[5] Τοιοῦτος μὲν δή τίς ἐστι καὶ ὁ περὶ τούτων λόγος, ὁ δὲ περὶ τῶν
γυμνασίων τοιόσδε. Τὰ γυμναζόμενα μόρια τοῦ σώματος ἰσχυρότερά θ´ ἅμα καὶ
τυλωδέστερα γίγνεται καὶ κατὰ τοῦτο δύναται φέρειν τὰς οἰκείας κινήσεις
μᾶλλον ἑτέρων, ὅσα δι´ ἀγυμνασίαν μαλακώτερά ἐστι καὶ ἀσθενέστερα. Κοινὸς
δ´ ὁ λόγος οὗτος ὑπάρχει καὶ περὶ τῶν τῆς ψυχῆς γυμνασίων· γυμναζόμεθα γὰρ
πρῶτα μὲν ὑπὸ τοῖς γραμματικοῖς ἔτι παῖδες ὄντες, εἶθ´ ἑξῆς παρά τε τοῖς
ῥητορικοῖς διδασκάλοις γεωμετρικοῖς τε καὶ ἀριθμητικοῖς καὶ λογιστικοῖς.
Οὐσῶν γὰρ δυνάμεων κατὰ τὸ τῆς ψυχῆς ἡγεμονικὸν εἰς ἁπάσας τέχνας
ἀναγκαῖον ἑτέραν μὲν εἶναι, καθ´ ἣν ἀκόλουθόν τε καὶ μαχόμενον γνωρίζομεν,
ἑτέραν δέ, καθ´ ἣν μεμνήμεθα· συνετώτεροι μὲν κατὰ τὴν πρότερον εἰρημένην,
μνημονευτικώτεροι δὲ κατὰ τὴν δευτέραν γιγνόμεθα φύσιν ἐχουσῶν ἁπασῶν τῶν
δυνάμεων ὑπὸ μὲν τῶν γυμνασίων αὐξάνεσθαί τε καὶ ῥώννυσθαι, βλάπτεσθαι δ´
ὑπὸ τῆς ἀργίας, ὥς που καὶ Πλάτων ἐν Τιμαίῳ κατὰ τήνδε τὴν ῥῆσιν ἐδήλωσεν
αὐτοῖς ὀνόμασιν εἰπὼν ὧδε·
« Kαθάπερ εἴπομεν πολλάκις, ὅτι τρία ψυχῆς ἐν ἡμῖν εἴδη κατῴκισται,
τυγχάνει δ´ ἕκαστον κινήσεις ἔχον, οὕτω κατὰ τὰ αὐτὰ καὶ νῦν ὡς διὰ
βραχυτάτων ῥητέον, ὅτι τὸ μὲν αὐτῶν ἐν ἀργίᾳ διάγον καὶ τῶν ἑαυτοῦ
κινήσεων ἡσυχίαν ἄγον ἀσθενέστατον ἀνάγκη γίγνεσθαι, τὸ δ´ ἐν γυμνασίοις
ἐρρωμενέστατον· διὸ φυλακτέον, ὅπως ἂν ἔχωσι τὰς κινήσεις πρὸς ἄλληλα
συμμέτρους ».
Ταῦτα προειπὼν ἐφεξῆς φησι
« Tὸ δὲ δὴ περὶ τοῦ κυριωτάτου τοῦ παρ´ ἡμῖν ψυχῆς εἴδους διανοεῖσθαι
δεῖ τῇδε, ὡς ἄρα αὐτὸ δαίμονα ὁ θεὸς ἑκάστῳ δέδωκε, τοῦτο ὃ δή φαμεν
οἰκεῖν μὲν ἡμῶν ἐπ´ ἄκρῳ τῷ σώματι, πρὸς δὲ τὴν ἐν οὐρανῷ ξυγγένειαν ἀπὸ
γῆς ἡμᾶς αἴρειν ὡς ὄντας φυτὸν οὐκ ἔγγειον ἀλλ´ οὐράνιον, ὀρθότατα
λέγοντες· ἐκεῖθεν γὰρ ὅθεν ἡ πρώτη τῆς ψυχῆς γένεσις ἔφυ, τὸ θεῖον τὴν
κεφαλὴν καὶ ῥίζαν ἡμῶν ἀνακρεμαννὺν ὀρθοῖ πᾶν τὸ σῶμα. Τῷ μὲν οὖν περὶ τὰς
ἐπιθυμίας ἢ περὶ φιλονεικίας τετευτακότι καὶ ταῦτα διαπονοῦντι σφόδρα
πάντα τὰ δόγματα ἀνάγκη θνητὰ γεγονέναι καὶ παντάπασι καθ´ ὅσον μάλιστα
δυνατὸν θνητῷ γίγνεσθαι, τούτου μηδὲ σμικρὸν ἐλλείπειν ἅτε τοσοῦτον
ηὐξηκότι· τῷ δὲ περὶ φιλομαθίαν καὶ περὶ τὰς τῆς ἀληθείας φρονήσεις
ἐσπουδακότι καὶ ταῦτα μάλιστα τῶν αὑτοῦ γεγυμνασμένῳ φρονεῖν μὲν ἀθάνατα
καὶ θεῖα, ἄνπερ ἀληθείας ἐφάπτηται, πᾶσα ἀνάγκη που, καθ´ ὅσον δ´ αὖ
μετασχεῖν ἀνθρωπίνῃ φύσει ἀθανασίας ἐνδέχεται, τούτου μηδὲν μέρος
ἀπολιπεῖν, ἅτε δὲ ἀεὶ θεραπεύοντα τὸ θεῖον ἔχοντά τε αὐτὸν εὖ
κεκοσμημένον τὸν δαίμονα ξύνοικον ἐν αὑτῷ διαφερόντως εὐδαίμονα εἶναι.
Θεραπεία δὲ δὴ παντὶ παντὸς {σώματος} μία, τὰς οἰκείας ἑκάστῳ τροφὰς καὶ
κινήσεις ἀποδιδόναι.»
Ἐν τούτοις τοῖς λόγοις ὁ Πλάτων περὶ τῶν τριῶν τῆς ψυχῆς εἰδῶν ἐδίδαξεν
ἡμᾶς οὐ μόνον εἰς φιλοσοφίαν τι χρήσιμον ἀλλὰ καὶ τὴν τοῦ σώματος ὑγίειαν,
ἀκολουθήσας Ἱπποκράτει {καὶ} κατὰ τοῦτο καθόλου μὲν εἰπόντι
« Χρῆσις κρατύνει, ἀργίη τήκει »,
κατ´ εἶδος δ´ ἐπὶ γυμνασίων αὖθις ἐν τῷ φάναι
« Πόνοι σιτίων ἡγείσθωσαν»,
ἐπὶ δὲ τῶν κατὰ μέρος εἰδῶν ἁπάντων
« Πόνοι σιτία ποτὰ ὕπνοι ἀφροδίσια, πάντα μέτρια ».
Διὸ κἀνταῦθα προσέχειν χρὴ τὸν νοῦν ἀκριβῶς τοῖς λεγομένοις· ἔχει γάρ τινα
παρακοὴν ὁμοίως τοῖς ἄλλοις ἅπασι λόγοις, ἐάν τις ἀμελῶς ἀκούῃ, καθάπερ
ἔνιοι. Γυμνάζεσθαι γὰρ ἑκάστην τῶν δυνάμεων ἀξιοῦμεν, οὐ δήπου χωρὶς ὅρων
καὶ μέτρων προσηκόντων ἐπὶ πλεῖστον ἐκτεταμένων τῶν γυμνασίων {ὡς
καταλῦσαι τὴν δύναμιν}· οὕτω δὲ καὶ σιτίοις καὶ ποτοῖς καὶ ὕπνοις καὶ
ἀφροδισίοις ἐν τῷ προσήκοντι μέτρῳ χρῆσθαι μήτ´ ἐλλείποντι μήτε
πλεονάζοντι. Αἱ μὲν γὰρ ὑπερβολαὶ καταλύουσί γε τὰς δυνάμεις, τὸ δ´
ἐλλιπὲς ἐν ἑκάστῳ κωλύει τοσοῦτον τῆς τελείας ὠφελείας, ὅσον αὐτὸ τῆς
συμμετρίας ἀπολείπεται. Παρήγγελτο τοῦτο καὶ ὑφ´ Ἱπποκράτους ἐφ´ ἑνὸς ὡς
ἐπὶ παραδείγματος, ἔνθα φησίν
« Ἐν πάσῃ κινήσει τοῦ σώματος ὅταν ἄρξηται πονέειν, τὸ διαναπαύειν εὐθὺς
ἄκοπον ».
Καί πως ὁ λόγος ἤδη κατὰ τὴν οἰκειότητα τῶν πραγμάτων ἐδίδαξέ τι καὶ περὶ
τῶν {ἐκ} τῆς ψυχῆς ἐθῶν ἐν μνήμαις καὶ διαλογισμοῖς καὶ ζητήσεσι λογικαῖς,
ὧν καὶ αὐτὸς ὁ Ἐρασίστρατος ἐμνημόνευσεν ἐν τῷ περὶ τῶν ἐθῶν λόγῳ μὴ
προσθεὶς τὴν αἰτίαν καίτοι μὴ μόνον τοῦ Ἱπποκράτους ἀλλὰ καὶ τοῦ Πλάτωνος
εἰρηκότων αὐτήν. Τὸ γὰρ ἐν τοῖς οἰκείοις τε καὶ συμμέτροις γυμνασίοις
ἑκάστην τῶν δυνάμεων ἐνεργεῖν εὐρωστίαν αὐταῖς ἀποτελεῖ.
| [5] CHAP. V.
Telles sont les considérations que nous avions à présenter sur ce
sujet. Voici maintenant celles qui regardent les exercices :
les parties du corps qui sont exercées deviennent plus robustes et plus
calleuses; aussi supportent-elles les mouvements conformes à leur nature
plus facilement que les autres parties que le défaut d'exercice rend plus
molles et plus faibles. Ces considérations sont communes aux exercices de
l'âme. Ainsi nous nous exerçons d'abord à la grammaire quand nous sommes
enfants, nous passons ensuite aux études de rhétorique, d'arithmétique, de
géométrie et de logique, car la partie dirigeante de l'âme étant douée de
facultés pour tous les arts, il existe nécessairement une faculté qui nous
fait connaître ce qui est conséquent et ce qui est en opposition, et une
autre à l'aide de laquelle nous nous souvenons; c'est la première qui nous rend plus intelligents, et la seconde qui nous donne une meilleure mémoire, toutes les facultés pouvant être augmentées et fortifiées par l'exercice et pouvant dégénérer
par l'inactivité ainsi que Platon, dans le passage suivant du Tintée,
l'enseigne en ces termes : « Nous avons déjà répété souvent que
trois espèces d'âmes habitent en nous et que chacune d'elles a ses
mouvements propres ; maintenant nous devons dire en peu de mots que celle
qui reste en repos et qui ne se livre pas aux mouvements qui lui sont
propres, devient nécessairement la plus faible, tandis que celle qui
s'exerce devient la plus forte ; aussi faut-il veiller à ce qu'elles aient
des mouvements bien proportionnés les uns par rapport aux autres. »
Après cela Platon ajoute : « En conséquence, pour l'espèce d'âme la plus
noble qui soit en nous, il faut considérer que Dieu l'a donnée à chacun de
nous comme un génie propre ; c'est elle dont nous disons, et avec juste
raison, qu'elle habite au sommet du corps, qu'elle est destinée à nous
élever, en vertu de sa parenté céleste, de la terre vers le ciel, comme si
nous étions des plantes non de la terre mais du ciel. En effet, la
divinité suspendant, vers la région d'où l'âme tire sa première origine,
la tête qui est notre racine, a tenu droit le corps entier. Donc pour
l'homme qui est livré à l'amour des querelles et aux passions turbulentes,
et qui est violemment placé sous leur empire, toutes les conceptions
deviendront nécessairement mortelles et, nécessairement aussi, autant que
cela peut exister chez un être mortel, il atteindra la plus grande
perfection dans ce genre, attendu qu'il a cultivé {exclusivement} cette
partie de lui-même. Au contraire, l'homme qui concentre tous ses efforts
vers l'amour de l'étude et de la vérité et qui exerce surtout les facultés
qui y ont rapport, doit nécessairement, s'il parvient à trouver la vérité,
avoir des pensées immortelles et divines; autant qu'il est possible à la
nature humaine de participer à l'immortalité, il atteindra aussi la
perfection dans ce genre; enfin, attendu qu'il donne ses soins à la partie
divine et qu'il possède dans la meilleure disposition le génie qui habite
en lui, il doit être éminemment heureux. Aussi, le soin qu'il faut prendre
de tout corps consiste uniquement à donner la. nourriture et les mouvements qui sont propres à chacun d'eux. »
Par ces paroles, Platon nous enseigne sur les trois âmes quelque chose qui
est utile, non seulement pour la philosophie, mais encore pour la santé du
corps, suivant en cela Hippocrate, qui avait dit, d'une manière générale :
« Le mouvement fortifie, le repos amollit; » (De offic. med., § 20, t.
III, p. 324) et d'une façon spéciale, à propos des exercices : « Le
travail doit précéder la nourriture. » (Épid., VI, IVe section, § 23, t.
V, p. 314.) Pour chaque espèce en particulier, il faut prêter l'esprit au
passage suivant du même auteur : « Travail, nourriture, boissons, plaisirs
de l'amour, que tout soit dans une juste mesure. » (Epid., VI, VIe
section, §2, t. V, p. 324.) Ici donc il faut faire grande attention à ce
que dit Hippocrate, car si on lit ses paroles avec négligence, ainsi que
le font certaines personnes, il peut arriver dans ce cas comme pour tout
autre discours, qu'on comprenne mal la pensée de l'auteur; nous nous
proposons, en effet, de nous livrer à chaque exercice sans les pousser au
delà des limites et de la mesure convenables, jusqu'à détruire la force;
de la même manière nous devons user dans une juste mesure, et sans excès
ou sans insuffisance, des aliments, des boissons, du sommeil et des
plaisirs de l'amour : les excès brisent les forces, et l'insuffisance
détruit pour chaque chose l'avantage qu'on en doit retirer dans une
proportion égale au degré d'insuffisance. Ce précepte nous est donné pour
un seul cas et comme un exemple général par Hippocrate, là où il dit {dans
les Aphorismes, II, 481} : « Dans les exercices, lorsqu'on commence à se
fatiguer, se reposer immédiatement dissipe la lassitude. » Ces paroles,
par suite de l'affinité des objets, nous apprennent quelque chose sur les
coutumes de l'âme pour ce qui concerne la mémoire, le raisonnement et les
recherches logiques, toutes choses dont Érasistrate nous a entretenus dans
son traité "Des habitudes", mais sans ajouter quelle en était la cause,
bien qu'elle ait été énoncée non seulement par Hippocrate, mais par Platon.
En effet, exercer chacune de ses puissances par des exercices bien appropriés et bien réglés est pour elles une source de force.
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