[13] Ἀλλ´ ἴσως τῶν μὲν εἰρημένων οὐδενός, ἰσχύος δ´ ἀντιποιήσονται·
τοῦτο γὰρ εὖ οἶδ´ ὅτι φήσουσιν, ἰσχυρότατοι πάντων εἶναι. Ποίας, ὦ πρὸς
θεῶν, ἰσχύος καὶ πρὸς τί χρησίμης; Πότερον τῆς εἰς τὰ γεωργικὰ τῶν
ἔργων; Πάνυ μὲν οὖν καλῶς ἢ σκάπτειν ἢ θερίζειν ἢ ἀροῦν ἤ τι τῶν ἄλλων
τῶν κατὰ γεωργίαν δύνανται. Ἀλλ´ ἴσως τῆς εἰς τὰ πολεμικά; Τὸν Εὐριπίδην
αὖθίς μοι κάλει, ὅστις αὐτοὺς ὑμνήσει λέγων
« Πότερα μαχοῦνται πολεμίοισιν, ἐν χεροῖν δίσκους ἔχοντες; »
Τῷ γὰρ ὄντι
« Οὐδεὶς σιδήρου ταῦτα μωραίνει πέλας. »
Ἀλλὰ πρὸς κρύος καὶ θάλπος ἰσχυροί; Αὐτοῦ γε τοῦ Ἡρακλέους ζηλωταί, ὡς ἑνὶ
καὶ χειμῶνος καὶ θέρους σκέπεσθαι δέρματι, ὡς ἀνυπόδετοι διατελεῖν,
ὑπαίθριοι κοιμᾶσθαι, χαμευνεῖν· ἐν ἅπασι γὰρ τούτοις τῶν νεογνῶν παίδων
εἰσὶν ἀσθενέστεροι. Ἐν τίνι τοίνυν ἔτι τὴν ἰσχὺν ἐπιδείξονται ἢ ἐπὶ τίνι
μέγα φρονήσουσιν; Οὐ γὰρ δήπουθεν ἐπὶ τῷ τοὺς σκυτοτόμους ἢ τοὺς
τέκτονας ἢ τοὺς οἰκοδόμους οἷοί τ´ εἶναι καταβάλλειν ἐν παλαίστρᾳ τε καὶ
σταδίῳ; Τάχ´ οὖν ἐπὶ τῷ δι´ ὅλης ἡμέρας κονίεσθαι θαυμάζεσθαι
δικαιοῦσιν· ἀλλὰ τοῦτό γε καὶ τοῖς ὄρτυξι καὶ τοῖς πέρδιξιν ὑπάρχει, καὶ
εἴπερ ἐπὶ τούτῳ, μέγα χρὴ φρονεῖν καὶ ἐπὶ τῷ δι´ ὅλης ἡμέρας βορβόρῳ
λούεσθαι. Ἀλλὰ νὴ Δία τῶν ἱερουργημένων ἕνα ταύρων ἀναθέμενος τοῖς ὤμοις ὁ
Μίλων ἐκεῖνος ὁ Κροτωνιάτης διεκόμισέ ποτε τὸ στάδιον. Ὦ τῆς ὑπερβαλλούσης
ἀνοίας, ὡς μηδὲ τοῦτο γιγνώσκειν ὅτι πρὸ βραχέος τὸ βαρύτατον τοῦτο σῶμα
τοῦ ταύρου ζῶντος ἐβάσταζεν ἡ ψυχὴ τοῦ ζῴου, καὶ πολλῷ γ´ ἀκοπώτερον ἢ ὁ
Μίλων, εἴ γε καὶ θεῖν ἠδύνατο βαστάζουσα· ἀλλ´ ὅμως οὐδενὸς ἦν ἀξία,
παραπλησίως τῇ Μίλωνος. Ἐδήλωσε δὲ καὶ ἡ τελευτὴ τἀνδρὸς ὅπως ἦν ἀνόητος·
ὅς γε θεασάμενός ποτε νεανίσκον σχίζοντα κατὰ μῆκος ξύλον ἐνθέσει σφηνῶν,
ἐκεῖνον μὲν ἀπέστησε καταγελάσας, αὐτὸς δὲ διὰ τῶν ἑαυτοῦ χειρῶν μόνων
ἐτόλμησε διασπᾶν αὐτό. Κἄπειθ´ ὅσον εἶχεν ἰσχύος εὐθὺς ἐν τῇ πρώτῃ
προσβολῇ πληρώσας διέστησε μὲν ἑκατέρωσε τὰ μέρη τοῦ ξύλου, τῶν σφηνῶν δ´
ἐκπεσόντων ἐν τῷδε τὸ λοιπὸν τοῦ ξύλου μέρος ἀδυνατῶν διαστῆσαι μέχρι
πολλοῦ μὲν ἀντεῖχεν, ὕστερον δὲ νικηθεὶς οὐκ ἔφθασε κομίσασθαι τὰς
χεῖρας, ἀλλ´ ὑπὸ τῶν μερῶν τοῦ ξύλου συνελθόντων ἀλλήλοις καταληφθεῖσαι
συνετρίβησαν μὲν αὗται πρῶται, θανάτου δ´ οἰκτροῦ τῷ Μίλωνι κατέστησαν
αἴτιαι. Πάνυ μὲν οὖν ὤνησεν αὐτὸν εἰς τὸ μηδὲν παθεῖν ὁ νεκρὸς ταῦρος ἐν
τῷ σταδίῳ βασταχθείς· ἢ τὸ κοινὸν τῶν Ἑλλήνων ἔσωσεν ἄν, ἡνίκα πρὸς τὸν
βάρβαρον ἐπολέμουν, ἡ τοιαύτη τοῦ Μίλωνος ἐνέργεια περὶ τὸν ταῦρον, ἀλλ´
οὐχ ἡ Θεμιστοκλέους σοφία πρῶτον μὲν ὑποκριναμένου καλῶς τὸν χρησμόν, εἶτα
στρατηγήσαντος ὡς ἐχρῆν;
« Σοφὸν γὰρ ἓν βούλευμα τὰς πολλὰς χέρας
νικᾷ, σὺν ὅπλοις δ´ ἀμαθία χεῖρον κακόν » .
Ὅτι μὲν εἰς οὐδὲν τῶν κατὰ τὸν βίον ἔργων χρήσιμος ἡ τῶν ἀθλητῶν ἄσκησις
εὖ οἶδ´ ὅτι σαφὲς ἤδη γέγονεν· ὅτι δὲ καὶ ἐν αὐτοῖς οἷς ἀσκοῦσιν οὐδενός
εἰσιν ἄξιοι λόγου μάθοιτ´ ἄν, εἰ διηγησαίμην ὑμῖν τὸν μῦθον ἐκεῖνον, ὃν
τῶν οὐκ ἀμούσων ἀνδρῶν τις ἐντείνας ἔπεσι διεσκεύασεν. Ἐστὶ δὲ οὗτος· εἰ
Διὸς γνώμῃ πᾶσι τοῖς ζῴοις ὁμόνοια καὶ κοινωνία γένοιτο πρὸς τὸν βίον, ὡς
τὸν ἐν Ὀλυμπίᾳ κήρυκα μὴ μόνον ἀνθρώπους τοὺς ἀγωνιουμένους καλεῖν ἀλλὰ
καὶ πᾶσιν ἐπιτρέπειν τοῖς ζῴοις εἰς τὸ στάδιον ἥκειν, ἐν τοῖς ἀγῶσιν
οὐδένα ἂν ἄνθρωπον οἶμαι στεφθήσεσθαι.
Ἐν μὲν γὰρ δολιχῷ καὶ ὑπέρτατος, φησίν, ἔσσεται ἵππος, τὸ στάδιον δὲ
λαγωὸς ἀποίσεται, ἐν δὲ διαύλῳ δορκὰς ἀριστεύσει. μερόπων δ´ ἐναρίθμιος
οὐδεὶς ἐν ποσίν, ὦ κούφων ἀσκήτορες, ἄθλιοι ἄνδρες. »
Ἀλλ´ οὐδὲ τῶν ἀφ´ Ἡρακλέους τις ἐλέφαντος ἢ λέοντος ἰσχυρότερος ἂν φανείη.
Οἶμαι δ´ ὅτι καὶ ταῦρος πυγμῇ στεφθήσεται.
« Καὶ δὴ λὰξ ὄνος, φησίν, εἴ τις ἐρίζειν βούλεται αὐτῷ,
οἴσει τὸν στέφανον. »
« Αὐτὰρ ἐν ἱστορίῃ πολυπείρου γράψετ´ ἀγῶνος,
ὡς τό γε παγκράτιον κρατερὸν νίκησέ ποτ´ ἄνδρα
(εἰκοστῇ δ´ ἔπι πρώτη ὀλυμπιὰς ἦν ὅτ´ ἐνίκα) Ὀγκηστής. »
Πάνυ χαριέντως οὗτος ὁ μῦθος ἐπιδείκνυσι τὴν ἀθλητικὴν ἰσχὺν οὐ τῶν
ἀνθρωπίνων οὖσαν ἀσκημάτων· καίτοι γ´ εἰ μηδ´ ἐν ἰσχύι πρωτεύουσι τῶν ζῴων
οἱ ἀθληταί, τίνος ἂν ἔτι τῶν ἄλλων ἐπήβολοι γενηθεῖεν ἀγαθῶν;
| [13] CHAPITRE XIII.
Mais peut-être, à défaut de ces avantages, les athlètes rechercheront-ils la
force, car ils diront, je le sais bien, que la force seule est ce qu'il y a de plus fort ;
mais quelle force, ô Dieux ! et à quoi sert-elle ? Peut-elle être employée aux
occupations de la campagne ? Les athlètes peuvent-ils bêcher, moissonner et
labourer, ou se livrer avec succès à quelques autres travaux d'agriculture ? Peut-être,
du moins, sont-ils aptes à la guerre ? Mais rappelez--vous de nouveau
les vers d'Euripide qui célèbre les athlètes en ces termes :
« Combat-on dans la mêlée le disque en main, personne en vérité ne fait de
pareilles sottises, quand le fer ennemi brille devant lui. »
Mais, sans doute, émules d'Hercule lui-même, ils résistent au froid et au chaud ;
couverts d'une seule peau l'hiver, aussi bien que l'été, ils n'ont point de chaussure
et dorment à ciel ouvert couchés sur la terre? Détrompez-vous ; ils sont sous ce
rapport plus faibles que les enfants nouveau-nés. — Dans quelles
circonstances montrent-ils donc leur force ? de quoi sont-ils glorieux ? Ce n'est
certes pas de pouvoir, à la palestre, ou au stade, renverser des cordonniers, des
charpentiers ou des maçons ? Sans doute ils trouveront honorable de s'être,
pendant tout le jour, couverts de poussière ? Mais les cailles et les perdrix en font
autant. Si on peut se vanter beaucoup d'un pareil mérite, on le peut également de
se laver dans un bourbier. Par Jupiter ! Milon, ce fameux Crotoniate, parcourut un jour le stade, portant
sur ses épaules un des taureaux immolés pour le sacrifice. O excès de déraison !
Comment ne pas reconnaître que, peu d'instants avant, l'âme du taureau portait le
corps de cet animal vivant bien plus aisément que Milon n'avait réussi à le faire,
puisqu'elle pouvait courir en le transportant ? Cependant cette âme n'avait aucun
prix non plus que celle de Milon. Du reste la fin de cet athlète prouve combien il
était insensé : voyant un jour un jeune homme qui, à l'aide de coins, fendait un
arbre dans sa longueur, il l'éloigna en se moquant de lui et essaya de le fendre en
se servant seulement de ses mains. Rassemblant, dans un premier effort, tout ce
qu'il avait de force, il écarta les deux côtés de l'arbre ; les coins étant alors tombés,
il ne put faire éclater le reste du tronc, malgré ses vigoureuses tentatives; épuisé, il
ne put retirer ses mains prises entre les deux éclats revenus sur eux-mêmes ; elles
furent broyées. Telle fut la cause de la fin misérable de Milon. Certes il lui a
été bien peu utile dans cette occasion d'avoir pu porter dans le stade, un taureau
mort! Est-ce la vigueur que Milon a déployée dans cette circonstance qui aurait pu
sauver la république des Grecs engagée dans la guerre contre les barbares ?
N'est-ce pas plutôt la sagesse de Thémistocle qui, ayant interprété convenablement
l'oracle, fit la guerre avec succès ?
« Car un sage conseil l'emporte sur un grand nombre de bras ; l'ignorance
armée est le pire des maux. » (Eurip., Antiop. fragm., 205, 30)
Le régime des athlètes n'est donc, je crois l'avoir démontré avec évidence, utile
à rien de ce qui regarde la pratique de la vie. Pour vous convaincre maintenant que
dans les exercices gymnastiques, considérés en eux-mêmes, il n'y a rien qui ait
quelque valeur, je vais vous raconter un apologue composé en vers épiques
par un de ces bommes qui ne sont pas ennemis des Muses. Le voici :
Si par la volonté de Jupiter tous les êtres vivants s'accordaient et se
réunissaient pour vivre ensemble, et si le héraut d'Olympie appelait, non seulement
l'homme, mais aussi les animaux, à entrer en lice dans le même stade, je pense
qu'aucun homme ne serait couronné. Le cheval l'emporterait de beaucoup sur lui à
la longue course appelée dolique. Le lièvre triompherait à la course du stade.
L'antilope aurait la palme dans le diaule. Aucun mortel ne pourrait entrer en
lice avec les animaux pour la vitesse des pieds. O athlètes légers, que vous êtes
misérables! Un descendant d'Hercule lui-même ne passerait pas pour plus fort
qu'un éléphant ou qu'un lion. Je pense aussi qu'un taureau triompherait au pugilat;
et si l'âne, ajoute le poète, veut combattre à coups de pieds, la couronne lui sera
décernée; bien plus, on écrira dans les annales savantes de l'histoire que des
hommes ont été vaincus au pancrace par des ânes ; on ajoutera : ce fut dans la
XXIe olympiade qu'Onceste remporta la victoire. »
Cet apologue, tout à fait gracieux, démontre que la force athlétique n'est pas
celle que doivent cultiver les hommes. Et si les athlètes ne l'emportent même pas
sur les animaux par leur force, de quel autre avantage peuvent-ils se prévaloir ?
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