[2] Ἀρχὴ δὲ παντὸς τοῦ μέλλοντος εἰρήσεσθαι λόγου γνῶσις τῆς διαφορᾶς τῶν
ἐν τοῖς μικροῖς παιδίοις φαινομένων ἔργων τε καὶ παθῶν τῆς ψυχῆς, ἐξ ὧν αἱ
δυνάμεις αὐτῆς κατάδηλοι γίγνονται. Τινὰ μὲν γὰρ αὐτῶν φαίνονται δειλότατα
καὶ καταπληκτικώτατα - - - καὶ τινὰ μὲν ἄπληστα καὶ λίχνα, τινὰ δ´ ἐναντίως
διακείμενα, καὶ τινὰ μὲν ἀναίσχυντα, τινὰ δ´ αἰσχυντηρά - - - καὶ πολλὰς
ἑτέρας ἔχοντα τοιαύτας διαφοράς, ἃς ἁπάσας ἐν ἑτέροις διῆλθον. Ἐνταῦθα δ´
ἀρκεῖ παραδείγματος ἕνεκα τῶν τριῶν αὐτῆς εἰδῶν τε καὶ μερῶν ἐνδεδεῖχθαι
τὰς δυνάμεις ἐναντίας ὑπαρχούσας φύσει τοῖς βρέφεσιν. Ἐκ τούτου γὰρ
ἐνέσται συλλογίζεσθαι μὴ τὴν αὐτὴν ἅπασιν εἶναι φύσιν τῆς ψυχῆς {εὔδηλον
δ´ ὅτι τὸ τῆς φύσεως ὄνομα κατὰ τοὺς τοιούτους λόγους ταὐτὸν σημαίνει τῷ
τῆς οὐσίας}· εἴπερ γὰρ ἦν ἀπαράλλακτος αὐτῶν ἡ οὐσία τῆς ψυχῆς, ἐνήργουν
τ´ ἂν τὰς αὐτὰς ἐνεργείας ἔπασχόν τ´ ἂν ἀπὸ τῶν αὐτῶν αἰτιῶν ταὐτὰ πάθη.
Δῆλον οὖν, ὅτι διαφέρουσιν ἀλλήλων οἱ παῖδες εἰς τοσοῦτον ταῖς τῶν ψυχῶν
οὐσίαις, εἰς ὅσον καὶ ταῖς ἐνεργείαις τε καὶ τοῖς παθήμασιν αὐτῶν· εἰ δὲ
τοῦτο, καὶ ταῖς δυνάμεσι. Συγκεχυμένοι δ´ εἰσὶν εὐθὺς ἐν τούτῳ πολλοὶ τῶν
φιλοσόφων ἀδιάρθρωτον ἔννοιαν ἔχοντες τῆς δυνάμεως· ὡς γὰρ ἐνοικοῦντός
τινος πράγματος ταῖς οὐσίαις, ὡς ἡμεῖς ταῖς οἰκίαις, οὕτω μοι δοκοῦσι περὶ
τῶν δυνάμεων φαντάζεσθαι μὴ γιγνώσκοντες, ὅτι τῶν γιγνομένων ἑκάστου
ποιητική τίς ἐστιν αἰτία νοουμένη κατὰ τὸ πρός τι καὶ ταύτης τῆς αἰτίας
ὡς μὲν πράγματος τοιοῦδέ τινος ἰδίᾳ καὶ καθ´ ἑαυτὸ κατηγορία τίς ἐστιν, ἐν
δὲ τῇ πρὸς τὸ γιγνόμενον ἀφ´ ἑαυτῆς σχέσει δύναμίς ἐστι τοῦ
γιγνομένου καὶ διὰ τοῦτο τοσαύτας δυνάμεις ἔχειν τὴν οὐσίαν φαμέν, ὅσας
ἐνεργείας, οἷον τὴν ἀλόην καθαρτικήν τε δύναμιν ἔχειν καὶ τονωτικὴν
στομάχου καὶ τραυμάτων ἐναίμων κολλητικὴν καὶ ἰσοπέδων ἑλκῶν ἐπουλωτικὴν
καὶ ὑγρότητος βλεφάρων ξηραντικήν, οὐ δήπου τῶν εἰρημένων ἔργων ἕκαστον
ἄλλου τινὸς ποιοῦντος παρ´ αὐτὴν τὴν ἀλόην. Αὕτη γάρ ἐστιν ἡ ταῦτα δρῶσα
καὶ διὰ τὸ δύνασθαι ποιεῖν αὐτὰ τοσαύτας ἐλέχθη δυνάμεις ἔχειν, ὅσα τὰ
ἔργα. Λέγομεν οὖν τὴν ἀλόην καθαίρειν δύνασθαι καὶ ῥωννύναι τὸν στόμαχον
καὶ κολλᾶν τραύματα καὶ ἕλκη συνουλοῦν καὶ ὀφθαλμοὺς ὑγροὺς ξηραίνειν, ὡς
οὐδὲν διαφέρον ἢ καθαίρειν δύνασθαι φάναι τὴν ἀλόην ἢ δύναμιν ἔχειν
καθαρτικήν {οὕτω δὲ καὶ τὸ ξηραίνειν ὑγροὺς ὀφθαλμοὺς δύνασθαι ταὐτὸν
σημαίνει τῷ δύναμιν ἔχειν ὀφθαλμῶν ξηραντικήν}. Κατὰ δὲ τὸν αὐτὸν τρόπον,
ὅταν εἴπωμεν
« Ἡ ἐν ἐγκεφάλῳ καθιδρυμένη λογιστικὴ ψυχὴ δύναται μὲν αἰσθάνεσθαι διὰ τῶν
αἰσθητηρίων, δύναται δὲ καὶ μεμνῆσθαι {διὰ} τῶν αἰσθητῶν αὐτὴ καθ´ ἑαυτὴν
ἀκολουθίαν τε καὶ μάχην ἐν τοῖς πράγμασιν ὁρᾶν ἀνάλυσίν τε καὶ σύνθεσιν, »
οὐκ ἄλλο τι δηλοῦμεν ἢ εἰ περιλαβόντες εἴποιμεν
« Ἡ λογιστικὴ ψυχὴ δυνάμεις ἔχει πλείους, αἴσθησιν καὶ μνήμην καὶ σύνεσιν
ἑκάστην τε τῶν ἄλλων. »
Ἐπεὶ δ´ οὐ μόνον αἰσθάνεσθαι δύνασθαί φαμεν αὐτὴν ἀλλὰ καὶ κατ´ εἶδος ὁρᾶν
ἀκούειν ὀσμᾶσθαι γεύεσθαι ἅπτεσθαι, πάλιν αὖ δυνάμεις αὐτὴν ἔχειν λέγομεν
ὀπτικὴν ἀκουστικὴν ὀσφρητικὴν γευστικὴν ἁπτικήν. Οὕτω δὲ καὶ τὴν
ἐπιθυμητικὴν αὐτῇ δύναμιν ὁ Πλάτων ὑπάρχειν ἔλεγεν, ἣν {τε} δὴ κοινῶς
ἐπιθυμητικήν, οὐκ ἰδίως ὀνομάζειν ἔθος αὐτῷ. Πλείους μὲν γὰρ εἶναι καὶ
ταύτης τῆς ψυχῆς ἐπιθυμίας φησί, πλείους δὲ καὶ τῆς θυμοειδοῦς, πολὺ δὲ
πλείους καὶ ποικιλωτέρας τῆς τρίτης, ἣν δι´ αὐτὸ τοῦτο κατ´ ἐξοχὴν
ὠνόμασεν ἐπιθυμητικὴν εἰωθότων οὕτως τῶν ἀνθρώπων ἐνίοτε τὰ πρωτεύοντα τῶν
ἐν τῷ γένει τῷ τοῦ γένους ὅλου προσαγορεύειν ὀνόματι, καθάπερ ὅταν εἴπωσιν
ὑπὸ μὲν τοῦ ποιητοῦ λελέχθαι τόδε τὸ ἔπος, ὑπὸ δὲ τῆς ποιητρίας τόδε·
πάντες γὰρ ἀκούομεν Ὅμηρον μὲν λέγεσθαι ποιητήν, Σαπφὼ δὲ ποιήτριαν
{οὕτω δὲ καὶ θῆρα λέγουσιν ἐξαιρέτως τὸν λέοντα καὶ ἄλλα τοιαῦτα κατ´
ἐξοχὴν ὀνομάζουσιν}. Ἐπιθυμητικὸν οὖν ἐστι κατὰ τὸ κοινὸν τῆς ἐπιθυμίας
σημαινόμενον ἀληθείας μὲν καὶ ἐπιστήμης καὶ μαθημάτων καὶ συνέσεως καὶ
μνήμης καὶ συλλήβδην εἰπεῖν ἁπάντων τῶν καλῶν ἐκεῖνο τὸ μέρος τῆς ψυχῆς, ὃ
καλεῖν εἰθίσμεθα λογιστικόν· ἐλευθερίας δὲ καὶ νίκης καὶ τοῦ κρατεῖν καὶ
ἄρχειν καὶ τοῦ δοξάζεσθαι καὶ {τοῦ} τιμᾶσθαι τὸ θυμοειδές· ἀφροδισίων δὲ
καὶ τῆς ἐξ ἑκάστου τῶν ἐσθιομένων τε καὶ πινομένων ἀπολαύσεως τὸ κατ´
ἐξοχὴν ὀνομαζόμενον ὑπὸ Πλάτωνος ἐπιθυμητικόν, οὔτε τῆς ἐπιθυμητικῆς ψυχῆς
ὄρεξιν τῶν καλῶν ἔχειν δυναμένης οὔτε τῆς λογιστικῆς ἀφροδισίων ἢ βρωμάτων
ἢ πομάτων ὥσπερ οὐδὲ νίκης ἢ ἀρχῆς ἢ δόξης ἢ τιμῆς, κατὰ δὲ τὸν αὐτὸν
λόγον οὐδὲ τῆς θυμοειδοῦς ὧν ὀρέξεις εἶχεν ἥ τε λογιστικὴ καὶ ἡ ἐπιθυμητική.
| [2] CHAPITRE II.
Le principe de tout mon discours est la connaissance de la différence
des actes et des affections psychiques qui se manifestent chez les petits
enfants et qui nous révèlent les puissances de l'âme. Les uns se montrent
très lâches, les autres terribles ; ceux-ci sont insatiables et gourmands ;
d'autres sont affectés dans un sens contraire ; ils sont ou éhontés, ou
réservés; ils présentent enfin beaucoup d'autres différences analogues ;
je les ai toutes énumérées ailleurs. Il me suffit ici d'avoir
démontré, par un exemple, que les puissances des trois espèces ou des
trois parties de l'âme sont opposées par nature dans les petits
enfants. On pourra conclure de là que la nature de l'âme n'est pas la même
pour tous ; et il est évident que le mot nature signifie, dans ce traité,
la même chose que le mot essence ; car, s'il n'y avait aucune différence dans
l'essence de leur âme, elle accomplirait toujours les mêmes actes, et les
mêmes affections seraient produites en elles par les mêmes causes. Il est
donc évident que les enfants diffèrent les uns des autres, autant par
l'essence de leur âme que par ses actes et par ses affections, et, s'il en
est ainsi, par ses puissances. Cela confond, tout d'abord, beaucoup de
philosophes qui ont une notion mal définie de la puissance ; ils
s'imaginent, ce me semble, que la puissance est quelque chose qui habite
dans les essences, comme nous habitons dans les maisons, puisqu'ils
ignorent qu'il existe, pour chaque chose qui se produit, une cause
formatrice, laquelle est considérée dans un rapport de relation (g-kata g-to g-pros g-ti),
et qu'il y a une appellation propre et spéciale pour cette cause, en tant qu'elle
produit tel ou tel effet. La puissance de ce qui se produit réside dans le
rapport de la cause à son effet ; voilà pourquoi nous disons qu'une
essence a autant de puissances que d'actions. Par exemple, nous disons que
l'aloès a une puissance purgative, une puissance tonique pour l'orifice de
l'estomac, une puissance agglutinative pour les blessures saignantes, une
puissance cicatrisante pour les plaies dont la surface est plane, enfin,
une puissance desséchante pour l'humidité des paupières, non certes
qu'il existe dans l'aloès quelque chose de particulier en dehors de
l'aloès lui-même, répondant à chacune de ces actions ; car c'est la
substance même de l'aloès qui produit tout cela ; et parce qu'elle a la
faculté de le faire, on dit qu'elle a autant de puissances que d'actions.
Nous disons donc que l'aloès peut purger, fortifier l'orifice de
l'estomac, agglutiner les blessures, cicatriser les plaies
et dessécher l'humidité des yeux, comme s'il n'y avait aucune
différence à dire : l'aloès peut purger, ou il a une puissance purgative.
Pouvoir dessécher les yeux, signifie aussi la même chose qu'avoir une
puissance siccative. De la même manière, quand nous disons : l'âme
logique, qui siège dans le cerveau, peut sentir au moyen des sens, peut se
souvenir sans un excitateur direct, par l'intermédiaire des choses
sensibles {qui l'ont frappée autrefois} ; elle peut voir dans les faits la
conséquence ou l'antagonisme, l'analyse ou la synthèse; nous ne démontrons
pas autre chose que si nous disions plus brièvement : l'âme logique a
plusieurs puissances : la sensation, la mémoire, la compréhension, et
ainsi de chacune des autres puissances. Si nous disons non seulement d'une
manière générale que cette âme a la puissance de sentir, mais encore en
particulier qu'elle peut voir, entendre, percevoir les odeurs, goûter les
saveurs et toucher ; cela revient de nouveau à dire qu'elle est douée des
puissances optique, de l'odorat, acoustique, du goût, et tactile. Platon
déclare aussi qu'elle jouit de la puissance de désirer, le mot désir {ou
concupiscible} étant pris ici dans son sens ordinaire, et non dans
l'acception spéciale que lui donne habituellement cet auteur.
D'après Platon, il y a pour cette âme plusieurs espèces de désirs, et il y
en a plusieurs aussi pour l'âme irascible ; mais il y en a beaucoup plus
encore, et de plus variés, pour la troisième âme, qu'à cause de cela il
appelle, par excellence, l'âme concupiscible, attendu qu'on a coutume
d'appeler du nom du genre ce qui excelle dans le genre lui-même. Par
exemple, si on dit : ce vers a été fait par le poète, ce vers a été fait
par la poétesse, nous comprenons tous que le poète désigne Homère, et la
poétesse Sappho ; de même, on appelle par excellence bête féroce le lion ;
il y a beaucoup d'autres choses auxquelles on donne par excellence le nom
du genre. Donc, la partie de l'âme, que nous appelons habituellement
rationnelle désire (ce mot étant pris dans son sens le plus général)
la vérité, la science, les études, la compréhension, la mémoire, et, pour
le dire en un mot, toutes les belles choses. Le désir de la liberté, de la
victoire, de la puissance, de la domination, de la considération publique,
des honneurs, est le partage de l'âme irascible. L'espèce d'âme que Platon
appelle proprement concupiscible a un désir insatiable des plaisirs de
l'amour, des aliments et des boissons. Ni cette âme ne peut avoir une
convoitise pour le beau, ni l'âme rationnelle ne peut en avoir pour
les plaisirs de l'amour, pour les boissons, pour les aliments, non plus
que pour la domination, la gloire, ou les honneurs. De même l'âme
irascible ne saurait avoir les mêmes penchants que l'âme rationnelle et
l'âme concupiscible.
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