| [6,1,5] <33> Νομίζων δὲ ὁ Τίτος ἐγείρεσθαι μάλιστα τὰς 
τῶν πολεμούντων προθυμίας ἐλπίδι καὶ λόγῳ, τάς 
τε προτροπὰς καὶ τὰς ὑποσχέσεις πολλάκις μὲν 
λήθην ἐνεργάζεσθαι τῶν κινδύνων, ἔστι δ' ὅτε καὶ 
θανάτου καταφρόνησιν, συναγαγὼν ἐπὶ ταὐτὸ τοὺς 
ἀλκίμους ἐπειρᾶτο τῶν ἀνδρῶν, <34> “ὦ 
συστρατιῶται, λέγων, τὸ μὲν παρακελεύειν ἐπὶ τὰ 
μὴ φέροντα κίνδυνον αὐτόθεν τοῖς 
παρακελευομένοις ἀκλεές, ἀμέλει δὲ καὶ τῷ 
παρακελεύοντι φέρει κατάγνωσιν ἀνανδρίας. <35> 
Δεῖ δέ, οἶμαι, προτροπῆς εἰς μόνα τὰ σφαλερὰ τῶν 
πραγμάτων, ὡς ἐκεῖνά γε καθ' αὑτοὺς πράττειν 
ἄξιον. <36> ὥστ' ἔγωγε τὸ μὲν ὑπάρχειν χαλεπὴν 
τὴν ἐπὶ τὸ τεῖχος ἄνοδον αὐτὸς ὑμῖν προτίθημι· τὸ 
δ' ὅτι μάλιστα προσήκει μάχεσθαι τοῖς δυσκόλοις 
τοὺς ἀρετῆς ἐφιεμένους καὶ ὅτι καλὸν ἐν εὐκλείᾳ 
τελευτὴ καὶ ὡς οὐκ ἄκαρπον ἔσται τοῖς 
καταρξαμένοις τὸ γενναῖον, διέξειμι. <37> Πρῶτον 
μὲν οὖν ὑμῶν γενέσθω προτροπὴ τό τινας ἴσως 
ἀποτρέπον, ἡ Ἰουδαίων μακροθυμία καὶ τὸ 
καρτερικὸν ἐν οἷς κακοπαθοῦσιν· <38> Αἰσχρὸν γὰρ 
Ῥωμαίους τε ὄντας καὶ στρατιώτας ἐμούς, καὶ 
διδακτὸν μὲν ἐν εἰρήνῃ τὸ πολεμεῖν, ἔθιμον δὲ ἐν 
πολέμῳ τὸ κρατεῖν ἔχοντας, ἡττᾶσθαι κατὰ χεῖρα 
Ἰουδαίων ἢ κατὰ ψυχήν, καὶ ταῦτα πρὸς τῷ τέλει 
τῆς νίκης καὶ συνεργουμένους ὑπὸ τοῦ θεοῦ. <39> 
Τὰ γὰρ ἡμέτερα πταίσματα τῆς Ἰουδαίων ἐστὶν 
ἀπονοίας, τὰ δ' ἐκείνων πάθη ταῖς τε ὑμετέραις 
ἀρεταῖς καὶ ταῖς τοῦ θεοῦ συνεργίαις αὔξεται· 
<40> στάσις γὰρ καὶ λιμὸς καὶ πολιορκία καὶ δίχα 
μηχανημάτων πίπτοντα τείχη τί ἂν ἀλλ' ἢ θεοῦ μὲν 
εἴη μῆνις ἐκείνοις, βοήθεια δὲ ἡμετέρα; <41> Τὸ 
τοίνυν μὴ μόνον ἐλαττοῦσθαι χειρόνων, ἀλλὰ καὶ 
τὴν θείαν συμμαχίαν προδιδόναι πρὸς ἡμῶν οὐκ 
ἂν εἴη. <42> Πῶς δ' οὐκ αἰσχρὸν Ἰουδαίους μέν, οἷς 
οὐ πολλὴν αἰσχύνην φέρει τὸ λείπεσθαι μαθοῦσι 
δουλεύειν, ὑπὲρ τοῦ μηκέτι τοῦτο πάσχειν θανάτου 
καταφρονεῖν καὶ πολλάκις εἰς μέσους ἡμᾶς 
ἐκτρέχειν, οὐκ ἐλπίδι τοῦ κρατήσειν ἀλλὰ διὰ ψιλὴν 
ἐπίδειξιν ἀνδρείας· <43> ὑμᾶς δὲ τοὺς γῆς ὀλίγου 
δεῖν ἁπάσης καὶ θαλάσσης κρατοῦντας, οἷς καὶ τὸ 
μὴ νικᾶν ὄνειδος, μηδ' ἅπαξ εἰς τοὺς πολεμίους 
παραβάλλεσθαι, <44> περιμένειν δὲ τὸν λιμὸν κατ' 
αὐτῶν καὶ τὴν τύχην ἀργοὺς καθεζομένους μετὰ 
τοιούτων ὅπλων, καὶ ταῦτα δι' ὀλίγου τοῦ 
παραβόλου τὸ πᾶν κατορθῶσαι δυναμένους; 
<45> ἀναβάντες γοῦν ἐπὶ τὴν Ἀντωνίαν ἔχομεν τὴν 
πόλιν· καὶ γὰρ ἂν γίνηταί τις ἔτι πρὸς τοὺς ἔνδον, 
ὅπερ οὐκ οἶμαι, μάχη, τό γε κατὰ κορυφὴν εἶναι καὶ 
ταῖς ἀναπνοαῖς ἐπικαθῆσθαι τῶν πολεμίων ταχέως 
τὴν ὁλοσχερῆ νίκην ἐγγυᾶται. <46> Καὶ ἔγωγε τὸ μὲν 
ὑμνεῖν ἄρτι τὴν ἐν πολέμῳ τελευτὴν καὶ τὴν ἐπὶ τοῖς 
ἀρειμανίοις πεσοῦσιν ἀθανασίαν παραλιπὼν 
ἐπαρασαίμην ἂν τοῖς ἄλλως ἔχουσι τὸν κατ' 
εἰρήνην ἐκ νόσου θάνατον, οἷς μετὰ τοῦ σώματος 
καὶ ἡ ψυχὴ τάφῳ κατακρίνεται. <47> Τίς γὰρ οὐκ 
οἶδε τῶν ἀγαθῶν ἀνδρῶν ὅτι τὰς μὲν ἐν παρατάξει 
ψυχὰς σιδήρῳ τῶν σαρκῶν ἀπολυθείσας τὸ 
καθαρώτατον στοιχεῖον αἰθὴρ ξενοδοχῶν ἄστροις 
ἐγκαθιδρύει, δαίμονες δ' ἀγαθοὶ καὶ ἥρωες εὐμενεῖς 
ἰδίοις ἐγγόνοις ἐμφανίζονται, τὰς δὲ ἐν νοσοῦσι τοῖς 
σώμασι συντακείσας, <48> κἂν τὰ μάλιστα κηλίδων 
ἢ μιασμάτων ὦσι καθαραί, νὺξ ὑπόγειος ἀφανίζει 
καὶ λήθη βαθεῖα δέχεται, λαμβανούσας ἅμα τοῦ τε 
βίου καὶ τῶν σωμάτων ἔτι δὲ τῆς μνήμης 
περιγραφήν; <49> Εἰ δὲ κέκλωσται μὲν ἀνθρώποις 
ἀναγκαία τελευτή, κουφότερον δὲ εἰς αὐτὴν νόσου 
πάσης σίδηρος ὑπηρέτης, πῶς οὐκ ἀγεννὲς μὴ 
διδόναι ταῖς χρείαις ὃ τῷ χρεὼν ἀποδώσομεν; <50> 
Καὶ ταῦτα μὲν ὡς οὐ δυναμένων σωθῆναι τῶν 
ἐπιχειρησόντων διεξῆλθον· ἔνεστι δὲ σώζεσθαι τοῖς 
ἀνδριζομένοις κἀκ τῶν σφαλερωτάτων. <51> 
Πρῶτον μὲν γὰρ τὸ καταρριφθὲν εὐεπίβατον, 
ἔπειτα πᾶν τὸ οἰκοδομηθὲν εὐδιάλυτον, ὑμεῖς τε 
πλείους θαρσήσαντες ἐπὶ τὴν πρᾶξιν ἀλλήλοις 
προτροπὴ καὶ βοήθεια γίνεσθε, καὶ τοῖς πολεμίοις 
τὸ ὑμέτερον παράστημα ταχέως κλάσει τὰ 
φρονήματα. <52> Καὶ τάχα ἂν ὑμῖν ἀναίμακτον τὸ 
κατόρθωμα γένοιτο μόνον καταρξαμένοις· 
ἀναβαίνοντας μὲν γὰρ κωλύειν πειράσονται κατὰ 
τὸ εἰκός, λαθόντας δὲ καὶ βιασαμένους ἅπαξ οὐκ 
ἂν ὑποσταῖεν ἔτι, κἂν ὀλίγοι φθάσητε. <53> Τὸν δὲ 
καταρξάμενον αἰσχυνοίμην ἂν εἰ μὴ ποιήσαιμι 
ζηλωτὸν ἐν ταῖς ἐπικαρπίαις, καὶ ὁ μὲν ζῶν ἄρξει 
τῶν νῦν ὁμοίων, μακαριστὰ δ' ἀκολουθήσει καὶ τοῖς 
πεσοῦσι τὰ ἀριστεῖα.”
 | [6,1,5] <33> Titus, pensant que l’espérance et les 
discours excitent le mieux l'ardeur des 
combattants, que les exhortations et les 
promesses font souvent oublier les dangers, 
parfois même font mépriser la mort, réunit les 
soldats les plus vaillants et fit ainsi l'épreuve de 
leur courage : « Camarades, dit-il, exhorter à une 
action qui ne comporte pas de danger immédiat, 
est chose sans gloire pour ceux qu'on exhorte et 
peu honorable pour celui qui prend la parole. 
Seules les entreprises hasardeuses réclament une 
exhortation, car, pour les autres, il convient qu'on 
les accomplisse spontanément. Aussi vous 
avouerai-je d'abord que l'escalade du mur est 
difficile, mais qu'il appartient surtout à des 
hommes épris de vertu de combattre des 
difficultés ; qu'une mort glorieuse est belle, et que 
la noblesse de l'action ne doit pas rester sans 
récompense pour ceux qui s'y risquent les 
premiers ; voilà ce que je veux vous assurer. Ce 
qui doit être pour vous un stimulant, et ce qui peut-être 
en découragerait d'autres, c’est la patience 
éprouvée des Juifs et leur constance au milieu des 
revers ; car il serait honteux que des Romains, 
que mes soldats, qui, en paix, ont été instruits de 
l'art de la guerre et se sont fait, en guerre, une 
habitude de la victoire, fussent inférieurs aux Juifs 
pour la force des bras ou de l'âme, et cela quand 
la victoire s'achève, quand ils ont la Divinité avec 
eux. Car nos échecs sont dus seulement au 
désespoir des Juifs, et leurs malheurs 
s'accroissent par vos vertus et l'assistance divine. 
La sédition, la famine, le siège, ces murs qui 
tombent sans l'aide des machines, de quoi cela 
peut-il témoigner sinon de la colère divine contre 
les Juifs et de la protection que Dieu nous donne ? 
Ainsi, nous laisser vaincre par ceux qui ne nous 
valent pas, et surtout trahir l'alliance divine, voilà 
ce qui serait indigne de nous. Pour les Juifs, la 
défaite n'est pas une honte, car ils ont déjà connu 
la servitude ; et cependant, pour s'y soustraire, ils 
méprisent la mort, ils s'élancent contre nous, non 
qu'ils espèrent vaincre, mais pour faire montre de 
leur courage. Quelle disgrâce ce serait pour nous, 
maîtres de presque toute la terre et de la mer, 
pour vous à qui c'est déjà un opprobre de ne pas 
vaincre, si vous ne risquiez pas une seule attaque 
contre les ennemis, si vous restiez oisifs, avec des 
armes si puissantes, attendant l’œuvre de la 
famine et de la Fortune pour les abattre, alors 
qu'un coup d'audace, sans trop de péril, peut vous 
assurer un plein succès ! Si donc nous faisons 
l'escalade de la forteresse Antonia, la ville sera à 
nous ; car même à supposer, ce que je ne crois 
pas, qu'il faille encore livrer, à l'intérieur un combat 
contre les Juifs, l'occupation des hauteurs et le 
poids dont nous pèserons sur les poitrines ennemies 
nous promettent une complète et rapide victoire. 
Pour moi, je m'abstiens maintenant de célébrer 
la mort au champ d'honneur et l'immortalité de 
ceux qui succombent en proie à la fureur de la 
guerre ; je souhaite seulement à ceux qui pensent 
autrement de mourir de maladie pendant la paix, 
eux dont l'âme est condamnée à la tombe en 
même temps que le corps. Car quel homme brave 
ignore le sort des âmes que le fer sépare de la 
chair sur le champ de bataille ? L'éther, le plus pur 
des éléments, leur donne l'hospitalité, et une place 
parmi les astres ; elles se révèlent à leur postérité 
comme de bons génies et des héros bienveillants ; 
mais les âmes qui se sont consumées dans des 
corps malades et en même temps que ceux-ci, 
fussent-elles le plus exemptes possible de taches 
et de souillures, sont anéanties dans la nuit 
souterraine, plongées dans un profond oubli ; leur 
vie, leur corps et leur souvenir trouvent une fin commune. 
Si d'ailleurs la mort est inéluctable pour 
tous les hommes, le fer en est un ministre moins 
cruel que la maladie. Quelle lâcheté n'est-ce donc 
pas de refuser au bien public ce que nous devrons 
à la nécessité ! 
« Je viens de vous parler comme si les auteurs de 
cette tentative devaient inévitablement périr ; mais 
les hommes valeureux peuvent se tirer même des 
circonstances les plus critiques. Car, d'abord, la 
brèche se prête à l'escalade ; puis, toute la partie 
récemment construite est facile à détruire. Vous 
êtes plus nombreux ; agissez donc avec audace, 
vous prêtant les uns aux autres confiance et 
soutien, et bientôt votre fermeté brisera le courage 
des ennemis. Peut-être même obtiendrez-vous le 
succès sans répandre votre sang, dès les 
premières tentatives ; il est vraisemblable qu’en 
vous voyant monter, les Juifs s'efforceront de vous 
arrêter ; mais si vous échappez à leur 
surveillance et si vous vous frayez une fois un 
chemin, il se peut que leur résistance s'effondre, 
quand même vous n'auriez été que peu à l'éluder. 
Quant à celui qui montera le premier, j'aurais 
honte de ne pas faire de lui un homme enviable, 
chargé d'honneurs ; le survivant commandera 
désormais à ceux qui sont maintenant ses égaux, 
et ceux qui tomberont seront suivis dans la tombe 
du prix réservé à la valeur».
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