[5,12,3] (3)<512> Ἰουδαίοις δὲ μετὰ τῶν ἐξόδων ἀπεκόπη πᾶσα σωτηρίας ἐλπίς, καὶ
βαθύνας αὑτὸν ὁ λιμὸς κατ' οἴκους καὶ γενεὰς τὸν δῆμον ἐπεβόσκετο. <513>
Καὶ τὰ μὲν τέγη πεπλήρωτο γυναικῶν καὶ βρεφῶν λελυμένων, οἱ στενωποὶ δὲ
γερόντων νεκρῶν, παῖδες δὲ καὶ νεανίαι διοιδοῦντες ὥσπερ εἴδωλα κατὰ τὰς
ἀγορὰς ἀνειλοῦντο καὶ κατέπιπτον ὅπῃ τινὰ τὸ πάθος καταλαμβάνοι. <514>
Θάπτειν δὲ τοὺς προσήκοντας οὔτε ἴσχυον οἱ κάμνοντες καὶ τὸ διευτονοῦν
ὤκνει διά τε πλῆθος τῶν νεκρῶν καὶ διὰ τὸ κατὰ σφᾶς ἄδηλον· πολλοὶ γοῦν
τοῖς ὑπ' αὐτῶν θαπτομένοις ἐπαπέθνησκον, πολλοὶ δὲ ἐπὶ τὰς θήκας πρὶν
ἐπιστῆναι τὸ χρεὼν προῆλθον. <515> Οὔτε δὲ θρῆνος ἐν ταῖς συμφοραῖς οὔτ'
ὀλοφυρμὸς ἦν, ἀλλ' ὁ λιμὸς ἤλεγχε τὰ πάθη, ξηροῖς δὲ τοῖς ὄμμασι καὶ
σεσηρόσι τοῖς στόμασιν οἱ δυσθανατοῦντες ἐφεώρων τοὺς φθάσαντας
ἀναπαύσασθαι, βαθεῖα δὲ περιεῖχεν τὴν πόλιν σιγὴ καὶ νὺξ θανάτου γέμουσα
καὶ τούτων οἱ λῃσταὶ χαλεπώτεροι. <516> Τυμβωρυχοῦντες γοῦν τὰς οἰκίας
ἐσύλων τοὺς νεκροὺς καὶ τὰ καλύμματα τῶν σωμάτων περισπῶντες μετὰ γέλωτος
ἐξῄεσαν, τάς τε ἀκμὰς τῶν ξιφῶν ἐδοκίμαζον ἐν τοῖς πτώμασιν, καί τινας τῶν
ἐρριμμένων ἔτι ζῶντας διήλαυνον ἐπὶ πείρᾳ τοῦ σιδήρου· <517> τοὺς δ'
ἱκετεύοντας χρῆσαι σφίσι δεξιὰν καὶ ξίφος τῷ λιμῷ κατέλειπον
ὑπερηφανοῦντες, καὶ τῶν ἐκπνεόντων ἕκαστος ἀτενίσας εἰς τὸν ναὸν ἀφεώρα
τοὺς στασιαστὰς ζῶντας ἀπολιπών. <518> Οἱ δὲ τὸ μὲν πρῶτον ἐκ τοῦ δημοσίου
θησαυροῦ τοὺς νεκροὺς θάπτειν ἐκέλευον τὴν ὀσμὴν οὐ φέροντες, ἔπειθ' ὡς οὐ
διήρκουν ἀπὸ τῶν τειχῶν ἔρριπτον εἰς τὰς φάραγγας.
| [5,12,3] <512> Coupés ainsi du dehors, les Juifs perdaient en même temps toute
espérance de salut, tandis que la famine, étendant ses ravages, dévorait
dans le peuple maisons et familles. Les terrasses étaient encombrées de
femmes et de petits enfants exténués, les ruelles de vieillards morts ;
des garçons et des jeunes gens erraient comme des fantômes, le corps
tuméfié. Sur les places, ils tombaient là où le fléau les accablait. Les
malades n'avaient pas la force d'ensevelir les cadavres de leurs proches ;
ceux qui étaient encore vigoureux différaient ce soin, effrayés par la
multitude des cadavres et l'incertitude de leur propre sort ; beaucoup
tombaient morts sur ceux qu'ils ensevelissaient ; beaucoup, avant que fût
venu pour eux le moment fatal, succombaient dans ce labeur. Parmi tous ces
malheurs, il n'y avait ni plaintes, ni gémissements, car la faim étouffait
les émotions ; c'est avec des yeux secs et la bouche contractée que les
victimes d'une mort lente observaient ceux qui, avant eux, arrivaient au
repos. Un silence profond, une nuit où dominait la mort, régnaient sur la
ville, et, chose plus affreuse encore, les brigands y exerçaient leurs
sévices. Fouillant les maisons, devenues des tombeaux, ils dépouillaient
les morts, arrachaient les vêtements qui recouvraient les cadavres ; ils
sortaient avec des éclats de rire ; ils éprouvaient la pointe de leurs
glaives sur les cadavres, et transperçaient quelques-uns de ces malheureux
étendus à terre, mais encore vivants, pour essayer leur fer ; mais si
quelqu'un les suppliait de leur prêter leur main et leur épée, ils
l'abandonnaient dédaigneusement à la faim. Tous ces hommes rendaient le
dernier souffle en fixant des regards obstinés vers le Temple et en les
détournant des factieux qu'ils laissaient en vie. Ceux-ci firent d'abord
ensevelir les morts aux frais du trésor public, ne pouvant supporter cette
infection ; ensuite, comme ils ne suffisaient plus à cette tâche, ils les
jetèrent du haut des remparts dans les ravins.
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