[5,3,4] (4)<120> Ἔπειθ' οἱ μὲν ἀπειροκάλως ἐξυβρίζοντες εἰς τὴν τύχην ἔσκωπτόν τε
τοὺς Ῥωμαίους δελεασθέντας ἀπάτῃ καὶ τοὺς θυρεοὺς ἀνασείοντες ἐσκίρτων καὶ
μετὰ χαρᾶς ἀνεβόων. <121> Τοὺς δὲ στρατιώτας ἀπειλή τε τῶν ταξιάρχων καὶ
χαλεπαίνων Καῖσαρ τούτοις ἐξεδέχετο, φάσκων ὡς Ἰουδαῖοι μέν, οἷς ἀπόνοια
μόνη στρατηγεῖ, πάντα μετὰ προνοίας πράττουσι καὶ σκέψεως ἐπιβουλάς τε
συντάσσοντες καὶ λόχους, ἕπεται δ' αὐτῶν ταῖς ἐνέδραις καὶ τύχη διὰ τὸ
πειθήνιον καὶ τὴν πρὸς ἀλλήλους εὔνοιάν τε καὶ πίστιν· <122> Ῥωμαῖοι δέ,
οἷς δι' εὐταξίαν καὶ τὸ πρὸς τοὺς ἡγεμόνας εὐπειθὲς ἀεὶ δουλεύει καὶ τύχη,
νῦν ὑπὸ τῶν ἐναντίων πταίουσι καὶ διὰ χειρῶν ἀκρασίαν ἁλίσκονται, τὸ
πάντων αἴσχιστον, ἀστρατήγητοι μαχόμενοι παρόντος Καίσαρος. <123> Ἦ μεγάλα
μὲν στενάξειν ἔφη τοὺς τῆς στρατείας νόμους, μεγάλα δὲ αὐτοῦ τὸν πατέρα
τήνδε τὴν πληγὴν πυθόμενον, <124> εἴ γε ὁ μὲν ἐν πολέμοις γηράσας οὐδέποτ'
ἔπταισεν οὕτως, οἱ νόμοι δ' ἀεὶ καὶ τοὺς βραχύ τι τῆς τάξεως
παρακινήσαντας θανάτῳ κολάζουσιν, νῦν δ' ὅλην στρατιὰν ἑωράκασι
λιποτάκτην. <125> Γνώσεσθαί γε μὴν αὐτίκα τοὺς ἀπαυθαδισαμένους, ὅτι καὶ
τὸ νικᾶν παρὰ Ῥωμαίοις δίχα παραγγέλματος ἀδοξεῖται. <126> Τοιαῦτα
διατεινάμενος πρὸς τοὺς ἡγεμόνας δῆλος ἦν κατὰ πάντων χρήσεσθαι τῷ νόμῳ.
Καὶ οἱ μὲν παρεῖσαν τὰς ψυχὰς ὡς ὅσον οὔπω τεθνηξόμενοι δικαίως, <127>
περιχυθέντα δὲ τὰ τάγματα τῷ Τίτῳ περὶ τῶν συστρατιωτῶν ἱκέτευε καὶ τὴν
ὀλίγων προπέτειαν χαρίσασθαι τῇ πάντων εὐπειθείᾳ κατηντιβόλουν·
ἀναλήψεσθαι γὰρ τὸ παρὸν πταῖσμα ταῖς εἰς τὸ μέλλον ἀρεταῖς.
| [5,3,4] <120> Alors les Juifs, dans l'insolence grossière de leur succès,
raillèrent les Romains qui s'étaient laissé prendre à leur stratagème ;
ils bondissaient en agitant leurs boucliers et poussaient des cris de
joie. Quant aux soldats, ils furent accueillis par les menaces de leurs
centurions et la colère de César. « Les Juifs, disait-il, n'ayant d'autre
chef que le désespoir, agissent toujours avec préméditation, avec
réflexion ; ils préparent des ruses et des embuscades ; la Fortune
favorise leurs stratagèmes, grâce à leur docilité, à leur esprit de corps
et à leur confiance mutuelle ; mais les Romains, dont la discipline et
l'obéissance à leurs chefs ont toujours fait une esclave de la Fortune,
commettent des fautes par des motifs contraires. C'est leur impatience
d'agir qui les perd, et, suprême faute, ils combattent sans chef, sous les
yeux mêmes de César. Certes les règlements militaires s'en ressentent
péniblement ; vif aussi sera le chagrin de mon père, à la nouvelle de ce
revers, car ce prince, vieilli dans les guerres, n'a jamais eu pareille
mésaventure. Les lois, qui ont toujours puni de mort le moindre manquement
à la discipline, ont contemplé à cette heure une armée entière qui
abandonnait son poste. Je connaîtrai bientôt ces présomptueux, car, chez
les Romains, même une victoire remportée sans ordre est blâmée ». Quand
Titus eut soutenu, en présence des officiers, cette opinion, il parut
évident qu'il appliquerait la loi contre tous les coupables. Ceux-ci
étaient désespérés à la pensée de la mort juste qu'ils allaient subir :
mais les légions, pressées autour de Titus, le suppliaient en faveur de
leurs compagnons d'armes et le conjuraient de pardonner à la témérité d'un
petit nombre, en considération de l'obéissance de tous leur courage futur
l'aiderait à réparer la faute du moment.
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