[5] Ὁ δ´ ἕτερος τῶν χορῶν πάντες μὲν κόσμιοι καὶ τεχνῶν ἐργάται, οὐ θέουσι
δὲ οὐδὲ βοῶσιν οὐδ´ ἀλλήλοις μάχονται· ἀλλ´ ἐν μέσοις μὲν αὐτοῖς ὁ θεός,
ἀμφ´ αὐτὸν δ´ ἅπαντες ἐν τάξει κεκόσμηνται, χώραν ἕκαστος ἣν ἐκεῖνος
ἔδωκεν οὐκ ἀπολείποντες· οἱ μὲν ἔγγιστα τῷ θεῷ καὶ περὶ αὐτὸν ἐν κύκλῳ
κεκοσμημένοι γεωμέτραι καὶ ἀριθμητικοὶ καὶ φιλόσοφοι καὶ ἰατροὶ καὶ
ἀστρονόμοι καὶ γραμματικοί, τούτων δ´ ἐφεξῆς ὁ δεύτερος κόσμος ζωγράφοι
πλάσται γραμματισταί, τέκτονές τε καὶ ἀρχιτέκτονες καὶ λιθογλύφοι, καὶ
μετ´ αὐτοὺς δ´ ἡ τρίτη τάξις, αἱ λοιπαὶ τέχναι πᾶσαι. Κατὰ μέρη μὲν οὕτω
κεκόσμηνται· πάντες δὲ πρὸς τὸν θεὸν ἀποβλέπουσι κοινῷ τῷ παρ´ αὐτοῦ
προστάγματι πειθόμενοι. Θεάσῃ δὲ κἀνταῦθα πολλοὺς μετ´ αὐτοῦ τοῦ θεοῦ,
τετάρτην δή τινα τάξιν ἀπὸ τῶν ἄλλων ἔκκριτον, οὐχ οἷοί τινες ἦσαν οἱ μετὰ
τῆς Τύχης· οὐ γὰρ ἀξιώμασι πολιτικοῖς οὐδὲ γένους ὑπεροχαῖς οὐδὲ πλούτῳ
τοὺς ἀρίστους ὁ θεὸς οὗτος εἴθισται κρίνειν, ἀλλὰ τοὺς καλῶς μὲν βιοῦντας,
ἐν δὲ ταῖς ἑαυτῶν τέχναις πρωτεύοντας, ἑπομένους δὲ τοῖς προστάγμασιν
αὐτοῦ καὶ νομίμως τὰς τέχνας ἐργαζομένους τιμᾷ τε καὶ πρὸ τῶν ἄλλων ἄγει,
περὶ αὑτὸν ἔχων ἀεί. Τοῦτον μὲν οὖν ὅλον οἶμαι τὸν χορὸν νοήσας ὁποῖός
ἐστιν οὐ μόνον ζηλώσεις ἀλλὰ καὶ προσκυνήσεις. Σωκράτης γάρ ἐστιν ἐν
αὐτῷ καὶ Ὅμηρος καὶ Ἱπποκράτης καὶ Πλάτων καὶ οἱ τούτων ἐρασταί, οὓς ἴσα
καὶ τοῖς θεοῖς σέβομεν, οἷον ὕπαρχοί τινες καὶ ὑπηρέται τοῦ θεοῦ. Καὶ
τῶν δ´ ἄλλων ἁπάντων οὐκ ἔστιν ὅστις ἠμελήθη ποτὲ πρὸς αὐτοῦ· οὐ μόνον γὰρ
ὁδοιπορούντων αὐτῶν πεφρόντικεν ἀλλὰ καὶ πλέουσι σύμπλους ἐστὶ καὶ
ναυαγούντων οὐκ ἀπολείπεται. Ἀρίστιππος γοῦν ἐπειδή ποτε πλέων τοῦ σκάφους
ἀπολομένου πρὸς τὰς Συρακοσίων ᾐόνας ἐξεβράσθη, πρῶτον μὲν ἐθάρρησε
θεασάμενος ἐπὶ τῆς ψάμμου διάγραμμα γεωμετρικόν· ἐλογίσατο γὰρ εἰς Ἕλληνάς
τε καὶ σοφοὺς ἄνδρας, οὐκ εἰς βαρβάρους ἥκειν. Ἔπειτα παραγενόμενος εἰς τὸ
Συρακοσίων γυμνάσιον καὶ ταυτὶ τὰ ἔπη φθεγξάμενος
« Τίς τὸν πλανήτην Οἰδίπουν καθ´ ἡμέραν
τὴν νῦν σπανιστοῖς δέξεται δωρήμασι; »
Προσιόντας τέ τινας ἔσχεν αὑτῷ καὶ γνωρίζοντας ὅστις εἴη καὶ πάντων ὧν
ἐδεῖτο μεταδιδόντας εὐθέως. Ὡς δ´ εἰς Κυρήνην αὐτοῦ τὴν πατρίδα μέλλοντές
τινες πλεῖν ἐπυνθάνοντο, μή τι τοῖς οἰκείοις ἐπιστέλλει, κελεύειν αὐτοὺς
ἔφη ταῦτα κτᾶσθαι τὰ κτήματα ἃ καὶ ναυαγήσαντι συνεκκολυμβήσει.
| [5] CHAPITRE V.
Mais l'autre cortège, celui de Mercure, n'est composé que d'hommes décents,
et cultivant les arts; on ne les voit ni courir, ni vociférer, ni se disputer. Le Dieu est
au milieu d'eux ; tous sont rangés par ordre autour de lui ; chacun conserve la
place qui lui a été assignée. Ceux qui approchent Mercure de plus près, qui
l'entourent immédiatement, sont les géomètres, les mathématiciens, les
philosophes, les médecins, les astronomes et les grammairiens ; viennent
ensuite les peintres, les sculpteurs, les maîtres de grammaire, ceux qui travaillent
le bois, les architectes, les lapidaires ; au troisième rang sont tous les autres
artistes. Tel est l'ordre spécial pour chaque groupe ; mais tous ont toujours les
yeux fixés sur le Dieu, et obéissent en commun aux ordres qui émanent de lui.
Enfin vous apercevez à la suite de Mercure une foule qui forme comme une
quatrième catégorie, mais elle ne ressemble en rien à celle qui court après la
Fortune ; car ce n'est point par les dignités politiques, par l'illustration de la
naissance, ou par la richesse que ce Dieu a coutume de juger de la supériorité des
hommes; il distingue et honore parmi tous les autres et tient toujours près de sa
personne ceux qui mènent une vie vertueuse, qui excellent dans leur art, qui
l'exercent suivant les règles, et qui obéissent à ses préceptes. A la vue d'une suite
ainsi composée, vous serez saisi non seulement du désir d'imiter tous ces
hommes, mais de vénération pour eux. On y trouve Homère, Socrate, Hippocrate,
Platon, et tous ceux qui sont passionnés pour ces écrivains que nous révérons à
l'égal des Dieux comme les lieutenants et les ministres de Mercure. Parmi tous les
autres, il n'en est aucun qui ne soit l'objet de ses soins ; non seulement il s'occupe
de ceux qui sont présents, mais il monte sur le vaisseau avec ceux qui naviguent
et ne les abandonne pas au milieu des naufrages.
Ainsi Aristippe, pendant un voyage sur mer eut son vaisseau
brisé par la tempête ; jeté sur les côtes de Syracuse, il fut bientôt
rassuré en voyant tracées sur le sable des figures géométriques : il pensa qu'il
venait d'aborder chez des Grecs, chez des sages et non chez des barbares ; il se
dirige du côté du gymnase des Syracusains et à peine avait-il prononcé ces vers :
« Qui accueillera maintenant avec une chétive aumône OEdipe aujourd'hui
errant ? » (Sophocle, OEdipe à Colone, v. 3-4)
qu'on s'empresse autour de lui ; on le reconnaît, et on lui prodigue aussitôt tout
ce dont il a besoin. Quelques personnes qui devaient faire voile pour Cyrène sa
patrie lui ayant demandé s'il avait quelque chose à faire dire à ses concitoyens :
«Ordonnez-leur, répondit-il, d'acquérir seulement les biens qui suivent le passager à
la nage lorsque le vaisseau est brisé.»
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