[8] Ἐπαινέσειε δ´ ἄν τις καὶ τὸν Ἀθήνησι νομοθέτην, ὃς τὸν μὴ διδάξαντα
τέχνην ἐκώλυε πρὸς τοῦ παιδὸς τρέφεσθαι. Τέχνης γὰρ ἁπάσης κατ´ ἐκεῖνον
μάλιστα τὸν χρόνον ἀσκουμένης ἡνίχ´ ὡραιότατα φαίνεται τὰ σώματα, πολλοῖς
συνέβη περιβλέπτοις διὰ κάλλος γεγενημένοις ἀμελῆσαι τῆς ἑαυτῶν ψυχῆς,
εἶθ´ ὕστερον ὅτ´ οὐδὲν ὄφελος λέγειν
« Εἴθ´ ὤφελεν τὸ κάλλος, ὅ με διώλεσε,
κακῶς ὀλέσθαι » .
Τηνικαῦτα δ´ αὐτοὺς καὶ τὸ τοῦ Σόλωνος εἰσέρχεται σκοπεῖσθαι κελεύοντος ἐν
τοῖς μάλιστα τὸ τέλος τοῦ βίου. Εἶτα καὶ τῷ γήρᾳ λοιδοροῦνται, δέον
ἑαυτοῖς, καὶ τὸν Εὐριπίδην ἐπαινοῦσι λέγοντα
« Οὐ γὰρ ὠφελήσιμον
περαιτέρω τὸ κάλλος ἢ μέσον λαβεῖν » .
Ἄμεινον οὖν ἐστιν ἐγνωκότας τὴν μὲν τῶν μειρακίων ὥραν τοῖς ἠρινοῖς
ἄνθεσιν ἐοικυῖαν ὀλιγοχρόνιόν τε τὴν τέρψιν ἔχουσαν ἐπαινεῖν τε καὶ
ἐπαίρειν τὴν Λεσβίαν λέγουσαν
« Ὁ μὲν γὰρ καλὸς ὅσσον ἰδεῖν πέλεται καλός,
ὁ δὲ κἀγαθὸς αὐτίκα καὶ καλὸς ἔσται, »
πείθεσθαι δὲ καὶ Σόλωνι τὴν αὐτὴν γνώμην ἐνδεικνυμένῳ, μεμαθηκότας ἐν τοῦ
βίου τέλει γῆρας καθάπερ χαλεπὸν ἐφεδρεῦον{τα} χειμῶνα, δεόμενον οὐχ
ὑποδημάτων μόνον καὶ ἐσθῆτος ἀλλὰ καὶ οἰκήσεως ἐπιτηδείας καὶ μυρίων
ἄλλων, παρασκευάζεσθαι πρὸς αὐτὸ καθάπερ ἀγαθὸν κυβερνήτην ἐκ πολλοῦ πρὸς
χειμῶνα· μοχθηρὸν γὰρ τὸ
« ῥεχθὲν δέ τε νήπιος ἔγνω » .
Πρὸς τί γὰρ ἂν καὶ φαίη τις εἶναι χρήσιμον ἀνάσκητον νέου κάλλος; Ἆρά γ´
εἰς πόλεμον; Καὶ μὴν οὐκ ἂν ἀστόχως τις ἐπιφωνήσειε τοῖς τοιούτοις
« ἀλλὰ σύ γ´ ἱμερόεντα μετέρχεο ἔργα γάμοιο » ἢ
« ἀλλ´ εἰς οἶκον ἰοῦσα τὰ ς´ αὐτῆς ἔργα κόμιζε » .
Καὶ γὰρ ὁ Νιρεὺς « κάλλιστος μὲν ἀνὴρ ὑπὸ Ἴλιον ἦλθεν, ἀλλ´ ἀλαπαδνὸς ἔην» ,
καὶ διὰ τοῦθ´ ἅπαξ αὐτοῦ μόνον ἐμνημόνευσεν Ὅμηρος ἐν νεῶν καταλόγῳ πρὸς
ἐπίδειξιν, ἐμοὶ δοκεῖν, τῆς τῶν καλλίστων ἀνδρῶν ἀχρηστίας, ὅταν αὐτοῖς
ὑπάρχῃ μηδὲν ἄλλο τῶν εἰς τὸν βίον χρησίμων. Οὐδὲ μὴν εἰς πόρον χρημάτων,
εἴ τινες τῶν κακοδαιμόνων λέγειν τολμῶσι, τὸ κάλλος ἐστὶ χρήσιμον. Ὁ μὲν
γὰρ ἐλευθέριός τε καὶ ἔνδοξος καὶ βέβαιος χρηματισμὸς ἀπὸ τέχνης γίγνεσθαι
πέφυκεν, ὁ δ´ ἀπὸ σώματος καὶ κάλλους αἰσχρός ἐστι καὶ διὰ παντὸς
ἐπονείδιστος. Χρὴ τοίνυν τὸν νέον πειθόμενον τῷ παλαιῷ παραγγέλματι τὴν
ἑαυτοῦ μορφὴν ἐν κατόπτρῳ θεασάμενον, εἰ μὲν καλὸς εἴη τὴν ὄψιν, ἀσκῆσαι
τοιαύτην εἶναι καὶ τὴν ψυχήν, ἄτοπον ἡγησάμενον ἐν καλῷ σώματι ψυχὴν
αἰσχρὰν οἰκεῖν, εἰ δ´ αἰσχρὸς αὑτῷ φαίνοιτο τὴν τοῦ σώματος ἰδέαν εἶναι,
τοσῷδε μᾶλλον ἐπιμεληθῆναι τῆς ψυχῆς, ἵν´ ἔχῃ λέγειν τὸ Ὁμηρικόν
« Ἄλλος μὲν γάρ τ´ εἶδος ἀκιδνότερος πέλει ἀνήρ·
ἀλλὰ θεὸς μορφὴν ἔπεσι στέφει, οἳ δέ τ´ ἐς αὐτὸν
τερπόμενοι λεύσσουσιν· ὃ δ´ ἀσφαλέως ἀγορεύει
αἰδοῖ μειλιχίῃ, μετὰ δὲ πρέπει ἀγρομένοισιν·
ἐρχόμενον δ´ ἀνὰ ἄστυ θεὸν ὣς εἰσορόωσιν. »
Ἐξ ἁπάντων τοίνυν τῶν εἰρημένων τοῖς γε μὴ παντάπασιν ἀνοήτοις ἐναργῶς
φαίνεται μήτ´ ἐπὶ γένους λαμπρότητι μήτ´ ἐπὶ πλούτῳ τε καὶ κάλλει
θαρρήσαντας καταφρονῆσαι τέχνης ἀσκήσεως. Αὐτάρκη μὲν οὖν καὶ ταῦτα·
κάλλιον δ´ ἴσως προσθεῖναι καὶ τὸ τοῦ Διογένους οἷον ἀγαθόν τινα ἐπῳδόν·
ὅς γ´ ἑστιώμενος παρά τινι τῶν μὲν ἑαυτοῦ πάντων ἀκριβῶς προνενοημένῳ,
μόνου δ´ ἑαυτοῦ παντάπασιν ἠμεληκότι, χρεμψάμενος ὡς πτύσων εἶτ´ ἐν κύκλῳ
περισκοπήσας εἰς οὐδὲν μὲν τῶν πέριξ ἔπτυσεν, αὐτῷ δὲ μόνῳ προσέπτυσε τῷ
δεσπότῃ τῆς οἰκίας. Ἀγανακτοῦντος δ´ αὐτοῦ καὶ τὴν αἰτίαν ἐρωτῶντος οὐδὲν
ἔφησεν ὁρᾶν οὕτως ἠμελημένον τῶν κατὰ τὴν οἰκίαν ὡς ἐκεῖνον. Τοὺς γὰρ
τοίχους ἅπαντας ἀξιολόγοις γραφαῖς κεκοσμῆσθαι, τὸ δ´ ἔδαφος ἐκ ψήφων
πολυτελῶν συγκεῖσθαι θεῶν εἰκόνας ἔχον θαυμαστῶς διατετυπωμένας, ἅπαντά
τε τὰ σκεύη λαμπρὰ καὶ καθαρὰ καὶ τὰς στρωμνὰς καὶ τὰς κλίνας εἰς κάλλος
ἐξησκῆσθαι, μόνον δ´ ἐκεῖνον ὁρᾶν ἠμελημένον· εἰθίσθαι δ´ ἅπασιν ἀνθρώποις
εἰς τοὺς ἀτιμοτάτους τῶν παρόντων τόπων ἀποπτύειν. Μὴ τοίνυν ἐάσῃς, ὦ
μειράκιον, ἄξιον τοῦ προσπτύεσθαι γενέσθαι σεαυτόν, μηδ´ ἂν ἅπαντά σοι
τἄλλα κάλλιστα διακεῖσθαι δοκῇ. Σπάνιον μὲν γάρ ἐστι καὶ τὸ τυχεῖν αὐτῶν
ὁμοῦ πάντων, ὡς εὐγενῆ τε καὶ πλούσιον εἶναι καὶ καλὸν ἅμα τὸν αὐτόν. Εἰ
δ´ ἄρα καὶ συνέλθοι ποτέ, δεινὸν ἂν εἴη μόνον ἐν ἅπασι τοῖς ὑπάρχουσιν
αὐτὸν κατάπτυστον εἶναι.
| [8] Le législateur d'Athènes, Solon, est peut-être digne d'éloges pour avoir
affranchi le fils, auquel son père n'aurait appris aucun art, du soin de le nourrir dans
sa vieillesse. Comme les arts s'exercent surtout à l'époque où le corps est
dans son éclat, il arrive à beaucoup de jeunes gens doués d'une beauté
remarquable, de négliger la culture de leur âme, et d'être obligés plus tard, mais
quand cela ne leur sert plus à rien, de répéter avec le poète :
« Puisse la beauté qui m'a perdu périr misérablement !
« Ils se rappellent alors la pensée de Solon qui recommandait de considérer
surtout la fin dans la vie ; ils jettent à la vieillesse une malédiction qu'ils
méritent, et ils reconnaissent la vérité de ces vers d'Euripide :
« Il n'est pas sur de posséder une beauté qui dépasse la beauté ordinaire. »
Il faut, comparant la beauté des jeunes gens aux fleurs du printemps, savoir
que ses charmes ont peu de durée, et reconnaître la justesse de ces vers de
la Lesbienne :
« Celui qui est beau, ne l'est qu'autant qu'on le regarde. Celui qui est bon, sera
toujours beau. »
On doit aussi en croire Solon qui exprime le même sentiment.
Pour recevoir la vieillesse qui nous dresse des embûches comme une funeste
tempête, il ne faut pas seulement préparer une chaussure et des vêtements, mais
une maison commode et mille autres objets, imitant en cela le nautonier
expérimenté qui se précautionne de loin contre l'orage.
Car ce mot est désolant :
« L'insensé connaît le mal quand il est arrivé. »
Enfin, dites à quoi peut servir chez un jeune homme la beauté qui n'est
accompagnée d'aucun talent. Est-ce pour la guerre? Mais on lui opposera
avec raison ces paroles :
« Livrez-vous aux délicieuses occupations du mariage.» (Iliade,V, 249).
« Demeurez dans votre maison, pour vous y livrer aux travaux qui vous
conviennent. » (Iliade, VI, 490).
« Nirée le plus beau des Grecs qui vinrent sous les murs d'Ilion....; mais il
n'était pas brave. » (Iliade, II, 180-2).
Homère ne parle qu'une seule fois de ce Nirée, dans le dénombrement des
vaisseaux, pour montrer, ce me semble, l'inutilité des hommes qui sont doués d'une
très grande beauté, lorsqu'il leur manque tout ce qui sert à la pratique de la vie.
La beauté n'est
pas même un moyen de s'enrichir, quoi qu'en disent quelques hommes pervers; car
on retire un gain honnête, glorieux et sûr de l'exercice d'une profession ; mais celui
que rapporte le trafic de son corps et de sa beauté est infâme, et tout à fait
répréhensible. Le jeune homme doit donc se conformer à cet ancien précepte :
Qu'il se regarde au miroir, et s'il est doué d'un beau visage, qu'il s'efforce de mettre
son âme en harmonie avec son corps, persuadé qu'il est absurde qu'une âme
déshonnête habite dans un beau corps; s'il trouve, au contraire, son corps difforme,
qu'il cherche avec d'autant plus de soin à orner son âme, afin de pouvoir dire avec
Homère :
« Un homme peut être inférieur en beauté, mais un Dieu orne sa laideur par
les dons de l'éloquence ; on se tourne vers lui, on le regarde avec attention; il parle
avec assurance et avec une aimable modestie ; il brille au milieu de l'assemblée, et
quand il parcourt la ville, on le contemple avec admiration comme une divinité. »
(Odyssée, VIII, 169-173).
De tout ce qui vient d'être dit, il résulte évidemment pour ceux qui n'ont pas
perdu tout à fait la raison, qu'il ne faut se prévaloir ni de la naissance, ni de la
richesse, ni de la beauté, pour négliger la culture des arts.
Ce qui précède suffirait ; mais je trouve mieux d'y ajouter une
excellente et dernière confirmation, en racontant le trait suivant de Diogène :
Mangeant un jour chez un homme dont l'ameublement était parfaitement
disposé, mais qui n'avait pris aucun soin de lui-même, il toussa comme pour
cracher, et, promenant ses yeux autour de lui, il ne cracha sur aucun des objets
avoisinants, mais sur son hôte lui-même ; comme celui-ci lui reprochait avec
indignation sa grossièreté, et lui en demandait la cause : « Je n'ai rien vu, dit-il,
dans cette chambre, d'aussi sale que le maître de la maison : les murs sont ornés
de belles peintures ; le pavé est formé d'une mosaïque de grande valeur, qui
représente les images des Dieux; tous les ustensiles sont brillants et propres; les
tapis et le lit sont merveilleusement travaillés ; je n'ai vu de sale que le maître de
toutes ces choses; or, la coutume générale est de cracher sur ce qu'il y a de plus abject. »
Jeune homme, gardez-vous donc de mériter qu'on vous crache dessus ! Évitez
cette marque d'infamie, quand même tout votre entourage serait magnifique. Il est
rare, sans doute, qu'un même homme réunisse tous les avantages : naissance,
fortune et beauté ; mais si cela vous arrivait, ne serait-il pas déplorable que vous
seul, au milieu de tant de splendeur, soyez digne de recevoir un crachat?
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