Pindare, que nous allions de l'avant, avec Dieu et l'amour pour auxiliaires. Hélas ! comment ne pas pleurer en évoquant ces souvenirs ! D'égales espérances nous guidaient, celles d'une chose fort en butte à l'envie, la science; mais l'envie était absente, c'est l'émulation qui était notre but. <2> II y avait lutte entre les deux, non pas à qui aurait seul le premier rang, mais par quel moyen il le céderait à l'autre : car chacun de nous faisait sienne la gloire de l'autre. On eût dit chez l'un et chez l'autre une seule âme pour porter deux corps. Et s'il ne faut pas croire ceux qui disent que tout est dans tout, nous du moins, il faut nous croire quand nous disons que nous étions l'un dans l'autre et l'un près de l'autre. <3> Nous n'avions tous deux qu'une affaire, la vertu, vivre en vue des espérances futures, et avant de partir d'ici être détachés d'ici. Les yeux fixés sur le but, nous dirigions notre vie et notre conduite tout entière, en nous laissant ainsi conduire par la loi, en nous stimulant mutuellement à la vertu, et si ce n'est pas trop pour moi de le dire, étant l'un pour l'autre une règle et une balance pour distinguer le bien du mal. <4> Parmi nos compagnons, nous fréquentions non les plus libertins, mais les plus chastes, ni les plus querelleurs, mais les plus pacifiques et ceux dont le commerce était le plus utile ; sachant qu'il est plus facile de contracter le vice que de communiquer la vertu, puisqu'il est plus facile de gagner une maladie que de donner la santé. Quant aux études, ce ne sont pas tant les plus agréables que les meilleures où nous trouvions plaisir, puisque il peut de là aussi résulter pour la jeunesse l'impression de la vertu ou du vice.


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Dernière mise à jour : 23/06/2009