[5,11,6] (6)<486> Παρῆν δ' ἤδη Τίτος ἀπὸ τῆς Ἀντωνίας, ὅπου κεχώριστο
κατασκεπτόμενος τόπον ἄλλοις χώμασι, καὶ πολλὰ τοὺς στρατιώτας φαυλίσας,
εἰ κρατοῦντες τῶν πολεμίων τειχῶν κινδυνεύουσι τοῖς ἰδίοις καὶ
πολιορκουμένων ὑπομένουσιν αὐτοὶ τύχην ὥσπερ ἐκ δεσμωτηρίου καθ' αὑτῶν
Ἰουδαίους ἀνέντες, περιῄει μετὰ τῶν ἐπιλέκτων κατὰ πλευρὰ τοὺς πολεμίους
αὐτός. <487> Οἱ δὲ κατὰ στόμα παιόμενοι καὶ πρὸς τοῦτον ἐπιστραφέντες
ἐκαρτέρουν. Μιγείσης δὲ τῆς παρατάξεως ὁ μὲν κονιορτὸς τῶν ὀμμάτων, ἡ
κραυγὴ δὲ τῶν ἀκοῶν ἐπεκράτει, καὶ οὐδετέρῳ παρῆν ἔτι τεκμήρασθαι τὸ
ἐχθρὸν ἢ τὸ φίλιον. <488> Ἰουδαίων δὲ οὐ τοσοῦτον ἔτι κατ' ἀλκὴν ὅσον
ἀπογνώσει σωτηρίας παραμενόντων καὶ Ῥωμαίους ἐτόνωσεν αἰδὼς δόξης τε καὶ
τῶν ὅπλων καὶ προκινδυνεύοντος Καίσαρος· <489> ὥστε μοι δοκοῦσι τὰ
τελευταῖα δι' ὑπερβολὴν θυμῶν κἂν ἁρπάσαι τὸ τῶν Ἰουδαίων πλῆθος, εἰ μὴ
τὴν ῥοπὴν τῆς παρατάξεως φθάσαντες ἀνεχώρησαν εἰς τὴν πόλιν. <490>
Διεφθαρμένων δὲ τῶν χωμάτων Ῥωμαῖοι μὲν ἦσαν ἐν ἀθυμίαις τὸν μακρὸν
κάματον ἐπὶ μιᾶς ὥρας ἀπολέσαντες· καὶ πολλοὶ μὲν ταῖς συνήθεσι μηχαναῖς
ἀπήλπιζον ἁλώσεσθαι τὴν πόλιν.
| [5,11,6] <486> Là-dessus Titus arriva ; il venait de la forteresse Antonia, où
il s'était rendu pour reconnaître une position propre à d'autres
terrassements. Il reprocha énergiquement aux soldats, alors qu'ils étaient
déjà maîtres des remparts ennemis, d'être réduits à défendre les leurs :
ils subissaient donc eux-mêmes le sort de troupes assiégées, comme s'ils
avaient tiré d'une prison et précipité les Juifs contre eux ! Avec l'élite
de ses troupes, il attaqua les ennemis sur leurs flancs. Ceux-ci reçurent
les coups en face, et, se retournant contre lui continuèrent à combattre.
Les rangs se mêlèrent la poussière aveuglait les yeux ; la clameur
assourdissait les oreilles, et ni les uns ni les autres ne pouvaient
discerner entre amis et ennemis. Ce qui animait la résistance des Juifs,
c'était moins désormais leur force que le désespoir où ils étaient de leur
salut ; ce qui redoublait la vigueur des Romains, c'était le respect de
leur gloire et de leurs armes, joint à la pensée du danger que courait
César au premier rang. Je crois donc qu'ils auraient, dans l'excès de leur
fureur, anéanti la multitude des Juifs, si ceux-ci n'avaient devancé
l'action décisive en retraitant vers la ville. En voyant les terrassements
détruits, les Romains étaient découragés d'avoir perdu en une heure le
fruit d'un si long travail ; beaucoup même désespéraient de prendre la
ville avec les engins dont ils disposaient.
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