[4,10,6] (6)<616> Ἐφίετο μὲν οὖν εἰκότως τῶν ταύτῃ
πραγμάτων Οὐεσπασιανὸς εἰς βεβαίωσιν τῆς ὅλης
ἡγεμονίας, ἐπιστέλλει δ' εὐθὺς τῷ διέποντι τὴν
Αἴγυπτον καὶ τὴν Ἀλεξάνδρειαν Τιβερίῳ
Ἀλεξάνδρῳ, δηλῶν τὸ τῆς στρατιᾶς πρόθυμον, καὶ
ὡς αὐτὸς ὑποδὺς ἀναγκαίως τὸ βάρος τῆς
ἡγεμονίας συνεργὸν αὐτὸν καὶ βοηθὸν
προσλαμβάνοι. <617> Παραναγνοὺς δὲ τὴν
ἐπιστολὴν Ἀλέξανδρος προθύμως τά τε τάγματα
καὶ τὸ πλῆθος εἰς αὐτὸν ὥρκωσεν. Ἑκάτεροι δὲ
ἀσμένως ὑπήκουσαν τὴν ἀρετὴν τἀνδρὸς ἐκ τῆς
ἐγγὺς στρατηγίας εἰδότες. <618> Καὶ ὁ μὲν
πεπιστευμένος ἤδη τὰ περὶ τὴν ἀρχὴν
προπαρεσκεύαζεν αὐτῷ καὶ τὰ πρὸς τὴν ἄφιξιν,
τάχιον δ' ἐπινοίας διήγγελλον αἱ φῆμαι τὸν ἐπὶ τῆς
ἀνατολῆς αὐτοκράτορα, καὶ πᾶσα μὲν πόλις
ἑώρταζεν εὐαγγέλια <δὲ> καὶ θυσίας ὑπὲρ αὐτοῦ
ἐπετέλει. <619> Τὰ δὲ κατὰ Μυσίαν καὶ Παννονίαν
τάγματα, μικρῷ πρόσθεν κεκινημένα πρὸς τὴν
Οὐιτελλίου τόλμαν, μείζονι χαρᾷ Οὐεσπασιανῷ τὴν
ἡγεμονίαν ὤμνυον. <620> ὁ δ' ἀναζεύξας ἀπὸ
Καισαρείας εἰς Βηρυτὸν παρῆν, ἔνθα πολλαὶ μὲν
ἀπὸ τῆς Συρίας αὐτῷ, πολλαὶ δὲ κἀπὸ τῶν ἄλλων
ἐπαρχιῶν πρεσβεῖαι συνήντων, στεφάνους παρ'
ἑκάστης πόλεως καὶ συγχαρτικὰ προσφέρουσαι
ψηφίσματα. <621> Παρῆν δὲ καὶ Μουκιανὸς ὁ τῆς
ἐπαρχίας ἡγεμὼν τὸ πρόθυμον τῶν δήμων καὶ
τοὺς κατὰ πόλιν ὅρκους ἀπαγγέλλων.
(7)<622> Προχωρούσης δὲ πανταχοῦ κατὰ νοῦν τῆς
τύχης καὶ τῶν πραγμάτων συννενευκότων ἐκ τοῦ
πλείστου μέρους, ἤδη παρίστατο τῷ Οὐεσπασιανῷ
νοεῖν, ὡς οὐ δίχα δαιμονίου προνοίας ἅψαιτο τῆς
ἀρχῆς, ἀλλὰ δικαία τις εἱμαρμένη περιαγάγοι τὸ
κρατεῖν τῶν ὅλων ἐπ' αὐτόν· <623> ἀναμιμνήσκεται
γὰρ τά τε ἄλλα σημεῖα, πολλὰ δ' αὐτῷ γεγόνει
πανταχοῦ προφαίνοντα τὴν ἡγεμονίαν, καὶ τὰς τοῦ
Ἰωσήπου φωνάς, ὃς αὐτὸν ἔτι ζῶντος Νέρωνος
αὐτοκράτορα προσειπεῖν ἐθάρσησεν. <624>
Ἐξεπέπληκτο δὲ τὸν ἄνδρα δεσμώτην ἔτι ὄντα παρ'
αὐτῷ, καὶ προσκαλεσάμενος Μουκιανὸν ἅμα τοῖς
ἄλλοις ἡγεμόσι καὶ φίλοις πρῶτον μὲν αὐτοῦ τὸ
δραστήριον ἐκδιηγεῖτο καὶ ὅσα περὶ τοῖς
Ἰωταπάτοις δι' αὐτὸν ἔκαμον, <625> ἔπειτα τὰς
μαντείας, ἃς αὐτὸς μὲν ὑπώπτευσε τότε πλάσματα
τοῦ δέους, ἀποδειχθῆναι δὲ ὑπὸ τοῦ χρόνου καὶ
τῶν πραγμάτων θείας. <626> “αἰσχρὸν οὖν, ἔφη,
τὸν προθεσπίσαντά μοι τὴν ἀρχὴν καὶ διάκονον
τῆς τοῦ θεοῦ φωνῆς ἔτι αἰχμαλώτου τάξιν ἢ
δεσμώτου τύχην ὑπομένειν” καὶ καλέσας τὸν
Ἰώσηπον λυθῆναι κελεύει. <627> Τοῖς μὲν οὖν
ἡγεμόσιν ἐκ τῆς εἰς τὸν ἀλλόφυλον ἀμοιβῆς
λαμπρὰ καὶ περὶ αὑτῶν ἐλπίζειν παρέστη, συνὼν
δὲ τῷ πατρὶ Τίτος “δίκαιον, <628> ὦ πάτερ, ἔφη, τοῦ
Ἰωσήπου καὶ τὸ ὄνειδος ἀφαιρεθῆναι σὺν τῷ
σιδήρῳ· γενήσεται γὰρ ὅμοιος τῷ μὴ δεθέντι τὴν
ἀρχήν, ἂν αὐτοῦ μὴ λύσωμεν ἀλλὰ κόψωμεν τὰ
δεσμά.” τοῦτο γὰρ ἐπὶ τῶν μὴ δεόντως δεθέντων
πράττεται. <629> Συνεδόκει ταῦτα, καὶ παρελθών τις
πελέκει διέκοψε τὴν ἅλυσιν. ὁ δὲ Ἰώσηπος εἰληφὼς
περὶ τῶν προειρημένων γέρας τὴν ἐπιτιμίαν ἤδη
καὶ περὶ τῶν μελλόντων ἀξιόπιστος ἦν.
| [4,10,6] 6. <616> Ce n'est donc pas sans raison que
Vespasien, en vue de l'intérêt de tout l'Empire,
désirait être le maître dans ce pays. Il écrivit
aussitôt à Tibère Alexandre, gouverneur de
l'Égypte et d'Alexandrie, pour lui faire part du zèle
de son armée et lui déclarer que, contraint à
assumer le poids de l'Empire, il le prendrait
volontiers pour collaborateur et pour auxiliaire.
Après avoir lu cette lettre en public, Alexandre
s'empressa de faire prêter serment à Vespasien
par les légions et par le peuple : les uns et les
autres obéirent avec joie, car la campagne dirigée
par Vespasien dans le voisinage leur avait révélé
sa valeur. Alexandre, déjà dépositaire des
desseins de Vespasien sur l'Empire, préparait tout
pour son arrivée. Plus rapide que la pensée, la
renommée répandit le nom de cet empereur en
Orient. Toutes les villes fêtaient la bonne nouvelle
et célébraient des sacrifices en son honneur. Les
légions de Moésie et de Pannonie qui, peu de
temps auparavant, s'étaient soulevées contre
l'insolence de Vitellius, jurèrent, avec une joie plus
vive encore, fidélité à l'empire de Vespasien.
Celui-ci partit de Césarée et se rendit à Berytus,
où se présentèrent à lui de nombreuses
ambassades, venues de Syrie et des autres
provinces : elles lui apportaient des couronnes et
des adresses de félicitations envoyées par les
diverses cités. Mucianus, le commandant de la
province, était là aussi ; il lui annonça
l'empressement des peuples et les serments
prononcés par les villes en sa faveur.
7. <622> Comme la Fortune favorisait partout les
vœux de Vespasien et que les circonstances, en
général, le secondaient, il en vint à penser que ce
n'était pas sans un dessein providentiel qu'il
arrivait à l'empire et qu'un juste décret faisait
passer entre ses mains le souverain pouvoir : il se
rappelle alors, parmi les présages nombreux qui,
partout lui avaient annoncé son élévation à
l'autorité suprême, les paroles de Josèphe,
qui, du vivant même de Néron, avait eu la
hardiesse de le saluer au nom d'empereur. Il
s'étonna que cet homme fût encore un de ses
prisonniers. Appelant alors Mucianus avec ses
autres généraux et amis, il leur raconta d'abord
l'énergique conduite de Josèphe et les épreuves
qu'ils avaient, à cause de lui, endurées devant
Jotapata ; puis les prédictions de ce Juif, qu'il avait
prises d'abord pour des fictions dictées par la
crainte, mais dont le temps et les événements
confirmaient l'origine divine. "C'est donc une
honte, dit-il, que celui qui m'a prédit l'Empire, que
l'interprète de la voix divine subisse encore la
condition d'un prisonnier, le sort d'un captif". Là
dessus, faisant appeler Josèphe, il ordonna de le
mettre en liberté. Les officiers, d'après les
égards que Vespasien témoignait à cet étranger,
conçurent pour eux-mêmes de brillantes
espérances. Alors Titus, placé auprès de son père :
"Il est juste, dit-il, ô mon père, que la disgrâce de
Josèphe tombe avec ses chaînes ; car il sera
semblable à un homme qui n'a jamais été
enchaîné si nous brisons ses liens au lieu
seulement de les desserrer". C'est, en effet, le
procédé dont on use à l'égard de ceux qui ont été
injustement mis aux fers. Vespasien fut de cet avis
; un homme se présenta et brisa les anneaux d'un
coup de hache. Josèphe, qui reçut ainsi, en
récompense de sa prédiction, la pleine jouissance
de ses droits, passa désormais pour un sûr garant
des choses à venir.
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