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[0] ΕΙΣ ΤΟΝ ΜΕΓΑΝ ΒΑΣΙΛΕΙΟΝ ΕΠΙΣΚΟΠΟΝ ΚΑΙΣΑΡΕΙΑΣ ΚΑΠΠΑΔΟΚΙΑΣ
ΕΠΙΤΑΦΙΟΣ.
| [0] EN L'HONNEUR DU GRAND BASILE,
ÉVÊQUE DE CÉSARÉE DE CAPPADOCE -
DISCOURS FUNÈBRE.
| [1] I. <1> Ἔμελλεν ἄρα πολλὰς ἡμῖν ὑποθέσεις τῶν λόγων ἀεὶ προθεὶς ὁ
μέγας Βασίλειος, καὶ γὰρ ἐφιλοτιμεῖτο τοῖς ἐμοῖς λόγοις ὡς οὔπω τοῖς
ἑαυτοῦ τῶν πάντων οὐδείς, ἑαυτὸν νῦν ἡμῖν προθήσειν, ὑπόθεσιν ἀγώνων
μεγίστην τοῖς περὶ λόγους ἐσπουδακόσιν. <2> Οἶμαι γάρ, εἴ τις τῆς ἐν λόγοις
δυνάμεως πεῖραν ποιούμενος, ἔπειτα πρὸς μέτρον κρῖναι ταύτην θελήσειε,
μίαν ἐκ πασῶν ὑπόθεσιν προστησά μενος, καθάπερ οἱ ζωγράφοι τοὺς
ἀρχετύπους πίνακας, ταύτην ἂν ὑφελὼν μόνην, ὡς λόγου κρείττονα, τῶν
ἄλλων ἑλέσθαι τὴν πρώτην· <3> τοσοῦτον ἔργον ἡ τοῦ ἀνδρὸς εὐφημία, μὴ
ὅτι γε ἡμῖν τοῖς πάλαι πᾶν τὸ φιλότιμον καταλύσασιν, ἀλλὰ καὶ οἷς βίος
ἐστὶν ὁ λόγος, ἓν τοῦτο ἐσπου δακόσι καὶ μόνον, ταῖς τοιαύταις
ἐνευδοκιμεῖν ὑποθέσεσιν! Ἔχω μὲν οὕτω περὶ τούτων καί, ὡς ἐμαυτὸν
πείθω, λίαν ὀρθῶς. <4> Οὐκ οἶδα δὲ εἰς ὅ τι ἂν ἄλλο χρησαίμην τοῖς λόγοις
μὴ νῦν χρησάμενος. ἢ ὅ τί ποτ' ἂν μᾶλλον ἢ ἐμαυτῷ χαρισαίμην ἢ τοῖς
ἀρετῆς ἐπαινέταις ἢ τοῖς λόγοις αὐτοῖς, ἢ τὸν ἄνδρα τοῦτον θαυμάσας.
Ἐμοί τε γὰρ ἔσται τοῦτο χρέος ἱκανῶς ἀφωσιωμένον· χρέος δέ, εἴπερ ἄλλο
τι, τοῖς ἀγαθοῖς τά τε ἄλλα καὶ περὶ τὸν λόγον, ὁ λόγος. <5> Ἐκείνοις θ' ἅμα
μὲν ἡδονὴ ἂν γένοιτο, καὶ ἅμα παράκλησις εἰς ἀρετήν, ὁ λόγος. Ὧν γὰρ
τοὺς ἐπαίνους, οἶδα τούτων σαφῶς καὶ τὰς ἐπιδόσεις· ἐπ' οὐδενὸς οὖν τῶν
ἁπάντων, οὐκ ἔστιν ἐφ' ὅτῳ οὐχὶ τῶν ἁπάντων. Τοῖς τε λόγοις αὐτοῖς
ἀμφοτέρωθεν ἂν ἔχοι τὸ πρᾶγμα καλῶς· εἰ μὲν ἐγγὺς ἔλθοιεν τῆς ἀξίας, τὴν
ἑαυτῶν ἐπιδεδειγμένοις δύναμιν· εἰ δὲ πλεῖστον ἀπολειφθεῖεν, ὃ πᾶσα
παθεῖν ἀνάγκη τοῖς ἐκεῖνον ἐγκωμιάζουσιν, ἔργῳ δεδηλωκόσι τὴν ἧτταν,
καὶ τὸ κρείττω ἢ κατὰ λόγου δύναμιν εἶναι τὸν εὐφημούμενον.
| [1] I. <1> Il devait donc, après nous avoir toujours proposé tant de sujets à
traiter, le grand Basile, — car il était fier de mes discours plus qu'aucun
orateur ne le fut jamais des siens, — s'offrir aujourd'hui en personne à
nous, comme une très grande matière à exercice pour ceux qui
s'adonnent aux discours. <2> Car j'estime que, si un orateur jaloux
d'essayer son talent désirait l'apprécier à sa mesure en se proposant un
sujet entre mille, comme font les peintres pour les tableaux qui servent de
modèles, il écarterait seulement celui-ci, le trouvant au-dessus de
l'éloquence, et choisirait dans les autres le premier ; <3> tant c'est un travail
que l'éloge de cet homme, je ne dis pas pour nous qui sommes depuis
longtemps dégagé de toute prétention, mais encore pour ceux-là dont
l'éloquence est la vie, et qui n'ont qu'un seul et unique souci, celui de se
distinguer dans ce genre de sujets ! C'est mon opinion sur ce point, et je
crois qu'elle est parfaitement fondée. <4> D'un autre côté, je me demande
pourquoi autre objet je pourrais faire appel à l'éloquence, si je n'en usais
aujourd'hui, et par quel moyen je pourrais être plus agréable à moi-même,
aux panégyristes de la vertu, et aux lettres elles-mêmes, qu'en
admirant cet homme. Car pour moi ce sera un moyen convenable
d'acquitter une dette : si un tribut est dû à ceux qui, entre autres mérites,
ont eu celui de la parole, c'est la parole. <5> Ceux-là pourront trouver tout
ensemble un plaisir et un encouragement à la vertu dans ce discours ; car
je sais que faire l'éloge d'une chose, c'est en accroître évidemment la
portée. Et pour les lettres mêmes, dans l'un et l'autre cas, la
chose pourra aller bien : si elles approchent du mérite, elles auront
manifesté leur puissance ; si elles demeurent beaucoup au-dessous, ce
qui est inévitable dans l'éloge de celui-là, elles auront montré par le fait
leur insuffisance, et que celui qui est loué est supérieur à la force de
l'éloquence.
| [2] II. <1> Ἃ μὲν οὖν πεποίηκέ μοι τὸν λόγον καὶ δι' ἃ τὸν ἀγῶνα τοῦτον
ἐνεστησάμην, ταῦτά ἐστιν. Εἰ δὲ τοσοῦτον ἀπήντηκα τοῦ καιροῦ δεύτερος
καὶ μετὰ τοσούτους ἐπαινέτας, ἰδίᾳ τε καὶ δημοσίᾳ τὰ ἐκείνου σεμνύναντας,
μηδεὶς θαυμαζέτω. Ἀλλὰ συγγινωσκέτω μὲν ἡ θεία ἡ ψυχή, καὶ πάντ' ἐμοὶ
σεβασμία καὶ νῦν καὶ πρότερον. <2> Πάντως δὲ ὡς σὺν ἡμῖν ὢν ἐπηνώρθου
πολλὰ τῶν ἐμῶν ὅρῳ τε φιλίας καὶ νόμῳ κρείττονι (οὐ γὰρ αἰσχύνομαι
τοῦτο λέγειν, ὅτι καὶ πᾶσι νόμος ἦν ἀρετῆς), οὕτω καὶ ὑπὲρ ἡμᾶς
γενόμενος, συγγνώμων ἔσται τοῖς ἡμετέροις. Συγγινωσκέτωσαν δὲ καὶ
ὑμῶν ὅσοι θερμότεροι τοῦ ἀνδρὸς ἐπαινέται, εἴπερ τις ἔστιν ἄλλου
θερμότερος, ἀλλὰ μὴ τοῦτο μόνον πάντες ὁμότιμοι, τὴν τοῦ ἀνδρὸς εὐφημίαν.
<3> Οὐ γὰρ ὀλιγωρίᾳ τὸ εἰκὸς ἐνελίπομεν· μή ποτε τοσοῦτον
ἀμελήσαιμεν ἢ ἀρετῆς ἢ τοῦ φιλικοῦ καθήκοντος· οὐδὲ τῷ νομίζειν ἄλλοις
μᾶλλον ἡμῶν προσήκειν τὸν ἔπαινον. Ἀλλὰ πρῶτον μὲν ὤκνουν τὸν
λόγον, εἰρήσεται γὰρ τἀληθές, ὥσπερ οἱ τοῖς ἱεροῖς προσιόντες, πρὶν
καθαρθῆναι καὶ φωνὴν καὶ διάνοιαν. <4> Ἔπειτα, οὐκ ἀγνοοῦντας μέν,
ὑπομνήσω δ' οὖν ὅμως, ὧν μεταξὺ περὶ τὸν ἀληθῆ λόγον
ἠσχολήμεθα κινδυνεύοντα, καλῶς βιασθέντες, καὶ κατὰ Θεὸν ἴσως ἔκδημοι
γεγονότες, καὶ οὐδὲ ἀπὸ γνώμης ἐκείνῳ τῷ γενναίῳ τῆς ἀληθείας ἀγωνιστῇ
καὶ μηδὲν ἕτερον ἀναπνεύσαντι ὅτι μὴ λόγον εὐσεβῆ καὶ κόσμου παντὸς
σωτήριον. <5> Τὰ γὰρ τοῦ σώματος ἴσως οὐδὲ θαρρῆσαι χρὴ λέγειν ἀνδρὶ
γενναίῳ καὶ ὑπὲρ τὸ σῶμα πρὶν ἐνθένδε μεταναστῆναι, καὶ μηδὲν ἀξιοῦντι
τῶν τῆς ψυχῆς καλῶν ὑπὸ τοῦ δεσμοῦ παραβλάπτεσθαι.
Τὰ μὲν δὴ τῆς ἀπολογίας ἐνταῦθα κείσθω· καὶ γὰρ οὐδὲ μακροτέρας
οἶμαι ταύτης δεήσειν ἡμῖν, πρὸς ἐκεῖνόν γε ποιουμένοις τὸν λόγον καὶ τοὺς
εἰδότας σαφῶς τὰ ἡμέτερα. <6> Ἤδη δὲ πρὸς αὐτὴν ἡμῖν ἰτέον τὴν
εὐφημίαν, αὐτὸν προστησαμένοις τοῦ λόγου τὸν ἐκείνου Θεόν, μὴ
καθυβρίσαι τὸν ἄνδρα τοῖς ἐγκωμίοις, μηδὲ πολὺ δεύτερον τῶν ἄλλων
ἐλθεῖν, κἂν ἐκείνου πάντες ἴσον ἀπολειπώμεθα, καθάπερ οὐρανοῦ καὶ
ἡλιακῆς ἀκτῖνος οἱ πρὸς αὐτὰ βλέποντες.
| [2] II. <1> Donc les raisons qui m'ont fait prendre la parole et m'ont
engagé dans cette entreprise, les voilà. Si je l'aborde avec tant de retard
et après tant de panégyristes qui ont prononcé son éloge en particulier et
en public, que nul ne s'en étonne. Mais qu'elle pardonne cette âme divine
et digne en tous points de mon respect, aujourd'hui comme hier. <2> Tout
comme au temps où, étant avec nous, il redressait en moi bien des
défauts, au nom des droits de l'amitié et d'une loi supérieure (je n'ai pas à
rougir de parler ainsi, puisqu'il était, et pour tout le monde, une règle de
vertu); ainsi, même élevé au-dessus de nous, il nous sera miséricordieux.
Puissent pardonner aussi, ceux qui dans vos rangs sont les plus chauds
panégyristes de cet homme, si toutefois il est quelqu'un qui soit plus
chaud qu'un autre, et si au contraire ce n'est pas ici le seul point où tous
font accorder leur estime, l'éloge de Basile.
<3> Car ce n'est point par négligence que nous avons différé notre
devoir. A Dieu ne plaise que nous ayons pu négliger à ce point les droits
de la vertu ou ceux de l'amitié ! Ce n'est pas non plus par la pensée qu'à
d'autres plutôt qu'à nous convenait cet éloge. Mais d'abord, j'hésitais
devant ce discours (car on dira la vérité), avant d'avoir comme ceux qui
s'approchent des choses saintes purifié ma voix et ma pensée. <4> Et puis,
vous le savez sans doute et pourtant je vais vous le rappeler, dans
l'intervalle nous avons eu à nous occuper de la vraie doctrine mise en
péril, à la suite d'une heureuse violence et après avoir quitté le pays,
peut-être en conformité avec Dieu, et non sans l'approbation de ce généreux
défenseur de la vérité, qui n'avait d'autre aspiration que de prêcher la
doctrine pieuse, salut du monde entier. <5> Quant aux choses du corps,
peut-être ne dois-je même pas avoir l'audace d'en parler à un homme
généreux et supérieur à son corps avant d'émigrer d'ici, et qui ne voulait
pas que ces liens pussent porter atteinte aux biens de l'âme.
Mais restons-en là dans cette justification. Je ne crois même pas qu'il
nous soit nécessaire de la prolonger, puisque nous nous adressons à lui
et à des hommes qui sont bien au courant de nos affaires. <6> Nous avons
maintenant à aborder l'éloge, en mettant le Dieu même de celui-là en tête
de ce discours, afin que les éloges ne soient pas un outrage à l'homme et
que nous n'arrivions pas trop en retard sur les autres, bien que nous
soyons tous également loin de lui, comme par rapport au ciel et aux
rayons du soleil ceux qui les regardent.
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