[31] <149> Πάλιν δὲ τὸν ὄχλον τινὲς ἠρέθιζον τοὺς ἀφικομένους πρός με
βασιλικοὺς μεγιστᾶνας οὐκ ὀφείλειν ζῆν λέγοντες μὴ μεταβῆναι θέλοντας εἰς
τὰ παρ᾽ αὐτοῖς ἔθη, πρὸς οὓς σωθησόμενοι πάρεισι· διέβαλλόν τε φαρμακέας
εἶναι λέγοντες τοὺς Ῥωμαίους παραγενέσθαι. Ταχὺ δὲ τὸ πλῆθος ἐπείθετο ταῖς
τῶν λεγομένων πρὸς χάριν αὐτοῖς πιθανότησιν ἀπατώμενοι. <150> Πυθόμενος δὲ
περὶ τούτων ἐγὼ πάλιν τὸν δῆμον ἀνεδίδασκον μὴ δεῖν διώκεσθαι τοὺς
καταφυγόντας πρὸς αὐτούς· τὸν δὲ φλύαρον τῆς περὶ τῶν φαρμάκων αἰτίας
διέσυρον, οὐκ ἂν τοσαύτας μυριάδας στρατιωτῶν Ῥωμαίους λέγων τρέφειν, εἰ
διὰ φαρμάκων ἦν νικᾶν τοὺς πολεμίους. <151> Ταῦτα λέγοντος ἐμοῦ πρὸς
ὀλίγον μὲν ἐπείθοντο, πάλιν δ᾽ ἀναχωρήσαντες ὑπὸ τῶν πονηρῶν ἐξηρεθίζοντο
κατὰ τῶν μεγιστάνων, καί ποτε μεθ᾽ ὅπλων ἐπὶ τὴν οἰκίαν αὐτῶν τὴν ἐν
Ταριχέᾳ ἀπῆλθον ὡς ἀναιρήσοντες. <152> Ἔδεισα δ᾽ ἐγὼ πυθόμενος, μὴ τοῦ
μύσους τέλος λαβόντος ἀνεπίβατος γένηται τοῖς καταφυγεῖν εἰς αὐτὴν
θέλουσιν. <153> Παρεγενόμην οὖν εἰς τὴν τῶν μεγιστάνων οἰκίαν μετά τινων
ἑτέρων, καὶ κλείσας διώρυγά τε ποιήσας ἀπ᾽ αὐτῆς ἐπὶ τὴν λίμνην ἄγουσαν
μεταπεμψάμενός τε πλοῖον καὶ σὺν αὐτοῖς ἐμβὰς ἐπὶ τὴν μεθόριον τῶν Ἱππηνῶν
διεπέρασα, καὶ δοὺς αὐτοῖς τὴν τιμὴν τῶν ἵππων, οὐ γὰρ ἠδυνήθην αὐτοὺς
ἐπαγαγέσθαι τοιαύτης γενομένης τῆς ἀποδράσεως, ἀπέλυσα πολλὰ παρακαλέσας
τὴν προσπεσοῦσαν ἀνάγκην γενναίως ἐνεγκεῖν. <154> Αὐτός τε μεγάλως ἠχθόμην
βιασθεὶς τοὺς προσφυγόντας ἐκθεῖναι πάλιν εἰς τὴν πολεμίαν, ἄμεινον δὲ
νομίσας παρὰ Ῥωμαίοις ἀποθανεῖν αὐτούς, εἰ συμπέσοι, μᾶλλον ἢ κατὰ τὴν
ἐμὴν χώραν. Οἱ δ᾽ ἄρα διεσώθησαν· συνεχώρησεν γὰρ αὐτοῖς βασιλεὺς Ἀγρίππας
τὰ ἡμαρτημένα. Καὶ τὰ μὲν περὶ ἐκείνους τοῦτ᾽ ἔσχε τὸ τέλος.
| [31] <149> Ainsi par ma résolution et par mon adresse, j'évitai ce
second péril. Quelques autres d'entre les séditieux continuaient encore à
émouvoir le peuple en lui disant qu'il fallait tuer ces deux seigneurs qui
s'étaient réfugiés auprès de moi, puisqu'ils refusaient de se soumettre
aux lois d'un pays où ils venaient chercher leur sûreté, et que c'étaient
des empoisonneurs qui favorisaient le parti des Romains. <150> Lorsque je
vis que le peuple se laissait tromper par ce discours, je leur dis qu'il
était injuste de persécuter ainsi des gens qui étaient venus chercher un
asile parmi eux ; que ces empoisonnements dont on leur parlait n'étaient
qu'une imagination et une chimère, puisque les Romains n'auraient pas
besoin d'entretenir un si grand nombre de légions, s'ils pouvaient par un
tel moyen se défaire de leurs ennemis. <151> Ces paroles les adoucirent ;
mais les artifices de ces mutins les irritèrent de nouveau, et ils
allèrent en armes assiéger les maisons de ces deux seigneurs avec dessein
de les tuer. <152> J'en fus averti, et dans la crainte que j'eus que,
s'ils commettaient un si grand crime, personne ne voulût plus se retirer
parmi nous, <153> je résolus d'aller à l'heure même, accompagné de
quelques-uns des miens chez ces étrangers. Je fis aussitôt fermer les
portes de leur logis, et ayant fait creuser un fossé jusqu'au lac qui en
était proche, je montai avec eux en bateau et les conduisis jusque sur la
frontière des Ippéniens. Là je leur payai le prix de leurs chevaux qu'ils
n'avaient pu emmener, et en leur disant adieu, je les exhortai à supporter
avec constance le malheur qui leur était arrivé. <154> Mais en vérité
j'avais le cœur percé de douleur d'être ainsi contraint d'exposer encore
une fois dans un pays ennemi des personnes qui étaient venues chercher
leur sûreté près de moi. Je crus néanmoins qu'il valait mieux les mettre
en hasard de mourir par la main des Romains, que de les voir assassinés
devant mes yeux dans une province où je commandais, Mais ils évitèrent le
malheur que j'appréhendais pour eux; car le roi Agrippa s'adoucit et leur pardonna.
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