| [6,8,5] <401> Καταλιπόντες δὴ τούτους, μᾶλλον δὲ ὑπὸ 
τοῦ θεοῦ καταβληθέντες ἀπ' αὐτῶν, παραχρῆμα 
μὲν εἰς τὴν ὑπὸ τῇ Σιλωᾶ φάραγγα καταφεύγουσιν, 
αὖθις δὲ ὀλίγον ἀνακύψαντες ἐκ τοῦ δέους 
ὥρμησαν ἐπὶ τὸ τῇδε περιτείχισμα. <402> 
Χρησάμενοι δὲ ταῖς τόλμαις ἀγενεστέραις τῆς 
ἀνάγκης, κατεάγησαν γὰρ ἤδη τὴν ἰσχὺν ἅμα τῷ 
δέει καὶ ταῖς συμφοραῖς, ὑπὸ τῶν φρουρῶν 
ἀνωθοῦνται καὶ σκεδασθέντες ὑπ' ἀλλήλων 
κατέδυσαν εἰς τοὺς ὑπονόμους. <403> Ῥωμαῖοι δὲ 
τῶν τειχῶν κρατήσαντες τάς τε σημαίας ἔστησαν 
ἐπὶ τῶν πύργων καὶ μετὰ κρότου καὶ χαρᾶς 
ἐπαιάνιζον ἐπὶ τῇ νίκῃ, πολὺ τῆς ἀρχῆς 
κουφότερον τοῦ πολέμου τὸ τέλος εὑρηκότες· 
ἀναιμωτὶ γοῦν τοῦ τελευταίου τείχους ἐπιβάντες 
ἠπίστουν, καὶ μηδένα βλέποντες ἀντίπαλον 
ἀληθῶς ἠπόρηντο. <404> Εἰσχυθέντες δὲ τοῖς 
στενωποῖς ξιφήρεις τούς τε καταλαμβανομένους 
ἐφόνευον ἀνέδην καὶ τῶν συμφευγόντων τὰς οἰκίας 
αὐτάνδρους ὑπεπίμπρασαν. <405> Πολλὰς δὲ 
κεραίζοντες ὁπότ' ἔνδον παρέλθοιεν ἐφ' ἁρπαγήν, 
γενεὰς ὅλας νεκρῶν κατελάμβανον καὶ τὰ δωμάτια 
πλήρη τῶν τοῦ λιμοῦ πτωμάτων, ἔπειτα πρὸς τὴν 
ὄψιν πεφρικότες κεναῖς χερσὶν ἐξῄεσαν. <406> Οὐ 
μὴν οἰκτείροντες τοὺς οὕτως ἀπολωλότας ταὐτὸ 
καὶ πρὸς τοὺς ζῶντας ἔπασχον, ἀλλὰ τὸν 
ἐντυγχάνοντα διελαύνοντες ἀπέφραξαν μὲν τοὺς 
στενωποὺς νεκροῖς, αἵματι δὲ ὅλην τὴν πόλιν 
κατέκλυσαν, ὡς πολλὰ καὶ τῶν φλεγομένων 
σβεσθῆναι τῷ φόνῳ. <407> Καὶ οἱ μὲν κτείνοντες 
ἐπαύσαντο πρὸς ἑσπέραν, ἐν δὲ τῇ νυκτὶ τὸ πῦρ 
ἐπεκράτει, φλεγομένοις δ' ἐπανέτειλεν 
Ἱεροσολύμοις ἡμέρα Γορπιαίου μηνὸς ὀγδόη, 
<408> πόλει τοσαύταις χρησαμένῃ συμφοραῖς κατὰ 
τὴν πολιορκίαν, ὅσοις ἀπὸ κτίσεως ἀγαθοῖς 
κεχρημένη πάντως ἂν ἐπίφθονος ἔδοξεν, οὐ μὴν 
ἀξίᾳ κατ' ἄλλο τι τῶν τηλικούτων ἀτυχημάτων ἢ τὸ 
γενεὰν τοιαύτην ἐνεγκεῖν, ὑφ' ἧς ἀνετράπη.
 
 | [6,8,5]  <401> Après les avoir quittées, ou plutôt après 
que Dieu les en eut chassés, ces Juifs s'enfuirent 
aussitôt dans la vallée que domine la fontaine de 
Siloé ; puis, s'étant remis un peu de leur frayeur, 
ils s'élancèrent contre le mur d'enceinte en cet 
endroit. Mais leur audace n'était pas à la hauteur 
des circonstances, car leurs forces avaient été 
éprouvées par la crainte et le malheur ; les postes 
romains les repoussèrent et, dispersés ça et là, ils 
s'enfoncèrent dans les souterrains. 
Maîtres des murailles, les Romains dressèrent 
leurs enseignes sur les tours et célébrèrent cette 
victoire avec de bruyants cris d'allégresse. La fin 
de cette guerre avait été pour eux bien moins 
difficile que le début ; ils avaient donc peine à 
croire qu'ils eussent escaladé le dernier rempart 
sans effusion de sang, vraiment étonnés de ne 
voir aucun ennemi devant eux. Ils se répandirent, 
l'épée en main, dans les ruelles, massacrant en 
foule ceux qu'ils pouvaient rejoindre, brûlant les 
maisons avec tous ceux qui s'y étaient réfugiés. 
Plus d'une fois, en pénétrant dans les demeures 
pour les piller, ils y trouvaient des familles entières 
étendues mortes et des chambres remplies de 
cadavres que la faim avait entassés là. A cette 
vue, frappés d'horreur, ils sortaient les mains 
vides. Cependant, s'ils avaient pitié de ceux qui 
étaient morts ainsi, ils n'avaient pas les mêmes 
sentiments à l'égard des vivants. Perçant de leurs 
glaives ceux qu'ils rencontraient, ils obstruaient les 
ruelles de cadavres, inondaient de sang toute la 
ville, au point que ces torrents éteignirent plus d'un 
incendie. Les massacreurs s'arrêtèrent vers le 
soir ; dans la nuit, le feu redoubla d'intensité et le 
huitième jour du mois de Gorpiée éclaira 
Jérusalem toute en flammes. Cette ville avait, 
pendant le siège, souffert tant de calamités que si, 
depuis sa fondation, elle avait connu autant de 
prospérité, elle eût été assurément très enviable ; 
or, elle n'avait mérité de si grandes infortunes que 
pour avoir produit la génération d'hommes qui fut 
l'instrument de sa ruine.
 |