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[6,9,2] <414> Ἐπεὶ δ' οἱ στρατιῶται μὲν ἔκαμνον ἤδη
φονεύοντες, πολὺ δέ τι πλῆθος τῶν περιόντων
ἀνεφαίνετο, κελεύει Καῖσαρ μόνους μὲν τοὺς
ἐνόπλους καὶ χεῖρας ἀντίσχοντας κτείνειν, τὸ δὲ
λοιπὸν πλῆθος ζωγρεῖν. <415> Οἱ δὲ μετὰ τῶν
παρηγγελμένων τό τε γηραιὸν καὶ τοὺς ἀσθενεῖς
ἀνῄρουν, τὸ δ' ἀκμάζον καὶ χρήσιμον εἰς τὸ ἱερὸν
συνελάσαντες ἐγκατέκλεισαν τῷ τῶν γυναικῶν
περιτειχίσματι. <416> Καὶ φρουρὸν μὲν ἐπέστησε
Καῖσαρ ἕνα τῶν ἀπελευθέρων, Φρόντωνα δὲ τῶν
φίλων ἐπικρινοῦντα τὴν ἀξίαν ἑκάστῳ τύχην. <417>
Ὁ δὲ τοὺς μὲν στασιώδεις καὶ λῃστρικοὺς πάντας
ὑπ' ἀλλήλων ἐνδεικνυμένους ἀπέκτεινε, τῶν δὲ
νέων τοὺς ὑψηλοτάτους καὶ καλοὺς ἐπιλέξας ἐτήρει
τῷ θριάμβῳ. <418> Τοῦ δὲ λοιποῦ πλήθους τοὺς
ὑπὲρ ἑπτακαίδεκα ἔτη δήσας ἔπεμψεν εἰς τὰ κατ'
Αἴγυπτον ἔργα, πλείστους δ' εἰς τὰς ἐπαρχίας
διεδωρήσατο Τίτος φθαρησομένους ἐν τοῖς
θεάτροις σιδήρῳ καὶ θηρίοις· οἱ δ' ἐντὸς
ἑπτακαίδεκα ἐτῶν ἐπράθησαν. <419> Ἐφθάρησαν
δὲ αὐτῶν ἐν αἷς διέκρινεν ὁ Φρόντων ἡμέραις ὑπ'
ἐνδείας χίλιοι πρὸς τοῖς μυρίοις, οἱ μὲν ὑπὸ μίσους
τῶν φυλάκων μὴ μεταλαμβάνοντες τροφῆς, οἱ δ' οὐ
προσιέμενοι διδομένην· πρὸς δὲ τὸ πλῆθος ἦν
ἔνδεια καὶ σίτου.
| [6,9,2] <414> Quand les soldats furent las de
massacrer, une multitude encore considérable de
survivants reparurent. César donna l'ordre de tuer
seulement ceux qui portaient des armes et qui
résistaient le reste devait être pris vivant. Mais les
soldats, dépassant leurs instructions, continuèrent
à tuer les vieillards et les faibles : ceux qui étaient
vigoureux et en état de servir furent poussés dans
le Temple et enfermés dans l'enceinte réservée
aux femmes. César préposa à leur surveillance un
de ses affranchis ; il chargea aussi un de ses
amis, Fronton, de décider du sort que méritait
chacun des captifs. Fronton fit tuer tous les
factieux et les brigands, qui s'accusaient les uns
les autres ; il choisit et réserva pour le triomphe
ceux des jeunes gens qui avaient la plus haute
taille et qui étaient bien faits dans le reste de cette
foule, ceux qui avaient plus de dix-sept ans furent
chargés de chaînes et envoyés en Égypte aux
travaux publics ; Titus en distribua un grand
nombre dans les provinces pour y succomber,
dans les amphithéâtres, au fer ou aux bêtes
féroces. Ceux qui avaient moins de dix-sept ans
furent vendus. Dans le temps où Fronton
prononçait ainsi sur leur sort, onze mille d'entre
eux moururent de faim, les uns à cause de la
haine qu'ils inspiraient à leurs gardiens, dont ils
n'obtenaient pas de nourriture, les autres parce
qu'ils n'acceptaient pas celle qu'on leur donnait ;
d'ailleurs, on manquait même de blé pour un si
grand nombre de captifs.
| [6,9,3] <420> Τῶν μὲν οὖν αἰχμαλώτων πάντων, ὅσα
καθ' ὅλον ἐλήφθη τὸν πόλεμον, ἀριθμὸς ἐννέα
μυριάδες καὶ ἑπτακισχίλιοι συνήχθη, τῶν δὲ
ἀπολομένων κατὰ πᾶσαν τὴν πολιορκίαν μυριάδες
ἑκατὸν καὶ δέκα. <421> Τούτων τὸ πλέον ὁμόφυλον
μὲν ἀλλ' οὐκ ἐπιχώριον· ἀπὸ γὰρ τῆς χώρας ὅλης
ἐπὶ τὴν τῶν ἀζύμων ἑορτὴν συνεληλυθότες
ἐξαπίνης τῷ πολέμῳ περιεσχέθησαν, ὥστε τὸ μὲν
πρῶτον αὐτοῖς τὴν στενοχωρίαν γενέσθαι λοιμώδη
φθοράν, αὖθις δὲ καὶ λιμὸν ὠκύτερον. <422> Ὅτι δ'
ἐχώρει τοσούτους ἡ πόλις, δῆλον ἐκ τῶν ἐπὶ
Κεστίου συναριθμηθέντων, ὃς τὴν ἀκμὴν τῆς
πόλεως διαδηλῶσαι Νέρωνι βουλόμενος
καταφρονοῦντι τοῦ ἔθνους παρεκάλεσεν τοὺς
ἀρχιερεῖς, εἴ πως δυνατὸν εἴη τὴν πληθὺν
ἐξαριθμήσασθαι· <423> οἱ δ' ἐνστάσης ἑορτῆς,
πάσχα καλεῖται, καθ' ἣν θύουσιν μὲν ἀπὸ ἐνάτης
ὥρας μέχρις ἑνδεκάτης, ὥσπερ δὲ φατρία περὶ
ἑκάστην γίνεται θυσίαν οὐκ ἐλάσσων ἀνδρῶν
δέκα, μόνον γὰρ οὐκ ἔξεστιν δαίνυσθαι, πολλοὶ δὲ
καὶ συνείκοσιν ἀθροίζονται, <424> τῶν μὲν θυμάτων
εἰκοσιπέντε μυριάδας ἠρίθμησαν, πρὸς δὲ
πεντακισχίλια ἑξακόσια. <425> Γίνονται ἀνδρῶν, ἵν'
ἑκάστου δέκα δαιτυμόνας θῶμεν, μυριάδες
ἑβδομήκοντα καὶ διακόσιαι καθαρῶν ἁπάντων καὶ
ἁγίων· <426> οὔτε γὰρ λεπροῖς οὔτε γονορροιικοῖς
οὔτε γυναιξὶν ἐπεμμήνοις οὔτε τοῖς ἄλλως
μεμιασμένοις ἐξὸν ἦν τῆσδε τῆς θυσίας
μεταλαμβάνειν,
| [6,9,3] <420> Le nombre total des prisonniers faits
pendant toute la guerre s'éleva à quatre-vingt-dix-sept
mille ; celui des morts, pendant tout le siège,
à onze cent mille. La plupart étaient des Juifs,
mais non tous de la ville même ; beaucoup étaient
venus de tout le pays à la fête des Azymes quand
la guerre les enveloppa soudain ; ainsi, l'espace
étroit où ils étaient confinés produisit d'abord une
maladie pestilentielle et aggrava, peu de temps
après, la famine. La preuve certaine que la ville
contenait une population si considérable, nous la
trouvons dans le recensement de Cestius, qui
voulait montrer à Néron, plein de mépris pour
cette nation, la prospérité de sa capitale. Il pria les
grands-prêtres de deviser quelque moyen pour
recenser la population. Or, la fête, appelée Pâque,
approchait ; on y sacrifie de la neuvième heure à
la onzième et, pour chaque sacrifice, il y a une
confrérie d'au moins dix hommes, car il n'est pas
permis de prendre ce repas seul, et souvent on
s'assemble au nombre de vingt. Les prêtres
comptèrent donc deux cent-cinquante-cinq mille
six cents victimes. Si l'on suppose dix personnes
pour se partager chacune, on obtient le chiffre de
deux millions sept cent mille hommes tous
purs et saints ; car ni les lépreux, ni ceux qui
souffrent de gonorrhée, ni les femmes, pendant la
menstruation, ni les autres personnes souillées
d'une manière ou d'une autre, ne peuvent
participer au sacrifice, non plus que les hommes
de race étrangère venus à Jérusalem par dévotion.
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