| [5,10,3] (3)<429> Ἐλεεινὴ δὲ ἦν ἡ τροφὴ καὶ δακρύων ἄξιος ἡ θέα, τῶν μὲν 
δυνατωτέρων πλεονεκτούντων, τῶν δ' ἀσθενῶν ὀδυρομένων. Πάντων μὲν δὴ παθῶν 
ὑπερίσταται λιμός, οὐδὲν δ' οὕτως ἀπόλλυσιν ὡς αἰδῶ· τὸ γὰρ ἄλλως ἐντροπῆς 
ἄξιον ἐν τούτῳ καταφρονεῖται. <430> Γυναῖκες γοῦν ἀνδρῶν καὶ παῖδες 
πατέρων, καὶ τὸ οἰκτρότατον, μητέρες νηπίων ἐξήρπαζον ἐξ αὐτῶν τῶν 
στομάτων τὰς τροφάς, καὶ τῶν φιλτάτων ἐν χερσὶ μαραινομένων οὐκ ἦν φειδὼ 
τοὺς τοῦ ζῆν ἀφελέσθαι σταλαγμούς. <431> Τοιαῦτα δ' ἐσθίοντες ὅμως οὐ 
διελάνθανον, πανταχοῦ δ' ἐφίσταντο οἱ στασιασταὶ καὶ τούτων ταῖς ἁρπαγαῖς. 
<432> Ὁπότε γὰρ κατίδοιεν ἀποκεκλεισμένην οἰκίαν, σημεῖον ἦν τοῦτο τοὺς 
ἔνδον προσφέρεσθαι τροφῆς· εὐθέως δ' ἐξαράξαντες τὰς θύρας εἰσεπήδων, καὶ 
μόνον οὐκ ἐκ τῶν φαρύγγων ἀναθλίβοντες τὰς ἀκόλους ἀνέφερον. <433> 
Ἐτύπτοντο δὲ γέροντες ἀντεχόμενοι τῶν σιτίων, καὶ κόμης ἐσπαράττοντο 
γυναῖκες συγκαλύπτουσαι τὰ ἐν χερσίν. Οὐδέ τις ἦν οἶκτος πολιᾶς ἢ νηπίων, 
ἀλλὰ συνεπαίροντες τὰ παιδία τῶν ψωμῶν ἐκκρεμάμενα κατέσειον εἰς ἔδαφος. 
<434> Τοῖς δὲ φθάσασι τὴν εἰσδρομὴν αὐτῶν καὶ προκαταπιοῦσι τὸ 
ἁρπαγησόμενον ὡς ἀδικηθέντες ἦσαν ὠμότεροι. <435> Δεινὰς δὲ βασάνων ὁδοὺς 
ἐπενόουν πρὸς ἔρευναν τροφῆς, ὀρόβοις μὲν ἐμφράττοντες τοῖς ἀθλίοις τοὺς 
τῶν αἰδοίων πόρους, ῥάβδοις δ' ὀξείαις ἀναπείροντες τὰς ἕδρας, τὰ φρικτὰ 
δὲ καὶ ἀκοαῖς ἔπασχέ τις εἰς ἐξομολόγησιν ἑνὸς ἄρτου καὶ ἵνα μηνύσῃ δράκα 
μίαν κεκρυμμένην ἀλφίτων. <436> Οἱ βασανισταὶ δ' οὐκ ἐπείνων, καὶ γὰρ 
ἧττον ἂν ὠμὸν ἦν τὸ μετ' ἀνάγκης, γυμνάζοντες δὲ τὴν ἀπόνοιαν καὶ 
προπαρασκευάζοντες αὑτοῖς εἰς τὰς ἑξῆς ἡμέρας ἐφόδια. <437> Τοῖς δ' ἐπὶ 
τὴν Ῥωμαίων φρουρὰν νύκτωρ ἐξερπύσασιν ἐπὶ λαχάνων συλλογὴν ἀγρίων καὶ 
πόας ὑπαντῶντες, ὅτ' ἤδη διαπεφευγέναι τοὺς πολεμίους ἐδόκουν, ἀφήρπαζον 
τὰ κομισθέντα, <438> καὶ πολλάκις ἱκετευόντων καὶ τὸ φρικτὸν ἐπικαλουμένων 
ὄνομα τοῦ θεοῦ μεταδοῦναί τι μέρος αὐτοῖς ὧν κινδυνεύσαντες ἤνεγκαν, οὐδ' 
ὁτιοῦν μετέδοσαν· ἀγαπητὸν δ' ἦν τὸ μὴ καὶ προσαπολέσθαι σεσυλημένον.
 | [5,10,3] <429> La chose était d'ailleurs à faire pitié et c'était un spectacle 
bien digne de larmes de voir les plus forts mieux pourvus, les faibles 
gémissants. La famine triomphe de tous les sentiments et il n'y en a pas 
qu'elle supprime aussi facilement que le scrupule. Des femmes, des 
enfants, et, chose triste entre toutes, des mères arrachèrent les aliments 
de la bouche d'un époux, d'un père, d'un enfant et, quand les êtres les 
plus chers s'éteignaient dans leurs bras, les ravisseurs n'avaient pas 
honte de leur enlever jusqu'aux gouttes qui soutenaient leur vie. Mais ils 
ne purent dissimuler des repas de ce genre : partout les factieux 
surveillaient même leurs rapines. Chaque fois qu'ils voyaient une maison 
fermée, ils soupçonnaient que les habitants mangeaient quelque chose 
aussitôt ils enfonçaient les portes et se précipitaient, arrachant presque 
des gosiers les reliefs de nourriture. Ils frappaient les vieillards qui 
s'accrochaient à leurs aliments ; ils traînaient par les cheveux les 
femmes qui, dans leurs mains serrées, dissimulaient des morceaux. Nulle 
pitié de la vieillesse ni de l'âge le plus tendre ; ils élevaient dans 
leurs bras les enfants suspendus à leurs bouchées et les jetaient sur le 
sol. Ils étaient plus cruels encore contre ceux qui devançaient leur 
attaque et engloutissaient la nourriture qu'on voulait leur ravir : 
c'était comme une injustice qu'ils punissaient. Ils inventèrent de 
terribles méthodes de torture pour arriver à découvrir des aliments, 
introduisant des graines de vesce dans les parties secrètes des 
malheureux, leur perçant le fondement avec des baguettes aiguës. Ils 
imposaient des souffrances, dont le récit seul fait frémir, pour arracher 
l'aveu de l'endroit où l'on cachait un morceau de pain, une poignée de 
farine. Mais les bourreaux n'étaient nullement affamés, car leur conduite 
eût paru moins cruelle s'ils y avaient été poussés par la nécessité ; ils 
exerçaient leur fureur en amassant des provisions pour les jours à venir 
et pour leur usage. Quant à ceux qui, pendant la nuit, rampaient jusqu'aux 
postes des Romains pour cueillir des légumes sauvages et des herbes, les 
factieux allaient à leur rencontre et, lorsque ceux-ci croyaient déjà 
avoir échappé aux ennemis, ils leur arrachaient tout ce qu'ils 
rapportaient ; souvent, ils imploraient, ils invoquaient le redoutable nom 
de Dieu, suppliant qu'on leur abandonnât quelque parcelle de ce qu'ils 
avaient pris au péril de leur vie ; mais on ne leur accordait rien et 
c'était déjà beaucoup pour eux que de ne pas être tués, après avoir été 
spoliés.
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