[3] ὥσπερ ἀλλοιοῦται κατὰ {τινα} ποιότητα τῶν ἐσθιομένων τε καὶ
πινομένων ἕκαστον, οὕτω καὶ αὐτὸ διατίθησί πως τὸ ἀλλοιοῦν. Ἔνεστι δὲ καὶ
τούτου λαβεῖν ἐναργὲς τεκμήριον ἐκ τῆς τῶν γεννωμένων χυμῶν διαφορᾶς ὑφ´
ἑκάστου τῶν ἐδεσμάτων· τὰ μὲν γὰρ μελαγχολικὸν αἷμα γεννᾷ, τὰ δὲ
φλεγματικὸν ἢ τὴν ὠχράν τε καὶ ξανθὴν ὀνομαζομένην χολὴν οὐκ ὀλίγην ἔχον,
ὥσπερ ἔνια καθαρὸν αἷμα· διαφορὰν οὖν τινα καὶ τοῖς τρεφομένοις μορίοις
ἀναγκαῖον γίγνεσθαι πρὸς ἄλληλα κατὰ τὴν τοῦ τρέφοντος αἵματος ἰδέαν.
Ἐναργὲς δὲ τεκμήριον τῆς τῶν τρεφομένων ὁμοιώσεως πρὸς τὸ τρέφον ἡ τῶν
φυτῶν τε καὶ σπερμάτων μεταβολὴ μέχρι τοσούτου γιγνομένη πολλάκις, ὡς τὸ
βλαβερώτατον ἐν ἑτέρᾳ γῇ μεταφυτευθὲν εἰς ἑτέραν γῆν οὐ μόνον ἀβλαβὲς ἀλλὰ
καὶ χρήσιμον γίγνεσθαι. Πολλὴ γὰρ καὶ ἡ τούτων πεῖρα τοῖς τὰ γεωργικά τε
καὶ περὶ φυτῶν ὑπομνήματα συνθεῖσι, καθάπερ γε καὶ τοῖς περὶ τῆς τῶν ζῴων
ἱστορίας γράψασι τῆς κατὰ τὰ χωρία γιγνομένης μεταβολῆς. Ἐπεὶ τοίνυν οὐ
μόνον ἀλλοιοῦται τὸ τρέφον ὑπὸ τοῦ τρεφομένου ἀλλὰ καὶ αὐτό πώς τιν´
ἀλλοιοῖ βραχεῖαν ἀλλοίωσιν, ἀναγκαῖόν ἐστι τὴν βραχεῖαν ταύτην ἀξιόλογον
ἐν τῷ χρόνῳ γίγνεσθαι, ὥστ´ εἰς ἴσον ἥκειν οἰκειότητι φυσικῇ τὴν ἐκ τῶν
πολυχρονίων ἐθῶν.
| [3] De même que toute substance qu'on mange ou qu'on boit
est altérée suivant une certaine qualité, de même ces substances
mettent dans un certain état ce qui produit l'altération. On peut trouver
la preuve évidente de ce phénomène dans la diversité des humeurs que
développe chaque aliment, en effet, les uns engendrent un sang chargé de
bile noire et les autres un sang qui contient une proportion considérable
de phlegme, de bile pâle ou de l'espèce de bile qu'on appelle jaune;
quelques-uns un sang pur. Les parties nourries diffèrent donc
nécessairement les unes des autres suivant la qualité du sang qui nourrit.
Une preuve évidente que la substance qui nourrit communique à ce qui est nourri une substance semblable à elle,
nous est fournie par le changement qu'éprouvent les
plantes et les graines, changement qui est souvent si prononcé qu'une
plante très nuisible si elle pousse dans une certaine terre, perd non
seulement ses qualités délétères si elle est transplantée dans une autre
terre, mais en acquiert d'utiles. Ceux qui ont composé des traités sur
l'agriculture ou sur les plantes en ont fait souvent l'expérience ; il en
est de même de ceux qui ont écrit sur l'histoire des animaux, car ils ont
constaté les changements qui sont produits chez les animaux par les
diverses régions. Puisque non seulement ce qui nourrit est altéré par ce
qui est nourri, mais aussi que ce qui est nourri subit lui-même une petite
transformation, cette petite transformation acquiert nécessairement avec
le temps des proportions considérables, de façon que le résultat d'une
longue habitude devient égal à une conformité naturelle. Je crois donc
avoir trouvé pour les aliments et pour les boissons la cause de la
puissance des habitudes.
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