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[6,8,4] <392> Συντετελεσμένων δ' ἤδη καὶ τῶν χωμάτων
ἐν ὀκτωκαίδεκα ἡμέραις ἑβδόμῃ Γορπιαίου μηνὸς
Ῥωμαῖοι μὲν προσῆγον τὰς μηχανάς, τῶν δὲ
στασιαστῶν οἱ μὲν ἀπεγνωκότες ἤδη τὴν πόλιν
ἀνεχώρουν τοῦ τείχους εἰς τὴν ἄκραν, οἱ δὲ
ἐγκατεδύοντο τοῖς ὑπονόμοις· <393> πολλοὶ δὲ
διαστάντες ἠμύνοντο τοὺς προσάγοντας τὰς
ἑλεπόλεις. Ἐκράτουν δὲ καὶ τούτων Ῥωμαῖοι πλήθει
τε καὶ βίᾳ καὶ τὸ μέγιστον, εὐθυμοῦντες ἀθύμων
ἤδη καὶ παρειμένων. <394> Ὡς δὲ παρερράγη μέρος
τι τοῦ τείχους, καί τινες τῶν πύργων τυπτόμενοι
τοῖς κριοῖς ἐνέδοσαν, φυγὴ μὲν ἦν εὐθέως τῶν
ἀμυνομένων, δέος δὲ καὶ τοῖς τυράννοις ἐμπίπτει
σφοδρότερον τῆς ἀνάγκης· <395> πρὶν γὰρ
ὑπερβῆναι τοὺς πολεμίους ἐνάρκων τε καὶ
μετέωροι πρὸς φυγὴν ἦσαν, ἦν δὲ ἰδεῖν τοὺς πάλαι
σοβαροὺς καὶ τοῖς ἀσεβήμασιν ἀλαζόνας τότε
ταπεινοὺς καὶ τρέμοντας, ὡς ἐλεεινὴν εἶναι καίπερ
ἐν πονηροτάτοις τὴν μεταβολήν. <396> ὥρμησαν
μὲν οὖν ἐπὶ τὸ περιτείχισμα δραμόντες ὤσασθαί τε
τοὺς φρουροὺς καὶ διακόψαντες ἐξελθεῖν· <397> ὡς
δὲ τοὺς μὲν πάλαι πιστοὺς ἑώρων οὐδαμοῦ,
διέφυγον γὰρ ὅπῃ τινὶ συνεβούλευεν ἡ ἀνάγκη,
προσθέοντες δὲ οἱ μὲν ὅλον ἀνατετράφθαι τὸ πρὸς
δύσιν τεῖχος ἤγγελλον, οἱ δ' ἐμβεβληκέναι τοὺς
Ῥωμαίους ἤδη τε πλησίον εἶναι ζητοῦντας αὐτούς,
<398> ἕτεροι δὲ καὶ ἀφορᾶν ἀπὸ τῶν πύργων
πολεμίους ἔλεγον πλάζοντος τὰς ὄψεις τοῦ δέους,
ἐπὶ στόμα πεσόντες ἀνῴμωζον τὴν ἑαυτῶν
φρενοβλάβειαν καὶ καθάπερ ὑποκεκομμένοι τὰ
νεῦρα τῆς φυγῆς ἠπόρουν. <399> Ἔνθα δὴ μάλιστ'
ἄν τις καταμάθοι τήν τε τοῦ θεοῦ δύναμιν ἐπὶ τοῖς
ἀνοσίοις καὶ τὴν Ῥωμαίων τύχην· οἱ μέν γε
τύραννοι τῆς ἀσφαλείας ἐγύμνωσαν αὑτοὺς κἀκ
τῶν πύργων κατέβησαν ἑκόντες, ἐφ' ὧν βίᾳ μὲν
οὐδέποθ' ἁλῶναι, μόνῳ δ' ἐδύναντο λιμῷ.
<400> Ῥωμαῖοι δὲ τοσαῦτα περὶ τοῖς ἀσθενεστέροις
τείχεσι καμόντες παρέλαβον τύχῃ τὰ μὴ δυνατὰ
τοῖς ὀργάνοις· παντὸς γὰρ ἰσχυρότεροι
μηχανήματος ἦσαν οἱ τρεῖς πύργοι, περὶ ὧν
ἀνωτέρω δεδηλώκαμεν.
| [6,8,4] <392> Les terrasses furent achevées en dix-huit
jours. Le 7 du mois de Gorpiée, les
Romains amenèrent leurs machines. Alors, parmi
les factieux, les uns, désespérant désormais du
salut de la ville, évacuèrent le rempart pour se
retirer dans Acra ; les autres se cachèrent dans
les souterrains ; beaucoup, prenant leur place de
combat contre le mur, cherchaient à repousser
ceux qui amenaient les hélépoles. Les Romains
avaient sur eux l'avantage de la force et du
nombre ; surtout, ils luttaient avec allégresse
contre des adversaires découragés et affaiblis.
Quand une partie de la muraille fut détruite et que
plusieurs tours, battues par les hélépoles, eurent
été entamées par les béliers, les défenseurs
s'enfuirent aussitôt et les tyrans eux-mêmes furent
envahis par une crainte que justifiait la gravité de
la situation. En effet, avant l'escalade de la
brèche, ils étaient plongés dans la torpeur et ne se
décidaient qu’à fuir ; on pouvait les voir abattus et
tremblants, eux qui naguère étaient si féroces et
fiers de leurs sacrilèges ; ce changement, même
chez de pareils scélérats, excitait la pitié. Ils
songèrent bien à s'élancer à la course vers le mur
de circonvallation des Romains, à en chasser les
postes, à se frayer un chemin et sortir ; mais ils
n'apercevaient nulle part ceux qui, auparavant,
leur étaient fidèles et qui venaient de prendre la
fuite dans diverses directions. Des gens arrivaient,
en courant, annoncer soit que tout le mur de
l'ouest avait cédé, soit que les Romains l'avaient
déjà franchi et les recherchaient ; d'autres, les
yeux égarés par la peur, déclaraient qu'ils
apercevaient les ennemis au sommet des tours.
Alors ils tombèrent la face contre terre, se
lamentant sur leur folie et, comme si leurs nerfs
avaient été coupés, étaient incapables de fuir.
C'est en cela surtout qu'on pouvait reconnaître et
le pouvoir de Dieu sur les impies et la fortune des
Romains ; car les tyrans avaient eux-mêmes
renoncé à leur sécurité, en descendant
volontairement des tours, où la violence n'eût
jamais pu avoir raison d'eux, où la faim seule les
eût réduits. De leur côté, les Romains, qui avaient
rencontré tant de difficultés autour des murailles
plus faibles, prirent, par un don de la Fortune,
celles qui pouvaient défier leurs machines ; car les
trois tours dont nous avons parlé plus haut
étaient plus fortes que tout engin de siège.
| [6,8,5] <401> Καταλιπόντες δὴ τούτους, μᾶλλον δὲ ὑπὸ
τοῦ θεοῦ καταβληθέντες ἀπ' αὐτῶν, παραχρῆμα
μὲν εἰς τὴν ὑπὸ τῇ Σιλωᾶ φάραγγα καταφεύγουσιν,
αὖθις δὲ ὀλίγον ἀνακύψαντες ἐκ τοῦ δέους
ὥρμησαν ἐπὶ τὸ τῇδε περιτείχισμα. <402>
Χρησάμενοι δὲ ταῖς τόλμαις ἀγενεστέραις τῆς
ἀνάγκης, κατεάγησαν γὰρ ἤδη τὴν ἰσχὺν ἅμα τῷ
δέει καὶ ταῖς συμφοραῖς, ὑπὸ τῶν φρουρῶν
ἀνωθοῦνται καὶ σκεδασθέντες ὑπ' ἀλλήλων
κατέδυσαν εἰς τοὺς ὑπονόμους. <403> Ῥωμαῖοι δὲ
τῶν τειχῶν κρατήσαντες τάς τε σημαίας ἔστησαν
ἐπὶ τῶν πύργων καὶ μετὰ κρότου καὶ χαρᾶς
ἐπαιάνιζον ἐπὶ τῇ νίκῃ, πολὺ τῆς ἀρχῆς
κουφότερον τοῦ πολέμου τὸ τέλος εὑρηκότες·
ἀναιμωτὶ γοῦν τοῦ τελευταίου τείχους ἐπιβάντες
ἠπίστουν, καὶ μηδένα βλέποντες ἀντίπαλον
ἀληθῶς ἠπόρηντο. <404> Εἰσχυθέντες δὲ τοῖς
στενωποῖς ξιφήρεις τούς τε καταλαμβανομένους
ἐφόνευον ἀνέδην καὶ τῶν συμφευγόντων τὰς οἰκίας
αὐτάνδρους ὑπεπίμπρασαν. <405> Πολλὰς δὲ
κεραίζοντες ὁπότ' ἔνδον παρέλθοιεν ἐφ' ἁρπαγήν,
γενεὰς ὅλας νεκρῶν κατελάμβανον καὶ τὰ δωμάτια
πλήρη τῶν τοῦ λιμοῦ πτωμάτων, ἔπειτα πρὸς τὴν
ὄψιν πεφρικότες κεναῖς χερσὶν ἐξῄεσαν. <406> Οὐ
μὴν οἰκτείροντες τοὺς οὕτως ἀπολωλότας ταὐτὸ
καὶ πρὸς τοὺς ζῶντας ἔπασχον, ἀλλὰ τὸν
ἐντυγχάνοντα διελαύνοντες ἀπέφραξαν μὲν τοὺς
στενωποὺς νεκροῖς, αἵματι δὲ ὅλην τὴν πόλιν
κατέκλυσαν, ὡς πολλὰ καὶ τῶν φλεγομένων
σβεσθῆναι τῷ φόνῳ. <407> Καὶ οἱ μὲν κτείνοντες
ἐπαύσαντο πρὸς ἑσπέραν, ἐν δὲ τῇ νυκτὶ τὸ πῦρ
ἐπεκράτει, φλεγομένοις δ' ἐπανέτειλεν
Ἱεροσολύμοις ἡμέρα Γορπιαίου μηνὸς ὀγδόη,
<408> πόλει τοσαύταις χρησαμένῃ συμφοραῖς κατὰ
τὴν πολιορκίαν, ὅσοις ἀπὸ κτίσεως ἀγαθοῖς
κεχρημένη πάντως ἂν ἐπίφθονος ἔδοξεν, οὐ μὴν
ἀξίᾳ κατ' ἄλλο τι τῶν τηλικούτων ἀτυχημάτων ἢ τὸ
γενεὰν τοιαύτην ἐνεγκεῖν, ὑφ' ἧς ἀνετράπη.
| [6,8,5] <401> Après les avoir quittées, ou plutôt après
que Dieu les en eut chassés, ces Juifs s'enfuirent
aussitôt dans la vallée que domine la fontaine de
Siloé ; puis, s'étant remis un peu de leur frayeur,
ils s'élancèrent contre le mur d'enceinte en cet
endroit. Mais leur audace n'était pas à la hauteur
des circonstances, car leurs forces avaient été
éprouvées par la crainte et le malheur ; les postes
romains les repoussèrent et, dispersés ça et là, ils
s'enfoncèrent dans les souterrains.
Maîtres des murailles, les Romains dressèrent
leurs enseignes sur les tours et célébrèrent cette
victoire avec de bruyants cris d'allégresse. La fin
de cette guerre avait été pour eux bien moins
difficile que le début ; ils avaient donc peine à
croire qu'ils eussent escaladé le dernier rempart
sans effusion de sang, vraiment étonnés de ne
voir aucun ennemi devant eux. Ils se répandirent,
l'épée en main, dans les ruelles, massacrant en
foule ceux qu'ils pouvaient rejoindre, brûlant les
maisons avec tous ceux qui s'y étaient réfugiés.
Plus d'une fois, en pénétrant dans les demeures
pour les piller, ils y trouvaient des familles entières
étendues mortes et des chambres remplies de
cadavres que la faim avait entassés là. A cette
vue, frappés d'horreur, ils sortaient les mains
vides. Cependant, s'ils avaient pitié de ceux qui
étaient morts ainsi, ils n'avaient pas les mêmes
sentiments à l'égard des vivants. Perçant de leurs
glaives ceux qu'ils rencontraient, ils obstruaient les
ruelles de cadavres, inondaient de sang toute la
ville, au point que ces torrents éteignirent plus d'un
incendie. Les massacreurs s'arrêtèrent vers le
soir ; dans la nuit, le feu redoubla d'intensité et le
huitième jour du mois de Gorpiée éclaira
Jérusalem toute en flammes. Cette ville avait,
pendant le siège, souffert tant de calamités que si,
depuis sa fondation, elle avait connu autant de
prospérité, elle eût été assurément très enviable ;
or, elle n'avait mérité de si grandes infortunes que
pour avoir produit la génération d'hommes qui fut
l'instrument de sa ruine.
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