[2] Καταφρονήσαντες οὖν καὶ ἡμεῖς τῶν ἤτοι μηδὲν ἢ πάνυ σμικρὸν ἡγουμένων
εἰς θεραπείαν συντελεῖν τὸν ἀπὸ τῶν ἐθῶν σκοπὸν ἐπισκεψώμεθα, τίς ποτ´
ἐστὶν ἡ αἰτία τοῦ πολὺ δύνασθαι τὸ ἔθος καὶ εἴτε μία τίς ἐστιν ἢ καὶ καθ´
ἑκάστην ὕλην ἑτέρα. Λέγω δ´ ὕλην, ἐφ´ ᾗ συνέστη τὸ ἔθος, οἷον, ὡς ἔφην,
ἐδέσματα ἢ πόματα ἢ γυμνάσια ἢ λουτρὰ ἤ τι τοιοῦτον ἕτερον. Καὶ γὰρ τήν
γ´ ἀρχὴν ἀπὸ τῶν ἐσθιομένων τε καὶ πινομένων ποιησόμεθα. Τί δήποτε γὰρ οἱ
τῇ τῶν βοείων κρεῶν ἐδωδῇ συνήθως χρώμενοι τινὲς μὲν οὐδ´ ὅλως βλάπτονται,
τινὲς δ´ ἧττον ἢ πρόσθεν; Ἢ διὰ τί κατὰ φύσιν τινὲς εὐθὺς ἐξ ἀρχῆς, ὡς
αὐτὸς ὁ Ἐρασίστρατος ἔγραψε, ῥᾷον πέττουσι τὰ βόεια κρέα τῶν πετραίων
ἰχθύων; Ἀλλὰ τούτου μὲν ἡ αἰτία λέλεκται κατὰ τὴν τῶν φυσικῶν δυνάμεων
ἐπίσκεψιν, εἰρήσεται δὲ καὶ νῦν ὀλίγον ὕστερον ἐν τῇ τοῦ λόγου κοινωνίᾳ·
νυνὶ δ´ ἀπὸ τῶν δι´ ἔθος ἄμεινον πεττόντων ὁτιοῦν ἔδεσμα τὴν ἀρχὴν τῆς
διδασκαλίας ποιησώμεθα κοινὴν ὑπόθεσιν λαβόντες εἰς ταῦτα πάντα τὰ φύσει
τισὶν οἰκεῖά τε καὶ οὐκ οἰκεῖα. Λέλεκται μὲν οὖν ἐπὶ πλέον ὑπὲρ ἁπάντων
τούτων κατὰ τὴν τῶν φυσικῶν δυνάμεων ἐπίσκεψιν· ἀρξώμεθα δὲ καὶ νῦν τοῦ
λόγου τὴν τῆς πέψεως ἔννοιαν προχειρισάμενοι. Καθάπερ γὰρ ἄρτους οἱ
σιτοποιοὶ λέγονται πέττειν οὐκ ἐπειδὰν ἀλοῦντές τε καὶ διαττῶντες εἰς
λεπτὰ μόρια καταθραύσωσι τοὺς πυροὺς ἀλλ´ ὅταν ἐπὶ τῷ τοιοῦτον πρᾶξαι
δεύσαντες ὕδατι ζύμην μίξαντες μαλάξωσιν, εἶτα καλύψαντές τινι τῶν
θαλπόντων ἐάσωσιν, ἄχρις ἄν, ὡς αὐτοὶ καλοῦσι, ζυμωθῇ, καὶ μετὰ ταῦτα διὰ
κλιβάνων ἢ ἰπνῶν ὀπτήσωσιν, οὕτω κἀπὶ τῶν εἰς γαστέρα καταποθέντων οὐκ
ἐπειδὰν ἐν αὐτῇ καταθραυσθῇ καὶ λυθῇ, πεπέφθαι φαμὲν ἀλλ´ ὅταν, ὡς οἱ
πεττόμενοι πυροί, κατὰ ποιότητα τὴν μεταβολὴν σχῇ. Καθάπερ δ´ ἐπὶ τῶν
ἄρτων εἰς τὴν οἰκείαν ἡμῖν τοῖς ἐσθίουσιν ἀχθῆναι χρὴ ποιότητα τὸν
πεττόμενον σῖτον, οὕτω {καὶ} κατὰ τὴν κοιλίαν ἔτι καὶ μᾶλλον εἰς
οἰκειοτέραν, ὀνομάζω δ´ οἰκειοτέραν ἑτέραν ἑτέρας κατὰ τὴν ὁμοιότητα τοῦ
μέλλοντος ἐξ αὐτῆς τρέφεσθαι σώματος. Ἄλλο γὰρ ἄλλῳ σώματι τῶν τρεφόντων
οἰκεῖόν ἐστι καὶ διὰ τοῦτο τὰ ζῷα πρὸς τὰς οἰκείας ἔρχονται τροφὰς
ἀδιδάκτως ὑπὸ τῆς φύσεως ὠθούμενα, τὰ μὲν ὑποζύγια πρός τε τὰς βοτάνας καὶ
ἄχυρα καὶ χιλὴν καὶ κριθήν, οἱ λέοντες δὲ πρὸς τὰς σάρκας, ὥσπερ καὶ
παρδάλεις καὶ λύκοι. Καθάπερ οὖν ἐν τοῖς ζῴοις κατὰ γένος οὐ σμικρὰ
διαφορὰ τῶν οἰκείων ἑκάστῳ τροφῶν ἐστιν, οὕτω καὶ κατ´ εἶδος ἐν τοῖς
γένεσιν εὑρίσκονται διαφοραὶ μεγάλαι τῶν μὲν μηδὲ γεύσασθαι δυναμένων
οἴνου, πάμπολυ δ´ ἑτέρων ἀλύπως πινόντων, καὶ τῶν μέν, ὡς εἴρηται, τά τε
τῶν βοῶν καὶ τράγων καὶ κριῶν κρέα μεθ´ ἡδονῆς μὲν ἐσθιόντων, πεττόντων δ´
ἀλύπως, τῶν δὲ μηδὲ τὴν ὀσμὴν αὐτῶν ὑπομενόντων, μήτι γε τὴν ἐδωδήν, καὶ
εἰ δι´ ἀπορίαν ἐδέσματος ἑτέρου, καθάπερ ἐν λιμῷ γίγνεται, βιάσαιντο σφᾶς
αὐτοὺς προσάρασθαι τὸ τοιοῦτον κρέας, οὔτε πέψαι δυναμένων αὐτὸ χωρὶς
βλάβης ἀνατρεπομένων τε τὴν ὄρεξιν ἐπὶ τῇ προσφορᾷ βαρυνομένων τε
παραχρῆμα κἂν ἐρυγή τις αὐτοῖς ἐπιγένηται, μηδὲ ταύτης ἀλύπως ἀνεχομένων.
Ὅτι δὲ ταῦθ´ οὕτως ἔχοντα φαίνεται, πρῶτον μὲν ἐκείνου χρὴ μεμνῆσθαι, τοῦ
προσφέρεσθαι μὲν τοὺς ἀνθρώπους ἥδιον ἄλλον ἄλλο κατὰ τὴν οἰκειότητα τῆς
φύσεως ἔρχεσθαί τε πρὸς τὴν τῶν τοιούτων ἐδωδὴν μᾶλλον, ὥσπερ γε καὶ πρὸς
τὴν τῶν εὐπέπτων αὐτοῖς εἶναι φανέντων, ἀποστρέφεσθαι δὲ καὶ φεύγειν ἀπὸ
τῶν ἀηδῶν καὶ δυσπέπτων, ὥστε σημεῖον εἶναι τὸ ἔθος οἰκειότητος φυσικῆς.
Ὅτι δὲ καὶ {ὡς} αἰτία γίγνεται πολλάκις, δῆλον ἐκ τῶν ἐν ἀρχῇ μὲν ἀηδῶς ἢ
βλαβερῶς ὑπό τινων διατιθεμένων, εἰ δὲ κατὰ βραχὺ τὴν πρὸς αὐτὰ συνήθειαν
ὑπομείναιεν, οὔτ´ ἀηδῶς οὔτε βλαβερῶς ἔτι διατιθεμένων. Ἡ δ´ αἰτία {καὶ}
τοῦδε τοιαύτη τίς ἐστιν·
| [2] CHAP. II.
Méprisant donc ceux qui regardent l'indication tirée des habitudes
comme tout à fait inutile, ou comme d'une médiocre utilité, dans la
thérapeutique, recherchons quelle est à cause qui explique leur puissance,
si cette cause est unique ou si elle diffère, suivant la matière de
l'habitude. J'appelle matière ce qui constitue le sujet de l'habitude, par
exemple, ainsi que je le disais plus haut, les aliments, les boissons, les
exercices, ou toute autre chose analogue. Commençons donc par les
substances qu'on mange et par celles qu'on boit. Pourquoi, en effet, parmi
ceux qui se nourrissent habituellement de viande de bœuf, les uns ne sont-ils point incommodés du tout, les autres le sont-ils moins qu'avant d'en
avoir contracté l'habitude ; ou bien pourquoi certains individus, comme
l'a écrit Érasistrate lui-même, primitivement et par nature, digèrent-ils
immédiatement avec plus de facilité la viande de bœuf que les poissons de
roche ? La cause de ce phénomène a été expliquée dans la discussion
"Sur les facultés des aliments", j'y reviendrai un peu plus bas, quand
la suite de mon discours m'y amènera. Je commencerai ce que j'ai à
enseigner en parlant de ceux qui par habitude digèrent bien toute espèce
d'aliments, en prenant pour point de départ de tout mon
raisonnement que {même avant l'habitude} il y a certaines substances qui
ont de l'affinité avec nous et d'autres qui n'en ont pas. J'ai examiné
toutes ces questions fort au long dans le traité "Des facultés des
aliments"; commençons donc, après avoir posé d'abord la notion de la
coction. De même, en effet, qu'on ne dit pas des boulangers qu'ils cuisent
le pain lorsque, au moment juste où à l'aide soit de la meule, soit
du crible, ils réduisent le blé en petites parcelles, mais seulement
lorsque après avoir terminé ces opérations ils le mouillent avec de l'eau,
le pétrissent après y avoir mêlé du levain, renferment la pâte dans
quelque endroit qui l'échauffe jusqu'à ce qu'elle soit levée (c'est
l'expression dont ils se servent), et la cuisent dans les fours chauffés
de tous les côtés ou dans les fours chauffés par le bas; de même
aussi quand on ingère quelque substance dans l'estomac, ce n'est pas quand
cette substance est broyée et dissoute que nous disons qu'il y a coction,
mais lorsqu'à l'instar du pain cuit elle change de qualité. De même aussi
que pour les pains le blé cuit doit être transformé en la substance
conforme à celle de l'homme auquel il est destiné ; de même, et à plus
forte raison, faut-il que dans l'estomac ce blé devienne encore plus
conforme à la nature de l'individu, et je me sers de l'expression
substance plus conforme qu'une autre, eu égard à la similitude avec le
corps qui doit être nourri; car la conformité des aliments est autre pour
un corps et autre pour un autre. Aussi les animaux recherchent-ils les
aliments qui leur sont conformes, sans l'avoir appris, et instinctivement
poussés par la nature. Les bêtes de somme recherchent les herbes ; elles
se nourrissent de paille, de foin et d'orge; les lions et aussi les
léopards et les loups courent après la viande. De même donc que, pour
chaque genre d'animaux, il existe une différence notable dans les aliments conformes à chacun de ces genres, de même pour les espèces que
renferment les genres, on trouve de grandes différences. Ainsi quelques
personnes ne peuvent pas boire de vin, un plus grand nombre en boivent
impunément une notable quantité, et, comme il a été dit plus haut, les uns
mangent avec plaisir de la chair de bœuf, de bouc et de bélier, et la
digèrent sans peine; les autres au contraire, ne peuvent ni la manger, ni
même en supporter l'odeur; aussi en l'absence d'un autre aliment, comme
cela arrive dans les famines, s'ils sont forcés de se nourrir de ces
viandes, ils ne peuvent pas les digérer sans en éprouver du dommage ; leur
appétit en est troublé, ils deviennent lourds aussitôt après les avoir
ingérées; s'il leur survient des éructations, ils ne peuvent pas supporter
cet accident sans que cela leur soit pénible.
Comme il est évident que les choses se passent ainsi, il faut tout d'abord
se souvenir de ce fait que les hommes prennent avec le plus de plaisir les
substances qui sont le plus en conformité de nature avec chacun d'eux,
qu'ils préfèrent surtout celles qui rentrent dans cette catégorie comme
paraissant devoir être pour eux d'une plus facile digestion ; au contraire
ils rejettent et fuient le mets désagréables et difficiles à digérer, en
sorte que la coutume est le signe d'une conformité de nature. L'habitude
devient souvent aussi une cause {de conformité de nature} ; cela se voit
manifestement par cette particularité que des substances qui, au début,
étaient désagréables et nuisibles, cessent peu à peu, si on a la force de
s'y habituer, d'être désagréables et nuisibles. La cause de ce phénomène
est la suivante :
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