[6] Πολλοὶ δὲ τῶν κακοδαιμόνων καὶ πάντα πρὸς τὸν πλοῦτον ἀποβλεπόντων ἐν
τοιαύταις πραγμάτων περιστάσεσι γενόμενοι χρυσὸν ἢ ἄργυρον ἐξαψάμενοί τε
καὶ περιθέμενοι τῷ σώματι προσαπώλεσαν αὐτοῖς καὶ τὴν ψυχήν, οὐδὲ τοῦτο
δυνάμενοι συνιδεῖν ὅτι καὶ τῶν ἀλόγων ζῴων αὐτοὶ πρῶτοι τὰ ταῖς
χρηστοτάταις τέχναις κεκοσμημένα μᾶλλον ἀσπάζονται. Καὶ γὰρ τοὺς
πολεμικοὺς ἵππους καὶ τοὺς θηρατικοὺς κύνας πρὸ τῶν ἄλλων τιμῶσι καὶ τοὺς
μὲν οἰκέτας ἐκδιδάσκονται τέχνας, πάμπολυ πολλάκις εἰς αὐτοὺς ἀργύριον
ἀναλίσκοντες, ἑαυτῶν δ´ ἀμελοῦσι. Καίτοι γε οὐκ αἰσχρὸν οἰκέτην μὲν ἐνίοτε
δραχμῶν εἶναι μυρίων ἄξιον, αὐτὸν δὲ τὸν δεσπότην αὐτοῦ μηδὲ μιᾶς; Καὶ τί
λέγω μιᾶς; Οὐδ´ ἂν προῖκά τις τὸν τοιοῦτον λάβοι. Μήποθ´ ἑαυτοὺς μόνους
ἠτιμάκασιν ἐκ πάντων μηδεμίαν ἐκμαθόντες τέχνην; Ὅταν γὰρ καὶ τὰ ἄλογα τῶν
ζῴων ἐν τεχνικοῖς ἐπιτηδεύμασι παιδεύωσι καὶ οἰκέτην ἀργὸν καὶ ἄτεχνον
οὐδενὸς ἄξιον νομίζωσιν, ἐπιμελῶνται δὲ καὶ τῶν χωρίων καὶ τῶν ἄλλων
κτημάτων ὅπως ἕκαστον εἰς δύναμιν ὅτι βέλτιστον ᾖ, μόνων δ´ ἑαυτῶν
ἀμελῶσι, μηδ´ εἰ ψυχὴν ἔχουσι γιγνώσκοντες, εὔδηλον ὅτι τοῖς ἀποβλήτοις
τῶν οἰκετῶν ἐοίκασιν. Ὥστε τις ἐπιστὰς ἀνδρὶ τοιούτῳ προσηκόντως ἂν εἴποι
πρὸς αὐτὸν « ὦ ἄνθρωπ´, ἡ οἰκία μέν σοί γ´ εὐεκτεῖ καὶ τἀνδράποδα πάντα
καὶ ἵπποι δὴ καὶ κύνες καὶ χωρία καὶ ὅσα κέκτησαι διάκειται καλῶς· αὐτὸν
δὲ σὲ οὐκ ἀγαθὴ κομιδὴ ἔχει.» Καλῶς οὖν καὶ ὁ Ἀντισθένης καὶ ὁ Διογένης,
ὃ μὲν χρυσᾶ πρόβατα καλῶν τοὺς πλουσίους καὶ ἀπαιδεύτους, ὃ δὲ ταῖς ἐπὶ
τῶν κρημνῶν συκαῖς ἀπεικάζων αὐτούς· ἐκείνων τε γὰρ τὸν καρπὸν οὐκ
ἀνθρώπους ἀλλὰ κόρακας ἢ κολοιοὺς ἐσθίειν, τούτων τε τὰ χρήματα μηδὲν μὲν
ὄφελος εἶναι τοῖς ἀστείοις, δαπανᾶσθαι δ´ ὑπὸ τῶν κολάκων, οἵτινες ἐὰν
οὕτως τύχῃ πάντων αὐτοῖς ἀναλωθέντων ἀπαντῶντες παρέρχονται μὴ γνωρίζειν
προσποιούμενοι. Ὅθεν οὐδ´ ὁ ταῖς κρήναις τοὺς τοιούτους εἰκάσας ἄμουσός
τις ἦν· καὶ γάρ τοι καὶ οἱ ἀπὸ τῶν κρηνῶν ὑδρευμένοι πρόσθεν, ἐπειδὰν
μηκέτ´ ἔχωσιν ὕδωρ, ἀνασυράμενοι προσουροῦσι. Καὶ ἐστὶν εὔλογον τοὺς διὰ
μηδὲν ἄλλ´ ἢ τὰ χρήματα περιβλέπτους ἅμα τῷ στερηθῆναι τούτων εὐθὺς καὶ
τῶν ἄλλων ἃ διὰ ταῦτ´ εἶχον ἐστερῆσθαι. Τί γὰρ ἂν καὶ πάθοιεν, ἴδιον μὲν
οὐδὲν ἀγαθὸν κεκτημένοι, ἀεὶ δ´ ἐπ´ ἀλλοτρίοις καὶ τοῖς παρὰ τῆς Τύχης
ἐπαιρόμενοι;
| [6] CHAPITRE VI.
Beaucoup de ces misérables qui rapportent tout à la richesse, lorsqu'ils se
trouvent dans de pareilles circonstances, ne pensant qu'à l'or et à l'argent, se
chargent de leurs trésors, les suspendent à leurs vêtements, et perdent la vie.
Ils ne veulent pas considérer qu'eux-mêmes, les premiers, recherchent parmi les
animaux sans raison ceux qui sont les plus industrieux. Ainsi ils préfèrent à tous les
autres les chevaux qui sont dressés au combat, les chiens habitués à la chasse ; ils
font apprendre quelques métiers à leurs esclaves, souvent même ils dépensent en
leur faveur beaucoup d'argent,
mais ils ne s'occupent pas d'eux-mêmes. N'est-il pas honteux
qu'un esclave soit estimé quelquefois dix mille drachmes quand le maître n'en vaut
pas une ? Mais que dis-je une ; on ne le prendrait même pas à son service
pour rien. Peut-être de tels gens se méprisent-ils eux-mêmes, puisque seuls ils
n'ont appris aucun art ? En effet, quand on les voit former des brutes à
diverses industries, ne vouloir à aucun prix d'un esclave paresseux et ignorant,
s'efforcer de tenir leurs champs et leurs autres possessions dans le meilleur état
possible, mais se négliger eux-mêmes et ne pas savoir s'ils ont une âme ou s'ils
n'en ont pas, n'est-il pas évident qu'ils ressemblent au plus vil des esclaves? C'est
avec justice, qu'à de telles gens, si on en rencontre, on pourrait adresser ces
paroles : O hommes ! vos maisons, vos esclaves, vos chevaux, vos chiens, vos
champs et tout ce que vous possédez est dans un état florissant, vous seuls êtes
incultes ! Antisthène et Diogène avaient raison, le premier en appelant
« moutons chargés d'une toison d'or » les riches ignorants; l'autre en les
comparant à des figuiers situés dans des lieux escarpés; les hommes ne
profitent pas de leurs fruits, mais seulement les corbeaux et les geais. De
même les trésors de ces riches ne servent pas aux hommes vertueux, mais sont la
proie des flatteurs qui passent à côté d'eux comme s'ils ne les connaissaient pas
quand la Fortune vient à les dépouiller. Aussi n'était-il point étranger aux
Muses celui qui comparait les riches à une fontaine : on y vient puiser l'eau tant
qu'elle en contient, mais, quand elle est tarie, on y satisfait aux besoins de la
nature, après avoir relevé sa tunique. Du reste il est très rationnel qu'un
homme dont la seule recommandation est la richesse, se trouve dépouillé avec elle
de tous les avantages qu'elle lui procurait. Que peuvent espérer, en effet, ceux qui
n'ayant aucune qualité personnelle s'enorgueillissent de circonstances étrangères
et dépendantes de la Fortune ?
|