[5,13,5] (5)<553> Καὶ γνοὺς τὴν παρανομίαν Τίτος ὀλίγου μὲν ἐδέησε τὸ ἱππικὸν
περιστήσας κατακοντίσαι τοὺς αἰτίους, εἰ μὴ πολὺ πλῆθος ἐνείχετο καὶ τῶν
ἀνῃρημένων πολλαπλασίους ἦσαν οἱ κολασθησόμενοι. <554> Συγκαλέσας δὲ τοὺς
τῶν συμμάχων ἡγεμόνας καὶ τοὺς τῶν ταγμάτων, συνδιεβάλλοντο γὰρ καὶ τῶν
στρατιωτῶν τινές, πρὸς ἑκατέρους ἀγανακτεῖν ἔλεγεν, <555> εἰ τῶν μὲν σὺν
αὐτῷ στρατευομένων τινὲς τοιαῦτα δρῶσιν κέρδους ἕνεκεν ἀδήλου, μηδὲ τὰ
ὅπλα σφῶν αὐτῶν αἰδούμενοι πεποιημένα ἀργύρου τε καὶ χρυσοῦ, <556> τοῖς δὲ
Ἄραψι καὶ <τοῖς> Σύροις, εἰ πρῶτον μὲν ἐν ἀλλοτρίῳ πολέμῳ τοῖς πάθεσιν
αὐτεξουσίως χρῶνται, ἔπειτα τῇ περὶ φόνους ὠμότητι καὶ τῷ πρὸς Ἰουδαίους
μίσει Ῥωμαίους ἐπιγράφουσι· καὶ γὰρ νῦν ἐνίους αὐτῷ τῶν στρατιωτῶν
συναπολαύειν τῆς κακοδοξίας. <557> Τούτοις μὲν οὖν διηπείλησε θάνατον, εἴ
τις εὑρεθείη πάλιν τὸ αὐτὸ τολμῶν, τοῖς δὲ ἀπὸ τῶν ταγμάτων ἐπέστελλεν
ἐρευνήσαντας τοὺς ὑπόπτους ἀνάγειν ἐπ' αὐτόν. <558> Κατεφρόνει δ', ὡς
ἔοικε, φιλοχρηματία πάσης κολάσεως, καὶ δεινὸς ἐμπέφυκεν ἀνθρώποις τοῦ
κερδαίνειν ἔρως, οὐδέν τε οὕτως πάθος πλεονεξία παραβάλλεται. <559> Ἢ
ταῦτα μὲν ἄλλως καὶ μέτρον ἔχει καὶ φόβοις ὑποτάσσεται, θεὸς δὲ ἦν ὁ τοῦ
λαοῦ παντὸς κατακρίνας καὶ πᾶσαν αὐτοῖς σωτηρίας ὁδὸν εἰς ἀπώλειαν
ἀποστρέφων. <560> Ὃ γοῦν μετ' ἀπειλῆς ἀπεῖπεν ὁ Καῖσαρ λάθρα κατὰ τῶν
αὐτομόλων ἐτολμᾶτο, καὶ τοὺς διαδιδράσκοντας πρὶν πᾶσιν ὀφθῆναι
προαπαντῶντες ἔσφαττον οἱ βάρβαροι, περισκοπούμενοι δὲ μή τις ἐπίδοι
Ῥωμαίων, ἀνέσχιζον κἀκ τῶν σπλάγχνων τὸ μιαρὸν κέρδος εἷλκον. <561>
Ὀλίγοις δ' ἐνευρίσκετο, καὶ τοὺς πολλοὺς παρανήλισκεν ἐλπὶς μόνη. Τοῦτο
μὲν δὴ τὸ πάθος πολλοὺς τῶν αὐτομόλων ἐπανήγαγεν.
| [5,13,5] <553> Quand Titus apprit cette horrible chose, peu s'en fallut qu'il ne
fit cerner par la cavalerie et tuer à coups de javelots les coupables :
mais il fut retenu par le grand nombre de ceux qu'il devait punir, et qui
surpassait de beaucoup le nombre des morts. Il appela donc les chefs des
troupes alliées et ceux des légions, car on accusait même du crime
quelques légionnaires : il déclara qu'il était irrité contre les uns et
les autres, voyant quelques-uns de ceux qui servaient sous lui commettre
de pareils forfaits pour un profit incertain, sans respecter leurs propres
armes, ornées d'argent et d'or. Il est indigné que les Arabes et les
Syriens donnent ainsi libre cours à leurs basses convoitises dans une
guerre étrangère, indigné aussi qu'ils fassent imputer aux Romains la
cruauté dans le meurtre et la haine des Juifs ; car maintenant
quelques-uns de ses soldats partagent avec lui-même cette triste
réputation. Il les menaça donc de mort, s'il s'en trouvait encore pour
oser un tel crime, et il ordonna aux officiers des légions de faire une
enquête pour lui envoyer ceux qui seraient soupçonnés. Mais la cupidité,
semble-t-il, ne s'effraye d'aucun châtiment, le terrible appétit du gain
est inné à l'homme ; aucune passion n'égale en audace la soif d'acquérir.
A la vérité, cette passion a par ailleurs des degrés et reste soumise à la
crainte ; mais cette fois Dieu avait condamné tout le peuple et faisait
tourner à la destruction des Juifs tout moyen de salut. Aussi le forfait
que César avait défendu avec menaces était perpétré secrètement contre les
transfuges ; avant même qu'ils eussent été vus de tous, les fugitifs
étaient égorgés par les barbares qui couraient à leur rencontre : ceux-ci,
prenant garde d'être aperçus de quelque Romain, leur fendaient le ventre
et tiraient de leurs entrailles cet abominable gain. Ils ne le trouvaient
que chez un petit nombre, et l'espérance seule faisait sacrifier la
plupart en pure perte. Cette calamité ramena dans la ville beaucoup de
transfuges.
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