[1,29] (267) Ἐν τούτοις πάλιν οὐ συνίησιν ἀπιθάνως ψευδόμενος· οἱ γὰρ λεπροὶ καὶ
τὸ μετ' αὐτῶν πλῆθος, εἰ καὶ πρότερον ὠργίζοντο τῷ βασιλεῖ καὶ τοῖς τὰ
περὶ αὐτοὺς πεποιηκόσι κατὰ τε τὴν τοῦ μάντεως προαγόρευσιν, ἀλλ' ὅτε τῶν
λιθοτομιῶν ἐξῆλθον καὶ πόλιν παρ' αὐτοῦ καὶ χώραν ἔλαβον, πάντως ἂν
γεγόνεισαν πρᾳότεροι πρὸς αὐτόν. Εἰ δὲ δὴ κἀκεῖνον ἐμίσουν, ἰδίᾳ μὲν ἄνω
ἐπεβούλευον, οὐκ ἂν δὲ πρὸς ἅπαντας ἤραντο πόλεμον, δῆλον ὅτι πλείστας
ἔχοντες (269) συγγενείας τοσοῦτοί γε τὸ πλῆθος ὄντες. Ὅμως δὲ καὶ τοῖς
ἀνθρώποις πολεμεῖν διεγνωκότες οὐκ ἂν εἰς τοὺς αὐτῶν θεοὺς πολεμεῖν
ἐτόλμησαν οὐδ' ὑπεναντιωτάτους ἔθεντο νόμους τοῖς πατρίοις αὐτῶν (270) καὶ
οἷς ἐνετράφησαν. Δεῖ δὲ ἡμᾶς τῷ Μανεθῶνι χάριν ἔχειν, ὅτι ταύτης τῆς
παρανομίας οὐχὶ τοὺς ἐξ Ἱεροσολύμων ἐλθόντας ἀρχηγοὺς γενέσθαι φησίν, ἀλλ'
αὐτοὺς ἐκείνους ὄντας Αἰγυπτίους καὶ τούτων μάλιστα τοὺς ἱερέας ἐπινοῆσαί
τε ταῦτα καὶ ὁρκωμοτῆσαι τὸ πλῆθος. (271) Ἐκεῖνο μέντοι πῶς οὐκ ἄλογον,
τῶν μὲν οἰκείων αὐτοῖς καὶ τῶν φίλων συναποστῆναι οὐδένα μηδὲ τοῦ πολέμου
τὸν κίνδυνον συνάρασθαι, πέμψαι δὲ τοὺς μιαροὺς εἰς Ἱεροσόλυμα (272) καὶ
τὴν παρ' ἐκείνων ἐπάγεσθαι συμμαχίαν; Ποίας αὐτοῖς φιλίας ἢ τίνος αὐτοῖς
οἰκειότητος προυυπηργμένης; Τοὐναντίον γὰρ ἦσαν πολέμιοι καὶ τοῖς ἔθεσι
πλεῖστον διέφερον. Ὁ δέ φησιν εὐθὺς ὑπακοῦσαι τοῖς ὑπισχνουμένοις, ὅτι τὴν
Αἴγυπτον καθέξουσιν, ὥσπερ αὐτῶν οὐ σφόδρα τῆς χώρας ἐμπείρως ἐχόντων, ἧς
βιασθέντες ἐκπεπτώκασιν. (273) Εἰ μὲν οὖν ἀπόρως ἢ κακῶς ἔπραττον, ἴσως ἂν
καὶ παρεβάλλοντο, πόλιν δὲ κατοικοῦντες εὐδαίμονα καὶ χώραν πολλὴν κρείττω
τῆς Αἰγύπτου καρπούμενοι, διὰ τί ποτ' ἂν ἐχθροῖς μὲν πάλαι τὰ δὲ σώματα
λελωβημένοις, οὓς μηδὲ τῶν οἰκείων οὐδεὶς ὑπέμενε, τούτοις ἔμελλον
παρακινδυνεύσειν βοηθοῦντες; Οὐ γὰρ) δή (274) γε τὸν γενησόμενον
προῄδεσαν δρασμὸν τοῦ βασιλέως· τοὐναντίον γὰρ αὐτὸς εἴρηκεν, ὡς ὁ παῖς
τοῦ Ἀμενώφιος τριάκοντα μυριάδας ἔχων εἰς τὸ Πηλούσιον ὑπηντίαζεν. Καὶ
τοῦτο μὲν ᾖδεισαν πάντως οἱ παραγινόμενοι, τὴν δὲ μετάνοιαν αὐτοῦ καὶ τὴν
φυγὴν πόθεν εἰκάζειν ἔμελλον; (275) Εἶτα κρατήσαντάς φησι τῆς Αἰγύπτου
πολλὰ καὶ δεινὰ δρᾶν τοὺς ἐκ τῶν Ἱεροσολύμων ἐπιστρατεύσαντας καὶ περὶ
τούτων ὀνειδίζει καθάπερ οὐ πολεμίους αὐτοῖς ἐπαγαγὼν ἢ δέον τοῖς ἔξωθεν
ἐπικληθεῖσιν ἐγκαλεῖν, ὁπότε ταῦτα πρὸ τῆς ἐκείνων ἀφίξεως ἔπραττον καὶ
πράξειν ὠμωμόκεσαν οἱ τὸ γένος Αἰγύπτιοι. (276) Ἀλλὰ καὶ χρόνοις ὕστερον
Ἀμένωφις ἐπελθὼν ἐνίκησε μάχῃ καὶ κτείνων τοὺς πολεμίους μέχρι τῆς Συρίας
ἤλασεν. Οὕτω γὰρ παντάπασίν ἐστιν ἡ Αἴγυπτος τοῖς ὁποθενδηποτοῦν ἐπιοῦσιν
εὐάλωτος, (277) καὶ οἱ τότε πολέμῳ κρατοῦντες αὐτὴν ζῆν πυνθανόμενοι τὸν
Ἀμένωφιν οὔτε τὰς ἐκ τῆς Αἰθιοπίας ἐμβολὰς ὠχύρωσαν πολλὴν εἰς τοῦτο
παρασκευὴν ἔχοντες οὔτε τὴν ἄλλην ἡτοίμασαν δύναμιν, ὁ δὲ καὶ μέχρι τῆς
Συρίας ἀναιρῶν, φησίν, αὐτοὺς ἠκολούθησε διὰ τῆς ψάμμου τῆς ἀνύδρου, δῆλον
ὅτι οὐ ῥᾴδιον οὐδὲ ἀμαχεὶ στρατοπέδῳ διελθεῖν.
| [1,29] XXIX. Invraisemblances de la suite du récit.
267 Là encore Manéthôs ne comprend pas l'invraisemblance de ses mensonges.
Les lépreux et la foule qui les accompagnait, en admettant qu'ils fussent
irrités au début contre le roi et ceux qui leur avaient infligé ce
traitement suivant la prédiction du devin, se seraient en tout cas adoucis
à son égard quand ils sortirent des carrières et reçurent de lui une ville
et un pays. 268 Et si même ils lui en avaient voulu, ils auraient conspiré
contre sa personne et n'auraient point déclaré la guerre à tous les
Égyptiens, alors qu'évidemment ils avaient parmi ceux-ci une foule de
parents, nombreux comme ils étaient. 269 Même résolus à combattre aussi
les Égyptiens, ils n'auraient point osé faire la guerre à leurs propres
dieux et n'auraient point non plus rédigé des lois absolument contraires à
celles de leurs pères, dans le respect desquelles ils avaient été élevés.
270 Nous devons savoir gré à Manéthôs de dire que, si les lois furent
violées, ce ne fut point sur l'initiative des gens venus de Jérusalem,
mais sur celle des Égyptiens eux-mêmes, et que leurs prêtres surtout s'en
sont avisés et ont fait prêter serment à la foule. 271 Mais cette
invention-ci n'est-elle point absurde ? Alors qu'aucun de leurs proches ou
de leurs amis ne les suivit dans leur révolte ni ne prit sa part de leurs
dangers, les contaminés envoyèrent à Jérusalem, et en ramenèrent des
alliés ! 272 Quelle amitié, quelle parenté existait donc entre eux
auparavant ? Au contraire, ils étaient ennemis et les moeurs les plus
différentes les séparaient. Suivant lui, les gens de Jérusalem prêtèrent
tout de suite l'oreille à la promesse qu'ils occuperaient l'Égypte, comme
si eux-mêmes ne connaissaient point parfaitement le pays dont ils avaient
été chassés par la force ! 273 Encore si leur situation avait été
embarrassée ou mauvaise, peut-être se seraient-ils exposés au danger.
Mais, habitant une ville opulente, et recueillant les fruits d'un vaste
pays plus fertile que l'Egypte, pourquoi, dans l'intérêt d'anciens
ennemis et d'estropiés qu'aucun même de leurs proches ne supportait,
allaient-ils s'exposer au danger en les secourant ? Car certainement ils
ne prévoyaient pas que le roi s'enfuirait. 274 Au contraire, Manéthôs dit
lui-même qu'à la tête de trois cent mille hommes le fils d'Aménophis
marcha à leur rencontre dans la direction de Péluse. La nouvelle en
était notoire dans tous les cas parmi ceux qui étaient là; en revanche,
d'où auraient-ils conjecturé qu'il changerait d'avis et prendrait la fuite
? - 275 Vainqueurs de l'Égypte, dit-il ensuite, les envahisseurs venus de
Jérusalem commettaient mille sacrilèges qu'il leur reproche, comme s'il ne
les avait pas introduits en qualité d'ennemis ou comme s'il était juste de
faire un crime de cette conduite à des hommes appelés de l'étranger, alors
qu'avant leur arrivée des Égyptiens de race commettaient ces mêmes
impiétés et avaient juré de les commettre. 276 D'autre part, dans la suite
Aménophis revint à la charge, gagna une bataille, et, tout en massacrant
les ennemis, il les chassa jusqu'en Syrie. Ainsi, pour tous les
envahisseurs, d'où qu'ils viennent, l'Égypte est une proie facile ; 277
ainsi, ses conquérants d'alors, informés qu'Aménophis était vivant, n'ont
ni fortifié les routes par où l'on vient d'Éthiopie, bien qu'ils eussent
pour le faire de nombreux armements, ni préparé leurs autres forces ! « Le
roi, dit Manéthôs, les poursuivit jusqu'en Syrie en les massacrant, à
travers le sable du désert ». Or, on sait que même sans combattre, il est
difficile à une armée de le traverser.
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