[19] Τοιοῦτος ὁ βίος ἡμῶν, ἀδελφοί, τῶν ζώντων
πρόσκαιρα· τοιοῦτο τὸ ἐπὶ γῆς παίγνιον· οὐκ ὄντας γενέσθαι,
καὶ γενομένους ἀναλυθῆναι. Ὄναρ ἐσμὲν οὐχ ἱστάμενον,
φάσμα τι μὴ κρατούμενον, πτῆσις ὀρνέου παρερχομένου,
ναῦς ἐπὶ θαλάσσης ἴχνος οὐκ ἔχουσα, κόνις, ἀτμίς,
ἑωθινὴ δρόσος, ἄνθος καιρῷ φυόμενον καὶ καιρῷ λυόμενον.
»Ἄνθρωπος, ὡσεὶ χόρτος αἱ ἡμέραι αὐτοῦ, ὡσεὶ ἄνθος
τοῦ ἀγροῦ, οὕτως ἐξανθήσει«· καλῶς ὁ θεῖος Δαβὶδ περὶ
τῆς ἀσθενείας ἡμῶν ἐφιλοσόφησεν· καὶ ἐν ἐκείνοις πάλιν
τοῖς ῥήμασι· »Τὴν ὀλιγότητα τῶν ἡμερῶν μου ἀνάγγειλόν
μοι«· καὶ παλαιστῶν μέτρον τὰς ἀνθρωπίνας ἡμέρας ὁρίζεται.
Τί δ´ ἂν εἴποις πρὸς Ἱερεμίαν, ὃς καὶ τῇ μητρὶ
μέμφεται τῆς γεννήσεως ἀλγῶν, καὶ ταῦτα ἐπ´ ἀλλοτρίοις
πταίσμασι; »Πάντα εἶδον, φησὶν ὁ Ἐκκλησιαστής,
πάντα ἐπῆλθον λογισμῷ τὰ ἀνθρώπινα, πλοῦτον, τρυφήν,
δυναστείαν, δόξαν τὴν ἄστατον, σοφίαν τὴν ὑποφεύγουσαν
πλέον ἢ κρατουμένην, πάλιν τρυφήν, σοφίαν πάλιν, ἐπὶ τὰ
αὐτὰ πολλάκις ἀνακυκλούμενος, γαστρὸς ἡδονάς, παραδείσους,
πλῆθος οἰκετῶν, πλῆθος κτημάτων, οἰνοχόους καὶ
οἰνοχόας, ᾄδοντας καὶ ᾀδούσας, ὅπλα, δορυφόρους, ἔθνη
προσπίπτοντα, φόρους συλλεγομένους, ὀφρῦν βασιλείας,
ὅσα περιττὰ τοῦ βίου, ὅσα τῶν ἀναγκαίων, οἷς ὑπὲρ πάντας
ἦλθον βασιλεῖς τοὺς ἔμπροσθεν, καὶ τί ἐπὶ πᾶσι τούτοις;
Πάντα ματαιότης ματαιοτήτων, τὰ πάντα ματαιότης
καὶ προαίρεσις πνεύματος, εἴτ´ οὖν ὁρμή τις ψυχῆς
ἀλόγιστος, καὶ περισπασμὸς ἀνθρώπου, τοῦτο κατακριθέντος,
ἴσως ἐκ τοῦ παλαιοῦ πτώματος· τἀλλά, τέλος λόγου,
φησὶ, τὸ πᾶν ἄκουε, τὸν Θεὸν φοβοῦ«. Ἐνταῦθα τῆς ἀπορίας
ἵσταται· καὶ τοῦτό σοι μόνον τῆς ἐνταῦθα ζωῆς τὸ κέρδος,
ὁδηγηθῆναι διὰ τῆς ταραχῆς τῶν ὁρωμένων καὶ σαλευομένων
ἐπὶ τὰ ἑστῶτα καὶ μὴ κινούμενα.
| [19] XIX. Telle est notre vie, frères, à nous qui vivons de la vie temporelle ; telle est
la comédie du monde : ne pas exister et naître, naître et mourir. Nous ne sommes
qu'un songe inconsistant (Job, XX, 8), un fantôme insaisissable, un vol d'oiseau qui
passe, un vaisseau sur la mer ne laissant point de trace, une cendre, une vapeur,
une rosée matinale, une fleur qui naît en un moment et qui meurt en un moment
(Sap., V, 10, 12 ; Osée., XIII, 3). <2> « L'homme, ses jours sont comme l'herbe ;
comme la fleur du champ, ainsi il fleurira » (Ps., CII, 15). Il a bien, le divin David,
médité sur notre faiblesse. Et de nouveau dans ces paroles : « Fais-moi connaître
le petit nombre de mes jours » (Ps., XXXVIII, 5); et il définit les jours de l'homme
une mesure de palme (Ps., XXXVIII, 6). Et que diras-tu à Jérémie qui va jusqu'à
reprocher à sa mère son enfantement (xv, 10) à cause de ses souffrances, et cela
au sujet de fautes d'autrui? <3> « J'ai tout vu, dit l'Ecclésiaste (I, 14 suiv., passim) ;
j'ai parcouru par la pensée toutes les choses humaines, la richesse, le plaisir, la
puissance, la gloire qui ne dure pas, la sagesse qui fuit plus qu'elle ne se laisse
prendre, encore le plaisir, la sagesse encore, par des retours fréquents aux mêmes
objets, les plaisirs du ventre, les jardins, une multitude de domestiques, une
multitude de possessions, des verseurs de vin et des verseuses de vin, des
chanteurs et des chanteuses, des armes, des satellites, des peuples qui se
prosternent, des tributs amassés, le faste de la royauté, toutes les superfluités de la
vie, tout le nécessaire, par quoi je me suis élevé au-dessus des rois mes
prédécesseurs ; et quoi, après tout cela? <4> Tout est vanité des vanités, l'ensemble
est vanité et préjugé de l'esprit (Eccl., I, 14), c'est-à-dire un élan irréfléchi de l'âme
et un égarement de l'homme, punition peut-être à la suite de l'ancienne chute. Mais
écoute, pour finir, le résumé de la Parole : « Crains Dieu » (Eccl., XII, 43). C'est là
qu'il s'arrête dans ses perplexités, et c'est le seul gain qui te puisse venir de la vie
d'ici, de trouver une direction, dans le désordre des choses visibles et troublées,
vers les choses stables et non agitées.
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