[5,12,4] (4)<519> Περιιὼν δὲ ταύτας ὁ Τίτος ὡς ἐθεάσατο πεπλησμένας τῶν νεκρῶν καὶ
βαθὺν ἰχῶρα μυδώντων ὑπορρέοντα τῶν σωμάτων, ἐστέναξέ τε καὶ τὰς χεῖρας
ἀνατείνας κατεμαρτύρατο τὸν θεόν, ὡς οὐκ εἴη τὸ ἔργον αὐτοῦ. <520> Τὰ μὲν
δὴ κατὰ τὴν πόλιν εἶχεν οὕτως, Ῥωμαῖοι δὲ μηδενὸς ἔτι τῶν στασιαστῶν
ἐκτρέχοντος, ἤδη γὰρ καὶ τούτων ἀθυμία καὶ λιμὸς ἐφήπτετο, ἐπ' εὐθυμίαις
ἦσαν σίτου τε ἀφθονίαν καὶ τῶν ἄλλων ἐπιτηδείων ἐκ τῆς Συρίας καὶ τῶν
πλησίον ἐπαρχιῶν ἔχοντες· <521> ἱστάμενοι δὲ πολλοὶ τοῦ τείχους πλησίον
καὶ πολὺ πλῆθος τῶν· ἐδωδίμων ἐπιδεικνύμενοι τῷ κατὰ σφᾶς κόρῳ τὸν λιμὸν
τῶν πολεμίων ἐξέκαιον. <522> Πρὸς δὲ τὸ πάθος τῶν στασιαστῶν μηδὲν
ἐνδιδόντων Τίτος οἰκτείρων τὰ λείψανα τοῦ δήμου καὶ σπουδάζων τὸ γοῦν
περιὸν ἐξαρπάσαι, πάλιν ἤρχετο χωμάτων χαλεπῶς αὐτῷ τῆς ὕλης ποριζομένης·
<523> ἡ μὲν γὰρ περὶ τὴν πόλιν πᾶσα τοῖς προτέροις ἔργοις ἐκέκοπτο,
συνεφόρουν δὲ ἄλλην ἀπ' ἐνενήκοντα σταδίων οἱ στρατιῶται. Καὶ πρὸς μόνης
ὕψουν τῆς Ἀντωνίας κατὰ μέρη τέσσαρα πολὺ μείζονα τῶν προτέρων χώματα.
<524> Περιιὼν δὲ ὁ Καῖσαρ τὰ τάγματα καὶ κατεπείγων τὸ ἔργον ἐπεδείκνυ
τοῖς λῃσταῖς, ὡς ἐν χερσὶν εἴησαν αὐτοῦ. <525> Μόνοις δὲ ἐκείνοις ἄρα
κακῶν ἀπολώλει μεταμέλεια, καὶ τὰς ψυχὰς χωρίσαντες ἀπὸ τῶν σωμάτων
ἀμφοτέροις ὡς ἀλλοτρίοις ἐχρῶντο. <526> Οὔτε γὰρ πάθος αὐτῶν ἡμέρου τὴν
ψυχὴν οὔτ' ἀλγηδὼν ἥπτετο τοῦ σώματος, οἵ γε καὶ νεκρὸν τὸν δῆμον ὥσπερ
κύνες ἐσπάραττον καὶ τὰ δεσμωτήρια τῶν ἀρρώστων ἐνεπίμπλασαν.
| [5,12,4] <519> Quand Titus, faisant sa ronde, vit les ravins remplis de cadavres
et aperçut l'épaisse sanie qui coulait de ces chairs corrompues, il gémit
et, levant les mains, prit à témoin Dieu que ce n'était pas son oeuvre.
Telle était la situation de la ville. Quant aux Romains, comme aucun des
factieux, déjà envahis par la faim et le découragement, ne les attaquait
plus, ils étaient de bonne humeur et recevaient en abondance de Syrie et
des autres provinces voisines du blé et des vivres. Plusieurs
s'approchaient des remparts et, étalant une quantité de comestibles aux
yeux des assiégés, enflammaient par le spectacle de leur abondance la faim
des ennemis. Mais comme ces souffrances ne faisaient pas impression sur
les factieux, Titus, saisi de pitié pour les restes de la population et
désireux d'arracher à la mort les survivants, recommença la construction
de terrassements, bien qu'il fût difficile de se procurer du bois, car
celui qui avoisinait la ville ayant été complètement coupé pour les
travaux précédents, les soldats devaient en apporter d'autre d'une
distance de quatre-vingt-dix stades. Ce fut seulement vers la tour Antonia
qu'on éleva sur quatre points des terrassements beaucoup plus hauts que
les premiers. César parcourait l'emplacement des légions, pressait le
travail et montrait ainsi aux brigands qu'ils étaient entre ses mains.
Chez ceux-là seuls le repentir de leurs forfaits était mort : ils tenaient
leur âme séparée, pour ainsi dire, de leur corps, usant de l'un et de
l'autre comme d'éléments étrangers. Car la souffrance ne subjuguait
pas leur âme, la douleur ne touchait pas leur corps ; comme des chiens,
ils déchiraient le cadavre du peuple et remplissaient de malades les prisons.
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