[6,2,6] <136> Οὐ μὴν οἵ γε πεμφθέντες τοὺς φύλακας
εὗρον κοιμωμένους, ὡς ἤλπισαν, ἀλλ'
ἀναπηδήσασι μετὰ κραυγῆς εὐθέως
συνεπλέκοντο· πρὸς δὲ τὴν βοὴν τῶν
ἐκκοιτούντων ἔνδοθεν οἱ λοιποὶ κατὰ στῖφος
ἐξέθεον. <137> Τῶν μὲν δὴ πρώτων τὰς ὁρμὰς
ἐξεδέχοντο Ῥωμαῖοι· περιέπιπτον δ' οἱ μετ' ἐκείνους
τῷ σφετέρῳ τάγματι, καὶ πολλοὶ τοῖς οἰκείοις ὡς
πολεμίοις ἐχρῶντο. <138> Τὴν μὲν γὰρ διὰ βοῆς
ἐπίγνωσιν ἡ κραυγὴ συγχυθεῖσα παρ' ἀμφοῖν, τὴν
δὲ δι' ὀμμάτων ἡ νὺξ ἕκαστον ἀφείλετο, καὶ
τυφλώττειν ἄλλως οὓς μὲν οἱ θυμοὶ παρεσκεύαζον
οὓς δ' οἱ φόβοι· διὰ τοῦτο τὸν προστυχόντα
πλήττειν ἦν ἄκριτον. <139> Ῥωμαίους μὲν οὖν
συνησπικότας καὶ κατὰ συντάξεις προπηδῶντας
ἧττον ἔβλαπτεν ἡ ἄγνοια· καὶ γὰρ ἦν παρ' ἑκάστῳ
μνήμη τοῦ συνθήματος· <140> Ἰουδαῖοι δ' ἀεὶ
σκεδαννύμενοι καὶ τάς τε προσβολὰς καὶ τὰς
ὑποχωρήσεις ἀνέδην ποιούμενοι πολλάκις
φαντασίαν παρεῖχον ἀλλήλοις πολεμίων· τὸν
ὑποστρέφοντα γὰρ ἕκαστος οἰκεῖον διὰ σκότους
ὡς ἐπιόντα Ῥωμαῖον ἐξεδέχετο. <141> Πλείους γοῦν
ὑπὸ τῶν ἰδίων ἢ τῶν πολεμίων ἐτρώθησαν, ἕως
ἡμέρας γενομένης ὄψει τὸ λοιπὸν ἡ μάχη
διεκρίνετο, καὶ κατὰ φάλαγγα διαστάντες τοῖς τε
βέλεσιν εὐτάκτοις ἐχρῶντο καὶ ταῖς ἀμύναις. <142>
Οὐδέτεροι δὲ οὔτ' εἶκον οὔτ' ἐκοπίων, ἀλλ' οἱ μὲν
ὡς ἐφορῶντος Καίσαρος κατ' ἄνδρα καὶ κατὰ
συντάξεις ἤριζον ἀλλήλοις, καὶ προκοπῆς ἕκαστος
ἐκείνην αὐτῷ τὴν ἡμέραν ἄρξειν ὑπελάμβανεν, εἰ
γενναίως ἀγωνίσαιτο· <143> Ἰουδαίοις δ' ἐβράβευε
τὰς τόλμας ὅ τε περὶ σφῶν αὐτῶν καὶ τοῦ ἱεροῦ
φόβος καὶ ὁ τύραννος ἐφεστὼς καὶ τοὺς μὲν
παρακαλῶν, τοὺς δὲ μαστιγῶν καὶ διεγείρων
ἀπειλαῖς. <144> Συνέβαινε δὲ τὸ μὲν πλεῖστον
σταδιαίαν εἶναι τὴν μάχην, ἐν ὀλίγῳ δὲ καὶ ταχέως
ἀντιστρέφεσθαι τὰς ῥοπάς· οὐδέτεροι γὰρ οὔτε
φυγῆς οὔτε διώξεως μῆκος εἶχον. <145> Ἀεὶ δὲ πρὸς
τὸ συμβαῖνον οἰκεῖος ἀπὸ τῆς Ἀντωνίας ὁ θόρυβος
ἦν, θαρρεῖν δὲ καὶ κρατοῦσι τοῖς σφετέροις
ἐπεβόων καὶ μένειν τρεπομένοις. <146> Ἦν δὲ
ὥσπερ τι πολέμου θέατρον· οὐδὲν γὰρ οὔτε Τίτον
οὔτε τοὺς περὶ αὐτὸν ἐλάνθανε τῶν κατὰ τὴν
μάχην. <147> Τὸ δὲ πέρας ἀρξάμενοι τῆς νυκτὸς
ἐνάτης ὥρας ὑπὲρ πέμπτην τῆς ἡμέρας
διελύθησαν ἀφ' οὗπερ ἤρξαντο τόπου τῆς
συμβολῆς, μηδέτεροι βεβαίως κλίναντες τοὺς
ἑτέρους, ἀλλὰ τὴν νίκην μέσην ἐν ἀγχωμάλῳ
καταλιπόντες. <148> Καὶ Ῥωμαίων μὲν ἐπισήμως
ἠγωνίσαντο πολλοί, Ἰουδαίων δ' ἐκ μὲν τῶν περὶ
Σίμωνα Ἰούδης ὁ τοῦ Μαρεώτου καὶ Σίμων ὁ τοῦ
Ὁσαία, τῶν δὲ Ἰδουμαίων Ἰάκωβος καὶ Σίμων,
Ἀκατελᾶ μὲν οὗτος παῖς, Σωσᾶ δὲ ὁ Ἰάκωβος, τῶν
δὲ μετὰ Ἰωάννου Γεφθέος καὶ Ἀλεξᾶς, τῶν δὲ
ζηλωτῶν Σίμων υἱὸς Ἀρί.
| [6,2,6] <136> Cependant le détachement ne trouva pas,
comme il l'espérait, les gardes endormis : ceux-ci
s'élancèrent en poussant des cris et la lutte
commença aussitôt ; aux clameurs des soldats de
garde, les autres accoururent de l'intérieur en
rangs serrés. Les Romains reçurent de pied ferme
les attaques des premiers ; ceux qui vinrent
ensuite se heurtèrent contre leur propre troupe, et
beaucoup prirent leurs camarades pour des
ennemis. Car les cris que poussaient confusément
les deux partis empêchaient de se reconnaître à la
voix, comme la nuit ne permettait pas de se
reconnaître à l'aspect. L'ardeur des uns, l'effroi
des autres ajoutaient à l'aveuglement ; chacun
frappait indistinctement celui qu'il trouvait devant
soi. Les Romains, qui serraient leurs boucliers les
uns contre les autres et s'élançaient par pelotons,
étaient moins éprouvés par ce genre de méprise
et tous se souvenaient de leur mot d'ordre. Mais
les Juifs, toujours dispersés, attaquant et se
retirant à l'aventure, prenaient souvent les uns
pour les autres l'apparence d'ennemis ; trompés
par l'obscurité, ils croyaient subir l'attaque d'un
Romain quand un de leurs camarades reculait
vers eux. Plus de Juifs furent ainsi blessés par les
leurs que par les Romains. Enfin le jour parut et la
vue permit de reconnaître l'état du combat ; les
deux adversaires, reprenant leur distance,
lançaient leurs traits et se défendaient en bon
ordre. De part et d'autre on ne reculait pas et l'on
ne montrait aucune lassitude. Les Romains,
sachant que César les voyait, rivalisaient entre
eux, individuellement ou par sections ; chacun
considérait ce jour comme le commencement de
sa fortune, s'il se comportait avec bravoure.
L'audace des Juifs était soutenue par la crainte
qu'ils concevaient pour eux-mêmes et pour le
Temple, et aussi par la surveillance du tyran qui
encourageait les uns, fouettait les autres ou les
excitait à l'action par ses menaces. Longtemps le
combat fut indécis : en peu d'instants et
soudainement, les chances tournaient, car tous
manquaient de champ pour fuir et poursuivre. Aux
péripéties de la lutte répondaient, du haut de la
tour Antonia, des rumeurs diverses : à leurs
camarades vainqueurs, les Romains criaient de
s'enhardir ; s'ils reculaient, de tenir bon. C'était
comme une guerre sur le théâtre, où aucune
circonstance du combat n'échappait ni à Titus ni à
son entourage. Enfin, les deux partis qui avaient
commencé à combattre à la neuvième heure de la
nuit, se séparèrent après la cinquième heure du
jour suivant et quittèrent le lieu où ils avaient
engagé la mêlée ; aucun n'avait fait effectivement
plier l'adversaire, et la victoire restait indécise.
Beaucoup de Romains se signalèrent dans cette
action ; du côté des Juifs se distinguèrent, dans la
troupe de Simon, Judas fils de Mareoth, Simon fils
d'Osée ; parmi les Iduméens, Jacob et Simon, ce
dernier, fils d'Acatelas, celui-là de Sosas ; avec
Jean, Gephthaeos et Alexas ; parmi les zélateurs,
Simon, fils d'Ari.
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