HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Flavius Josèphe (37 à +/- 100 ap. J. Chr.), La guerre des Juifs contre les Romains, livre VI

Chapitre 8

  par 4

[6,8,4] <392> Συντετελεσμένων δ' ἤδη καὶ τῶν χωμάτων ἐν ὀκτωκαίδεκα ἡμέραις ἑβδόμῃ Γορπιαίου μηνὸς Ῥωμαῖοι μὲν προσῆγον τὰς μηχανάς, τῶν δὲ στασιαστῶν οἱ μὲν ἀπεγνωκότες ἤδη τὴν πόλιν ἀνεχώρουν τοῦ τείχους εἰς τὴν ἄκραν, οἱ δὲ ἐγκατεδύοντο τοῖς ὑπονόμοις· <393> πολλοὶ δὲ διαστάντες ἠμύνοντο τοὺς προσάγοντας τὰς ἑλεπόλεις. Ἐκράτουν δὲ καὶ τούτων Ῥωμαῖοι πλήθει τε καὶ βίᾳ καὶ τὸ μέγιστον, εὐθυμοῦντες ἀθύμων ἤδη καὶ παρειμένων. <394> Ὡς δὲ παρερράγη μέρος τι τοῦ τείχους, καί τινες τῶν πύργων τυπτόμενοι τοῖς κριοῖς ἐνέδοσαν, φυγὴ μὲν ἦν εὐθέως τῶν ἀμυνομένων, δέος δὲ καὶ τοῖς τυράννοις ἐμπίπτει σφοδρότερον τῆς ἀνάγκης· <395> πρὶν γὰρ ὑπερβῆναι τοὺς πολεμίους ἐνάρκων τε καὶ μετέωροι πρὸς φυγὴν ἦσαν, ἦν δὲ ἰδεῖν τοὺς πάλαι σοβαροὺς καὶ τοῖς ἀσεβήμασιν ἀλαζόνας τότε ταπεινοὺς καὶ τρέμοντας, ὡς ἐλεεινὴν εἶναι καίπερ ἐν πονηροτάτοις τὴν μεταβολήν. <396> ὥρμησαν μὲν οὖν ἐπὶ τὸ περιτείχισμα δραμόντες ὤσασθαί τε τοὺς φρουροὺς καὶ διακόψαντες ἐξελθεῖν· <397> ὡς δὲ τοὺς μὲν πάλαι πιστοὺς ἑώρων οὐδαμοῦ, διέφυγον γὰρ ὅπῃ τινὶ συνεβούλευεν ἀνάγκη, προσθέοντες δὲ οἱ μὲν ὅλον ἀνατετράφθαι τὸ πρὸς δύσιν τεῖχος ἤγγελλον, οἱ δ' ἐμβεβληκέναι τοὺς Ῥωμαίους ἤδη τε πλησίον εἶναι ζητοῦντας αὐτούς, <398> ἕτεροι δὲ καὶ ἀφορᾶν ἀπὸ τῶν πύργων πολεμίους ἔλεγον πλάζοντος τὰς ὄψεις τοῦ δέους, ἐπὶ στόμα πεσόντες ἀνῴμωζον τὴν ἑαυτῶν φρενοβλάβειαν καὶ καθάπερ ὑποκεκομμένοι τὰ νεῦρα τῆς φυγῆς ἠπόρουν. <399> Ἔνθα δὴ μάλιστ' ἄν τις καταμάθοι τήν τε τοῦ θεοῦ δύναμιν ἐπὶ τοῖς ἀνοσίοις καὶ τὴν Ῥωμαίων τύχην· οἱ μέν γε τύραννοι τῆς ἀσφαλείας ἐγύμνωσαν αὑτοὺς κἀκ τῶν πύργων κατέβησαν ἑκόντες, ἐφ' ὧν βίᾳ μὲν οὐδέποθ' ἁλῶναι, μόνῳ δ' ἐδύναντο λιμῷ. <400> Ῥωμαῖοι δὲ τοσαῦτα περὶ τοῖς ἀσθενεστέροις τείχεσι καμόντες παρέλαβον τύχῃ τὰ μὴ δυνατὰ τοῖς ὀργάνοις· παντὸς γὰρ ἰσχυρότεροι μηχανήματος ἦσαν οἱ τρεῖς πύργοι, περὶ ὧν ἀνωτέρω δεδηλώκαμεν. [6,8,4] <392> Les terrasses furent achevées en dix-huit jours. Le 7 du mois de Gorpiée, les Romains amenèrent leurs machines. Alors, parmi les factieux, les uns, désespérant désormais du salut de la ville, évacuèrent le rempart pour se retirer dans Acra ; les autres se cachèrent dans les souterrains ; beaucoup, prenant leur place de combat contre le mur, cherchaient à repousser ceux qui amenaient les hélépoles. Les Romains avaient sur eux l'avantage de la force et du nombre ; surtout, ils luttaient avec allégresse contre des adversaires découragés et affaiblis. Quand une partie de la muraille fut détruite et que plusieurs tours, battues par les hélépoles, eurent été entamées par les béliers, les défenseurs s'enfuirent aussitôt et les tyrans eux-mêmes furent envahis par une crainte que justifiait la gravité de la situation. En effet, avant l'escalade de la brèche, ils étaient plongés dans la torpeur et ne se décidaient qu’à fuir ; on pouvait les voir abattus et tremblants, eux qui naguère étaient si féroces et fiers de leurs sacrilèges ; ce changement, même chez de pareils scélérats, excitait la pitié. Ils songèrent bien à s'élancer à la course vers le mur de circonvallation des Romains, à en chasser les postes, à se frayer un chemin et sortir ; mais ils n'apercevaient nulle part ceux qui, auparavant, leur étaient fidèles et qui venaient de prendre la fuite dans diverses directions. Des gens arrivaient, en courant, annoncer soit que tout le mur de l'ouest avait cédé, soit que les Romains l'avaient déjà franchi et les recherchaient ; d'autres, les yeux égarés par la peur, déclaraient qu'ils apercevaient les ennemis au sommet des tours. Alors ils tombèrent la face contre terre, se lamentant sur leur folie et, comme si leurs nerfs avaient été coupés, étaient incapables de fuir. C'est en cela surtout qu'on pouvait reconnaître et le pouvoir de Dieu sur les impies et la fortune des Romains ; car les tyrans avaient eux-mêmes renoncé à leur sécurité, en descendant volontairement des tours, où la violence n'eût jamais pu avoir raison d'eux, où la faim seule les eût réduits. De leur côté, les Romains, qui avaient rencontré tant de difficultés autour des murailles plus faibles, prirent, par un don de la Fortune, celles qui pouvaient défier leurs machines ; car les trois tours dont nous avons parlé plus haut étaient plus fortes que tout engin de siège.
[6,8,5] <401> Καταλιπόντες δὴ τούτους, μᾶλλον δὲ ὑπὸ τοῦ θεοῦ καταβληθέντες ἀπ' αὐτῶν, παραχρῆμα μὲν εἰς τὴν ὑπὸ τῇ Σιλωᾶ φάραγγα καταφεύγουσιν, αὖθις δὲ ὀλίγον ἀνακύψαντες ἐκ τοῦ δέους ὥρμησαν ἐπὶ τὸ τῇδε περιτείχισμα. <402> Χρησάμενοι δὲ ταῖς τόλμαις ἀγενεστέραις τῆς ἀνάγκης, κατεάγησαν γὰρ ἤδη τὴν ἰσχὺν ἅμα τῷ δέει καὶ ταῖς συμφοραῖς, ὑπὸ τῶν φρουρῶν ἀνωθοῦνται καὶ σκεδασθέντες ὑπ' ἀλλήλων κατέδυσαν εἰς τοὺς ὑπονόμους. <403> Ῥωμαῖοι δὲ τῶν τειχῶν κρατήσαντες τάς τε σημαίας ἔστησαν ἐπὶ τῶν πύργων καὶ μετὰ κρότου καὶ χαρᾶς ἐπαιάνιζον ἐπὶ τῇ νίκῃ, πολὺ τῆς ἀρχῆς κουφότερον τοῦ πολέμου τὸ τέλος εὑρηκότες· ἀναιμωτὶ γοῦν τοῦ τελευταίου τείχους ἐπιβάντες ἠπίστουν, καὶ μηδένα βλέποντες ἀντίπαλον ἀληθῶς ἠπόρηντο. <404> Εἰσχυθέντες δὲ τοῖς στενωποῖς ξιφήρεις τούς τε καταλαμβανομένους ἐφόνευον ἀνέδην καὶ τῶν συμφευγόντων τὰς οἰκίας αὐτάνδρους ὑπεπίμπρασαν. <405> Πολλὰς δὲ κεραίζοντες ὁπότ' ἔνδον παρέλθοιεν ἐφ' ἁρπαγήν, γενεὰς ὅλας νεκρῶν κατελάμβανον καὶ τὰ δωμάτια πλήρη τῶν τοῦ λιμοῦ πτωμάτων, ἔπειτα πρὸς τὴν ὄψιν πεφρικότες κεναῖς χερσὶν ἐξῄεσαν. <406> Οὐ μὴν οἰκτείροντες τοὺς οὕτως ἀπολωλότας ταὐτὸ καὶ πρὸς τοὺς ζῶντας ἔπασχον, ἀλλὰ τὸν ἐντυγχάνοντα διελαύνοντες ἀπέφραξαν μὲν τοὺς στενωποὺς νεκροῖς, αἵματι δὲ ὅλην τὴν πόλιν κατέκλυσαν, ὡς πολλὰ καὶ τῶν φλεγομένων σβεσθῆναι τῷ φόνῳ. <407> Καὶ οἱ μὲν κτείνοντες ἐπαύσαντο πρὸς ἑσπέραν, ἐν δὲ τῇ νυκτὶ τὸ πῦρ ἐπεκράτει, φλεγομένοις δ' ἐπανέτειλεν Ἱεροσολύμοις ἡμέρα Γορπιαίου μηνὸς ὀγδόη, <408> πόλει τοσαύταις χρησαμένῃ συμφοραῖς κατὰ τὴν πολιορκίαν, ὅσοις ἀπὸ κτίσεως ἀγαθοῖς κεχρημένη πάντως ἂν ἐπίφθονος ἔδοξεν, οὐ μὴν ἀξίᾳ κατ' ἄλλο τι τῶν τηλικούτων ἀτυχημάτων τὸ γενεὰν τοιαύτην ἐνεγκεῖν, ὑφ' ἧς ἀνετράπη. [6,8,5] <401> Après les avoir quittées, ou plutôt après que Dieu les en eut chassés, ces Juifs s'enfuirent aussitôt dans la vallée que domine la fontaine de Siloé ; puis, s'étant remis un peu de leur frayeur, ils s'élancèrent contre le mur d'enceinte en cet endroit. Mais leur audace n'était pas à la hauteur des circonstances, car leurs forces avaient été éprouvées par la crainte et le malheur ; les postes romains les repoussèrent et, dispersés ça et là, ils s'enfoncèrent dans les souterrains. Maîtres des murailles, les Romains dressèrent leurs enseignes sur les tours et célébrèrent cette victoire avec de bruyants cris d'allégresse. La fin de cette guerre avait été pour eux bien moins difficile que le début ; ils avaient donc peine à croire qu'ils eussent escaladé le dernier rempart sans effusion de sang, vraiment étonnés de ne voir aucun ennemi devant eux. Ils se répandirent, l'épée en main, dans les ruelles, massacrant en foule ceux qu'ils pouvaient rejoindre, brûlant les maisons avec tous ceux qui s'y étaient réfugiés. Plus d'une fois, en pénétrant dans les demeures pour les piller, ils y trouvaient des familles entières étendues mortes et des chambres remplies de cadavres que la faim avait entassés là. A cette vue, frappés d'horreur, ils sortaient les mains vides. Cependant, s'ils avaient pitié de ceux qui étaient morts ainsi, ils n'avaient pas les mêmes sentiments à l'égard des vivants. Perçant de leurs glaives ceux qu'ils rencontraient, ils obstruaient les ruelles de cadavres, inondaient de sang toute la ville, au point que ces torrents éteignirent plus d'un incendie. Les massacreurs s'arrêtèrent vers le soir ; dans la nuit, le feu redoubla d'intensité et le huitième jour du mois de Gorpiée éclaira Jérusalem toute en flammes. Cette ville avait, pendant le siège, souffert tant de calamités que si, depuis sa fondation, elle avait connu autant de prospérité, elle eût été assurément très enviable ; or, elle n'avait mérité de si grandes infortunes que pour avoir produit la génération d'hommes qui fut l'instrument de sa ruine.


Recherches | Texte | Lecture | Liste du vocabulaire | Index inverse | Menu | Site de Philippe Remacle |

 
UCL | FLTR | Hodoi Elektronikai | Itinera Electronica | Bibliotheca Classica Selecta (BCS) |
Ingénierie Technologies de l'Information : B. Maroutaeff - C. Ruell - J. Schumacher

Dernière mise à jour : 27/07/2006