[5,10,2] (2)<424> Τοῖς γε μὴν εὐπόροις καὶ τὸ μένειν πρὸς ἀπώλειαν ἴσον ἦν·
προφάσει γὰρ αὐτομολίας ἀνῃρεῖτό τις διὰ τὴν οὐσίαν. Τῷ λιμῷ δ' ἡ ἀπόνοια
τῶν στασιαστῶν συνήκμαζε, καὶ καθ' ἡμέραν ἀμφότερα προσεξεκαίετο τὰ δεινά.
<425> Φανερὸς μὲν γὰρ οὐδαμοῦ σῖτος ἦν, ἐπεισπηδῶντες δὲ διηρεύνων τὰς
οἰκίας, ἔπειθ' εὑρόντες μὲν ὡς ἀρνησαμένους ᾐκίζοντο, μὴ εὑρόντες δ' ὡς
ἐπιμελέστερον κρύψαντας ἐβασάνιζον. <426> Τεκμήριον δὲ τοῦ τ' ἔχειν καὶ μὴ
τὰ σώματα τῶν ἀθλίων, ὧν οἱ μὲν ἔτι συνεστῶτες εὐπορεῖν τροφῆς ἐδόκουν, οἱ
τηκόμενοι δὲ ἤδη παρωδεύοντο, καὶ κτείνειν ἄλογον ἐδόκει τοὺς ὑπ' ἐνδείας
τεθνηξομένους αὐτίκα. <427> Πολλοὶ δὲ λάθρα τὰς κτήσεις ἑνὸς ἀντηλλάξαντο
μέτρου πυρῶν μὲν εἰ πλουσιώτεροι τυγχάνοιεν ὄντες, οἱ δὲ πενέστεροι
κριθῆς, ἔπειτα κατακλείοντες αὑτοὺς εἰς τὰ μυχαίτατα τῶν οἰκιῶν τινὲς μὲν
ὑπ' ἄκρας ἐνδείας ἀνέργαστον τὸν σῖτον ἤσθιον, οἱ δ' ἔπεσσον ὡς ἥ τε
ἀνάγκη καὶ τὸ δέος παρῄνει. <428> Καὶ τράπεζα μὲν οὐδαμοῦ παρετίθετο, τοῦ
δὲ πυρὸς ὑφέλκοντες ἔτ' ὠμὰ τὰ σιτία διήρπαζον.
| [5,10,2] <424> D'ailleurs les riches qui restaient couraient les mêmes risques
de mort : car, sous prétexte de désertion, leurs richesses les perdaient.
Le désespoir des factieux croissait avec la famine : de jour en jour, ces
deux terribles fléaux s'exaspéraient. On ne voyait de blé nulle part : les
factieux envahissaient les maisons pour y faire des perquisitions ; puis,
s'ils trouvaient de la nourriture, ils maltraitaient les propriétaires en
prétextant leur refus de la livrer ; s'ils n'en trouvaient pas, ils
mettaient ces gens à la torture, pour avoir caché leurs provisions avec
trop de soin. Une preuve que ces malheureux possédaient ou non de la
nourriture se tirait de l'état de leurs corps ; ceux qui semblaient encore
solides passaient pour avoir assez à manger, mais on épargnait ceux qui
étaient déjà épuisés, estimant absurde de tuer des gens qui allaient
bientôt mourir de faim. Beaucoup échangeaient en secret leurs biens, pour
une mesure soit de blé, s’ils étaient assez riches, soit d'orge, s'ils
étaient pauvres. Ils s'enfermaient ensuite dans le réduit le plus caché de
leurs maisons, où quelques-uns même, poussés par un extrême besoin,
prenaient cette nourriture sans l'avoir préparée ; d'autres la cuisaient
selon que la nécessité et la crainte le leur permettaient. Nulle part on
ne dressait de table, mais on arrachait du feu et l'on déchirait les
aliments encore crus.
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